[55] 34. Ναῦς μὲν οὖν αἰτῶν καὶ στρατιὰν ἀπεῖπε·
πυνθανόμενος δὲ τεθνάναι τὸν Ἀντίγονον, Αἰτωλικῷ δὲ
πολέμῳ συμπεπλέχθαι τοὺς Ἀχαιούς, τὰ δὲ πράγματα ποθεῖν
αὐτὰ καὶ παρακαλεῖν ἐκεῖνον, ἐν ταραχῇ καὶ διασπασμῷ τῆς
Πελοποννήσου γεγενημένης, ἠξίου μὲν (2) μόνος ἀποσταλῆναι
μετὰ τῶν φίλων, ἔπειθε δ' οὐδένα, τοῦ μὲν βασιλέως οὐκ
εἰσακούοντος, ἀλλ' ἐν γυναιξὶ καὶ θιάσοις καὶ κώμοις
συνέχοντος ἑαυτόν, ὁ δὲ τῶν ὅλων προεστηκὼς καὶ
προβουλεύων Σωσίβιος μένοντα μὲν τὸν Κλεομένη παρὰ
γνώμην ἡγεῖτο δυσμεταχείριστον εἶναι καὶ φοβερόν,
<φοβερώτερον δ'> ἀφεθέντα, τολμηρὸν ἄνδρα καὶ
μεγαλοπράγμονα καὶ τῆς βασιλείας νοσούσης θεατὴν (3)
γεγενημένον. οὐδὲ γὰρ αἱ δωρεαὶ κατεπράυνον αὐτόν, ἀλλ'
ὥσπερ τὸν Ἆπιν ἐν ἀφθόνοις διαιτώμενον καὶ τρυφᾶν δοκοῦντα
τοῦ κατὰ φύσιν βίου καὶ δρόμων ἀφέτων καὶ σκιρτήσεων ἵμερος
ἔχει, καὶ δῆλός ἐστι δυσανασχετῶν τὴν ἐν ταῖς χερσὶ τῶν
ἱερέων διατριβήν, οὕτως ἐκεῖνον οὐδὲν ἤρεσκε τῶν μαλθακῶν,
ἀλλὰ φθινύθεσκε φίλον κῆρ,
ὥσπερ Ἀχιλλεύς,
αὖθι μένων, ποθέεσκε δ' ἀυτήν τε πτόλεμόν τε.
| [55] LXV. Il s'était enfin lassé de demander
des vaisseaux et des troupes, lorsqu'il apprit qu'Antigonus était mort,
que les Achéens avaient sur les bras la guerre des Étoliens, et que tout le
Péloponèse était dans le trouble et dans la discorde. Voyant alors que l'état des
affaires exigeait sa présence et le rappelait en Grèce, il demanda qu'on le laissât partir
seul avec ses amis : mais il ne fut écouté de personne; il ne put même obtenir une
audience du roi, qui passait sa vie avec des femmes, dans les jeux et dans la
débauche. Sosibius, qui gouvernait et dirigeait seul toutes les affaires, sentait bien
que retenir Cléomène malgré lui, serait le rendre dangereux et intraitable; et qu'en le
renvoyant on avait tout à craindre de son audace, de son ambition, et de la
connaissance qu'il avait prise en Égypte des maladies du gouvernement. Tous les
présents qu'on pouvait lui faire ne l'adoucissaient pas; et comme le boeuf Apis,
malgré la pâture la plus abondante et la plus recherchée, conserve toujours le désir
d'aller courir et bondir dans les prairies, d'y suivre ses inclinations naturelles, et
montre le déplaisir qu'il a d'être toujours sous la main du prêtre à qui la garde en est
confiée, ainsi Cléomène ne pouvait se plaire à la vie molle qu'il était obligé de
mener; et, comme Achille, dans Homère, "Il languissait toujours plongé dans la
douleur : Cependant il brûlait d'exercer son courage, Et de porter partout la mort et
le carnage".
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