[16] ἐν τούτῳ δ᾽, ὡς Ἡρόδοτος ἱστορεῖ, Παυσανίας Ἀριστείδῃ προσέφερε
λόγον, ἀξιῶν τοὺς Ἀθηναίους ἐπὶ τὸ δεξιὸν μετατάξαι καὶ κατὰ τοὺς
Πέρσας ἀντιταχθῆναι, βέλτιον γὰρ ἀγωνιεῖσθαι τῆς τε μάχης ἐμπείρους
γεγονότας καὶ τῷ προνενικηκέναι θαρροῦντας, αὑτῷ δὲ παραδοῦναι τὸ
εὐώνυμον, ὅπου τῶν Ἑλλήνων οἱ μηδίζοντες ἐπιβάλλειν ἔμελλον. (2) οἱ
μὲν οὖν ἄλλοι στρατηγοὶ τῶν Ἀθηναίων ἀγνώμονα καὶ φορτικὸν ἡγοῦντο
τὸν Παυσανίαν, εἰ τὴν ἄλλην ἐῶν τάξιν ἐν χώρᾳ μόνους ἄνω καὶ κάτω
μεταφέρει σφᾶς ὥσπερ εἵλωτας, κατὰ τὸ μαχιμώτατον προβαλλόμενος· ὁ
δ᾽ Ἀριστείδης διαμαρτάνειν αὐτοὺς ἔφασκε τοῦ παντός, εἰ πρώην μὲν
ὑπὲρ τοῦ τὸ εὐώνυμον κέρας ἔχειν διεφιλοτιμοῦντο Τεγεάταις καὶ
προκριθέντες ἐσεμνύνοντο, νῦν δέ, (3) Λακεδαιμονίων ἑκουσίως αὐτοῖς
ἐξισταμένων τοῦ δεξιοῦ καὶ τρόπον τινὰ τὴν ἡγεμονίαν παραδιδόντων,
οὔτε τὴν δόξαν ἀγαπῶσιν οὔτε κέρδος ἡγοῦνται τὸ μὴ πρὸς ὁμοφύλους
καὶ συγγενεῖς, ἀλλὰ βαρβάρους καὶ φύσει πολεμίους ἀγωνίσασθαι. ἐκ
τούτου πάνυ προθύμως οἱ Ἀθηναῖοι διημείβοντο τοῖς Σπαρτιάταις τὴν
(4) τάξιν· καὶ λόγος ἐχώρει δι᾽ αὐτῶν πολὺς ἀλλήλοις παρεγγυώντων,
ὡς οὔτε ὅπλα βελτίω λαβόντες οὔτε ψυχὰς ἀμείνους οἱ πολέμιοι τῶν ἐν
Μαραθῶνι προσίασιν, ἀλλὰ ταὐτὰ μὲν ἐκείνοις τόξα, ταὐτὰ δ᾽ ἐσθῆτος
ποικίλματα καὶ χρυσὸς ἐπὶ σώμασι μαλακοῖς καὶ ψυχαῖς ἀνάνδροις· ἡμῖν
δ᾽ ὅμοια μὲν ὅπλα καὶ σώματα, μεῖζον δὲ ταῖς νίκαις τὸ θάρσος, ὁ δ᾽ ἀγὼν
οὐχ ὑπὲρ χώρας καὶ πόλεως μόνον, ὡς ἐκείνοις, ἀλλ᾽ ὑπὲρ τῶν ἐν
Μαραθῶνι καὶ Σαλαμῖνι τροπαίων, ὡς μηδ᾽ ἐκεῖνα Μιλτιάδου δοκῇ καὶ
τύχης, ἀλλὰ Ἀθηναίων. (5) οὗτοι μὲν οὖν σπεύδοντες ἐν ἀμείψει τῶν
τάξεων ἦσαν· αἰσθόμενοι δὲ Θηβαῖοι παρ᾽ αὐτομόλων Μαρδονίῳ
φράζουσι. κἀκεῖνος εὐθύς, εἴτε δεδιὼς τοὺς Ἀθηναίους, εἴτε τοῖς
Λακεδαιμονίοις συμπεσεῖν φιλοτιμούμενος, ἀντιπαρεξῆγε τοὺς Πέρσας
ἐπὶ τὸ δεξιόν, τοὺς δὲ Ἕλληνας ἐκέλευε τοὺς σὺν αὐτῷ κατὰ τοὺς
Ἀθηναίους ἵστασθαι. (6) γενομένης δὲ τῆς μετακοσμήσεως
καταφανοῦς ὅ τε Παυσανίας ἀποτραπεὶς αὖθις ἐπὶ τοῦ δεξιοῦ κατέστη,
καὶ Μαρδόνιος, ὥσπερ εἶχεν ἐξ ἀρχῆς, ἀνέλαβε τὸ εὐώνυμον κατὰ τοὺς
Λακεδαιμονίους γενόμενος, ἥ τε ἡμέρα διεξῆλθεν ἀργή. καὶ τοῖς Ἕλλησι
βουλευομένοις ἔδοξε πορρωτέρω μεταστρατοπεδεῦσαι καὶ καταλαβεῖν
εὔυδρον χωρίον, ἐπεὶ τὰ πλησίον νάματα καθύβριστο καὶ διέφθαρτο τῶν
βαρβάρων ἱπποκρατούντων.
| [16] XXVI. Cependant Pausanias, suivant le récit d'Hérodote, fit part à Aristide
du projet qu'il avait de faire passer les Athéniens à l'aile droite, pour les
opposer aux Perses, avec lesquels ils s'étaient déjà mesurés, et qu'ils combattraient
par là avec plus de courage : il se réservait à lui-même l'aile gauche, où il aurait en
tête ceux des Grecs qui s'étaient déclarés pour les Mèdes. Tous les capitaines
athéniens se plaignirent que Pausanias en agissait avec eux d'une manière hautaine
et impérieuse, en laissant tous les autres Grecs à leur poste, et transportant les seuls
Athéniens, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, comme il eût pu faire de ses Ilotes, afin
qu'ils eussent en tête les ennemis les plus belliqueux. Mais Aristide leur fit sentir
dans quelle erreur ils étaient. « Il y a peu de jours, leur dit-il, qu'ayant disputé aux
Tégéates le commandement de l'aile gauche, vous avez regardé comme un grand
honneur de l'avoir obtenu. Maintenant que les Lacédémoniens vous cèdent d'eux-mêmes
la droite, et vous défèrent par là en quelque sorte le commandement de toute
l'armée, vous n'êtes pas flattés d'un poste si glorieux, et vous ne voyez pas quel gain
c'est pour vous d'avoir à combattre, non contre vos compatriotes, qui ont avec vous
une origine commune, mais contre les Barbares, qui sont vos ennemis naturels. »
Frappés de ces représentations, ils changèrent volontiers de poste avec les Spartiates,
et l'on n'entendit plus parmi eux que les exhortations qu'ils se faisaient mutuellement
d'avoir bon courage. « Les ennemis, disaient-ils, ne sont venus ni avec de meilleures
armes, ni avec un plus grand courage que ceux que nous avons vaincus à Marathon;
ce sont les mêmes arcs, les mêmes habits brodés, les mêmes ornemonts d'or qui
couvrent des corps aussi efféminés et des âmes aussi lâches. Pour nous, ajoutaient-ils,
nous avons les mêmes armes et les mêmes corps; et notre confiance a été encore
accrue par nos victoires. Nous ne combattrons pas seulement, comme eux, pour
la conquête d'un pays ou d'une ville, mais pour maintenir les trophées de Marathon
et de Salamine, pour faire voir qu'ils ont été l'ouvrage des Athéniens, non celui de
Miltiade et de la fortune. XXVII. Ils allèrent donc promptement prendre leur nouveau
poste; mais les Thébains, informés de ce changement par les déserteurs, en donnèrent
avis à Mardonius, qui sure-le-champ, soit crainte d'avoir en tête les Athéniens, soit
ambition de se mesurer avec les Spartiates, fit passer les Perses à l'aile droite, et les
Grecs de son armée à la gauche, pour les opposer aux Athéniens. Pausanias, instruit
de ce nouvel ordre de bataille, se remet à la droite; et aussitôt Mardonius reprend sa
première ordonnance, où il était en face des Lacédémoniens. Toute cette journée se
passa sans rien faire. Le soir, les Grecs ayant tenu conseil, résolurent de porter plus
loin leur camp, dans un poste où ils eussent plus commodément de l'eau; car les
sources qui avoisinaient leur camp avaient été gâtées et corrompues par la cavalerie
des Barbares.
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