[14] Ἦν μὲν οὖν μέγα καὶ τὸ χρήματα τοσαῦτα πορίσαι τοῖς
πολίταις, ὅσων μικρὸν μέρος ἄλλοι στρατηγοὶ καὶ δημαγωγοὶ
λαμβάνοντες παρὰ βασιλέων ἠδίκουν καὶ κατεδουλοῦντο καὶ
προέπινον αὐτοῖς τὰς πατρίδας, μεῖζον δ' ἡ διὰ τῶν χρημάτων
τούτων κατασκευασθεῖσα τοῖς μὲν ἀπόροις πρὸς τοὺς
πλουσίους διάλυσις καὶ ὁμόνοια, τῷ δὲ δήμῳ παντὶ σωτηρία καὶ
ἀσφάλεια, θαυμαστὴ δ' ἡ τοῦ ἀνδρὸς ἐν δυνάμει τοσαύτῃ
μετριότης. (2) ἀποδειχθεὶς γὰρ αὐτοκράτωρ διαλλακτὴς καὶ
κύριος ὅλως ἐπὶ τὰς φυγαδικὰς οἰκονομίας, μόνος οὐχ
ὑπέμεινεν, ἀλλὰ πεντεκαίδεκα τῶν πολιτῶν προσκατέλεξεν
ἑαυτῷ, μεθ' ὧν πόνῳ πολλῷ καὶ μεγάλαις πραγματείαις
κατειργάσατο καὶ συνήρμοσε φιλίαν καὶ εἰρήνην τοῖς πολίταις.
(3) ἐφ' οἷς οὐ μόνον κοινῇ σύμπαντες οἱ πολῖται τιμὰς
ἀπέδοσαν αὐτῷ πρεπούσας, ἀλλὰ καὶ κατ' ἰδίαν οἱ φυγάδες
εἰκόνα χαλκῆν ἀναστήσαντες ἐπέγραψαν τόδε τὸ ἐλεγεῖον·
(4) βουλαὶ μὲν καὶ ἄεθλα καὶ ἁ περὶ Ἑλλάδος ἀλκά
τοῦδ' ἀνδρὸς στάλᾳ πλάθεται Ἡρακλέους·
ἄμμες δ' εἰκόν' Ἄρατε τεὰν νόστοιο τυχόντες
στάσαμεν ἀντ' ἀρετᾶς ἠδὲ δικαιοσύνας,
σωτῆρος σωτῆρσι θεοῖς, ὅτι πατρίδι τᾷ σᾷ
δᾶμον ἴσον θείαν τ' ὤπασας εὐνομίαν.
| [14] C'était pour Aratus une grande gloire d'avoir su ménager
à ses concitoyens une somme si considérable, tandis que la plupart des capitaines
et des chefs du peuple, pour de bien plus petites sommes qu'ils recevaient
des rois, violaient toute justice, livraient leurs villes, et les mettaient dans la plus
honteuse dépendance; mais ce qui lui fut bien plus glorieux, c'est l'emploi qu'il fit de
cet argent pour apaiser les différends des pauvres et des riches, pour rétablir la
concorde, et rendre à tout le peuple le repos et la sûreté. On ne peut trop admirer sa
modération dans une si grande puissance : nommé seul arbitre absolu pour apaiser
les querelles des bannis, il ne voulut pas accepter un pouvoir si étendu : mais s'étant
associé quinze citoyens, il vint à bout avec eux, après beaucoup de peine et de travail,
de terminer toutes les dissensions, et de rétablir la paix et l'union dans la ville. En
reconnaissance d'un service si important, les citoyens lui décernèrent en commun les
honneurs qu'il méritait; et les bannis en particulier lui érigèrent une statue de bronze,
avec cette inscription en vers élégiaques : "Les conseils généreux et la haute sagesse,
La force redoutable et les exploits divers A qui nous avons dû le salut de la Grèce,
Sont connus, en tous lieux dans ce vaste univers. Mais nous, qui dans le sein d'une
chère patrie Te devons le retour, grand et juste Aratus, Par ce bronze, le fruit d'une
heureuse industrie, Nous voulons consacrer tes sublimes vertus : Parmi les dieux
sauveurs nous plaçons ton image, Cet honneur t'est bien dû : tu fus notre
sauveur; Tu rends à ton pays un gouvernement sage; Tu lui donnes des lois qui
feront son bonheur".
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