[16] ἦν μὲν οὖν ἀπ᾽ ἀρχῆς φιλολάκων· καὶ τῶν γε παίδων τῶν διδύμων τὸν ἕτερον
Λακεδαιμόνιον ὠνόμασε, τὸν δ᾽ ἕτερον Ἠλεῖον, ἐκ γυναικὸς αὐτῷ Κλειτορίας
γενομένους, ὡς Στησίμβροτος ἱστορεῖ· διὸ πολλάκις τὸν Περικλέα τὸ μητρῷον
αὐτοῖς γένος ὀνειδίζειν. Διόδωρος δ᾽ ὁ Περιηγητὴς καὶ τούτους φησὶ καὶ τὸν τρίτον
τῶν Κίμωνος υἱῶν Θεσσαλὸν ἐξ Ἰσοδίκης γεγονέναι τῆς Εὐρυπτολέμου τοῦ
Μεγακλέους. (2) ηὐξήθη δ᾽ ὑπὸ τῶν Λακεδαιμονίων ἤδη τῷ Θεμιστοκλεῖ
προσπολεμούντων καὶ τοῦτον ὄντα νέον ἐν Ἀθήναις μᾶλλον ἰσχύειν καὶ κρατεῖν
βουλομένων. οἱ δ᾽ Ἀθηναῖοι τὸ πρῶτον ἡδέως ἑώρων οὐ μικρὰ τῆς πρὸς ἐκεῖνον
εὐνοίας τῶν Σπαρτιατῶν ἀπολαύοντες· αὐξανομένοις γὰρ αὐτοῖς κατ᾽ ἀρχὰς καὶ τὰ
συμμαχικὰ πολυπραγμονοῦσιν οὐκ ἤχθοντο τιμῇ καὶ χάριτι τοῦ Κίμωνος. (3) τὰ
γὰρ πλεῖστα δι᾽ ἐκείνου τῶν Ἑλληνικῶν διεπράττετο, πρᾴως μὲν τοῖς συμμάχοις,
κεχαρισμένως δὲ τοῖς Λακεδαιμονίοις ὁμιλοῦντος. ἔπειτα δυνατώτεροι γενόμενοι
καὶ τὸν Κίμωνα τοῖς Σπαρτιάταις οὐκ ἠρέμα προσκείμενον ὁρῶντες ἤχθοντο. καὶ
γὰρ αὐτὸς ἐπὶ παντὶ μεγαλύνων τὴν Λακεδαίμονα πρὸς Ἀθηναίους, καὶ μάλιστα
ὅτε τύχοι μεμφόμενος αὐτοῖς ἢ παροξύνων, ὥς φησι Στησίμβροτος, εἰώθει λέγειν·
"ἀλλ᾽ οὐ Λακεδαιμόνιοί γε τοιοῦτοι." (4) ὅθεν φθόνον ἑαυτῷ συνῆγε καὶ δυσμένειάν
τινα παρὰ τῶν πολιτῶν.
ἡ δ᾽ οὖν ἰσχύσασα μάλιστα κατ᾽ αὐτοῦ τῶν διαβολῶν αἰτίαν ἔσχε τοιαύτην.
Ἀρχιδάμου τοῦ Ζευξιδάμου τέταρτον ἔτος ἐν Σπάρτῃ βασιλεύοντος ὑπὸ σεισμοῦ
μεγίστου δὴ τῶν μνημονευομένων πρότερον ἥ τε χώρα τῶν Λακεδαιμονίων
χάσμασιν ἐνώλισθε πολλοῖς καὶ τῶν Ταϋγέτων τιναχθέντων κορυφαί τινες
ἀπερράγησαν, αὐτὴ δ᾽ ἡ πόλις ὅλη συνεχύθη πλὴν οἰκιῶν πέντε, τὰς δ᾽ ἄλλας
ἤρειψεν ὁ σεισμός.
(5) ἐν δὲ μέσῃ τῇ στοᾷ γυμναζομένων ὁμοῦ τῶν ἐφήβων καὶ τῶν νεανίσκων λέγεται
μικρὸν πρὸ τοῦ σεισμοῦ λαγὼν παραφανῆναι, καὶ τοὺς μὲν νεανίσκους, ὥσπερ
ἦσαν ἀληλιμμένοι, μετὰ παιδιᾶς ἐκδραμεῖν καὶ διώκειν, τοῖς δ᾽ ἐφήβοις
ὑπολειφθεῖσιν ἐπιπεσεῖν τὸ γυμνάσιον καὶ πάντας ὁμοῦ τελευτῆσαι. τὸν δὲ τάφον
αὐτῶν ἔτι νῦν Σεισματίαν προσαγορεύουσι.
(6) ταχὺ δὴ συνιδὼν ἀπὸ τοῦ παρόντος τὸν μέλλοντα κίνδυνον ὁ Ἀρχίδαμος, καὶ
τοὺς πολίτας ὁρῶν ἐκ τῶν οἰκιῶν τὰ τιμιώτατα πειρωμένους σώζειν, ἐκέλευσε τῇ
σάλπιγγι σημαίνειν, ὡς πολεμίων ἐπιόντων, ὅπως ὅτι τάχιστα μετὰ τῶν ὅπλων
ἀθροίζωνται πρὸς αὐτόν. ὃ δὴ καὶ μόνον ἐν τῷ τότε καιρῷ τὴν Σπάρτην διέσωσεν.
οἱ γὰρ εἵλωτες ἐκ τῶν ἀγρῶν συνέδραμον πανταχόθεν ὡς ἀναρπασόμενοι τοὺς
σεσωσμένους τῶν Σπαρτιατῶν. (7) ὡπλισμένους δὲ καὶ συντεταγμένους εὑρόντες
ἀνεχώρησαν ἐπὶ τὰς πόλεις καὶ φανερῶς ἐπολέμουν, τῶν τε περιοίκων
ἀναπείσαντες οὐκ ὀλίγους, καὶ Μεσσηνίων ἅμα τοῖς Σπαρτιάταις συνεπιθεμένων.
πέμπουσιν οὖν οἱ Λακεδαιμόνιοι Περικλείδαν εἰς Ἀθήνας δεόμενοι βοηθεῖν, ὅν φησι
κωμῳδῶν Ἀριστοφάνης καθεζόμενον ἐπὶ τοῖς βωμοῖς ὠχρὸν ἐν φοινικίδι στρατιὰν
ἐπαιτεῖν. (8) Ἐφιάλτου δὲ κωλύοντος καὶ διαμαρτυρομένου μὴ βοηθεῖν μηδ᾽
ἀνιστάναι πόλιν ἀντίπαλον ἐπὶ τὰς Ἀθήνας, ἀλλ᾽ ἐᾶν κεῖσθαι καὶ πατηθῆναι τὸ
φρόνημα τῆς Σπάρτης, Κίμωνά φησι Κριτίας τὴν τῆς πατρίδος αὔξησιν ἐν ὑστέρῳ
θέμενον τοῦ Λακεδαιμονίων συμφέροντος ἀναπείσαντα τὸν δῆμον ἐξελθεῖν
βοηθοῦντα μετὰ πολλῶν ὁπλιτῶν. ὁ δ᾽ Ἴων ἀπομνημονεύει καὶ τὸν λόγον, ᾧ
μάλιστα τοὺς Ἀθηναίους ἐκίνησε, παρακαλῶν μήτε τὴν Ἑλλάδα χωλὴν μήτε τὴν
πόλιν ἑτερόζυγα περιϊδεῖν γεγενημένην.
| [16] Il est vrai que de très bonne heure il eut du penchant pour les Lacédémoniens :
de deux enfants jumeaux qu'il eut, selon Stésimbrote, d'une femme clitorienne,
il nomma l'un Lacédémonius, et l'autre Eléus.
Aussi Périclès reprocha-t-il souvent à ces enfants leur origine maternelle :
mais, suivant Diodore le géographe, ces deux enfants, et un troisième qu'il nomma
Thessalus, eurent pour mère Isodicé, fille d'Euryptolème, fils de Mégaclès.
Cependant son crédit s'était beaucoup accru par la faveur des Lacédémoniens, qui
s'étant déjà déclarés les ennemis de Thémistocle, voulaient que Cimon, quoique
encore jeune, eût plus de pouvoir et d'autorité que lui dans Athènes. Les Athéniens
virent d'abord avec plaisir cette bienveillance des Spartiates pour Cimon, qui leur
procurait à eux-mêmes de grands avantages. Dans les premiers progrès de leur
puissance, où ils se mêlaient beaucoup des affaires des alliés, ils n'étaient pas fâchés
de la considération et du pouvoir dont jouissait Cimon, qui, fort aimé des
Lacédémoniens, traitant les alliés avec beaucoup de douceur, décidait presque seul
des affaires de la Grèce : mais quand ils furent devenus plus puissants, cet
attachement extrême de Cimon pour les Spartiates leur déplut; il ne manquait pas
une occasion de vanter Lacédémone devant les Athéniens, surtout, suivant
Stésimbrote, quand il leur faisait des reproches, ou qu'il voulaient les piquer; il avait
alors coutume de dire : "Ce n'est pas ainsi que se conduisent les Lacédémoniens."
Cette partialité pour les Spartiates lui attira l'envie et la malveillance de ses
concitoyens. XXIII. Mais ce qui fortifia le plus ces dispositions du peuple, ce fut une
calomnie dont on le chargea, et dont voici l'occasion. La quatrième année du règne
d'Archidamus, fils de Zeuxidamus, Sparte éprouva le plus grand tremblement de
terre dont on eût encore entendu parler. La terra s'entr'ouvrit et s'abîma en plusieurs
endroits; le mont Taygète en fut tellement agité, que plusieurs de ses sommets
s'écroulèrent; la ville se trouva dans la confusion la plus horrible, et, excepté cinq
maisons, toutes les autres furent fortement ébranlées. Quelques instants avant
cet événement funeste, un certain nombre de jeunes hommes et de jeunes garçons
s'exerçaient nus dans un portique, lorsqu'ils virent un lièvre passer devant eux; les
jeunes garçons, tout frottés d'huile qu'ils étaient, se mirent à courir et à le
poursuivre; ils furent à peine sortis, que le portique tomba sur les jeunes gens qui
étaient restés, et les écrasa. Leur tombeau subsiste encore, et s'appelle Sismatia.
Archidamus, à qui le danger présent fit conjecturer sur-le- champ celui qu'on avait
à craindre, et qui voyait les citoyens uniquement occupés à sauver de leurs maisons
les effets les plus précieux, fit sonner l'alarme, comme si l'ennemi eût été aux portes
de la ville, afin qu'ils accourussent au plus tôt se ranger autour de lui avec leurs
armes. Cette présence d'esprit sauva seule la ville dans cette affreuse conjoncture; car
les Ilotes accoururent de tous côtés de la campagne pour massacrer tous les
Spartiates qui auraient échappé au tremblement de terre : mais quand ils les virent
armés et rangés en bataille, ils se retirèrent dans les villes voisines, dont la plupart
embrassèrent leur parti; soutenus d'ailleurs par les Messéniens, qui de leur côté
attaquèrent les Spartiates, ils commencèrent contre Lacédémone une guerre ouverte :
les Lacédémoniens donc envoyèrent Périclidas à Athènes pour demander du secours.
C'est de lui que le poète Aristophane dit en plaisantant : "De pourpre revêtu, pâle
et défiguré, Embrassant un autel du peuple révéré, Il venait chaque jour demander
une armée". Éphialte s'y opposait, en protestant qu'on ne devait pas les secourir, et
relever une ville rivale d'Athènes; qu'il fallait la laisser ensevelie sous ses ruines, et
fouler aux pieds l'orgueil de Sparte. XXIV. Critias dit que Cimon, préférant l'intérêt
des Lacédémoniens à l'agrandissement de sa patrie, amena le peuple à son sentiment,
et marcha au secours de Sparte avec un corps nombreux de troupes. Ion même
rapporte l'endroit de son discours qui fit plus d'impression sur les Athéniens; il les
exhorta à ne pas laisser la Grèce boiteuse, et à ne pas ôter à Athènes un contre-poids
nécessaire.
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