HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Cimon

Chapitre 8

  Chapitre 8

[8] ταῦτα καίπερ οὐδαμοῦ τὸ Κίμωνος ὄνομα δηλοῦντα τιμῆς ὑπερβολὴν ἔχειν ἐδόκει τοῖς τότε ἀνθρώποις. οὔτε γὰρ Θεμιστοκλῆς τοιούτου τινὸς οὔτε Μιλτιάδης ἔτυχεν, ἀλλὰ τούτῳ γε θαλλοῦ στέφανον αἰτοῦντι Σωφάνης Δεκελεὺς ἐκ μέσου τῆς ἐκκλησίας ἀναστὰς ἀντεῖπεν, οὐκ εὐγνώμονα μέν, ἀρέσασαν δὲ τῷ δήμῳ τότε φωνὴν ἀφείς· "ὅταν γάρ," ἔφη, "μόνος ἀγωνισάμενος, Μιλτιάδη, νικήσῃς τοὺς βαρβάρους, τότε καὶ τιμᾶσθαι μόνος ἀξίου." (2) διὰ τί τοίνυν τὸ Κίμωνος ὑπερηγάπησαν ἔργον; ὅτι τῶν μὲν ἄλλων στρατηγούντων ὑπὲρ τοῦ μὴ παθεῖν ἠμύνοντο τοὺς πολεμίους, τούτου δὲ καὶ ποιῆσαι κακῶς ἠδυνήθησαν ἐπὶ τὴν ἐκείνων αὐτοὶ στρατεύσαντες, καὶ προσεκτήσαντο χώρας αὐτήν τε τὴν Ἠϊόνα καὶ τὴν Ἀμφίπολιν οἰκίσαντες; (3) ὤικισαν δὲ καὶ Σκῦρον ἑλόντος Κίμωνος ἐξ αἰτίας τοιαύτης. Δόλοπες ᾤκουν τὴν νῆσον, ἐργάται κακοὶ γῆς· ληϊζόμενοι δὲ τὴν θάλασσαν ἐκ παλαιοῦ, τελευτῶντες οὐδὲ τῶν εἰσπλεόντων παραὐτοὺς καὶ χρωμένων ἀπείχοντο ξένων, ἀλλὰ Θετταλούς τινας ἐμπόρους περὶ τὸ Κτήσιον ὁρμισαμένους συλήσαντες εἷρξαν. (4) ἐπεὶ δὲ διαδράντες ἐκ τῶν δεσμῶν οἱ ἄνθρωποι δίκην κατεδικάσαντο τῆς πόλεως Ἀμφικτυονικήν, οὐ βουλομένων τὰ χρήματα τῶν πολλῶν συνεκτίνειν, ἀλλὰ τοὺς ἔχοντας καὶ διηρπακότας ἀποδοῦναι κελευόντων, δείσαντες ἐκεῖνοι πέμπουσι γράμματα πρὸς Κίμωνα, κελεύοντες ἥκειν μετὰ τῶν νεῶν ληψόμενον τὴν πόλιν ὑπαὐτῶν ἐνδιδομένην. (5) παραλαβὼν δοὕτω τὴν νῆσον Κίμων τοὺς μὲν Δόλοπας ἐξήλασε καὶ τὸν Αἰγαῖον ἠλευθέρωσε, πυνθανόμενος δὲ τὸν παλαιὸν Θησέα τὸν Αἰγέως φυγόντα μὲν ἐξ Ἀθηνῶν εἰς Σκῦρον, αὐτοῦ δἀποθανόντα δόλῳ διὰ φόβον ὑπὸ Λυκομήδους τοῦ βασιλέως, (6) ἐσπούδασε τὸν τάφον ἀνευρεῖν. καὶ γὰρ ἦν χρησμὸς Ἀθηναίοις τὰ Θησέως λείψανα κελεύων ἀνακομίζειν εἰς ἄστυ καὶ τιμᾶν ὡς ἥρωα πρεπόντως, ἀλλἠγνόουν ὅπου κεῖται, Σκυρίων οὐχ ὁμολογούντων οὐδἐώντων ἀναζητεῖν. τότε δὴ πολλῇ φιλοτιμίᾳ τοῦ σηκοῦ μόγις ἐξευρεθέντος, ἐνθέμενος Κίμων εἰς τὴν αὑτοῦ τριήρη τὰ ὀστᾶ καὶ τἆλλα κοσμήσας μεγαλοπρεπῶς κατήγαγεν εἰς τὴν αὐτοῦ διἐτῶν σχεδὸν τετρακοσίων. ἐφ καὶ μάλιστα πρὸς αὐτὸν ἡδέως δῆμος ἔσχεν. (7) ἔθεντο δεἰς μνήμην αὐτοῦ καὶ τὴν τῶν τραγῳδῶν κρίσιν ὀνομαστὴν γενομένην. πρώτην γὰρ διδασκαλίαν τοῦ Σοφοκλέους ἔτι νέου καθέντος, Ἀψεφίων ἄρχων, φιλονεικίας οὔσης καὶ παρατάξεως τῶν θεατῶν, κριτὰς μὲν οὐκ ἐκλήρωσε τοῦ ἀγῶνος, ὡς δὲ Κίμων μετὰ τῶν συστρατήγων προελθὼν εἰς τὸ θέατρον ἐποιήσατο τῷ θεῷ τὰς νενομισμένας σπονδάς, οὐκ ἀφῆκεν αὐτοὺς ἀπελθεῖν, ἀλλὁρκώσας ἠνάγκασε καθίσαι καὶ κρῖναι δέκα ὄντας, ἀπὸ φυλῆς μιᾶς ἕκαστον. (8) μὲν οὖν ἀγὼν καὶ διὰ τὸ τῶν κριτῶν ἀξίωμα τὴν φιλοτιμίαν ὑπερέβαλε. νικήσαντος δὲ τοῦ Σοφοκλέους λέγεται τὸν Αἰσχύλον περιπαθῆ γενόμενον καὶ βαρέως ἐνεγκόντα χρόνον οὐ πολὺν Ἀθήνησι διαγαγεῖν, εἶτοἴχεσθαι διὀργὴν εἰς Σικελίαν, ὅπου καὶ τελευτήσας περὶ Γέλαν τέθαπται. [8] X. Quoique le nom de Cimon ne paraisse dans aucune de ces inscriptions, cependant elles passèrent alors pour le plus haut degré d'honneur où un citoyen pût parvenir : ni Thémistocle ni Miltiade n'en obtinrent jamais de semblable; ce dernier même ayant demandé qu'on lui permît de porter une couronne d'olivier, Socharès, du bourg de Décélie, se leva du milieu de l'assemblée, s'opposa à la demande de Miltiade, et lui dit ces mots pleins d'ingratitude, mais qui furent alors très agréables au peuple : « Miltiade, quand vous aurez combattu seul contre les Barbares, et que vous les aurez vaincus, demandez alors des honneurs pour vous seul.» Pourquoi donc cette distinction singulière dont on récompensa les exploits de Cimon? Ne serait-ce pas que, sous les autres généraux, les Athéniens avaient combattu pour sauver leur patrie; et que Cimon, ayant porté la guerre dans le pays même des ennemis, s'était emparé d'une portion de leur territoire, avait fait la conquête des villes d'Éione et d'Amphipolis, où Athènes envoya des colonies, ainsi que dans l'île de Scyros, dont Cimon se rendit aussi maître ? Elle était habitée par des Dolopes, qui, peu entendus à la culture des terres, avaient de tout temps infesté les mers par leurs pirateries. Ils allèrent même jusqu'à dépouiller ceux qui venaient dans leur île pour commercer. Un jour, quelques marchands thessaliens ayant abordé à leur port de Ctésium, ils les pillèrent et les jetèrent en prison mais ceux-ci ayant trouvé moyen de se sauver, dénoncèrent cette violation du droit des gens aux amphictyons, qui condamnèrent toute la ville à dédommager les marchands de la perte qu'ils avaient faite. Le peuple refusa de contribuer à cette indemnité, et soutint qu'elle ne devait tomber que sur ceux qui avaient pillé les marchands. Les corsaires, craignant d'y être forcés, écrivirent à Cimon, et le pressèrent de venir avec sa flotte prendre possession de leur île, qu'ils étaient disposés à lui livrer. Cimon y alla; et s'étant rendu maître de l'île, il en chassa les Dolopes, et rendit libre la mer Égée. XI. Là, ayant appris que Thésée, fils d'Égée, obligé de fuir d'Athènes, s'était retiré à Scyros, dont le roi Lycomède, par la crainte des Athéniens, l'avait tué en trahison, il ne négligea rien pour découvrir son tombeau; car un oracle avait ordonné aux Athéniens de rapporter à Athènes les ossements de Thésée, et de l'honorer comme un héros. Mais ils ignoraient le lieu de sa sépulture; et les habitants de Scyros ne voulaient ni convenir qu'elle fùt dans leur île, ni souffrir qu'on y fît des recherches. Cimon y mit tant de zèle et tant de soin, qu'enfin il découvrit son tombeau; il chargea les ossements de Thésée sur sa galère, qu'il fit magnifiquement orner, et les rapporta dans sa patrie, près de quatre cents ans après que Thésée en était parti. Le peuple lui en sut toujours depuis beaucoup de gré; et, pour perpétuer la mémoire de cet événement, on institua, entre les poètes tragiques, des combats qui eurent la plus grande célébrité. Sophocle, encore jeune, y fit jouer sa première pièce; et l'archonte Aphepsion, qui vit dans les spectateurs beaucoup de partialité et de brigues, ne voulut pas tirer au sort les juges du combat. Mais Cimon et les autres généraux étant entrés au théâtre pour y faire les libations d'usage au dieu à l'honneur duquel ces jeux étaient célébrés, l'archonte ne leur permit pas de sortir; et après leur avoir fait prêter serment, il les obligea de s'asseoir et de faire les fonctions de juges : ils étaient dix, un de chaque tribu. La dignité des juges donna la plus vive émulation aux acteurs ; Sophocle remporta le prix; et le poète Eschyle en fut tellement affligé, qu'il ne fit pas depuis un long séjour à Athènes. Il se retira de dépit en Sicile, où il mourut, et fut enterré près de la ville de Géla.


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Dernière mise à jour : 30/08/2007