[7] Κίμων δέ, τῶν συμμάχων ἤδη προσκεχωρηκότων αὐτῷ, στρατηγὸς εἰς Θρᾴκην
ἔπλευσε, πυνθανόμενος Περσῶν ἄνδρας ἐνδόξους καὶ συγγενεῖς βασιλέως Ἠϊόνα
πόλιν παρὰ τῷ Στρυμόνι κειμένην ποταμῷ κατέχοντας ἐνοχλεῖν τοῖς περὶ τὸν
τόπον ἐκεῖνον Ἕλλησι. (2) πρῶτον μὲν οὖν αὐτοὺς μάχῃ τοὺς Πέρσας ἐνίκησε καὶ
κατέκλεισεν εἰς τὴν πόλιν· ἔπειτα τοὺς ὑπὲρ Στρυμόνα Θρᾷκας, ὅθεν αὐτοῖς ἐφοίτα
σῖτος, ἀναστάτους ποιῶν καὶ τὴν χώραν παραφυλάττων ἅπασαν εἰς τοσαύτην
ἀπορίαν τοὺς πολιορκουμένους κατέστησεν, ὥστε Βούτην τὸν βασιλέως στρατηγὸν
ἀπογνόντα τὰ πράγματα τῇ πόλει πῦρ ἐνεῖναι καὶ συνδιαφθεῖραι μετὰ τῶν φίλων
καὶ τῶν χρημάτων ἑαυτόν. (3) οὕτω δὲ λαβὼν τὴν πόλιν ἄλλο μὲν οὐδὲν ἀξιόλογον
ὠφελήθη, τῶν πλείστων τοῖς βαρβάροις συγκατακαέντων, τὴν δὲ χώραν
εὐφυεστάτην οὖσαν καὶ καλλίστην οἰκῆσαι παρέδωκε τοῖς Ἀθηναίοις. καὶ τοὺς
Ἑρμᾶς αὐτῷ τοὺς λιθίνους ὁ δῆμος ἀναθεῖναι συνεχώρησεν, ὧν ἐπιγέγραπται τῷ
μὲν πρώτῳ·
(4) ἦν ἄρα κἀκεῖνοι ταλακάρδιοι, οἵ ποτε Μήδων
παισὶν ἐπ᾽ Ἠϊόνι, Στρυμόνος ἀμφὶ ῥοάς,
λιμόν τ᾽ αἴθωνα κρυερόν τ᾽ ἐπάγοντες Ἄρηα
πρῶτοι δυσμενέων εὗρον ἀμηχανίην.
τῷ δὲ δευτέρῳ·
ἡγεμόνεσσι δὲ μισθὸν Ἀθηναῖοι τάδ᾽ ἔδωκαν
ἀντ᾽ εὐεργεσίης καὶ μεγάλων ἀγαθῶν.
μᾶλλόν τις τάδ᾽ ἰδὼν καὶ ἐπεσσομένων ἐθελήσει
ἀμφὶ περὶ ξυνοῖς πράγμασι δῆριν ἔχειν.
(5) τῷ δὲ τρίτῳ·
ἔκ ποτε τῆσδε πόληος ἅμ᾽ Ἀτρείδῃσι Μενεσθεὺς
ἡγεῖτο ζάθεον Τρωϊκὸν ἐς πεδίον·
ὅν ποθ᾽ Ὅμηρος ἔφη Δαναῶν πύκα θωρηκτάων
κοσμητῆρα μάχης ἔξοχον ὄντα μολεῖν.
οὕτως οὐδὲν ἀεικὲς Ἀθηναίοισι καλεῖσθαι κοσμηταῖς
πολέμου τ᾽ ἀμφὶ καὶ ἠνορέης.
| [7] IX. Cimon, à qui tous les alliés s'étaient réunis, s'embarqua avec toutes ses
troupes pour aller dans la Thrace, d'où on lui avait mandé que quelques seigneurs
persans, parents du roi, s'étaient emparés d'Éione, ville située sur les bords du
Strymon, et que de là ils inquiétaient les Grecs des pays voisins. A peine arrivé, il
remporta sur eux une grande victoire, et les obligea de se renfermer dans la ville.
Ayant ensuite chassé les Thraces qui habitaient au-dessus du Strymon, et qui
fournissaient des vivres aux ennemis, il se rendit maître de tout le pays; et, le
gardant avec soin, il réduisit les assiégés à une telle disette, que Butes, général du roi,
se voyant dans une situation désespérée, mit le feu à la ville, et s'y brûla avec ses
amis et ses richesses. Cimon prit la ville, et n'y fit pas un grand butin, parce que les
Barbares avaient tout brûlé; mais voyant que le pays d'alentour était ausi beau que
fertile, il le donna à habiter aux Athéniens, qui, par reconnaissance, lui permirent de
dresser dans la ville trois Hermès de marbre, avec les inscriptions suivantes. On
lisait sur le premier : "Gloire aux valeureux Grecs qu'on vit dans Éione, Sur les bords
du Strymon, à ces Perses fameux Faire éprouver jadis les fureurs de Bellone, Et
dompter par la faim ces peuples orgueilleux". Le second portait ces mots : "Tel est le
prix flatteur d'une illustre victoire : Athènes, pour payer ses dignes généraux, De
leurs brillants exploits consacre la mémoire, Afin qu'à l'avenir de généreux rivaux,
En voyant sous leurs yeux ces monuments durables, A marcher sur leurs pas se
sentent destines; Et, signalant leurs bras par des faits mémorables, Soient de mêmes
honneurs à leur tour couronnés". Il y avait sur le troisième : "C'est du sein de ces murs
que le brave Mnesthée Guidait aux champs troyens nos soldats belliqueux, Pour
suivre les destins des vaillants fils d'Atrée. Homère a dit de lui, dans ses vers si
fameux, Que de tous les héros que possédait la Grèce, Et qui se distinguaient par
leurs divers talents, Nul ne sut égaler sa merveilleuse adresse Pour placer à propos
de nombreux combattants. Les enfants de Cécrops, héritiers de sa gloire, Ont
transmis d'àge en àge à tous leurs successeurs Ce talent, qui pour eux a fixé la
victoire, Et les a fait jouir des plus brillants honneurs".
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