[6] Διὰ ταῦτα δὴ καλὸν ὁ Ἆγις, ὥσπερ ἦν, ποιούμενος
ἐξισῶσαι καὶ ἀναπληρῶσαι τὴν πόλιν, ἐπειρᾶτο τῶν
ἀνθρώπων. οἱ μὲν οὖν νέοι ταχὺ καὶ παρ' ἐλπίδας ὑπήκουσαν
αὐτῷ καὶ συναπεδύσαντο πρὸς τὴν ἀρετήν, ὥσπερ ἐσθῆτα τὴν
δίαιταν ἐπ' ἐλευθερίᾳ συμμεταβάλλοντες. τῶν δὲ
πρεσβυτέρων, ἅτε δὴ πόρρω διαφθορᾶς γεγονότων, συνέβαινε
τοὺς πλείστους, ὥσπερ ἐπὶ δεσπότην ἀγομένους ἐκ δρασμοῦ,
δεδιέναι καὶ τρέμειν τὸν Λυκοῦργον, καὶ καθήπτοντο τοῦ
Ἄγιδος, ὀδυρομένου τὰ παρόντα πράγματα καὶ τὸ παλαιὸν
ἀξίωμα τῆς Σπάρτης ἐπιποθοῦντος. Λύσανδρος δ' ὁ Λίβυος
καὶ Μανδροκλείδας ὁ Ἐκφάνους, ἔτι δ' Ἀγησίλαος ἀπεδέξαντο
(4) καὶ συμπαρώρμησαν αὐτοῦ τὴν φιλοτιμίαν. ἦν δὲ
Λύσανδρος μὲν ἐν δόξῃ μάλιστα τῶν πολιτῶν, Μανδροκλείδας
δὲ δεινότατος Ἑλλήνων πράγματα συσκευάσασθαι καὶ τὸ
συνετὸν τοῦτο καὶ δολερὸν τόλμῃ μεμειγμένον ἔχων·
Ἀγησίλαον μέν<τοι>, θεῖον ὄντα τοῦ βασιλέως καὶ δυνατὸν
εἰπεῖν, ἄλλως δὲ μαλακὸν καὶ φιλοχρήματον, ἐμφανῶς μὲν ὁ
υἱὸς Ἱππομέδων ἐκίνει καὶ παρεθάρρυνεν, εὐδόκιμος ἐν
πολλοῖς πολέμοις ἀνὴρ καὶ μέγα δι' εὔ(6)νοιαν τῶν νέων
δυνάμενος· ἡ δ' ἀληθῶς ἀναπείσασα τὸν Ἀγησίλαον αἰτία τῶν
πραττομένων μετασχεῖν ὀφλημάτων πλῆθος ἦν, ὧν ἤλπιζεν
ἀπαλλαγήσεσθαι μεταβάλλων (7) τὴν πολιτείαν. ὡς οὖν
τάχιστα προσηγάγετο τοῦτον ὁ Ἆγις, εὐθὺς ἐπιχειρεῖ μετ' αὐτοῦ
τὴν μητέρα πείθειν, ἀδελφὴν οὖσαν τοῦ Ἀγησιλάου, πλήθει δὲ
πελατῶν καὶ φίλων καὶ χρεωστῶν μέγα δυναμένην ἐν τῇ πόλει
καὶ πολλὰ τῶν κοινῶν διαπραττομένην.
| [6] VII.
Agis donc, persuadé avec raison qu'il ne pourrait rien faire de plus utile et de plus
beau que de repeupler la ville et d'y rétablir l'égalité, commença par sonder les
dispositions des Spartiates. Les jeunes gens entrèrent dans ses vues beaucoup plus
promptement qu'il ne l'avait espéré : ils montrèrent le plus grand zèle à embrasser la
vertu, à changer, pour la liberté, leur manière de vivre, aussi facilement qu'on change
d'habit. Mais les plus âgés, qui, vieillis dans la corruption, étaient comme des
esclaves fugitifs qu'on veut ramener à leurs maîtres, frémirent au seul nom de
Lycurgue : ils reprenaient Agis avec humeur lorsqu'il venait déplorer l'état présent
de Sparte, et qu'il regrettait son ancienne dignité. Trois seulement, Lysandre, fils de
Lybis; Mandroclidas, fils d'Ecphanès, et Agésilas, approuvèrent son dessein, et
l'excitèrent à suivre cette louable ambition de réforme. Lysandre était de tous les
Spartiates celui qui avait le plus de considération; Mandroclidas, qui joignait à
beaucoup de prudence et d'adresse une grande audace, était le plus habile des Grecs
à conduire une affaire; Agésilas, oncle du roi, possédait le talent de la parole; mais il
était faible, et fort attaché à ses richesses. Il fut vivement aiguillonné par son fils
Hippomédon, qui s'était fait une grande réputation dans les armées, et à qui
l'affection que lui portaient les jeunes gens donnait un grand crédit. Mais le véritable
motif d'Agésilas, pour entrer dans les vues d'Agis, fut l'espoir que le changement
qu'on projetait dans le gouvernement le déchargerait des dettes immenses qu'il avait
contractées. VIII. Dès qu'Agis l'eut mis dans son parti, il entreprit, avec son secours,
de gagner sa mère, soeur d'Agésilas : la multitude de ses esclaves, le grand nombre
de ses amis et de ses débiteurs, donnaient à cette femme beaucoup d'autorité dans la
ville, et une grande influence sur les affaires.
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