| [11] ἐπεὶ δ᾽ οἱ σύμμαχοι τοὺς φόρους μὲν ἐτέλουν, ἄνδρας δὲ καὶ ναῦς ὡς 
ἐτάχθησαν οὐ παρεῖχον, ἀλλ᾽ ἀπαγορεύοντες ἤδη πρὸς τὰς στρατείας, καὶ πολέμου 
μὲν οὐδὲν δεόμενοι, γεωργεῖν δὲ καὶ ζῆν καθ᾽ ἡσυχίαν ἐπιθυμοῦντες, 
ἀπηλλαγμένων τῶν βαρβάρων καὶ μὴ διοχλούντων, οὔτε τὰς ναῦς ἐπλήρουν οὔτ᾽ 
ἄνδρας ἀπέστελλον, οἱ μὲν ἄλλοι στρατηγοὶ τῶν Ἀθηναίων προσηνάγκαζον 
αὐτοὺς ταῦτα ποιεῖν καὶ τοὺς ἐλλείποντας ὑπάγοντες δίκαις καὶ κολάζοντες 
ἐπαχθῆ τὴν ἀρχὴν καὶ λυπηρὰν ἐποίουν, (2) Κίμων δὲ τὴν ἐναντίαν ὁδὸν ἐν τῇ 
στρατηγίᾳ πορευόμενος βίαν μὲν οὐδενὶ τῶν Ἑλλήνων προσῆγε, χρήματα δὲ 
λαμβάνων παρὰ τῶν οὐ βουλομένων στρατεύεσθαι καὶ ναῦς κενάς, ἐκείνους εἴα 
δελεαζομένους τῇ σχολῇ περὶ τὰ οἰκεῖα διατρίβειν, γεωργοὺς καὶ χρηματιστὰς 
ἀπολέμους ἐκ πολεμικῶν ὑπὸ τρυφῆς καὶ ἀνοίας γινομένους, τῶν δ᾽ Ἀθηναίων ἀνὰ 
μέρος πολλοὺς ἐμβιβάζων καὶ διαπονῶν ταῖς στρατείαις ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ τοῖς παρὰ 
τῶν συμμάχων μισθοῖς καὶ χρήμασι δεσπότας αὐτῶν τῶν διδόντων ἐποίησε. (3) 
πλέοντας γὰρ αὐτοὺς συνεχῶς καὶ διὰ χειρὸς ἔχοντας ἀεὶ τὰ ὅπλα καὶ τρεφομένους 
καὶ ἀσκοῦντας ἐκ τῆς αὐτῶν ἀστρατείας ἐθισθέντες φοβεῖσθαι καὶ κολακεύειν, 
ἔλαθον ἀντὶ συμμάχων ὑποτελεῖς καὶ δοῦλοι γεγονότες.
 | [11] XV. Dans ce temps-là les alliés, se bornant à payer  les taxes qu'on leur 
avait imposées, n'envoyaient  plus ni les hommes ni les vaisseaux qu'ils s'étaient  
engagés de fournir. Fatigués de tant d'expéditions,  et la guerre étant devenue inutile 
depuis que les  Barbares s'étaient retirés et ne venaient plus les  troubler, ils n'avaient 
d'autre désir que de cultiver en paix leurs héritages, et se refusaient à ces  dernières 
contributions. Les autres 'généraux des  Athéniens voulaient les y contraindre; ils 
traînaient devant les tribunaux ceux qui ne les  payaient pas, les faisaient condamner 
à des amendes, et par ces voies de rigueur ils leur rendaient  odieux et insupportable 
le gouvernement des Athéniens. Quand Cimon fut revêtu du commandement,  il 
suivit une route tout opposée: il n'employa la  violence contre aucun des alliés; il 
recevait, de  ceux qui ne voulaient pas faire le service militaire, de l'argent et des 
galères vides; il souffrait  qu'amorcés par les charmes du repos, ils restassent 
tranquilles dans leurs foyers, et que, de bons  soldats qu'ils étaient, ils devinssent, 
par leur imprudence et par leur luxe, des laboureurs et des commerçants timides; au 
contraire, il faisait monter tour à tour les Athéniens sur les galères des alliés, et les 
ayant aguerris par des expéditions fréquentes, il arriva qu'en peu de temps, par le  
moyen de ces contributions et de la solde que  payaient les alliés, les Athéniens 
devinrent les  maîtres de ceux qui les soudoyaient. Comme ils  étaient 
continuellement sur mer, qu'ils avaient  toujours les armes à la main, qu'ils étaient 
nourris  et exercés dans ces expéditions si fréquentes, leurs  alliés, qui s'étaient 
accoutumés à les craindre et à  les flatter, se trouvèrent bientôt, sans s'en apercevoir, 
les tributaires et les esclaves de ceux dont ils  avaient été d'abord les alliés. 
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