[5] τὰ δ᾽ ἄλλα πάντα τοῦ ἤθους ἀγαστὰ καὶ γενναῖα τοῦ Κίμωνος. οὔτε γὰρ τόλμῃ
Μιλτιάδου λειπόμενος οὔτε συνέσει Θεμιστοκλέους, δικαιότερος ἀμφοῖν
ὁμολογεῖται γενέσθαι, καὶ ταῖς πολεμικαῖς οὐδὲ μικρὸν ἀποδέων ἀρεταῖς ἐκείνων
ἀμήχανον ὅσον ἐν ταῖς πολιτικαῖς ὑπερβαλέσθαι νέος ὢν ἔτι καὶ πολέμων ἄπειρος.
(2) ὅτε γὰρ τὸν δῆμον ἐπιόντων Μήδων Θεμιστοκλῆς ἔπειθε προέμενον τὴν πόλιν
καὶ τὴν χώραν ἐκλιπόντα πρὸ τῆς Σαλαμῖνος ἐν ταῖς ναυσὶ τὰ ὅπλα θέσθαι καὶ
διαγωνίσασθαι κατὰ θάλατταν, ἐκπεπληγμένων τῶν πολλῶν τὸ τόλμημα πρῶτος
Κίμων ὤφθη διὰ τοῦ Κεραμεικοῦ φαιδρὸς ἀνιὼν εἰς τὴν ἀκρόπολιν μετὰ τῶν
ἑταίρων ἵππου τινὰ χαλινὸν ἀναθεῖναι τῇ θεῷ, διὰ χειρῶν κομίζων, ὡς οὐδὲν
ἱππικῆς ἀλκῆς, ἀλλὰ ναυμάχων ἀνδρῶν ἐν τῷ παρόντι τῆς πόλεως δεομένης. (3)
ἀναθεὶς δὲ τὸν χαλινὸν καὶ λαβὼν ἐκ τῶν περὶ τὸν ναὸν κρεμαμένων ἀσπίδων, καὶ
προσευξάμενος τῇ θεῷ, κατέβαινεν ἐπὶ θάλασσαν, οὐκ ὀλίγοις ἀρχὴ τοῦ θαρρεῖν
γενόμενος.
ἦν δὲ καὶ τὴν ἰδέαν οὐ μεμπτός, ὡς Ἴων ὁ ποιητής φησιν, ἀλλὰ μέγας, οὔλῃ καὶ
πολλῇ τριχὶ κομῶν τὴν κεφαλήν. φανεὶς δὲ καὶ κατ᾽ αὐτὸν τὸν ἀγῶνα λαμπρὸς καὶ
ἀνδρώδης ταχὺ δόξαν ἐν τῇ πόλει μετ᾽ εὐνοίας ἔσχεν, ἀθροιζομένων πολλῶν πρὸς
αὐτὸν καὶ παρακαλούντων ἄξια τοῦ Μαραθῶνος ἤδη διανοεῖσθαι καὶ πράσσειν. (4)
ὁρμήσαντα δ᾽ αὐτὸν ἐπὶ τὴν πολιτείαν ἄσμενος ὁ δῆμος ἐδέξατο, καὶ μεστὸς ὢν τοῦ
Θεμιστοκλέους ἀνῆγε πρὸς τὰς μεγίστας ἐν τῇ πόλει τιμὰς καὶ ἀρχάς, εὐάρμοστον
ὄντα καὶ προσφιλῆ τοῖς πολλοῖς διὰ πρᾳότητα καὶ ἀφέλειαν. οὐχ ἥκιστα δὲ αὐτὸν
ηὔξησεν Ἀριστείδης ὁ Λυσιμάχου, τὴν εὐφυΐαν ἐνορῶν τῷ ἤθει, καὶ ποιούμενος οἷον
ἀντίπαλον πρὸς τὴν Θεμιστοκλέους δεινότητα καὶ τόλμαν.
| [5] VI. Dans tout le reste de sa conduite, Cimon fit paraître une grandeur d'âme
admirable. Égal à Miltiade en courage et à Thémistocle en prudence, il les surpassa
l'un et l'autre en justice, de l'aveu de tout le monde. Sans leur être inférieur par les
qualités guerrières, il fut dès sa jeunesse, et lorsqu'il n'avait encore aucune expérience
dans les armes, bien au-dessus d'eux par les vertus civiles. Lorsqu'à l'invasion des
Mèdes, Thémistocle proposa aux Athéniens de quitter la ville, d'abandonner le
pays, de s'embarquer pour se rendre devant Salamine et y combattre sur mer, dans
la consternation générale que causa un conseil si hardi, Cimon fut le premier qui,
suivi de plusieurs de ses camarades, monta, d'un air gai, le long du Céramique à la
citadelle, portant dans sa main un mors de bride qu'il allait consacrer à Minerve.
Il voulait insinuer par là à ses concitoyens que, dans la conjoncture présente,
Athènes n'avait plus besoin de gens de cheval, mais de bons hommes de mer. Après
avoir fait son offrande, il prit un des boucliers qui étaient suspendus aux parois du
temple, fit sa prière à la Déesse, descendit ensuite au rivage, et donna le premier, à
la plupart de ses concitoyens, l'exemple de la confiance. Il était, suivant le poète Ion,
assez bien de figure, d'une grande et belle taille; il avait de beaux cheveux qui
frisaient naturellement, et qu'il entretenait avec soin. Les preuves signalées qu'il
donna de sa valeur à la bataille de Salamine lui acquirent l'estime et l'affection de
ses concitoyens, qui, s'attachant à lui en grand nombre, l'accompagnaient partout, et
l'exhortaient à se rendre, par ses sentiments et par ses actions, l'héritier de la gloire
que son père s'était acquise à Marathon. VII. A son entrée dans le gouvernement, il
fut reçu du peuple avec les plus vifs témoignages de satisfaction. Les Athéniens,
déjà dégoûtés de Thémistocle, charmés d'ailleurs de la douceur et de la bonté de
Cimon, l'élevèrent aux premiers honneurs et aux plus grandes charges de la
république. Mais personne ne contribua plus à son avancement qu'Aristide, fils de
Lysimachus, qui voyait en lui un heureux naturel, et qui d'ailleurs voulut l'opposer
comme un contrepoids aux talents et à l'audace de Thémistocle.
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