[12] Ἐπεὶ δ' οἱ φυγάδες ἦσαν ἀπαρηγόρητοι τοῖς ἔχουσι τὰς
κτήσεις ἐνοχλοῦντες, ἥ τε πόλις ἐκινδύνευεν ἀνάστατος
γενέσθαι, μίαν ὁρῶν ἐλπίδα τὴν Πτολεμαίου φιλανθρωπίαν,
ὥρμησεν ἐκπλεῦσαι καὶ δεηθῆναι τοῦ βασιλέως, ὅπως αὐτῷ
χρήματα συμβάληται πρὸς τὰς (2) διαλύσεις. ἀνήχθη μὲν οὖν
ἀπὸ Μεθώνης ὑπὲρ Μαλέας, ὡς τῷ διὰ πόρου δρόμῳ
χρησόμενος. πρὸς δὲ μέγα πνεῦμα καὶ πολλὴν θάλασσαν ἐκ
πελάγους κατιοῦσαν ἐνδόντος τοῦ κυβερνήτου,
παραφερόμενος μόλις ἥψατο τῆς Ὑδρίας (3) πολεμίας οὔσης·
ἐκρατεῖτο γὰρ ὑπ' Ἀντιγόνου καὶ φυλακὴν εἶχεν· ἣν φθάσας
ἀπέβη, καὶ τὴν ναῦν καταλιπὼν ἀπεχώρησε μακρὰν ἀπὸ
θαλάσσης, ἔχων ἕνα τῶν φίλων σὺν αὑτῷ Τιμάνθη, καὶ
καταβαλόντες ἑαυτοὺς εἴς τινα (4) τόπον ὕλης γέμοντα
χαλεπῶς ἐνυκτέρευον. ὀλίγῳ δ' ὕστερον ὁ φρούραρχος
ἐπελθὼν καὶ ζητῶν τὸν Ἄρατον, ὑπὸ τῶν θεραπόντων
ἐξηπατήθη τῶν ἐκείνου, δεδιδαγμένων λέγειν ὡς εὐθὺς
ἀποδρὰς εἰς Εὔβοιαν ἐξέπλευσε. τὰ μέντοι κομιζόμενα καὶ τὴν
ναῦν καὶ τοὺς θεράποντας (5) ἀπέφηνε πολέμια καὶ κατέσχε.
μετὰ δ' ἡμέρας οὐ πολλὰς ἐν ἀπόροις ὄντι τῷ Ἀράτῳ γίνεταί τις
εὐτυχία, Ῥωμαϊκῆς νεὼς παραβαλούσης κατὰ τὸν τόπον, ἐν ᾧ
τὰ μὲν ἐπὶ σκοπὴν ἀνιών, τὰ δὲ κρυπτόμενος διῆγεν. ἔπλει μὲν
οὖν ἡ ναῦς εἰς Συρίαν, ἐπέβη δὲ πείσας τὸν ναύκληρον ἄχρι
Καρίας διακομισθῆναι· καὶ διεκομίσθη κινδύνοις (6) αὖθις οὐκ
ἐλάττοσι χρησάμενος κατὰ θάλατταν. ἐκ δὲ Καρίας χρόνῳ
πολλῷ περαιωθεὶς εἰς Αἴγυπτον, πατρόθεν τε τῷ βασιλεῖ
διακειμένῳ πρὸς αὐτὸν οἰκείως ἐνέτυχε καὶ τεθεραπευμένῳ
γραφαῖς καὶ πίναξιν ἀπὸ τῆς Ἑλλάδος, ἐν οἷς κρίσιν ἔχων οὐκ
ἄμουσον ὁ Ἄρατος ἀεί τι τῶν τεχνικῶν καὶ περιττῶν, μάλιστα
δὲ Παμφίλου καὶ Μελάνθου, συνάγων καὶ κτώμενος ἀπέστελλεν.
| [12] XIII. Cependant les bannis rentrés dans Sicyone ne se prêtaient à aucune
conciliation, et pressaient vivement la restitution de leurs biens : cette division
menaçait la ville d'une ruine prochaine; et Aratus, qui n'espérait de remède que de la
libéralité de Ptolémée, résolut d'aller trouver ce prince, et de lui demander l'argent
nécessaire pour terminer ces différends. Il s'embarqua donc à Méthone, au-dessus du
promontoire de Malée, pour aller de là droit en Égypte; mais il s'éleva un vent
impétueux, qui poussait les vagues contre son vaisseau avec tant de violence, que le
pilote, s'abandonnant aux flots, fut jeté hors de sa route, et n'aborda qu'avec
beaucoup de peine à Adria, ville ennemie, occupée par Antigonus, qui y tenait
une garnison. Aratus, pour éviter cette ville, se hâta de débarquer; et laissant là son
vaisseau, il s'éloigna de la mer, accompagné d'un seul de ses amis, nommé Timanthe;
ils se jetèrent tous deux dans un bois épais, où ils passèrent une très mauvaise nuit. Il
était à peine sorti du vaisseau, que le commandant de la garnison arriva pour
l'arrêter; mais les domestiques d'Aratus, à qui leur maître avait fait la leçon, le
trompèrent, et lui dirent qu'Aratus avait pris précipitamment la fuite pour se rendre
en Eubée. Le commandant saisit le vaisseau comme ennemi, et le retint avec les
domestiques et les effets: Au bout de quelques jours, Aratus se trouva fort
embarrassé sur le parti qu'il devait prendre; mais par bonheur un vaisseau romain
relâcha près du lieu où il se tenait, tantôt caché, tantôt épiant ce qui se passait. Le
vaisseau faisait voile pour la Syrie : Aratus y monta, après avoir obtenu du patron
qu'il le menât en Carie. Ce second voyage sur mer ne fut pas moins périlleux que le
premier. De Carie il s'embarqua pour l'Égypte, où il n'arriva qu'après une longue
traversée. Il eut sur-le-champ une audience du roi, qu'il trouva très bien disposé, et
dont il avait déjà gagné l'affection par les ouvrages de peinture qu'il lui envoyait de
Grèce. Aratus, bon connaisseur en ce genre, rassemblait les tableaux des meilleurs
maîtres, surtout ceux de Pamphile et de Mélanthe, et les faisait passer à Ptolémée.
|