HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie d'Aristide

Chapitre 8

  Chapitre 8

[8] τρίτῳ δἔτει Ξέρξου διὰ Θετταλίας καὶ Βοιωτίας ἐλαύνοντος ἐπὶ τὴν Ἀττικήν, λύσαντες τὸν νόμον ἐψηφίσαντο τοῖς μεθεστῶσι κάθοδον, μάλιστα φοβούμενοι τὸν Ἀριστείδην, μὴ προσθέμενος τοῖς πολεμίοις διαφθείρῃ καὶ μεταστήσῃ πολλοὺς τῶν πολιτῶν πρὸς τὸν βάρβαρον, οὐκ ὀρθῶς στοχαζόμενοι τοῦ ἀνδρός, ὅς γε καὶ πρὸ τοῦ δόγματος τούτου διετέλει προτρέπων καὶ παροξύνων τοὺς Ἕλληνας ἐπὶ τὴν ἐλευθερίαν, καὶ μετὰ τὸ δόγμα τοῦτο, Θεμιστοκλέους στρατηγοῦντος αὐτοκράτορος, πάντα συνέπραττε καὶ συνεβούλευεν, ἐνδοξότατον ἐπὶ σωτηρίᾳ κοινῇ ποιῶν τὸν ἔχθιστον. (2) ὡς γὰρ ἀπολιπεῖν τὴν Σαλαμῖνα βουλευομένων τῶν περὶ Εὐρυβιάδην αἱ βαρβαρικαὶ τριήρεις νύκτωρ ἀναχθεῖσαι καὶ περιβαλοῦσαι τόν τε πόρον ἐν κύκλῳ καὶ τὰς νήσους κατεῖχον, οὐδενὸς προειδότος τὴν κύκλωσιν ἧκεν Ἀριστείδης ἀπΑἰγίνης παραβόλως διὰ τῶν πολεμίων νεῶν διεκπλεύσας· καὶ νυκτὸς ἐλθὼν ἐπὶ τὴν σκηνὴν τοῦ Θεμιστοκλέους καὶ καλέσας αὐτὸν ἔξω μόνον "ἡμεῖς," (3) εἶπεν, " Θεμιστόκλεις, εἰ σωφρονοῦμεν, ἤδη τὴν κενὴν καὶ μειρακιώδη στάσιν ἀφέντες ἀρξώμεθα σωτηρίου καὶ καλῆς φιλονεικίας πρὸς ἀλλήλους ἁμιλλώμενοι σῶσαι τὴν Ἑλλάδα, σὺ μὲν ἄρχων καὶ στρατηγῶν, ἐγὼ δὑπουργῶν καὶ συμβουλεύων, ἐπεὶ καὶ νῦν σε πυνθάνομαι μόνον ἅπτεσθαι τῶν ἀρίστων λογισμῶν, κελεύοντα διαναυμαχεῖν ἐν τοῖς στενοῖς τὴν ταχίστην. (4) καί σοι τῶν συμμάχων ἀντιπραττόντων οἱ πολέμιοι συνεργεῖν ἐοίκασι· τὸ γὰρ ἐν κύκλῳ καὶ κατόπιν ἤδη πέλαγος ἐμπέπλησται νεῶν πολεμίων, ὥστε καὶ τοὺς μὴ θέλοντας ἀνάγκη κατείληφεν ἀγαθοὺς ἄνδρας εἶναι καὶ μάχεσθαι· φυγῆς γὰρ ὁδὸς οὐ λέλειπται." (5) πρὸς ταῦτα Θεμιστοκλῆς εἶπεν· "οὐκ ἂν ἐβουλόμην, Ἀριστείδη, σὲ κατὰ τοῦτό μου κρείττονα γενέσθαι, πειράσομαι δὲ πρὸς καλὴν ἀρχὴν ἁμιλλώμενος ὑπερβάλλεσθαι τοῖς ἔργοις." ἅμα δαὐτῷ φράσας τὴν ὑφἑαυτοῦ κατασκευασθεῖσαν ἀπάτην πρὸς τὸν βάρβαρον, παρεκάλει πείθειν τὸν Εὐρυβιάδην καὶ διδάσκειν, ὡς ἀμήχανόν ἐστι σωθῆναι μὴ ναυμαχήσαντας· εἶχε γὰρ αὐτοῦ μᾶλλον πίστιν. (6) ὅθεν ἐν τῷ συλλόγῳ τῶν στρατηγῶν εἰπόντος Κλεοκρίτου τοῦ Κορινθίου πρὸς τὸν Θεμιστοκλέα, μηδἈριστείδῃ τὴν γνώμην ἀρέσκειν αὐτοῦ, παρόντα γὰρ σιωπᾶν, ἀντεῖπεν Ἀριστείδης, ὡς οὐκ ἂν ἐσιώπα μὴ λέγοντος τὰ ἄριστα τοῦ Θεμιστοκλέους· νῦν δἡσυχίαν ἄγειν οὐ διεὔνοιαν τοῦ ἀνδρός, ἀλλὰ τὴν γνώμην ἐπαινῶν. [8] XIII. Trois ans après, lorsque Xerxès traversait la Thessalie et la Béotie pour entrer dans l'Attique, les Athéniens révoquèrent la loi d'exil portée contre Aristide, et firent un décret qui rappelait tous les bannis : ils craignaient surtout qu'Aristide, se joignant à leurs ennemis, ne corrompît un grand nombre de citoyens, et ne les fît passer dans le parti des Barbares; mais ils jugeaient bien mal de ce grand homme, qui, même avant ce décret, avait toujours exhorté et encouragé les Grecs à défendre leur liberté. Lors même qu'après le décret Thémistocle eut été nommé général, il l'aida en tout de sa personne et de ses conseils; et, n'ayant en vue que le salut public, il concourut à élever au plus haut point de gloire son plus grand ennemi; car le général Eurybiade voulant s'éloigner de Salamine, et les vaisseaux des Barbares, qui s'étaient saisis, la nuit, des passages, ayant formé une enceinte autour des îles, sans qu'aucun des Grecs s'aperçût qu'ils étaient enveloppés, Aristide partit d'Égine, et traversa, avec le plus grand danger, la flotte ennemie : arrivé la nuit même à la tente de Thémistocle, il le fait sortir seul, et lui parle en ces termes : XIV. « Thémistocle, si nous sommes sages, nous laisserons désormais cette vaine et puérile jalousie qui nous a jusqu'ici agités, et dès à présent nous en prendrons une autre plus honorable et plus salutaire, en combattant, à l'envi l'un de l'autre, à qui sauvera la Grèce; vous, en remplissant les devoirs d'un général habile; et moi, en vous secondant de ma tête et de mon bras. J'apprends que vous êtes le seul qui donniez des conseils raisonnables, en proposant aux Grecs de combattre au plus tôt dans ces détroits. Vos alliés s'opposent à cet avis ; mais vos ennemis eux-mêmes semblent le favoriser. Devant et derrière, partout leurs vaisseaux couvrent la mer autour de vous, en sorte que les Grecs, qu'ils le veuillent ou non, sont forcés de combattre et d'agir en gens de coeur; car il ne reste plus de chemin pour la fuite. — Aristide, lui répondit Thémistocle, je souhaiterais que vous n'eussiez pas l'avantage de vous être montré meilleur que moi ; mais je ferai tous mes efforts pour surpasser, par mes actions, l'exemple admirable que vous me donnez. » En même temps il lui communiqua la ruse qu'il avait employée pour tromper le Barbare; après quoi il l'exhorta d'aller persuader Eurybiade, qui avait plus de confiance en Aristide qu'en Thémistocle, et de lui faire entendre qu'il n'y avait de salut pour eux qu'à combattre sur mer. Dans le conseil que tinrent les généraux, Cléocrite de Corinthe ayant dit à Thémistocle qu'Aristide n'approuvait pas son conseil, puisque étant présent à la délibération il ne disait rien : « Je ne me serais point tu, lui dit Aristide, si l'avis de Thémistocle ne m'avait paru le meilleur qu'on pût suivre; mon silence n'est pas l'effet de mon affection pour lui, mais la marque de mon consentement. »


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Dernière mise à jour : 26/09/2007