| [6] ἐπεὶ δὲ Μήδων φυγόντων ἐκ τῆς Ἑλλάδος ἐπέμφθη στρατηγός, κατὰ θάλατταν 
οὔπω τὴν ἀρχὴν Ἀθηναίων ἐχόντων, ἔτι δὲ Παυσανίᾳ τε καὶ Λακεδαιμονίοις 
ἑπομένων, πρῶτον μὲν ἐν ταῖς στρατείαις ἀεὶ παρεῖχε τοὺς πολίτας κόσμῳ τε 
θαυμαστοὺς καὶ προθυμίᾳ πολὺ πάντων διαφέροντας· (2) ἔπειτα Παυσανίου τοῖς 
μὲν βαρβάροις διαλεγομένου περὶ προδοσίας καὶ βασιλεῖ γράφοντος ἐπιστολάς, 
τοῖς δὲ συμμάχοις τραχέως καὶ αὐθαδῶς προσφερομένου καὶ πολλὰ δι᾽ ἐξουσίαν 
καὶ ὄγκον ἀνόητον ὑβρίζοντος, ὑπολαμβάνων πράως τοὺς ἀδικουμένους καὶ 
φιλανθρώπως ἐξομιλῶν ἔλαθεν οὐ δι᾽ ὅπλων τὴν τῆς Ἑλλάδος ἡγεμονίαν, ἀλλὰ 
λόγῳ καὶ ἤθει παρελόμενος. (3) προσετίθεντο γὰρ οἱ πλεῖστοι τῶν συμμάχων 
ἐκείνῳ τε καὶ Ἀριστείδῃ τὴν χαλεπότητα καὶ ὑπεροψίαν τοῦ Παυσανίου μὴ 
φέροντες. οἱ δὲ καὶ τούτους ἅμα προσήγοντο καὶ τοῖς ἐφόροις πέμποντες ἔφραζον, 
ὡς ἀδοξούσης τῆς Σπάρτης καὶ ταραττομένης τῆς Ἑλλάδος, ἀνακαλεῖν τὸν 
Παυσανίαν.
(4) λέγεται δὲ παρθένον τινὰ Βυζαντίαν ἐπιφανῶν γονέων, ὄνομα Κλεονίκην, ἐπ᾽ 
αἰσχύνῃ τοῦ Παυσανίου μεταπεμπομένου, τοὺς μὲν γονεῖς ὑπ᾽ ἀνάγκης καὶ φόβου 
προέσθαι τὴν παῖδα, τὴν δὲ τῶν πρὸ τοῦ δωματίου δεηθεῖσαν ἀνελέσθαι τὸ φῶς, διὰ 
σκότους καὶ σιωπῆς τῇ κλίνῃ προσιοῦσαν ἤδη τοῦ Παυσανίου καθεύδοντος, 
ἐμπεσεῖν καὶ ἀνατρέψαι (5) τὸ λυχνίον ἄκουσαν· τὸν δ᾽ ὑπὸ τοῦ ψόφου ταραχθέντα 
καὶ σπασάμενον τὸ παρακείμενον ἐγχειρίδιον, ὥς τινος ἐπ᾽ αὐτὸν ἐχθροῦ 
βαδίζοντος, πατάξαι καὶ καταβαλεῖν τὴν παρθένον, ἐκ δὲ τῆς πληγῆς 
ἀποθανοῦσαν αὐτὴν οὐκ ἐᾶν τὸν Παυσανίαν ἡσυχάζειν, ἀλλὰ νύκτωρ εἴδωλον 
αὐτῷ φοιτῶσαν εἰς τὸν ὕπνον ὀργῇ λέγειν τόδε τὸ ἡρῷον· 
στεῖχε δίκης ἆσσον· μάλα τοι κακὸν ἀνδράσιν ὕβρις.
ἐφ᾽ ᾧ καὶ μάλιστα χαλεπῶς ἐνεγκόντες οἱ σύμμαχοι μετὰ τοῦ Κίμωνος 
ἐξεπολιόρκησαν αὐτόν. (6) ὁ δ᾽ ἐκπεσὼν τοῦ Βυζαντίου καὶ τῷ φάσματι 
ταραττόμενος, ὡς λέγεται, κατέφυγε πρὸς τὸ νεκυομαντεῖον εἰς Ἡράκλειαν, καὶ 
τὴν ψυχὴν ἀνακαλούμενος τῆς Κλεονίκης παρῃτεῖτο τὴν ὀργήν. ἡ δ᾽ εἰς ὄψιν 
ἐλθοῦσα ταχέως ἔφη παύσεσθαι τῶν κακῶν αὐτὸν ἐν Σπάρτῃ γενόμενον, 
αἰνιττομένη, ὡς ἔοικε, τὴν μέλλουσαν αὐτῷ τελευτήν. ταῦτα μὲν οὖν ὑπὸ πολλῶν 
ἱστόρηται.
 | [6] Après que les  Mèdes eurent été chassés de la Grèce, il fut nommé général de la flotte des 
Athéniens, qui, n'ayant  pas encore la prééminence sur la Grèce, recevaient les ordres de 
Pausanias et des Lacédémoniens. Dans ses expéditions, il entretint toujours  parmi 
ses troupes un ordre admirable, et leur  inspira surtout une ardeur qui les distinguait 
de  tous les autres alliés. Mais quand Pausanias eut  formé des intelligences avec les 
Barbares, afin de  trahir la Grèce; que même, dans cette vue, il eut  lié des 
correspondances avec le roi; qu'ébloui de  la grande autorité qu'il exerçait, et plein 
d'une  folle arrogance, il se mit à traiter les alliés avec  une dureté et un orgueil 
insupportables, Cimon  alors eut soin de recevoir avec beaucoup de douceur et 
d'amitié ceux qui avaient a se plaindre des  injustices de Pausanias; et par là il enleva 
insensiblement aux Lacédémoniens l'empire de la Grèce,  sans employer la force des 
armes, et par le seul  ascendant de son caractère et de ses discours. Le  plus grand 
nombre des alliés ne pouvant plus souffrir les manières dures et hautaines de 
Pausanias,  s'attachèrent à Cimon et à Aristide, qui, en même  temps qu'ils les 
gagnaient par leurs bons procédés,  firent avertir les éphores de rappeler Pausanias,  
parce qu'il déshonorait Sparte et jetait le trouble  dans toute la Grèce. VIII. On raconte 
que Pausanias, étant à Byzance, envoya chercher, dans des vues criminelles,  une 
jeune fille d'une famille distinguée, nommée  Cléonice, et que ses parents, cédant à la 
crainte  que leur inspirait le pouvoir de Pausanias, laissèrent emmener leur fille. 
Avant d'entrer dans la  chambre, elle pria qu'on éteignît la lampe; et s'étant 
approchée, dans les ténèbres et en silence,  du lit de Pausanias, qui était déjà endormi, 
elle  donna par hasard contre la lampe, et la renversa. Pausanias, réveillé en sursaut 
par le bruit  que la lampe fit en tombant, et croyant que c'était quelqu'un de ses 
ennemis qui venait l'assassiner, tire un poignard qu'il avait sous le chevet de  son lit, 
et en frappe Cléonice, qu'il étend à ses  pieds sur le carreau. Elle mourut de cette 
blessure;  et depuis elle ne laissa plus goûter à Pausanias un  seul instant de repos; 
son image venait toutes les  nuits se présenter à lui pendant son sommeil, et  lui 
répétait d'un ton de colère ce vers héroïque : "Va, cours au châtiment que les forfaits 
méritent". Les alliés, dans l'indignation que leur causa cette  action atroce, se 
joignirent à Cimon, et assiégèrent Pausanias dans Byzance; mais il trouva le  moyen 
de s'échapper; et, toujours troublé par cette  image, il se réfugia dans le temple 
d'Héraclée,  où l'on évoque les âmes des morts. Là, après  avoir appelé celle de 
Cléonice, il la conjura d'apaiser enfin sa colère. Elle lui apparut, et lui dit que,  dès 
qu'il serait arrivé à Sparte, il verrait la fin de  ses maux. Elle lui désignait, par ces 
mots énigmatiques, la mort qui l'y attendait. Tel est le  récit de la plupart des 
historiens. 
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