HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies d'Agis et de Cléomène

Chapitre 59

  Chapitre 59

[59] 38. Κλεομένης μὲν οὖν ἑκκαίδεκα τῆς Σπάρτης βασιλεύσας ἔτη καὶ τοιοῦτος ἀνὴρ γενόμενος, οὕτω κατέστρεψε. (2) Τῆς δὲ φήμης εἰς τὴν πόλιν ὅλην σκεδασθείσης, μὲν Κρατησίκλεια, καίπερ οὖσα γενναία γυνή, προὔδωκε τὸ φρόνημα πρὸς τὸ τῆς συμφορᾶς μέγεθος, καὶ περι(3)βαλοῦσα τὰ παιδία τοῦ Κλεομένους ὠλοφύρετο. τῶν δὲ παιδίων τὸ πρεσβύτερον ἀποπηδῆσαν, οὐδενὸς ἂν προσδοκήσαντος, ἀπὸ τοῦ τέγους ἐπὶ κεφαλὴν ἔρριψεν ἑαυτό· καὶ κακῶς μὲν ἔσχεν, οὐ μὴν ἀπέθανεν, ἀλλ' ἤρθη βοῶν (4) καὶ ἀγανακτοῦν ἐπὶ τῷ διακωλύεσθαι τελευτᾶν. δὲ Πτολεμαῖος ὡς ἔγνω ταῦτα, προσέταξε τὸ μὲν σῶμα τοῦ Κλεομένους κρεμάσαι καταβυρσώσαντας, ἀποκτεῖναι δὲ τὰ παιδία καὶ τὴν μητέρα καὶ τὰς περὶ αὐτὴν γυναῖ(5)κας. ἐν δὲ ταύταις ἦν καὶ Παντέως γυνή, καλλίστη καὶ γενναιοτάτη τὸ εἶδος. ἔτι δ' αὐτοῖς νεογάμοις οὖσιν ἐν (6) ἀκμαῖς ἐρώτων αἱ τύχαι συνέβησαν. εὐθὺς μὲν οὖν συνεκπλεῦσαι τῷ Παντεῖ βουλομένην αὐτὴν οὐκ εἴασαν οἱ γονεῖς, ἀλλὰ βίᾳ κατακλείσαντες ἐφύλαττον· ὀλίγῳ δ' ὕστερον ἵππον ἑαυτῇ παρασκευάσασα καὶ χρυσίδιον οὐ πολὺ νυκτὸς ἀπέδρα, καὶ διώξασα συντόνως ἐπὶ Ταίναρον, (7) ἐκεῖθεν ἐπέβη νεὼς εἰς Αἴγυπτον πλεούσης· καὶ διεκομίσθη πρὸς τὸν ἄνδρα καὶ συνδιήνεγκεν αὐτῷ τὸν ἐπὶ ξένης (8) βίον ἀλύπως καὶ ἱλαρῶς. αὕτη τότε τὴν Κρατησίκλειαν ὑπὸ τῶν στρατιωτῶν ἐξαγομένην ἐχειραγώγει, τόν τε πέπλον αὐτῆς ὑπολαμβάνουσα καὶ θαρρεῖν παρακαλοῦσα, μηδέν τι μηδ' αὐτὴν ἐκπεπληγμένην τὸν θάνατον, ἀλλ' (9) ἓν μόνον αἰτουμένην, πρὸ τῶν παιδίων ἀποθανεῖν. ἐπεὶ δ' ἦλθον εἰς τὸν τόπον ἐν ταῦτα δρᾶν εἰώθεσαν οἱ ὑπηρέται, πρῶτον μὲν τὰ παιδία τῆς Κρατησικλείας ὁρώσης ἔσφαττον, εἶτ' ἐκείνην, ἓν τοῦτο μόνον ἐπὶ τηλικούτοις φθεγξαμένην πάθεσιν· " τέκνα, ποῖ (10) ἐμόλετε;" δὲ Παντέως γυνὴ περιζωσαμένη τὸ ἱμάτιον, εὔρωστος οὖσα καὶ μεγάλη, τῶν ἀποθνῃσκουσῶν ἑκάστην σιωπῇ καὶ μεθ' ἡσυχίας ἐθεράπευε καὶ περιέστελλεν ἐκ τῶν ἐνδεχομένων. τέλος δὲ μετὰ πάσας ἑαυτὴν κοσμήσασα καὶ καταγαγοῦσα τὴν περιβολήν, καὶ μηδένα προσελθεῖν ἐάσασα μηδὲ θιγεῖν ἄλλον τὸν ἐπὶ τῆς σφαγῆς τεταγμένον, ἡρωικῶς κατέστρεψεν, οὐδενὸς δεηθεῖσα κοσμοῦντος καὶ περικαλύπτοντος μετὰ τὴν (12) τελευτήν. οὕτω παρέμεινε τῷ θανάτῳ τὸ κόσμιον τῆς ψυχῆς, καὶ διεφύλαξεν ἣν ζῶσα φρουρὰν τῷ σώματι περιέθηκεν. [59] LXX. Ainsi périt Cléomène, après avoir occupé seize ans le trône de Sparte, et s'y être montré aussi grand que nous venons de le peindre. Lorsque la nouvelle de sa mort se fut répandue dans la ville, tout le courage, toute la fermeté de sa mère Cratésicléa ne purent la soutenir contre un si grand malheur; elle prit dans ses bras les enfants de Cléomène, et les arrosa de ses larmes, en déplorant son infortune. L'aîné de ces enfants s'étant dégagé de ses bras, monta sur le toit, sans que personne s'en doutât, et se précipita la tête la première. Il fut tout meurtri de sa chute; mais il n'en mourut pas : on l'emporta malgré ses cris, furieux de ce qu'on l'empêchait de mourir. Ptolémée, ayant appris tout ce qui venait de se passer, ordonna qu'on mît en croix le corps de Cléomène, enfermé dans un sac de cuir; qu'on fit mourir ses enfants, sa mère, et toutes les femmes qu'elle avait auprès d'elle. De ce nombre était l'épouse de Pantéas, femme d'une beauté et d'une taille admirables. Il n'y avait pas longtemps qu'elle avait épousé Pantéas ; et ils étaient dans les premiers feux de leur tendresse, lorsqu'ils eurent une destinée si funeste. Elle avait voulu s'embarquer avec son mari lorsqu'il partit de Lacédémone; ses parents s'y opposèrent, et ayant employé la violence pour l'enfermer, ils la gardaient avec soin : mais, quelques jours après, elle parvint à se procurer un cheval avec un peu d'argent, et, s'échappant la nuit, elle courut à toute bride vers le port de Ténare, monta sur un vaisseau qui faisait voile pour l'Égypte, et se rendit auprès de son mari, où elle supporta avec beaucoup de douceur et même de gaieté toutes les peines de l'exil dans une terre étrangère. Quand les soldats menèrent Cratésicléa au supplice, elle la soutint, et l'aidant à porter sa robe, elle encourageait cette reine, qui d'ailleurs d'elle-même n'avait aucune frayeur de la mort, et demandait seulement qu'on la fit mourir avant ses petits-fils : mais lorsqu'elle fut arrivée au lieu de l'exécution, on égorgea d'abord ses enfants à ses yeux; on la fit mourir ensuite, sans que, dans un malheur si affreux, il lui échappât d'autre parole que celle-ci : « O mes enfants, où étiez-vous venus! » LXXI. La femme de Pantéas, qui était grande et forte, s'étant ceinte de sa robe, prit soin, sans rien dire et sans donner aucun signe de trouble, d'envelopper, avec ce qu'elle avait de linge, le corps de chacune de ces femmes à mesure qu'elles étaient exécutées. Enfin, elle ajusta elle-même sa robe, la baissa jusqu'à ses pieds, et ne souffrit pas qu'aucun autre que l'exécuteur l'approchât ou la vît. Elle mourut en héroïne, sans avoir besoin, après sa mort, que personne la couvrît ou l'enveloppât : tant elle sut conserver, jusque dans la mort même, la pudeur de son âme, et environner son corps de ce voile de décence qui l'avait défendue toute sa vie!


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Dernière mise à jour : 20/09/2007