| [21] ἐκ τούτου γενομένης ἐκκλησίας κοινῆς τῶν Ἑλλήνων ἔγραψεν 
Ἀριστείδης ψήφισμα συνιέναι μὲν εἰς Πλαταιὰς καθ᾽ ἕκαστον ἐνιαυτὸν 
ἀπὸ τῆς Ἑλλάδος προβούλους καὶ θεωρούς, ἄγεσθαι δὲ πενταετηρικὸν 
ἀγῶνα τῶν Ἐλευθερίων. εἶναι δὲ σύνταξιν Ἑλληνικὴν μυρίας μὲν 
ἀσπίδας, χιλίους δὲ ἵππους, ναῦς δ᾽ ἑκατὸν ἐπὶ τὸν πρὸς βαρβάρους 
πόλεμον, Πλαταιεῖς δ᾽ ἀσύλους καὶ ἱεροὺς ἀφεῖσθαι τῷ θεῷ θύοντας ὑπὲρ 
τῆς Ἑλλάδος. (2) κυρωθέντων δὲ τούτων οἱ Πλαταιεῖς ὑπεδέξαντο τοῖς 
πεσοῦσι καὶ κειμένοις αὐτόθι τῶν Ἑλλήνων ἐναγίζειν καθ᾽ ἕκαστον 
ἐνιαυτόν. καὶ τοῦτο μέχρι νῦν δρῶσι τόνδε τὸν τρόπον· τοῦ 
Μαιμακτηριῶνος μηνός, ὅς ἐστι παρὰ Βοιωτοῖς Ἀλαλκομένιος, τῇ ἕκτῃ ἐπὶ 
δέκα πέμπουσι πομπήν, ἧς προηγεῖται μὲν ἅμ᾽ ἡμέρᾳ σαλπιγκτὴς 
ἐγκελευόμενος τὸ πολεμικόν, (3) ἕπονται δ᾽ ἅμαξαι μυρρίνης μεσταὶ 
καὶ στεφανωμάτων καὶ μέλας ταῦρος καὶ χοὰς οἴνου καὶ γάλακτος ἐν 
ἀμφορεῦσιν ἐλαίου τε καὶ μύρου κρωσσοὺς νεανίσκοι κομίζοντες 
ἐλεύθεροι· δούλῳ γὰρ οὐδενὸς ἔξεστι τῶν περὶ τὴν διακονίαν ἐκείνην 
προσάψασθαι διὰ τὸ τοὺς ἄνδρας ἀποθανεῖν ὑπὲρ ἐλευθερίας· (4) ἐπὶ 
πᾶσι δὲ τῶν Πλαταιέων ὁ ἄρχων, ᾧ τὸν ἄλλον χρόνον οὔτε σιδήρου θιγεῖν 
ἔξεστιν οὔθ᾽ ἑτέραν ἐσθῆτα πλὴν λευκῆς ἀναλαβεῖν, τότε χιτῶνα 
φοινικοῦν ἐνδεδυκὼς ἀράμενός τε ὑδρίαν ἀπὸ τοῦ γραμματοφυλακίου 
ξιφήρης ἐπὶ τοὺς τάφους προάγει διὰ μέσης τῆς πόλεως. (5) εἶτα λαβὼν 
ὕδωρ ἀπὸ τῆς κρήνης αὐτὸς ἀπολούει τε τὰς στήλας καὶ μύρῳ χρίει, καὶ 
τὸν ταῦρον εἰς τὴν πυρὰν σφάξας καὶ κατευξάμενος Διῒ καὶ Ἑρμῇ χθονίῳ 
παρακαλεῖ τοὺς ἀγαθοὺς ἄνδρας τοὺς ὑπὲρ τῆς Ἑλλάδος ἀποθανόντας 
ἐπὶ τὸ δεῖπνον καὶ τὴν αἱμοκουρίαν. ἔπειτα κρατῆρα κεράσας οἴνου καὶ 
χεάμενος ἐπιλέγει· "προπίνω τοῖς ἀνδράσι τοῖς ὑπὲρ τῆς ἐλευθερίας τῶν 
Ἑλλήνων ἀποθανοῦσι." ταῦτα μὲν οὖν ἔτι καὶ νῦν διαφυλάττουσιν οἱ 
Πλαταεῖς. 
 | [21] XXXVI. Il se tint peu de temps après une assemblée générale de la Grèce, 
dans laquelle Aristide proposa le décret suivant : 
« Tous les chefs et tous les députés des villes de la Grèce s'assembleront tous 
les ans à Platée, pour y faire des sacrifices aux dieux : on y célébrera, chaque 
cinquième année, des jeux qui seront appelés les jeux de la liberté  : on lèvera dans 
toute la Grèce dix mille hommes de pied et mille chevaux, et on équipera une flotte 
de cent vaisseaux, pour faire la guerre aux Barbares. Les Platéens seront regardés 
comme des hommes saints, et consacrés aux dieux, à qui ils feront des sacrifices pour 
le salut de la Grèce. » Tous ces articles ayant été confirmés, les Platéens se chargèrent 
de célébrer tous les ans l'anniversaire de la mort des Grecs qui avaient péri à cette 
bataille. Ils l'observent encore aujourd'hui; et voici comment ils le font. Le 16 du mois 
Maimactérion, qui est le mois Alalcoménius des Béotiens, on commence dès le point 
du jour une procession, précédée d'un trompette qui sonne un air guerrier; il est suivi 
de chars remplis de couronnes et de branches de myrte. Après ces chars marche un 
taureau noir, derrière lequel sont des jeunes gens qui portent des cruches pleines de 
lait et de vin, libations qui sont d'usage pour les morts, avec des fioles d'huile et 
d'essence. Tous ces jeunes gens sont de condition libre; car il n'est permis à aucun 
esclave de s'employer en rien à une cérémonie consacrée à des hommes morts en 
combattant pour la liberté. Cette marche est fermée par l'archonte des Platéens, qui, 
dans tout autre temps, ne peut ni toucher le fer, ni être vêtu que de blanc; mais qui ce 
jour-là, paré d'une robe de pourpre, traverse la ville, ceint d'une épée, et portant dans 
ses mains une urne qu'il a prise dans le greffe public, il se rend au lieu où sont les 
tombeaux. Là il puise de l'eau dans la fontaine, lave lui-même les colonnes qui sont 
sur ces tombeaux, les frotte d'essence, et immole le taureau sur un bûcher. Après 
avoir fait ses prières à Jupiter et à Mercure Terrestre, il appelle à ce festin et à ces 
effusions funéraires les âmes de ces vaillants guerriers morts pour le salut de la 
Grèce. Enfin, remplissant de vin une coupe, il la verse, en disant à haute voix : « Je 
présente cette coupe à ces hommes courageux qui se sont sacrifiés pour la liberté 
des Grecs. » Telle est la cérémonie observée encore aujourd'hui à Platée. 
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