[15] μετὰ δὲ τὴν ἱππομαχίαν ἀμφότεροι μάχης ἔσχοντο χρόνον πολύν·
ἀμυνομένοις γὰρ οἱ μάντεις νίκην προὔφαινον ἐκ τῶν ἱερῶν ὁμοίως καὶ
τοῖς Πέρσαις καὶ τοῖς Ἕλλησιν, εἰ δ᾽ ἐπιχειροῖεν, ἧτταν. ἔπειτα Μαρδόνιος,
ὡς αὐτῷ μὲν ἡμερῶν ὀλίγων τὰ ἐπιτήδεια περιῆν, οἱ δ᾽ Ἕλληνες ἀεί τινων
ἐπιρρεόντων πλείονες ἐγίνοντο, δυσανασχετῶν ἔγνω μηκέτι μένειν, ἀλλὰ
διαβὰς ἅμα φάει τὸν Ἀσωπὸν ἐπιθέσθαι τοῖς Ἕλλησιν ἀπροσδοκήτως· καὶ
παράγγελμα τοῖς ἡγεμόσιν ἑσπέρας ἔδωκε. (2)
μεσούσης δὲ μάλιστα τῆς νυκτὸς ἀνὴρ ἵππον ἔχων ἀτρέμα προσεμίγνυε
τῷ στρατοπέδῳ τῶν Ἑλλήνων· ἐντυχὼν δὲ ταῖς φυλακαῖς ἐκέλευεν αὐτῷ
προσελθεῖν Ἀριστείδην τὸν Ἀθηναῖον. ὑπακούσαντος δὲ ταχέως ἔφησεν·
"εἰμὶ μὲν Ἀλέξανδρος ὁ Μακεδών, ἥκω δὲ κινδύνων τὸν μέγιστον εὐνοίᾳ
τῇ πρὸς ὑμᾶς αἰρόμενος, ὡς μὴ τὸ αἰφνίδιον ἐκπλήξειεν ὑμᾶς χεῖρον
ἀγωνίσασθαι. μαχεῖται γὰρ ὑμῖν Μαρδόνιος αὔριον, (3) οὐχ ὑπ᾽
ἐλπίδος χρηστῆς οὐδὲ θάρσους, ἀλλ᾽ ἀπορίας τῶν παρόντων, ἐπεὶ καὶ
μάντεις ἐκεῖνον ἀπαισίοις ἱεροῖς καὶ λογίοις χρησμῶν εἴργουσι μάχης, καὶ
τὸν στρατὸν ἔχει δυσθυμία πολλὴ καὶ κατάπληξις. ἀλλ᾽ ἀνάγκη
τολμῶντα πειρᾶσθαι τῆς τύχης ἢ τὴν ἐσχάτην ὑπομένειν ἀπορίαν
καθεζόμενον. (4) ταῦτα φράσας ὁ Ἀλέξανδρος ἐδεῖτο τὸν Ἀριστείδην
αὐτὸν εἰδέναι καὶ μνημονεύειν, ἑτέρῳ δὲ μὴ κατειπεῖν. ὁ δ᾽ οὐ καλῶς
ἔχειν ἔφη ταῦτα Παυσανίαν ἀποκρύψασθαι, ἐκείνῳ γὰρ ἀνακεῖσθαι τὴν
ἡγεμονίαν, πρὸς δὲ τοὺς ἄλλους ἄρρητα πρὸ τῆς μάχης ἔδοξεν ἔσεσθαι,
νικώσης δὲ τῆς Ἑλλάδος οὐδένα τὴν Ἀλεξάνδρου προθυμίαν καὶ ἀρετὴν
ἀγνοήσειν. (5) λεχθέντων δὲ τούτων ὅ τε βασιλεὺς τῶν Μακεδόνων
ἀπήλαυνεν ὀπίσω πάλιν, ὅ τε Ἀριστείδης ἀφικόμενος ἐπὶ τὴν σκηνὴν τοῦ
Παυσανίου διηγεῖτο τοὺς λόγους· καὶ μετεπέμποντο τοὺς ἄλλους
ἡγεμόνας καὶ παρήγγελλον ἐν κόσμῳ τὸν στρατὸν ἔχειν, ὡς μάχης
ἐσομένης.
| [15] XXV. Après cette première action,
les deux armées restèrent longtemps sans combattre; car les devins promettaient
également la victoire aux Perses et aux Grecs, s'ils restaient sur la défensive; ils les
menaçaient d'une défaite, s'ils étaient agresseurs. Enfin Mardonius, qui n'avait plus
de vivres que pour peu de jours, et qui voyait les Grecs se fortifier de plus en plus
par les nouvelles troupes qui leur arrivaient, impatient de ces délais, résolut d'y
mettre fin, et de passer le lendemain, dès le point du jour, le fleuve Asopus, pour
surprendre les Grecs, qui ne s'attendraient pas à cette attaque. Il donna donc le soir
les ordres à ses officiers; mais à minuit, un homme à cheval s'approche du camp des
Grecs, et dit aux sentinelles qu'il veut parler à l'Athénien Aristide. Ce général vient
promptement; et l'inconnu prenant la parole : « Je suis, dit-il à Aristide, Alexandre,
roi de Macédoine, qui, par amitié pour vous, m'expose au plus grand danger : je
viens vous prévenir d'une surprise qui, en vous étonnant; pourrait vous faire
combattre avec moins de courage. Mardonius doit vous attaquer demain, non qu'il
ait quelque bonne espérance, ou une confiance bien fondée, mais parce qu'il manque
de vivres. Ses devins eux-mêmes, par les présages sinistres des victimes, par des
oracles menaçants, veulent l'empêcher de combattre; et son armée est dans la frayeur
et le découragement. Il est donc forcé ou de tenter le hasard du combat, ou, s'il
diffère, de voir périr toute son armée. » Alexandre, après avoir donné cet avis à
Aristide, le prie de le garder pour lui, et d'en faire usage, sans le communiquer à
personne. Aristide lui répond qu'il ne peut décemment le cacher à Pausanias, qui
avait le commandement de toute l'armée; mais il lui promet de n'en parler à aucun
autre avant le combat, et l'assure que si la Grèce est victorieuse, personne n'ignorera
cette marque de courage et de bienveillance qu'Alexandre vient de leur donner.
Après cet entretien, le roi de Macédoine s'en retourne au camp; et Aristide, s'étant
rendu à la tente de Pausanias, lui communique ce qu'il venait d'apprendre. Ils
mandent aussitôt tous les officiers, et leur ordonnent de tenir leur armée en bataille et
prête à combattre.
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