[14] ἐπεὶ δὲ τῶν Περσῶν τινες οὐκ ἐβούλοντο τὴν Χερρόνησον ἐκλιπεῖν, ἀλλὰ καὶ
τοὺς Θρᾷκας ἄνωθεν ἐπεκαλοῦντο καταφρονοῦντες τοῦ Κίμωνος μετ᾽ ὀλίγων
παντάπασι τριήρων Ἀθήνηθεν ἐκπεπλευκότος, ὁρμήσας ἐπ᾽ αὐτοὺς τέσσαρσι μὲν
ναυσὶ τρισκαίδεκα τὰς ἐκείνων ἔλαβεν, ἐξελάσας δὲ τοὺς Πέρσας καὶ κρατήσας τῶν
Θρᾳκῶν πᾶσαν ᾠκειώσατο τῇ πόλει τὴν Χερρόνησον. (2) ἐκ δὲ τούτου Θασίους μὲν
ἀποστάντας Ἀθηναίων καταναυμαχήσας τρεῖς καὶ τριάκοντα ναῦς ἔλαβε καὶ τὴν
πόλιν ἐξεπολιόρκησε καὶ τὰ χρυσεῖα τὰ πέραν Ἀθηναίοις προσεκτήσατο καὶ χώραν,
ἧς ἐπῆρχον Θάσιοι, παρέλαβεν.
ἐκεῖθεν δὲ ῥᾳδίως ἐπιβῆναι Μακεδονίας καὶ πολλὴν ἀποτεμέσθαι παρασχόν, ὡς
ἐδόκει, μὴ θελήσας αἰτίαν ἔσχε δώροις ὑπὸ τοῦ βασιλέως Ἀλεξάνδρου
συμπεπεῖσθαι, καὶ δίκην ἔφυγε τῶν ἐχθρῶν συστάντων ἐπ᾽ αὐτόν. (3)
ἀπολογούμενος δὲ πρὸς τοὺς δικαστὰς οὐκ Ἰώνων ἔφη προξενεῖν οὐδὲ Θεσσαλῶν,
πλουσίων ὄντων, ὥσπερ ἑτέρους, ἵνα θεραπεύωνται καὶ λαμβάνωσιν, ἀλλὰ
Λακεδαιμονίων, μιμούμενος καὶ ἀγαπῶν τὴν παρ᾽ αὐτοῖς εὐτέλειαν καὶ
σωφροσύνην, ἧς οὐδένα προτιμᾶν πλοῦτον, ἀλλὰ πλουτίζων ἀπὸ τῶν πολεμίων
τὴν πόλιν ἀγάλλεσθαι. (4) μνησθεὶς δὲ τῆς κρίσεως ἐκείνης ὁ Στησίμβροτός φησι
τὴν Ἐλπινίκην ὑπὲρ τοῦ Κίμωνος δεομένην ἐλθεῖν ἐπὶ τὰς θύρας τοῦ Περικλέους
(οὗτος γὰρ ἦν τῶν κατηγόρων ὁ σφοδρότατος), τὸν δὲ μειδιάσαντα "γραῦς εἶ,"
φάναι, "γραῦς, ὦ Ἐλπινίκη, ὡς τηλικαῦτα διαπράττεσθαι πράγματα·" πλὴν ἔν γε τῇ
δίκῃ πρᾳότατον γενέσθαι τῷ Κίμωνι καὶ πρὸς τὴν κατηγορίαν ἅπαξ ἀναστῆναι
μόνον, ὥσπερ ἀφοσιούμενον.
| [14] XX. Cimon, informé que quelques Perses ne voulaient pas
abandonner la Chersonèse, et qu'ils appelaient à leur secours les habitants de la
haute Thrace, partit d'Athènes avec quatre galères : un si faible armement excita le
mépris des Barbares; mais Cimon ne laissa pas de fondre sur eux; et avec ses quatre
vaisseaux il leur en prit treize, les chassa du pays, subjugua les Thraces, et mit toute
la Chersonèse sous la domination des Athéniens. De là marchant contre les Thasiens
qui s'étaient révoltés, il gagne sur eux une bataille navale, leur prend trente-trois
vaisseaux, assiége leur ville qu'il emporte d'assaut, acquiert aux Athéniens les mines
d'or que ce peuple possédait dans le continent voisin, et s'empare de tous les pays
qui étaient de leur dépendance. Il lui était facile de passer de là dans la
Macédoine, et d'enlever aux Macédoniens une grande étendue de pays : une si
belle occasion manquée le fit soupçonner de s'être laissé gagner par les présents du
roi Alexandre. Ses ennemis se liguèrent contre lui, et l'appelèrent en justice : dans sa
défense, il dit qu'il n'avait jamais formé de liaison avec des peuples riches, tels que
les Ioniens et les Thessaliens, comme l'avaient fait les autres généraux, qui
cherchaient dans ces alliances des honneurs et des richesses; qu'il ne s'était lié
qu'avec les Lacédémoniens, parce qu'il estimait leur vie frugale, qu'il préférait à
toutes les richesses du monde, et qu'il s'était proposé d'imiter : qu'au reste, il se
faisait un plaisir d'enrichir sa patrie des dépouilles des ennemis. Stésimbrote, en
parlant de ce procès, rapporte qu'Elpinice alla chez Périclès pour le solliciter en
faveur de son frère, dont il était le plus ardent accusateur, et que Périclès lui dit en
riant : « Elpinice, vous êtes bien âgée pour terminer de si grandes affaires. »
Cependant, le jour du jugement, il fut beaucoup plus doux que les autres
accusateurs; il ne se leva qu'une seule fois pour parler contre lui, parce qu'il ne
pouvait s'en dispenser.
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