[23] ἐπεὶ δὲ στρατηγὸς ἐκπεμφθεὶς μετὰ Κίμωνος ἐπὶ τὸν πόλεμον ἑώρα
τόν τε Παυσανίαν καὶ τοὺς ἄλλους ἄρχοντας τῶν Σπαρτιατῶν ἐπαχθεῖς
καὶ χαλεποὺς τοῖς συμμάχοις ὄντας, αὐτός τε πρᾴως καὶ φιλανθρώπως
ὁμιλῶν καὶ τὸν Κίμωνα παρέχων εὐάρμοστον αὐτοῖς καὶ κοινὸν ἐν ταῖς
στρατείαις ἔλαθε τῶν Λακεδαιμονίων οὐχ ὅπλοις οὐδὲ ναυσὶν οὐδ᾽
ἵπποις, εὐγνωμοσύνῃ δὲ καὶ πολιτείᾳ τὴν ἡγεμονίαν παρελόμενος. (2)
προσφιλεῖς γὰρ ὄντας τοὺς Ἀθηναίους τοῖς Ἕλλησι διὰ τὴν Ἀριστείδου
δικαιοσύνην καὶ τὴν Κίμωνος ἐπιείκειαν ἔτι μᾶλλον ἡ τοῦ Παυσανίου
πλεονεξία καὶ βαρύτης ποθεινοὺς ἐποίει. τοῖς τε γὰρ ἄρχουσι τῶν
συμμάχων ἀεὶ μετ᾽ ὀργῆς ἐνετύγχανε καὶ τραχέως, τούς τε πολλοὺς
ἐκόλαζε πληγαῖς ἢ σιδηρᾶν ἄγκυραν ἐπιτιθεὶς ἠνάγκαζεν ἑστάναι δι᾽
ὅλης τῆς ἡμέρας. (3) στιβάδα δ᾽ οὐκ ἦν λαβεῖν οὐδὲ χόρτον οὐδὲ κρήνῃ
προσελθεῖν ὑδρευόμενον οὐδένα πρὸ τῶν Σπαρτιατῶν, ἀλλὰ μάστιγας
ἔχοντες ὑπηρέται τοὺς προσιόντας ἀπήλαυνον. ὑπὲρ ὧν τοῦ Ἀριστείδου
ποτὲ βουληθέντος ἐγκαλέσαι καὶ διδάξαι, συναγαγὼν τὸ πρόσωπον ὁ
Παυσανίας οὐκ ἔφη σχολάζειν οὐδ᾽ ἤκουσεν. (4) ἐκ τούτου προσιόντες
οἱ ναύαρχοι καὶ στρατηγοὶ τῶν Ἑλλήνων, μάλιστα δὲ Χῖοι καὶ Σάμιοι καὶ
Λέσβιοι, τὸν Ἀριστείδην ἔπειθον ἀναδέξασθαι τὴν ἡγεμονίαν καὶ
προσαγαγέσθαι τοὺς συμμάχους πάλαι δεομένους ἀπαλλαγῆναι τῶν
Σπαρτιατῶν καὶ μετατάξασθαι πρὸς τοὺς Ἀθηναίους. ἀποκριναμένου δ᾽
ἐκείνου τοῖς μὲν λόγοις αὐτῶν τό τε ἀναγκαῖον ἐνορᾶν καὶ τὸ δίκαιον,
ἔργου δὲ δεῖσθαι τὴν πίστιν, ὃ πραχθὲν οὐκ ἐάσει πάλιν μεταβαλέσθαι
τοὺς πολλούς, (5) οὕτως οἱ περὶ τὸν Σάμιον Οὐλιάδην καὶ τὸν Χῖον
Ἀνταγόραν συνομοσάμενοι περὶ Βυζάντιον ἐμβάλλουσιν εἰς τὴν τριήρη
τοῦ Παυσανίου, προεκπλέουσαν ἐν μέσῳ λαβόντες. ὡς δὲ κατιδὼν
ἐκεῖνος ἐξανέστη καὶ μετ᾽ ὀργῆς ἠπείλησεν ὀλίγῳ χρόνῳ τοὺς ἄνδρας
ἐπιδείξειν οὐκ εἰς τὴν αὐτοῦ ναῦν ἐμβεβληκότας, ἀλλ᾽ εἰς τὰς ἰδίας
πατρίδας, ἐκέλευον αὐτὸν ἀπιέναι καὶ ἀγαπᾶν τὴν συναγωνισαμένην
τύχην ἐν Πλαταιαῖς· ἐκείνην γὰρ ἔτι τοὺς Ἕλληνας αἰσχυνομένους μὴ
λαμβάνειν ἀξίαν δίκην παρ᾽ αὐτοῦ· τέλος δ᾽ ἀποστάντες ᾤχοντο πρὸς
τοὺς Ἀθηναίους. (6) ἔνθα δὴ καὶ τὸ φρόνημα τῆς Σπάρτης διεφάνη
θαυμαστόν. ὡς γὰρ ᾔσθοντο τῷ μεγέθει τῆς ἐξουσίας διαφθειρομένους
αὐτῶν τοὺς ἄρχοντας, ἀφῆκαν ἑκουσίως τὴν ἡγεμονίαν καὶ πέμποντες
ἐπὶ τὸν πόλεμον ἐπαύσαντο στρατηγούς, μᾶλλον αἱρούμενοι
σωφρονοῦντας ἔχειν καὶ τοῖς ἔθεσιν ἐμμένοντας τοὺς πολίτας ἢ τῆς
Ἑλλάδος ἄρχειν ἁπάσης.
| [23] XXXVIII. Envoyé depuis, général avec Cimon, pour faire la guerre aux Perses,
et voyant que Pausanias et les autres chefs des Spartiates se montraient durs et
hautains à l'égard des alliés, il usa lui-même envers eux de beaucoup de douceur et
d'humanité, et par son exemple il rendit Cimon d'un accès facile à tout le monde
dans ses expéditions. Par cette conduite, il fit perdre insensiblement aux
Lacédémoniens l'empire de la Grèce, sans avoir eu besoin d'employer la force des
armes, ni un grand nombre de troupes ou de vaisseaux, mais par la seule sagesse de
son commandement. Si la justice d'Aristide et la douceur de Cimon rendaient les
Athéniens aimables aux autres peuples, Pausanias, par son avarice et sa dureté, les
leur faisait encore aimer davantage. Il ne parlait jamais aux capitaines des alliés
qu'avec aigreur et avec emportement; il faisait battre de verges les soldats, ou les
forçait de se tenir debout un jour entier, avec une ancre de fer sur les épaules;
personne ne pouvait aller au fourrage, couper de la paille ou puiser de l'eau avant les
Spartiates; des esclaves armés de fouets chassaient ceux qui voulaient en approcher.
Aristide ayant voulu lui faire à ce sujet quelques représentations, Pausanias fronça le
sourcil, et lui dit qu'il n'avait pas le temps de l'entendre. XXXIX. Dès ce moment les
généraux grecs et leurs capitaines de vaisseaux, surtout ceux de Chio de Samos et de
Lesbos, pressèrent Aristide de prendre le commandement général, et de recevoir
sous sa sauvegarde les alliés, qui désiraient depuis longtemps d'abandonner les
Spartiates, et de se soumettre aux Athéniens. Aristide leur répondit qu'il voyait
beaucoup de justice dans ce qu'ils proposaient; qu'il les croyait même dans la
nécessité de le faire ; mais qu'il lui fallait, pour garantie de leur sincérité, quelque
entreprise qui, une fois exécutée, mît leurs troupes dans l'impossibilité de reculer. A
lors Uliade de Samos et Antagoras de Chio, s'étant concertés ensemble, vont attaquer,
près de Byzance, la galère de Pausanias, qui voguait à la tête de la flotte, et
l'investissent des deux côtés. Pausanias, outré de cette insulte, se lève, et les
menaçant d'un ton plein de colère, leur déclare que bientôt il leur fera voir que ce
n'est pas seulement son vaisseau, mais sa propre patrie, qu'ils ont osé provoquer. Ils
lui répondirent qu'il n'avait qu'à se retirer; qu'il devait remercier la fortune qui l'avait
favorisé à Platée; que le respect seul que les Grecs conservaient encore pour cette
victoire les empêchait de tirer de lui une juste vengeance. Ils finirent par quitter les
Spartiates, pour aller se joindre aux Athéniens. Sparte montra dans cette occasion
une grandeur d'âme admirable : dès qu'elle vit que ses généraux s'étaient laissé
corrompre par l'excès du pouvoir, elle renonça volontairement à l'empire, et cessa
d'en envoyer pour commander l'armée : elle aima mieux avoir des citoyens modestes
et fidèles observateurs des lois, que de régner sur toute la Grèce
|