[10] ἐκ τούτου Ξέρξης μὲν περίφοβος γενόμενος εὐθὺς ἐπὶ τὸν
Ἑλλήσποντον ἠπείγετο, Μαρδόνιος δὲ τοῦ στρατοῦ τὸ δοκιμώτατον ἔχων
περὶ τριάκοντα μυριάδας ὑπελείπετο, καὶ φοβερὸς ἦν ἀπ᾽ ἰσχυρᾶς τῆς
περὶ τὸ πεζὸν ἐλπίδος ἀπειλῶν τοῖς Ἕλλησι καὶ γράφων τοιαῦτα· (2)
"νενικήκατε θαλασσίοις ξύλοις χερσαίους ἀνθρώπους οὐκ ἐπισταμένους
κώπην ἐλαύνειν· ἀλλὰ νῦν πλατεῖα μὲν ἡ Θετταλῶν γῆ, καλὸν δὲ τὸ
Βοιώτιον πεδίον ἀγαθοῖς ἱππεῦσι καὶ ὁπλίταις ἐναγωνίσασθαι." πρὸς δὲ
Ἀθηναίους ἔπεμψεν ἰδίᾳ γράμματα καὶ λόγους παρὰ βασιλέως, τήν τε
πόλιν αὐτοῖς ἀναστήσειν ἐπαγγελλομένου καὶ χρήματα πολλὰ δώσειν
καὶ τῶν Ἑλλήνων κυρίους καταστήσειν ἐκποδὼν τοῦ πολέμου
γενομένους. (3) οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι πυθόμενοι ταῦτα καὶ δείσαντες
ἔπεμψαν Ἀθήναζε πρέσβεις, δεόμενοι τῶν Ἀθηναίων, ὅπως παῖδας μὲν
καὶ γυναῖκας εἰς Σπάρτην ἀποστείλωσι, τοῖς δὲ πρεσβυτέροις τροφὰς
παρ᾽ αὐτῶν λαμβάνωσιν· ἰσχυρὰ γὰρ ἦν ἀπορία περὶ τὸν δῆμον
ἀπολωλεκότα καὶ τὴν χώραν καὶ τὴν πόλιν. (4) οὐ μὴν ἀλλὰ τῶν
πρέσβεων ἀκούσαντες, Ἀριστείδου ψήφισμα γράψαντος, ἀπεκρίναντο
θαυμαστὴν ἀπόκρισιν, τοῖς μὲν πολεμίοις συγγνώμην ἔχειν φάσκοντες, εἰ
πάντα πλούτου καὶ χρημάτων ὤνια νομίζοιεν, ὧν κρεῖττον οὐδὲν ἴσασιν,
ὀργίζεσθαι δὲ Λακεδαιμονίοις, ὅτι τὴν πενίαν καὶ τὴν ἀπορίαν τὴν νῦν
παροῦσαν Ἀθηναίοις μόνον ὁρῶσι, τῆς δ᾽ ἀρετῆς καὶ τῆς φιλοτιμίας
ἀμνημονοῦσιν ἐπὶ σιτίοις ὑπὲρ τῆς Ἑλλάδος ἀγωνίζεσθαι
παρακαλοῦντες. (5) ταῦτα γράψας Ἀριστείδης καὶ τοὺς πρέσβεις εἰς
τὴν ἐκκλησίαν παραγαγών, Λακεδαιμονίοις μὲν ἐκέλευσε φράζειν, ὡς
οὐκ ἔστι χρυσοῦ τοσοῦτον πλῆθος οὔθ᾽ ὑπὲρ γῆν οὔθ᾽ ὑπὸ γῆν, ὅσον
Ἀθηναῖοι δέξαιντο ἂν πρὸ τῆς τῶν Ἑλλήνων ἐλευθερίας. τοῖς δὲ παρὰ
Μαρδονίου τὸν ἥλιον δείξας, "ἄχρι ἂν οὗτος," ἔφη, "ταύτην πορεύηται τὴν
πορείαν, Ἀθηναῖοι πολεμήσουσι Πέρσαις ὑπὲρ τῆς δεδῃωμένης χώρας καὶ
τῶν ἠσεβημένων καὶ κατακεκαυμένων ἱερῶν." (6) ἔτι δὲ ἀρὰς θέσθαι
τοὺς ἱερεῖς ἔγραψεν, εἴ τις ἐπικηρυκεύσαιτο Μήδοις ἢ τὴν συμμαχίαν
ἀπολίποι τῶν Ἑλλήνων.
ἐμβαλόντος δὲ Μαρδονίου τὸ δεύτερον εἰς τὴν Ἀττικήν, αὖθις εἰς
Σαλαμῖνα διεπέρασαν. Ἀριστείδης δὲ πεμφθεὶς εἰς Λακεδαίμονα τῆς μὲν
βραδυτῆτος αὐτοῖς ἐνεκάλει καὶ τῆς ὀλιγωρίας, προεμένοις αὖθις τῷ
βαρβάρῳ τὰς Ἀθήνας, ἠξίου δὲ πρὸς τὰ ἔτι σωζόμενα τῆς Ἑλλάδος
βοηθεῖν. (7) ταῦτα ἀκούσαντες οἱ Ἔφοροι μεθ᾽ ἡμέραν μὲν ἐδόκουν
παίζειν καὶ ῥᾳθυμεῖν ἑορτάζοντες· ἦν γὰρ αὐτοῖς Ὑακίνθια· νυκτὸς δὲ
πεντακισχιλίους Σπαρτιατῶν ἐπιλέξαντες, ὧν ἕκαστος ἑπτὰ περὶ αὑτὸν
εἵλωτας εἶχεν, ἐξέπεμψαν οὐκ εἰδότων τῶν Ἀθηναίων. ἐπεὶ δὲ πάλιν
ἐγκαλῶν ὁ Ἀριστείδης προσῆλθεν, οἱ δὲ σὺν γέλωτι ληρεῖν αὐτὸν
ἔφασκον καὶ καθεύδειν, ἤδη γὰρ ἐν Ὀρεστείῳ τὸν στρατὸν εἶναι
πορευόμενον ἐπὶ τοὺς ξένους (ξένους γὰρ ἐκάλουν τοὺς Πέρσας), (8) οὐ
κατὰ καιρὸν ἔφη παίζειν αὐτοὺς ὁ Ἀριστείδης, ἀντὶ τῶν πολεμίων τοὺς
φίλους ἐξαπατῶντας. ταῦθ᾽ οἱ περὶ τὸν Ἰδομενέα λέγουσιν. ἐν δὲ τῷ
ψηφίσματι τοῦ Ἀριστείδου πρεσβευτὴς οὐκ αὐτός, ἀλλὰ Κίμων καὶ
Ξάνθιππος καὶ Μυρωνίδης φέρονται.
| [10] Xerxès, que cet avis remplit de frayeur, se hâte de ragagner l'Hellespont avec toute
sa flotte, et laisse Mardonius en Grèce avec l'armée de terre, composée de ses
meilleures troupes, et forte de trois cent mille hommes. XVII. De si grandes forces le
rendaient encore redoutable : plein de confiance en son infanterie, il écrivait aux
Grecs les lettres les plus menaçantes. "Vous avez vaincu, disait-il, sur vos vaisseaux,
des hommes accoutumés à combattre sur terre, et qui ne savent pas manier la rame.
Mais aujourd'hui nous sommes dans les plaines de la Thessalie; et la Béotie nous
offre ses vastes campagnes, où la cavalerie et les gens de pied peuvent déployer leur
courage. » Il écrivit en particulier aux Athéniens pour leur promettre, de la part du
roi, de rétablir leur ville, de leur donner de grandes sommes d'argent, et de leur
assurer l'empire de la Grèce, s'ils voulaient renoncer à la guerre. Les
Lacédémoniens, informés de ees propositions, et en craignant l'effet, envoyèrent des
ambassadeurs aux Athéniens, pour les prier de faire passer à Sparte leurs femmes et
leurs enfants, et de recevoir d'eux tout ce qu'il faudrait pour l'entretien de leurs
vieillards; car le peuple, qui avait perdu sa ville et son territoire, était réduit au plus
pressant besoin. Les Athéniens n'eurent pas plutôt entendu les ambassadeurs, que,
par un décret dont Aristide était l'auteur, ils leur firent cette réponse admirable :
«Nous pardonnons à nos ennemis d'avoir pu croire que tout s'achetait à prix d'argent,
eux qui ne connaissent rien de plus précieux. Mais nous en voulons aux
Lacédémoniens, qui, ne considérant que la disette et la pauvreté actuelles des
Athéniens, ne se souviennent plus de leur vertu et de leur magnanimité, et les
invitent, par l'appât de quelques vivres, à combattre pour le salut de la Grèce. »
Aristide, ayant inséré cette réponse dans le décret, fit entrer les ambassadeurs dans
l'assemblée, et les chargea de dire aux Spartiates qu'il n'y avait pas assez d'or, ni sur
la terre ni dans ses entrailles, pour faire trahir aux Athéniens la liberté de la Grèce.
Ensuite s'adressant aux ambassadeurs de Mardonius, il leur dit, en leur montrant le
soleil : Tant que cet astre poursuivra sa route, les Athéniens feront la guerre aux
Perses, pour venger le dégât de leurs terres, la profanation et l'incendie de leurs
temples. » Il fit aussi décréter que les prêtres chargeraient de leurs malédictions
quiconque proposerait de faire alliance avec les Mèdes, ou d'abandonner le parti des
Grecs. XXV. Mardonius entra donc pour la seconde fois dans l'Attique, et les
Athéniens passèrent encore à Salamine. Aristide, envoyé à Lacédémone, se plaignait
de la lenteur des Spartiates, et de cette négligence qui leur faisait de nouveau livrer
Athènes aux Barbares; il les pressa d'envoyer leurs troupes au secours de ce qui
restait encore de la Grèce. Les éphores, après l'avoir écouté, passerent le reste de la
journée en fêtes et en réjouissances, car ils célébraient alors les fêtes Hyacinthies.
Mais la nuit ils choisirent cinq mille Spartiates, qui prirent chacun sept Ilotes, et ils les
firent partir, sans en rien dire aux ambassadeurs d'Athènes. Lorsque ensuite Aristide
se presénta une seconde fois au conseil, pour y recommencer ses plaintes, les éphores
lui dirent en riant qu'il rêvait sans doute, ou qu'il dormait; que leur armée était déjà à
Oristie, et marchait contre les étrangers : c'est le nom que les Lacédémoniens
donnent aux Barbares. Aristide leur répondit que ce n'était pas le moment de rire et
de jouer leurs alliés, au lieu de tromper leurs ennemis. Tel est le récit d'Idoménée;
mais dans le décret Aristide n'est pas nommé au nombre des ambassadeurs; on n'y
voit que Cimon, Xanthippe et Myronides.
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