[13] τῶν δὲ πεζῶν ἐπικαταβάντων πρὸς τὴν θάλασσαν μέγα μὲν ἔργον ἐφαίνετο
τῷ Κίμωνι τὸ βιάζεσθαι τὴν ἀπόβασιν καὶ κεκμηκότας ἀκμῆσι καὶ πολλαπλασίοις
ἐπάγειν τοὺς Ἕλληνας, ὅμως δὲ ῥώμῃ καὶ φρονήματι τοῦ κρατεῖν ὁρῶν ἐπηρμένους
καὶ προθύμους ὁμόσε χωρεῖν τοῖς βαρβάροις, ἀπεβίβαζε τοὺς ὁπλίτας ἔτι θερμοὺς
τῷ κατὰ τὴν ναυμαχίαν ἀγῶνι μετὰ κραυγῆς καὶ δρόμου προσφερομένους. (2)
ὑποστάντων δὲ τῶν Περσῶν καὶ δεξαμένων οὐκ ἀγεννῶς κρατερὰ μάχη συνέστη·
καὶ τῶν Ἀθηναίων ἄνδρες ἀγαθοὶ καὶ τοῖς ἀξιώμασι πρῶτοι καὶ διαπρεπεῖς ἔπεσον.
πολλῷ δ᾽ ἀγῶνι τρεψάμενοι τοὺς βαρβάρους ἔκτεινον, εἶτα ᾕρουν αὐτούς τε καὶ
σκηνὰς παντοδαπῶν χρημάτων γεμούσας.
(3) Κίμων δ᾽ ὥσπερ ἀθλητὴς δεινὸς ἡμέρᾳ μιᾷ δύο καθῃρηκὼς ἀγωνίσματα, καὶ τὸ
μὲν ἐν Σαλαμῖνι πεζομαχίᾳ, τὸ δ᾽ ἐν Πλαταιαῖς ναυμαχίᾳ παρεληλυθὼς τρόπαιον,
ἐπηγωνίσατο ταῖς νίκαις, καὶ τὰς ὀγδοήκοντα Φοινίσσας τριήρεις, αἳ τῆς μάχης
ἀπελείφθησαν, Ὕδρῳ προσβεβληκέναι πυθόμενος διὰ τάχους ἔπλευσεν, οὐδὲν
εἰδότων βέβαιον οὔπω περὶ τῆς μείζονος δυνάμεως τῶν στρατηγῶν, ἀλλὰ
δυσπίστως ἔτι καὶ (4) μετεώρως ἐχόντων· ᾗ καὶ μᾶλλον ἐκπλαγέντες ἀπώλεσαν τὰς
ναῦς ἁπάσας, καὶ τῶν ἀνδρῶν οἱ πλεῖστοι συνδιεφθάρησαν. τοῦτο τὸ ἔργον οὕτως
ἐταπείνωσε τὴν γνώμην τοῦ βασιλέως, ὥστε συνθέσθαι τὴν περιβόητον εἰρήνην
ἐκείνην, ἵππου μὲν δρόμον ἀεὶ τῆς Ἑλληνικῆς ἀπέχειν θαλάσσης, ἔνδον δὲ
Κυανέων καὶ Χελιδονίων μακρᾷ νηῒ καὶ χαλκεμβόλῳ μὴ πλέειν.
(5) καίτοι Καλλισθένης οὔ φησι ταῦτα συνθέσθαι τὸν βάρβαρον, ἔργῳ δὲ ποιεῖν διὰ
φόβον τῆς ἥττης ἐκείνης, καὶ μακρὰν οὕτως ἀποστῆναι τῆς Ἑλλάδος, ὥστε
πεντήκοντα ναυσὶ Περικλέα καὶ τριάκοντα μόναις Ἐφιάλτην ἐπέκεινα πλεῦσαι
Χελιδονίων καὶ μηδὲν αὐτοῖς ναυτικὸν ἀπαντῆσαι παρὰ τῶν βαρβάρων. (6) ἐν δὲ
τοῖς ψηφίσμασιν, ἃ συνήγαγε Κρατερός, ἀντίγραφα συνθηκῶν ὡς γενομένων
κατατέτακται. φασὶ δὲ καὶ βωμὸν εἰρήνης διὰ ταῦτα τοὺς Ἀθηναίους ἱδρύσασθαι,
καὶ Καλλίαν τὸν πρεσβεύσαντα τιμῆσι διαφερόντως.
πραθέντων δὲ τῶν αἰχμαλώτων λαφύρων εἴς τε τὰ ἄλλα χρήμασιν ὁ δῆμος
ἐρρώσθη, καὶ τῇ ἀκροπόλει τὸ νότιον τεῖχος κατεσκεύασεν ἀπ᾽ ἐκείνης εὐπορήσας
τῆς στρατείας. (7) λέγεται δὲ καὶ τῶν μακρῶν τειχῶν, ἃ σκέλη καλοῦσι,
συντελεσθῆναι μὲν ὕστερον τὴν οἰκοδομίαν, τὴν δὲ πρώτην θεμελίωσιν εἰς τόπους
ἑλώδεις καὶ διαβρόχους τῶν ἔργων ἐμπεσόντων ἐρεισθῆναι διὰ Κίμωνος ἀσφαλῶς,
χάλικι πολλῇ καὶ λίθοις βαρέσι τῶν ἑλῶν πιεσθέντων, ἐκείνου χρήματα πορίζοντος
καὶ διδόντος. (8) πρῶτος δὲ ταῖς λεγομέναις ἐλευθερίοις καὶ γλαφυραῖς διατριβαῖς,
αἳ μικρὸν ὕστερον ὑπερφυῶς ἠγαπήθησαν, ἐκαλλώπισε τὸ ἄστυ, τὴν μὲν ἀγορὰν
πλατάνοις καταφυτεύσας, τὴν δ᾽ Ἀκαδήμειαν ἐξ ἀνύδρου καὶ αὐχμηρᾶς
κατάρρυτον ἀποδείξας ἄλσος ἠσκημένον ὑπ᾽ αὐτοῦ δρόμοις καθαροῖς καὶ συσκίοις
περιπάτοις.
| [13] XVIII. Cependant leur armée de terre s'étant approchée du rivage,
Cimon vit trop de danger à tenter une descente si près de
l'ennemi, et à mener ses Grecs, fatigués d'un premier combat, contre des troupes
fraîches et beaucoup plus nombreuses. Mais voyant que la victoire avait relevé le
courage de ses soldats, et que, se sentant pleins de force, ils ne demandaient qu'à
aller contre les Barbares, il débarqua son infanterie, qui, tout échauffée du combat
qu'elle venait de livrer sur mer, s'élança sur le rivage en jetant de grands cris, et
fondit avec impétuosité sur les Perses. Ceux-ci les attendirent de pied ferme, et
soutinrent ce premier choc avec tant de valeur, que le combat fut très rude. Les plus
braves et les plus considérables d'entre les Athéniens y périrent; mais enfin les
Grecs, redoublant d'efforts, mirent en fuite les Barbares, et en firent un grand
carnage. Tous ceux qui échappèrent au fer de l'ennemi furent faits prisonniers, et
leurs tentes, qui étaient remplies de richesses de toute espèce, tombèrent au pouvoir
des Grecs. Cimon, tel qu'un athlète infatigable, après avoir remporté en un seul jour
deux grandes victoires, et effacé par son combat de terre l'exploit de Salamine, et par
sa bataille navale celle de Platée, releva ces deux grands avantages par un
nouveau triomphe. Averti que les quatre-vingts galères phéniciennes, qui n'avaient
pu se trouver à la bataille, étaient au port d'Hydra, il cingla de ce côté en toute
diligence. Les généraux qui les commandaient n'avaient rien de certain sur le sort
de la grande flotte, et ne pouvant croire au bruit de sa défaite, ils restaient en
suspens; mais, à la vue des vaisseaux ennemis, ils furent tellement glacés de terreur,
qu'ils ne firent presque pas de résistance : tous leurs vaisseaux furent pris, et la plus
grande partie de leurs troupes taillées en pièces. XIX. Ces grands exploits
rabaissèrent si fort l'orgueil du roi, qu'il conclut ce traité de paix si célèbre, par lequel
il s'engageait à tenir ses armées de terre éloignées des mers de la Grèce de la course
d'un cheval, et ne jamais naviguer avec des galères ou d'autres vaisseaux de guerre
entre les îles Chélidoniennes et les roches Cyanées. Callisthène prétend que ces
conditions ne furent point stipulées dans le traité, et que le roi les exécuta de lui-même,
par l'effet de la terreur dont l'avaient frappé les défaites qu'il avait essuyées;
que depuis il se tint toujours si loin de la Grèce, que dans la suite Périclès avec
cinquante galères, et Éphialte seulement avec trente, allèrent au delà des îles
Chélidoniennes sans avoir rencontré un seul vaisseau des Barbares. Mais l'existence
de ce traité est prouvée par la copie qui s'en trouve dans le recueil des décrets publié
par Cratère. On dit même que ce fut à cette occasion que les Athéniens élevèrent
l'autel de la Paix, et décernèrent de grands honneurs à Callias, qu'ils avaient
envoyé auprès du roi pour la ratification du traité. Les dépouilles des vaincus furent
vendues à l'encan; et de l'argent qu'on en retira, après avoir fourni à toutes les
dépenses ordinaires, on bâtit encore la muraille de la citadelle qui regarde le midi.
On ajoute que les grandes murailles, qu'on appelle les jambes, ne furent élevées
qu'après la mort de Cimon; mais que ce fut lui qui en jeta les premiers fondements;
et comme le terrain sur lequel il fallut les asseoir était marécageux et rempli d'eaux
stagnantes, il en fit dessécher et consolider à ses frais tout le fond, en y jetant une
grande quantité de cailloux et de pierres de taille. Cimon fut aussi le premier qui
embellit la ville de ces lieux publics destinés à des exercices et des jeux honnêtes,
qui bientôt après furent si recherchés. Il entoura la place publique de belles allées de
platanes; de l'emplacement de l'Académie, qui était nu et aride, il en lit un beau pare,
arrosé de plusieurs fontaines, planté de grandes allées pour la promenade, et de
lices pour les courses.
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