[17] ἐπελθούσης δὲ νυκτὸς καὶ τῶν στρατηγῶν ἀγόντων ἐπὶ τὴν
ἀποδεδειγμένην στρατοπεδείαν οὐ πάνυ πρόθυμον ἦν ἕπεσθαι καὶ
συμμένειν τὸ πλῆθος, ἀλλ᾽ ὡς ἀνέστησαν ἐκ τῶν πρώτων ἐρυμάτων
ἐφέροντο πρὸς τὴν πόλιν τῶν Πλαταιέων οἱ πολλοί, καὶ θόρυβος ἦν ἐκεῖ
διασκιδναμένων καὶ κατασκηνούντων ἀτάκτως. Λακεδαιμονίοις δὲ
συνέβαινεν ἄκουσι μόνοις ἀπολείπεσθαι τῶν ἄλλων· Ἀμομφάρετος γάρ,
(2) ἀνὴρ θυμοειδὴς καὶ φιλοκίνδυνος, ἔκπαλαι πρὸς τὴν μάχην
σπαργῶν καὶ βαρυνόμενος τὰς πολλὰς ἀναβολὰς καὶ μελλήσεις, τότε δὴ
παντάπασι τὴν μετανάστασιν φυγὴν ἀποκαλῶν καὶ ἀπόδρασιν, οὐκ ἔφη
λείψειν τὴν τάξιν, ἀλλ᾽ αὐτόθι μένων μετὰ τῶν ἑαυτοῦ λοχιτῶν
ὑποστήσεσθαι Μαρδόνιον. (3) ὡς δὲ Παυσανίας ἐπελθὼν ἔλεγε ταῦτα
πράττειν ἐψηφισμένα καὶ δεδογμένα τοῖς Ἕλλησιν, ἀράμενος ταῖν χεροῖν
πέτρον μέγαν ὁ Ἀμομφάρετος καὶ καταβαλὼν πρὸ τῶν ποδῶν τοῦ
Παυσανίου ταύτην ἔφη ψῆφον αὐτὸς περὶ τῆς μάχης τίθεσθαι, τὰ δὲ τῶν
ἄλλων δειλὰ βουλεύματα καὶ δόγματα χαίρειν ἐᾶν. ἀπορούμενος δὲ
Παυσανίας τῷ παρόντι πρὸς μὲν τοὺς Ἀθηναίους ἔπεμψεν ἀπιόντας ἤδη,
περιμεῖναι δεόμενος καὶ κοινῇ βαδίζειν, αὐτὸς δὲ τὴν ἄλλην δύναμιν ἦγε
πρὸς τὰς Πλαταιὰς ὡς ἀναστήσων τὸν Ἀμομφάρετον. (4) ἐν τούτῳ δὲ
κατελάμβανεν ἡμέρα, καὶ Μαρδόνιος (οὐ γὰρ ἔλαθον τὴν στρατοπεδείαν
ἐκλελοιπότες οἱ Ἕλληνεσ) ἔχων συντεταγμένην τὴν δύναμιν ἐπεφέρετο
τοῖς Λακεδαιμονίοις βοῇ πολλῇ καὶ πατάγῳ τῶν βαρβάρων, ὡς οὐ μάχης
ἐσομένης, ἀλλὰ φεύγοντας ἀναρπασομένων τοὺς Ἕλληνας. ὃ μικρᾶς
ῥοπῆς ἐδέησε γενέσθαι. (5) κατιδὼν γὰρ τὸ γινόμενον ὁ Παυσανίας
ἔσχετο μὲν τῆς πορείας καὶ τὴν ἐπὶ μάχῃ τάξιν ἐκέλευσε λαμβάνειν
ἕκαστον, ἔλαθε δ᾽ αὐτόν, εἴθ᾽ ὑπὸ τῆς πρὸς τὸν Ἀμομφάρετον ὀργῆς εἴτε
τῷ τάχει θορυβηθέντα τῶν πολεμίων, σύνθημα μὴ δοῦναι τοῖς Ἕλλησιν.
ὅθεν οὔτ᾽ εὐθὺς οὔτ᾽ ἀθρόοι, κατ᾽ ὀλίγους δὲ καὶ σποράδην, ἤδη τῆς
μάχης ἐν χερσὶν οὔσης, προσεβοήθουν. (6) ὡς δὲ θυόμενος οὐκ
ἐκαλλιέρει, προσέταξε τοῖς Λακεδαιμονίοις τὰς ἀσπίδας πρὸ τῶν ποδῶν
θεμένους ἀτρέμα καθέζεσθαι καὶ προσέχειν αὐτῷ, μηδένα τῶν πολεμίων
ἀμυνομένους, αὐτὸς δὲ πάλιν ἐσφαγιάζετο. καὶ προσέπιπτον οἱ ἱππεῖς·
ἤδη δὲ καὶ βέλος ἐξικνεῖτο καί τις ἐπέπληκτο (7) τῶν Σπαρτιατῶν. ἐν
τούτῳ δὲ καὶ Καλλικράτης, ὃν ἰδέᾳ τε κάλλιστον Ἑλλήνων καὶ σώματι
μέγιστον ἐν ἐκείνῳ τῷ στρατῷ γενέσθαι λέγουσι, τοξευθεὶς καὶ θνήσκων
οὐκ ἔφη τὸν θάνατον ὀδύρεσθαι, καὶ γὰρ ἐλθεῖν οἴκοθεν ὑπὲρ τῆς
Ἑλλάδος ἀποθανούμενος, ἀλλ᾽ ὅτι θνήσκει τῇ χειρὶ μὴ χρησάμενος. ἦν
οὖν τὸ μὲν πάθος δεινόν, ἡ δ᾽ ἐγκράτεια θαυμαστὴ τῶν ἀνδρῶν. οὐ γὰρ
ἠμύνοντο τοὺς πολεμίους ἐπιβαίνοντας, ἀλλὰ τὸν παρὰ τοῦ θεοῦ καὶ τοῦ
στρατηγοῦ καιρὸν ἀναμένοντες ἠνείχοντο βαλλόμενοι καὶ πίπτοντες ἐν
ταῖς τάξεσιν. (8) ἔνιοι δέ φασι τῷ Παυσανίᾳ μικρὸν ἔξω τῆς
παρατάξεως θύοντι καὶ κατευχομένῳ τῶν Λυδῶν τινας ἄφνω
προσπεσόντας ἁρπάζειν καὶ διαρρίπτειν τὰ περὶ τὴν θυσίαν, τὸν δὲ
Παυσανίαν καὶ τοὺς περὶ αὐτὸν οὐκ ἔχοντας ὅπλα ῥάβδοις καὶ μάστιξι
παίειν· διὸ καὶ νῦν ἐκείνης τῆς ἐπιδρομῆς μιμήματα τὰς περὶ τὸν βωμὸν
ἐν Σπάρτῃ πληγὰς τῶν ἐφήβων καὶ τὴν μετὰ ταῦτα τῶν Λυδῶν πομπὴν
συντελεῖσθαι.
| [17] La nuit venue, les capitaines firent mettre en marche leurs compagnies
pour aller occuper le camp qu'on avait désigné; mais les troupes ne
suivaient pas volontiers, et on avait de la peine à les tenir rassemblées. A peine sortis
des retranchements, la plupart se mirent à courir vers la ville de Platée; ils se
répandirent de côté et d'autre, et dressèrent leurs tentes au hasard; ce n'était partout
que désordre et confusion. Les Lacédémoniens se trouvèrent seuls derrière, à la
vérité malgré eux; mais Amompharétus, leur chef, homme courageux et intrépide,
qui depuis longtemps brûlait de combattre, et souffrait impatiemment tant de retards
et de lenteurs, traita hautement cette marche des alliés de désertion et de fuite; il
déclara qu'il n'abandonnerait pas son poste, et qu'il resterait seul avec ses
Lacédémoniens, pour y attendre Mardonius. Pausanias alla le trouver, et lui
représenta qu'il fallait bien obéir à ce qui avait été résolu et arrêté dans le conseil des
Grecs. Alors Amompharétus levant de ses deux mains une grosse pierre, et la jetant
aux pieds de Pausanias : « Voilà, lui dit-il, ma boule pour le combat. Je ne
m'embarrasse ni des conseils ni des résolutions timides des autres. » Pausanias,
incertain de ce qu'il doit faire, envoie vers les Athéniens, qui s'étaient déjà mis en
marche, et les fait prier de l'attendre, afin qu'ils puissent aller ensemble. En même
temps il conduit à Platée le reste de ses troupes, dans l'espérance de forcer par là
Amompharétus à le suivre. XXVIII. Cependant le jour parut; et Mardonius, à qui les
Grecs n'avaient pu cacher le changement qu'ils venaient de faire, mit son armée en
bataille, et s'avança contre les Lacédémoniens, au milieu des cris et des hurlements
de ses Barbares, qui croyaient moins aller à un combat qu'à la dépouille des fuyards :
peu s'en fallut que cela n'arrivât; car Pausanias, voyant approcher les ennemis, fit
arrêter la marche, et ordonna que chacun prît son poste. Mais, soit colère contre
Amompharétus, soit surprise de cette attaque soudaine, il oublia de donner le mot
aux Grecs, en sorte qu'ils ne purent se placer ni assez promptement, ni tous
ensemble, mais par pelotons séparés, et lorsque le combat était presque engagé.
Pausanias, qui faisait des sacrifices sans pouvoir obtenir des victimes favorables,
ordonna aux Lacédémoniens de poser leurs boucliers, de se tenir tranquilles et
d'avoir les yeux fixés sur lui, sans se mettre en défense contre les Barbares. Pendant
qu'il continuait ses sacrifices, la cavalerie ennemie approchait toujours. Déjà même
elle lançait des traits, dont quelques Spartiates furent blessés. Dans ce nombre
Callicrates, le plus beau des Grecs, l'homme le plus grand et le mieux fait qu'il y eût
dans l'armée, percé d'une flèche et prêt à expirer, dit qu'il n'était pas fâché de mourir,
puisqu'il était parti de sa maison avec la résolution de donner sa vie pour le salut de
la Grèce; mais qu'il regrettait de périr sans avoir pu frapper un seul coup. XXIX. Si la
position des Spartiates était affreuse, leur constance n'en fut que plus admirable.
Vivement pressés par les ennemis, ils ne se défendaient point; et attendant l'heure
que les dieux et leur général voudraient leur marquer, ils se laissaient blesser et tuer à
leur poste. On rapporte que pendant que Pausanias faisait ses sacrifices et ses prières,
à quelque distance de la bataille, une troupe de Lydiens, survenant tout à coup,
enlevèrent ou renversèrent tout ce qui servait au sacrifice; que Pausanias et ceux qui
se trouvaient auprès de lui, étant alors sans armes, les chassèrent à coups de fouets et
de bâtons. C'est en mémoire de cet événement, et pour imiter l'incursion des Lydiens,
qu'on célèbre encore aujourd'hui à Sparte une fête où l'on fouette les enfants autour
de l'autel, et qu'on appelle la marche des Lydiens.
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