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Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie d'Aratus

Chapitre 13

  Chapitre 13

[13] Ἤνθει γὰρ ἔτι δόξα τῆς Σικυωνίας μούσης καὶ χρηστογραφίας, ὡς μόνης ἀδιάφθορον ἐχούσης τὸ καλόν, ὥστε καὶ Ἀπελλῆν ἐκεῖνον ἤδη θαυμαζόμενον ἀφικέσθαι καὶ συγγενέσθαι τοῖς ἀνδράσιν ἐπὶ ταλάντῳ, τῆς δόξης (2) μᾶλλον τῆς τέχνης δεόμενον μεταλαβεῖν. διὸ τὰς μὲν ἄλλας εἰκόνας τῶν τυράννων ἀνεῖλεν εὐθὺς Ἄρατος ὅτε τὴν πόλιν ἠλευθέρωσε, περὶ δὲ τῆς Ἀριστράτου τοῦ κατὰ Φίλιππον ἀκμάσαντος ἐβουλεύσατο πολὺν χρόνον. ἐγράφη μὲν γὰρ ὑπὸ (πάντων) τῶν περὶ τὸν Μέλανθον ἅρματι νικηφόρῳ παρεστὼς Ἀρίστρατος, Ἀπελλοῦ συνεφαψαμένου τῆς γραφῆς, ὡς Πολέμων περιηγητὴς (3) ἱστόρηκεν. ἦν δὲ τὸ ἔργον ἀξιοθέατον, ὥστε γνάμπτεσθαι τὸν Ἄρατον ὑπὸ τῆς τέχνης, αὖθίς τε μίσει τῷ πρὸς τοὺς (4) τυράννους ἐξαγόμενον κελεύειν καθαιρεῖν. τὸν οὖν ζωγράφον Νεάλκη φίλον ὄντα τοῦ Ἀράτου παραιτεῖσθαί φασι καὶ δακρύειν, ὡς δ' οὐκ ἔπειθεν, εἰπεῖν ὅτι τοῖς τυράννοις πολεμητέον, οὐ τοῖς τῶν τυράννων· "ἐάσωμεν οὖν τὸ ἅρμα καὶ τὴν Νίκην, αὐτὸν δέ σοι παρέξω τὸν Ἀρίστρατον (5) ἐγὼ παραχωροῦντα τοῦ πίνακος." ἐπιτρέψαντος οὖν τοῦ Ἀράτου, διήλειφεν Νεάλκης τὸν Ἀρίστρατον, εἰς δὲ τὴν χώραν φοίνικα μόνον ἐνέγραψεν, ἄλλο δ' οὐδὲν ἐτόλμησε παραβαλεῖν· τοὺς δὲ πόδας ἐξαλειφομένου τοῦ Ἀριστρά(6)του διαλαθεῖν ὑπὸ τὸ ἅρμα λέγουσιν. ἔκ τε δὴ τούτων Ἄρατος ἠγαπᾶτο, καὶ διδοὺς πεῖραν ἔτι μᾶλλον ἥψατο τοῦ βασιλέως, καὶ δωρεὰν ἔλαβε τῇ πόλει πεντήκοντα καὶ ἑκατὸν τάλαντα. καὶ τούτων τεσσαράκοντα μὲν εὐθὺς μεθ' ἑαυτοῦ κομίζων εἰς Πελοπόννησον κατῆρε, τὰ δὲ λοιπὰ διελὼν εἰς δόσεις βασιλεὺς ὕστερον κατὰ μέρος ἀπέστειλεν. [13] Les arts florissaient alors à Sicyone, et la peinture passait pour y avoir sa beauté antique sans la moindre altération; au point qu'Apelle, déjà si admiré pour ses ouvrages, se transporta dans cette ville, et donna un talent à ces deux artistes, moins pour se perfectionner auprès d'eux dans son art, que pour partager leur réputation. XIV. Aussi Aratus, qui, après avoir mis Sicyone en liberté, fit enlever tous les portraits des tyrans, balança-t-il longtemps s'il ôterait celui d'Aristrate, qui avait régné du temps de Philippe. Ce portrait était l'ouvrage de tous les élèves de Mélanthe, qui avaient représenté le tyran debout sur un char de victoire; Apelle lui-même y avait travaillé, au rapport de Polémon le géographe. Ce tableau était admirable, et Aratus, sensible à la beauté de l'art, voulut d'abord le conserver; mais bientôt sa haine contre les tyrans l'emporta, et il donna ordre de l'enlever. Le peintre Néalcès, ami d'Aratus, demanda grâce pour ce tableau, les larmes aux yeux; et comme Aratus le lui refusait : "Faisons, lui dit ce peintre, la guerre aux tyrans, et non à leurs ouvrages; épargnons au moins le char et la victoire, et je ferai sortir Aristrate du tableau." Aratus y ayant consenti, Néalcès effaça la figure d'Aristrate, et mit une palme à la place, sans oser y ajouter autre chose; mais on dit que les pieds du tyran restèrent cachés au fond du char. XV. L'envoi de ces tableaux avait donc, comme je l'ai dit, acquis à Aratus la bienveillance de Ptolémée. Mais lorsque ce prince eut goûté les charmes de sa conversation, il l'aima bien davantage, et lui donna pour la ville de Sicyone cent cinquante talents : Aratus en prit d'abord quarante, avec lesquels il retourna dans le Péloponèse; et le roi partagea les autres en plusieurs payements qu'il lui envoya aux termes fixés.


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Dernière mise à jour : 20/09/2007