HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie d'Aristide

Chapitre 25

  Chapitre 25

[25] δἈριστείδης ὥρκισε μὲν τοὺς Ἕλληνας καὶ ὤμοσεν ὑπὲρ τῶν Ἀθηναίων, μύδρους ἐμβαλὼν ἐπὶ ταῖς ἀραῖς εἰς τὴν θάλατταν, ὕστερον δὲ τῶν πραγμάτων ἄρχειν ἐγκρατέστερον, ὡς ἔοικεν, ἐκβιαζομένων ἐκέλευε τοὺς Ἀθηναίους τὴν ἐπιορκίαν τρέψαντας εἰς ἑαυτὸν συμφέρει χρῆσθαι τοῖς πράγμασι. (2) καθὅλου δ Θεόφραστός φησι τὸν ἄνδρα τοῦτον περὶ τὰ οἰκεῖα καὶ τοὺς πολίτας ἄκρως ὄντα δίκαιον ἐν τοῖς κοινοῖς πολλὰ πρᾶξαι πρὸς τὴν ὑπόθεσιν τῆς πατρίδος, ὡς συχνῆς καὶ ἀδικίας δεομένην. καὶ γὰρ τὰ χρήματά φησιν ἐκ Δήλου βουλευομένων Ἀθήναζε κομίσαι παρὰ τὰς συνθήκας, καὶ Σαμίων εἰσηγουμένων, εἰπεῖν ἐκεῖνον, ὡς οὐ δίκαιον μέν, (3) συμφέρον δὲ τοῦτἐστί. καὶ τέλος εἰς τὸ ἄρχειν ἀνθρώπων τοσούτων καταστήσας τὴν πόλιν αὐτὸς ἐνέμεινε τῇ πενίᾳ καὶ τὴν ἀπὸ τοῦ πένης εἶναι δόξαν οὐδὲν ἧττον ἀγαπῶν τῆς ἀπὸ τῶν τροπαίων διετέλεσε. δῆλον δἐκεῖθεν. Καλλίας δᾳδοῦχος ἦν αὐτῷ γένει προσήκων· τοῦτον οἱ ἐχθροὶ θανάτου διώκοντες, ἐπεὶ περὶ ὧν ἐγράψαντο μετρίως κατηγόρησαν, εἶπόν τινα λόγον ἔξωθεν τοιοῦτον πρὸς τοὺς δικαστάς· "Ἀριστείδην," (4) ἔφησαν, "ἴστε τὸν Λυσιμάχου θαυμαζόμενον ἐν τοῖς Ἕλλησι· τούτῳ πῶς οἴεσθε τὰ κατοἶκον ἔχειν ὁρῶντες αὐτὸν ἐν τρίβωνι τοιούτῳ προερχόμενον εἰς τὸ δημόσιον; ἆροὐκ εἰκός ἐστι τὸν ῥιγοῦντα φανερῶς καὶ πεινᾶν οἴκοι καὶ τῶν ἄλλων ἐπιτηδείων σπανίζειν; τοῦτον μέντοι Καλλίας, ἀνεψιὸν ὄντα, πλουσιώτατος ὢν Ἀθηναίων περιορᾷ μετὰ τέκνων καὶ γυναικὸς ἐνδεόμενον, πολλὰ κεχρημένος τῷ ἀνδρὶ καὶ πολλάκις αὐτοῦ τῆς παρὑμῖν δυνάμεως ἀπολελαυκώς." (5) δὲ Καλλίας ὁρῶν ἐπὶ τούτῳ μάλιστα θορυβοῦντας τοὺς δικαστὰς καὶ χαλεπῶς πρὸς αὐτὸν ἔχοντας ἐκάλει τὸν Ἀριστείδην, ἀξιῶν μαρτυρῆσαι πρὸς τοὺς δικαστάς, ὅτι πολλάκις αὐτοῦ πολλὰ καὶ διδόντος καὶ δεομένου λαβεῖν οὐκ ἠθέλησεν ἀποκρινόμενος, ὡς μᾶλλον αὐτῷ διὰ πενίαν μέγα φρονεῖν Καλλίᾳ διὰ πλοῦτον προσήκει· πλούτῳ μὲν γὰρ ἔστι πολλοὺς ἰδεῖν εὖ τε καὶ κακῶς χρωμένους, πενίαν δὲ φέροντι γενναίως οὐ ῥᾴδιον ἐντυχεῖν· αἰσχύνεσθαι δὲ πενίαν τοὺς ἀκουσίως πενομένους. (6) ταῦτα δὲ τοῦ Ἀριστείδου τῷ Καλλίᾳ προσμαρτυρήσαντος οὐδεὶς ἦν τῶν ἀκουόντων, ὃς οὐκ ἀπῄει πένης μᾶλλον ὡς Ἀριστείδης εἶναι βουλόμενος πλουτεῖν ὡς Καλλίας. ταῦτα μὲν οὖν Αἰσχίνης Σωκρατικὸς ἀναγέγραφε. Πλάτων δὲ τῶν μεγάλων δοκούντων καὶ ὀνομαστῶν Ἀθήνησι μόνον ἄξιον λόγου τοῦτον ἀποφαίνει τὸν ἄνδρα· Θεμιστοκλέα μὲν γὰρ καὶ Κίμωνα καὶ Περικλέα στοῶν καὶ χρημάτων καὶ φλυαρίας πολλῆς ἐμπλῆσαι τὴν πόλιν, Ἀριστείδην δὲ πολιτεύσασθαι πρὸς ἀρετήν. (7) μεγάλα δαὐτοῦ καὶ τὰ πρὸς Θεμιστοκλέα τῆς ἐπιεικείας σημεῖα. χρησάμενος γὰρ αὐτῷ παρὰ πᾶσαν ὁμοῦ τὴν πολιτείαν ἐχθρῷ καὶ διἐκεῖνον ἐξοστρακισθείς, ἐπεὶ τὴν αὐτὴν λαβὴν παρέσχεν ἀνὴρ ἐν αἰτίᾳ γενόμενος πρὸς τὴν πόλιν, οὐκ ἐμνησικάκησεν, ἀλλἈλκμαίωνος καὶ Κίμωνος καὶ πολλῶν ἄλλων ἐλαυνόντων καὶ κατηγορούντων μόνος Ἀριστείδης οὔτἔπραξεν οὔτεἶπέ τι φαῦλον, οὐδἀπέλαυσεν ἐχθροῦ δυστυχοῦντος, ὥσπερ οὐδεὐημεροῦντι πρότερον ἐφθόνησε. [25] XII. Aristide ayant fait jurer aux Grecs l'observation des articles de l'alliance, la jura lui-même au nom des Athéniens; et en prononçant les malédictions contre les infracteurs, il jeta dans la mer des masses de fer ardentes. Mais dans la suite les Athéniens étant forcés par les affaires mêmes de tendre un peu les ressorts de leur autorité, Aristide leur conseilla de rejeter sur lui le parjure, et d'user des circonstances suivant qu'il leur serait plus utile. Théophraste dit qu'en général cet homme, si juste dans ses affaires personnelles et dans celles qui regardaient les particuliers, ne consultait souvent, dans l'administration publique, que l'intérêt de sa patrie, qui exigeait de fréquentes injustices. Il ajoute que, le conseil délibérant un jour sur l'avis que les Samiens avaient ouvert, de faire porter à Athènes, contre les termes du traité, l'argent qui était déposé à Délos, il dit qu'à la vérité ce transport était injuste, mais qu'il était utile. XLII. Cependant, après avoir procuré à sa patrie l'empire sur des peuples si nombreux, il demeura toujours dans sa pauvreté, et ne fit pas moins de cas de la gloire qui lui en revenait, que de celle que lui avaient acquise ses trophées : on en jugera par le trait suivant. Callias, le porte-flambeau, était son parent; ses ennemis, qui le poursuivaient en justice pour un crime capital, après avoir exposé assez faiblement leur chef d'accusation, se jetèrent sur une chose étrangère au procès. « Vous connaissez, dirent-ils aux juges, Aristide, fils de Lisymachus, que sa vertu fait admirer dans toute la Grèce. Comment croyez-vous qu'il vive dans sa maison, lorsque vous le voyez venir à vos assemblées avec une robe tout usée ? N'est-il pas à présumer que, gelant de froid en public, il meurt de faim chez lui, et qu'il manque des premiers besoins de la vie? Eh bien! c'est cet homme que Callias, son proche parent, le plus riche des Athéniens, voit avec indifférence dans ce dénûment de toutes choses, lui, sa femme et ses enfants ! Cependant il a reçu d'Aristide de grands services, et a retiré des avantages considérables du crédit de son parent auprès de vous. Callias, qui vit que cette inculpation frappait davantage les juges, et les animait beaucoup plus contre lui que l'accusation elle-même, appelle Aristide, et le conjure d'attester, devant le tribunal, qu'il lui avait souvent offert des sommes considérables, et l'avait même pressé de les accepter, mais qu'il les avait toujours refusées, en lui disant : « Il convient beaucoup plus à Aristide de s'honorer de sa pauvreté, qu'à Callias de ses richesses : il est assez de gens qui usent tant bien que mal de leur fortune; mais on en voit peu qui supportent avec courage la pauvreté, on en rougit lorsqu'elle est involontaire. » Aristide attesta la vérité de ce que disait Callias ; et de tous ceux qui l'entendirent, il n'y en eut pas un seul qui, en sortant du tribunal, n'eût préféré la pauvreté d'Aristide aux richesses de Callias. Voilà ce qu'a écrit Eschine, le disciple de Socrate; Platon, entre tous les Athéniens qui ont joui dans leur ville d'une grande réputation, ne connaît qu'Aristide qui fût digne d'estime. En effet, Thémistocle, Cimon et Périclès remplirent Athènes de portiques, de richesses, et de mille superfluités; mais Aristide l'avait ornée par ses vertus, qui furent toujours la règle de son administration. XLIII. Sa conduite envers Thémistocle est une preuve éclatante de sa modération; il l'avait eu pour ennemi dans tout le cours de sa vie politique, et n'avait été banni que par l'effet de ses intrigues. Cependant, lorsque Thémistocle, accusé de trahison contre sa patrie, lui offrait une si belle occasion de se venger, il ne fit paraître aucun ressentiment; et pendant qu'Alcméon, Cimon et plusieurs autres faisaient tous leurs efforts pour le faire condamner, Aristide ne fit et ne dit rien qui pût lui nuire : comme il n'avait jamais envié sa fortune, il ne se réjouit pas de son malheur.


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Dernière mise à jour : 26/09/2007