[12] Ἀθηναίοις δὲ Τεγεᾶται περὶ τάξεως ἐρίσαντες ἠξίουν, ὥσπερ ἀεί,
Λακεδαιμονίων τὸ δεξιὸν ἐχόντων κέρας, αὐτοὶ τὸ εὐώνυμον ἔχειν, πολλὰ
τοὺς αὑτῶν προγόνους ἐγκωμιάζοντες. ἀγανακτούντων δὲ τῶν Ἀθηναίων
παρελθὼν ὁ Ἀριστείδης εἶπε· "Τεγεάταις μὲν ἀντειπεῖν περὶ εὐγενείας καὶ
ἀνδραγαθίας ὁ παρὼν καιρὸς οὐ δίδωσι, πρὸς δ᾽ ὑμᾶς, ὦ Σπαρτιᾶται, καὶ
τοὺς ἄλλους Ἕλληνας λέγομεν, ὅτι τὴν ἀρετὴν οὐκ ἀφαιρεῖται τόπος οὐδὲ
δίδωσιν· ἣν δ᾽ ἂν ὑμεῖς ἡμῖν τάξιν ἀποδῶτε πειρασόμεθα κοσμοῦντες καὶ
φυλάττοντες μὴ καταισχύνειν τοὺς προηγωνισμένους ἀγῶνας. (2)
ἥκομεν γὰρ οὐ τοῖς συμμάχοις στασιάσοντες, ἀλλὰ μαχούμενοι τοῖς
πολεμίοις, οὐδ᾽ ἐπαινεσόμενοι τοὺς πατέρας, ἀλλ᾽ αὑτοὺς ἄνδρας
ἀγαθοὺς τῇ Ἑλλάδι παρέξοντες· ὡς οὗτος ὁ ἀγὼν δείξει καὶ πόλιν καὶ
ἄρχοντα καὶ ἰδιώτην ὁπόσου τοῖς Ἕλλησιν ἄξιός ἐστι." ταῦτ᾽ ἀκούσαντες
οἱ σύνεδροι καὶ ἡγεμόνες ἀπεδέξαντο τοὺς Ἀθηναίους καὶ θάτερον αὐτοῖς
κέρας ἀπέδοσαν.
| [12] XXI. Quand on rangea l'armée en bataille, il s'éleva une dispute entre les
Tégéates et les Athéniens, sur le poste qu'ils occuperaient les uns et les autres. Les
Tégéates soutenaient que, comme les Lacédémoniens commandaient toujours l'aile
droite, ils devaient avoir le commandement de l'aile gauche; et, pour justifier leur
prétention, ils vantaient les services de leurs ancêtres. Les Athéniens indignés étaient
prêts à s'emporter; lorsque Aristide, s'avançant au milieu des troupes : « La
conjoncture présente, leur dit-il, ne permet pas de contester aux Tégéates leur
noblesse et leurs exploits. Mais nous vous dirons à vous, Spartiates, et à tous les
autres Grecs, que le poste qu'on occupe n'ôte ni ne donne le courage: quelque rang
qui nous soit assigné, nous ferons en sorte de le bien défendre et de le rendre
honorable, afin de ne pas ternir la gloire de nos premiers coubats. Nous sommes
venus, non pour disputer avec nos alliés, mais pour combattre nos ennemis; non
pour vanter nos ancêtres, mais pour nous montrer, comme eux, des gens de coeur,
aux yeux de toute la Grèce. Ce combat va faire voir quel degré d'estime méritent, de
la part des Grecs, les villes, les généraux et les soldats. » Ce discours d'Aristide fit
tant d'impression sur les généraux et sur tous les capitaines qui étaient présents au
conseil, qu'ils décidèrent en faveur des Athéniens, et leur donnèrent le
commandement de l'aile gauche.
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