[19] οὕτω δὲ τοῦ ἀγῶνος δίχα συνεστῶτος πρῶτοι μὲν ἐώσαντο τοὺς
Πέρσας οἱ Λακεδαιμόνιοι· καὶ τὸν Μαρδόνιον ἀνὴρ Σπαρτιάτης ὄνομα
Ἀρίμνηστος ἀποκτίννυσι, λίθῳ τὴν κεφαλὴν πατάξας, ὥσπερ αὐτῷ
προεσήμανε τὸ ἐν Ἀμφιάρεω μαντεῖον. ἔπεμψε γὰρ ἄνδρα Λυδὸν
ἐνταῦθα, Κᾶρα δὲ ἕτερον εἰς Τροφωνίου ὁ Μαρδόνιος· καὶ τοῦτον μὲν ὁ
προφήτης Καρικῇ γλώσσῃ προσεῖπεν, (2) ὁ δὲ Λυδὸς ἐν τῷ σηκῷ τοῦ
Ἀμφιάρεω κατευνασθεὶς ἔδοξεν ὑπηρέτην τινὰ τοῦ θεοῦ παραστῆναι καὶ
κελεύειν αὐτὸν ἀπιέναι, μὴ βουλομένου δὲ λίθον εἰς τὴν κεφαλὴν
ἐμβαλεῖν μέγαν, ὥστε δόξαι πληγέντα τεθνάναι τὸν ἄνθρωπον· καὶ
ταῦτα μὲν οὕτω γενέσθαι λέγεται. τοὺς δὲ φεύγοντας εἰς τὰ ξύλινα τείχη
καθεῖρξαν.
ὀλίγῳ δ᾽ ὕστερον Ἀθηναῖοι τοὺς Θηβαίους τρέπονται, τριακοσίους τοὺς
ἐπιφανεστάτους καὶ πρώτους διαφθείραντες ἐν αὐτῇ τῇ μάχη`. (3)
γεγενημένης δὲ τῆς τροπῆς ἧκεν αὐτοῖς ἄγγελος πολιορκεῖσθαι τὸ
βαρβαρικὸν εἰς τὰ τείχη κατακεκλεισμένον. οὕτω δὴ σώζεσθαι τοὺς
Ἕλληνας ἐάσαντες ἐβοήθουν πρὸς τὰ τείχη· καὶ τοῖς Λακεδαιμονίοις
παντάπασιν ἀργῶς πρὸς τειχομαχίαν καὶ ἀπείρως ἔχουσιν ἐπιφανέντες
αἱροῦσι τὸ στρατόπεδον φόνῳ πολλῷ τῶν πολεμίων. (4) λέγονται γὰρ
ἀπὸ τῶν τριάκοντα μυριάδων τετρακισμύριοι φυγεῖν σὺν Ἀρταβάζῳ, τῶν
δ᾽ ὑπὲρ τῆς Ἑλλάδος ἀγωνισαμένων ἔπεσον οἱ πάντες ἐπὶ χιλίοις
ἑξήκοντα καὶ τριακόσιοι. τούτων Ἀθηναῖοι μὲν ἦσαν δύο καὶ πεντήκοντα,
πάντες ἐκ τῆς Αἰαντίδος φυλῆς, ὥς φησι Κλείδημος, (5) ἀγωνισαμένης
ἄριστα· διὸ καὶ ταῖς Σφραγίτισι νύμφαις ἔθυον Αἰαντίδαι τὴν
πυθόχρηστον θυσίαν ὑπὲρ τῆς νίκης, ἐκ δημοσίου τὸ ἀνάλωμα
λαμβάνοντες· Λακεδαιμόνιοι δ᾽ ἑνὶ πλείους τῶν ἐνενήκοντα, Τεγεᾶται δ᾽
ἑκκαίδεκα.
θαυμαστὸν οὖν τὸ Ἡροδότου, πῶς μόνους τούτους φησὶν εἰς χεῖρας
ἐλθεῖν τοῖς πολεμίοις, τῶν δ᾽ ἄλλων Ἑλλήνων μηδένα. καὶ γὰρ τὸ πλῆθος
τῶν πεσόντων μαρτυρεῖ καὶ τὰ μνήματα (6) κοινὸν γενέσθαι τὸ
κατόρθωμα· καὶ τὸν βωμὸν οὐκ ἂν ἐπέγραψαν οὕτως, εἰ μόναι τρεῖς
πόλεις ἠγωνίσαντο, τῶν ἄλλων ἀτρέμα καθεζομένων·
τόνδε ποθ᾽ Ἕλληνες νίκας κράτει, ἔργῳ Ἄρηος,
Πέρσας ἐξελάσαντες ἐλευθέρᾳ Ἑλλάδι κοινὸν
ἱδρύσαντο Διὸς βωμὸν ἐλευθερίου.
(7) ταύτην τὴν μάχην ἐμαχέσαντο τῇ τετράδι τοῦ Βοηδρομιῶνος
ἱσταμένου κατ᾽ Ἀθηναίους, κατὰ δὲ Βοιωτοὺς τετράδι τοῦ Πανέμου
φθίνοντος, ᾗ καὶ νῦν ἔτι τὸ Ἑλληνικὸν ἐν Πλαταιαῖς ἀθροίζεται
συνέδριον καὶ θύουσι τῷ ἐλευθερίῳ Διῒ Πλαταιεῖς ὑπὲρ τῆς νίκης. τὴν δὲ
τῶν ἡμερῶν ἀνωμαλίαν οὐ θαυμαστέον, ὅπου καὶ νῦν διηκριβωμένων
τῶν ἐν ἀστρολογίᾳ μᾶλλον ἄλλην ἄλλοι μηνὸς ἀρχὴν καὶ τελευτὴν
ἄγουσιν.
| [19] La bataille étant ainsi partagée, les Lacédémoniens furent les premiers
qui repoussèrent les Perses; Mardonius y périt de la main d'un Spartiate, nommé
Arimnestus, qui lui brisa la tête d'un coup de pierre. L'oracle d'Amphiaraüs le lui
avait prédit, lorsqu'il le fit consulter par un Lydien, en même temps qu'il envoyait un
Carien à l'antre de Trophonius. Le prophète de ce dernier oracle répondit en
langue carienne; et le Lydien ayant, suivant l'usage, couché dans le sanctuaire
d'Amphiaraüs, crut voir, pendant son sommeil, s'approcher un des ministres du
dieu, qui lui ordonna de sortir du temple et qui, sur son refus, lui jeta à la tête une
grosse pierre, dont il songea qu'il était mort. C'est ainsi qu'on le raconte. XXXII. Les
Lacédémoniens ayant mis les Perses en fuite, les poursuivirent jusqu'à l'espace qu'ils
avaient enfermé d'une cloison de bois. Quelques instants après, les Athéniens
enfoncèrent les troupes thébaines, et les obligèrent de prendre la fuite en laissant sur
le champ de bataille trois cents des plus distingués d'entre leurs concitoyens. Comme
ils étaient à leur poursuite, il vint un courrier leur apprendre que les Barbares
s'étaient enfermés dans leur enceinte de bois, où les Spartiates les assiégeaient. Alors
laissant les Thébains se sauver, ils vont aider les Lacédémoniens, qui, peu
expérimentés dans la conduite des siéges, s'y prenaient fort mollement pour attaquer
cette enceinte. A peine arrivés, ils la forcent, et y font un horrible carnage. De trois
cent mille qu'étaient les Barbares, il ne s'en sauva, dit-on, que quarante mille, sous la
conduite d'Artabaze. Du côté des Grecs qui combattirent pour leur patrie, il n'en
périt que treize cent soixante, dont cinquante-deux Athéniens, tous de la tribu
Aïantide, qui fit des prodiges de valeur, au rapport de l'historien Clidème. De là
vient que cette tribu, d'après un ordre de l'oracle, faisait aux nymphes Sphragitides,
en actions de grâces de cette victoire, un sacrifice annuel dont le trésor public faisait
les frais. Il n'y eut, parmi les morts, que quatre-vingt-onze Lacédémoniens et seize
Tégéates. XXXIII. Je m'étonne qu'Hérodote dise que ces peuples furent les seuls
d'entre les Grecs qui en vinrent aux mains avec les ennemis, et qu'aucun autre ne prit
part à cette bataille. Mais le grand nombre de Barbares qui périrent, et la quantité de
tombeaux, attestent que la victoire fut commune à tous les Grecs. D'ailleurs, si
ces trois peuples avaient combattu seuls, et que les autres n'eussent été que les
tranquilles spectateurs de la bataille, aurait-on fait graver sur l'autel élevé à cette
occasion l'inscription suivante? "Cet autel, monument d'une immortelle gloire,
Sur les Perses, des Grecs atteste la victoire. La Grèce le consacre à Jupiter Sauveur,
Qui de sa liberté se montra le vengeur". Cette bataille fut donnée le quatre du mois
Boëdromion, selon la manière de compter des Athéniens ; et suivant celle des
Béotiens, le vingt du mois Panémus, jour auquel se tient encore à présent une
assemblée générale de la Grèce, dans la ville de Platée, qui fait un sacrifice à Jupiter
Libérateur, pour lui rendre grâces de cette victoire. Au reste, il ne faut pas être
surpris de cette inégalité de jours dans les mois grecs, puisque aujourd'hui même,
que l'astronomie est portée à un bien plus grand degré d'exactitude, les divers
peuples commencent et finissent leurs mois à des jours différents.
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