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Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie d'Aristide

Chapitre 24

  Chapitre 24

[24] οἱ δἝλληνες ἐτέλουν μέν τινα καὶ Λακεδαιμονίων ἡγουμένων ἀποφορὰν εἰς τὸν πόλεμον, ταχθῆναι δὲ βουλόμενοι κατὰ πόλιν ἑκάστοις τὸ μέτριον ᾐτήσαντο παρὰ τῶν Ἀθηναίων Ἀριστείδην, καὶ προσέταξαν αὐτῷ χώραν τε καὶ προσόδους ἐπισκεψάμενον ὁρίσαι τὸ κατἀξίαν ἑκάστῳ καὶ δύναμιν. (2) δὲ τηλικαύτης ἐξουσίας κύριος γενόμενος καὶ τρόπον τινὰ τῆς Ἑλλάδος ἐπαὐτῷ μόνῳ τὰ πράγματα πάντα θεμένης, πένης μὲν ἐξῆλθεν, ἐπανῆλθε δὲ πενέστερος, οὐ μόνον καθαρῶς καὶ δικαίως, ἀλλὰ καὶ προσφιλῶς πᾶσι καὶ ἁρμοδίως τὴν ἐπιγραφὴν τῶν χρημάτων ποιησάμενος. ὡς γὰρ οἱ παλαιοὶ τὸν ἐπὶ Κρόνου βίον, οὕτως οἱ σύμμαχοι τῶν Ἀθηναίων τὸν ἐπἈριστείδου φόρον εὐποτμίαν τινὰ τῆς Ἑλλάδος ὀνομάζοντες ὕμνουν, καὶ μάλιστα μετοὐ πολὺν χρόνον διπλασιασθέντος, εἶταὖθις τριπλασιασθέντος. (3) ὃν μὲν γὰρ Ἀριστείδης ἔταξεν, ἦν εἰς ἐξήκοντα καὶ τετρακοσίων ταλάντων λόγον· τούτῳ δὲ Περικλῆς μὲν ἐπέθηκεν ὀλίγου δεῖν τὸ τρίτον μέρος· ἑξακόσια γὰρ τάλαντα Θουκυδίδης φησὶν ἀρχομένου τοῦ πολέμου προσιέναι τοῖς Ἀθηναίοις ἀπὸ τῶν συμμάχων· Περικλέους δἀποθανόντος ἐπιτείνοντες οἱ δημαγωγοὶ κατὰ μικρὸν εἰς χιλίων καὶ τριακοσίων ταλάντων κεφάλαιον ἀνήγαγον, οὐχ οὕτω τοῦ πολέμου διὰ μῆκος καὶ τύχας δαπανηροῦ γενομένου καὶ πολυτελοῦς, ὡς τὸν δῆμον εἰς διανομὰς καὶ θεωρικὰ καὶ κατασκευὰς ἀγαλμάτων καὶ ἱερῶν προαγαγόντες. (4) μέγα δοὖν ὄνομα τοῦ Ἀριστείδου καὶ θαυμαστὸν ἔχοντος ἐπὶ τῇ διατάξει τῶν φόρων Θεμιστοκλῆς λέγεται καταγελᾶν, ὡς οὐκ ἀνδρὸς ὄντα τὸν ἔπαινον, ἀλλὰ θυλάκου χρυσοφύλακος· ἀνομοίως ἀμυνόμενος τὴν Ἀριστείδου παρρησίαν· ἐκείνῳ γὰρ εἰπόντος ποτὲ τοῦ Θεμιστοκλέους ἀρετὴν ἡγεῖσθαι μεγίστην στρατηγοῦ τὸ γινώσκειν καὶ προαισθάνεσθαι τὰ βουλεύματα τῶν πολεμίων, "τοῦτο μέν," εἰπεῖν, "ἀναγκαῖόν ἐστιν, Θεμιστόκλεις, καλὸν δὲ καὶ στρατηγικὸν ἀληθῶς περὶ τὰς χεῖρας ἐγκράτεια." [24] XL. Sous l'empire des Lacédémoniens, les Grecs payaient une taxe pour la guerre; mais voulant alors qu'elle fût répartie également sur toutes les villes, ils demandèrent aux Athéniens de leur donner Aristide pour venir visiter le territoire de chaque ville, examiner ses revenus, et fixer ce que chacun devait payer, à proportion de ses facultés. Aristide, investi d'un si grand pouvoir, qui le rendait en quelque sorte seul arbitre des intérêts de toute la Grèce, entré pauvre dans cette administration, en sortit plus pauvre encore. Il imposa cette taxe, non seulement avec autant de désintéressement que de justice, mais avec une impartialité qui le rendit agréable à tout le monde. Les anciens ont beaucoup vanté le siècle de Saturne; et les alliés des Athéniens célébrèrent cette imposition d'Aristide, qu'ils appelèrent l'âge d'or de la Grèce, surtout lorsqu'ils se virent, peu de temps après, imposés au double et au triple. La taxe d'Aristide était de quatre cent soixante talents : Périclès la porta à près d'un tiers de plus: car, suivant Thucydide, au commencement de la guerre du Péloponèse, les alliés payaient aux Athéniens six cents talents ; et après la mort de Périclès, les orateurs qui gouvernaient le peuple la firent monter successivement jusqu'à treize cents : non que la longueur de la guerre et les accidents de la fortune eussent augmenté jusqu'à ce point les dépenses; mais parce qu'ils faisaient au peuple des distributions d'argent; qu'ils lui donnaient sans cesse des jeux et des spectacles, lui inspiraient le goût des statues et des tableaux, et lui faisaient bâtir des temples magnifiques. Aristide, par l'égalité de cette répartition, se fit une réputation admirable; mais Thémistocle s'en moquait, en disant que les louanges qu'on lui donnait ne convenaient pas à un homme, mais à un coffre qui garde l'or qu'on lui confie. C'était une faible vengeance d'un mot piquant que lui avait dit Aristide, Thémistocle disait un jour qu'il regardait comme la plus grande qualité d'un général d'armée, de savoir pressentir et prévoir les desseins des ennemis. "Oui, répondit Aristide, cette qualité lui est nécessaire; mais il en est une autre bien belle et bien digne d'un général : c'est d'avoir toujours ses mains pures. »


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Dernière mise à jour : 26/09/2007