| [56] 35. Τοιούτων δὲ τῶν κατ' αὐτὸν ὄντων πραγμάτων, 
ἀφικνεῖται Νικαγόρας ὁ Μεσσήνιος εἰς Ἀλεξάνδρειαν, ἀνὴρ 
μισῶν μὲν τὸν Κλεομένη, προσποιούμενος δὲ φίλος εἶναι· 
χωρίον γάρ ποτε καλὸν αὐτῷ πεπρακώς, δι' ἀπορίαν <δ'> οἶμαι 
καὶ δι' ἀσχολίαν ὡς ἔοικε καὶ διὰ πολέμους οὐκ (2) ἀπειληφὼς 
τὸ ἀργύριον. τοῦτον οὖν ἐκβαίνοντα τότε τῆς ὁλκάδος ἰδὼν ὁ 
Κλεομένης -- ἔτυχε γὰρ ἐν τῇ κρηπῖδι τοῦ λιμένος περιπατῶν -- 
ἠσπάζετο προθύμως, καὶ τίς (3) αὐτὸν εἰς Αἴγυπτον ἄγοι 
πρόφασις ἠρώτα. τοῦ δὲ Νικαγόρου φιλοφρόνως 
ἀντασπαζομένου, καὶ φήσαντος ἵππους ἄγειν τῷ βασιλεῖ 
καλοὺς τῶν πολεμιστηρίων, γελάσας ὁ Κλεομένης "ἐβουλόμην 
ἄν" ἔφη "σε μᾶλλον ἥκειν ἄγοντα σαμβυκιστρίας καὶ κιναίδους· 
ταῦτα γὰρ νῦν μάλιστα (4) κατεπείγει τὸν βασιλέα." καὶ ὁ 
Νικαγόρας τότε μὲν ἐμειδίασεν· ἡμέραις δ' ὕστερον ὀλίγαις 
ὑπομνήσας τοῦ χωρίου τὸν Κλεομένη, νῦν γοῦν ἐδεῖτο τὴν 
τιμὴν ἀπολαβεῖν, ὡς οὐκ ἂν ἐνοχλήσας εἰ μὴ περὶ τὴν τῶν 
φορτίων (5) διάθεσιν μετρίως ἐζημιοῦτο. τοῦ δὲ Κλεομένους 
φήσαντος οὐδὲν αὐτῷ περιεῖναι τῶν δεδομένων, λυπηθεὶς ὁ 
Νικαγόρας ἐκφέρει τῷ Σωσιβίῳ τὸ σκῶμμα τοῦ Κλεομένους. (6) 
ὁ δὲ καὶ τοῦτο μὲν ἀσμένως ἔλαβεν, ἐκ δὲ μείζονος αἰτίας τὸν 
βασιλέα παροξῦναι ζητῶν, ἔπεισε τὸν Νικαγόραν ἐπιστολὴν 
γράψαντα κατὰ τοῦ Κλεομένους ἀπολιπεῖν, ὡς ἐγνωκότος, εἰ 
λάβοι τριήρεις καὶ στρατιώτας παρ' αὐτοῦ, (7) Κυρήνην 
κατασχεῖν. ὁ μὲν οὖν Νικαγόρας ταῦτα γράψας ἀπέπλευσε· τοῦ 
δὲ Σωσιβίου μετὰ τέσσαρας ἡμέρας τὴν ἐπιστολὴν πρὸς τὸν 
Πτολεμαῖον ἀνενεγκόντος ὡς ἀρτίως αὐτῷ δεδομένην, καὶ 
παροξύναντος τὸ μειράκιον, ἔδοξεν εἰς οἰκίαν μεγάλην 
εἰσαγαγεῖν τὸν Κλεομένη, καὶ τὴν ἄλλην ὁμοίως παρέχοντας 
δίαιταν ἐξόδων εἴργειν.
 | [56] LXVI. Telle était la situation de Cléomène en Égypte, lorsque Nicagoras 
de Messène vint à Alexandrie. Cet homme, qui haïssait Cléomène, conservait 
avec lui les dehors de l'amitié. Il lui avait vendu autrefois une maison de campagne 
fort belle, que le défaut d'argent ou de loisir, ou peut-être les embarras de la guerre, 
avaient empêché Cléomène de lui payer. Ce prince, en se promenant sur le quai qui 
bordait le port, vit débarquer Nicagoras; il alla le saluer avec amitié, et lui demanda 
quelles étaient les affaires qui l'amenaient en Égypte. Nicagoras lui ayant donné des 
témoignages d'affection, lui dit qu'il amenait au roi de très-beaux chevaux de bataille. 
"J'aimerais mieux, lui répondit Cléomène en riant, que tu lui eusses amené des 
chanteuses et des baladins; car voilà ce qui seul intéresse aujourd'hui le roi". 
Nicagoras ne fit dans le moment que sourire à ce propos : quelques jours après il le fit 
souvenir de la maison de campagne qu'il lui avait vendue, et le pria de lui en 
compter le prix tout de suite, l'assurant qu'il ne l'aurait pas importuné de cette 
demande, s'il n'avait fait une perte considérable sur sa cargaison. Cléomène lui ayant 
répondu qu'il ne lui restait rien sur la pension que le roi lui donnait, Nicagoras, 
mécontent de ce refus, alla rapporter à Sosibius la raillerie de Cléomène. Sosibius 
écouta ce rapport avec plaisir; et, pour avoir un sujet plus grave d'irriter le roi, il 
persuada à Nicagoras de laisser, en partant, une lettre dans laquelle il accuserait 
Cléomène d'avoir formé le dessein d'aller, avec les vaisseaux et les troupes que le roi 
lui donnerait, s'emparer de Syrène. Nicagoras écrivit la lettre, et s'embarqua. Quatre 
jours après, Sosibius remit la lettre au roi comme s'il venait de la recevoir; et il irrita 
tellement ce jeune prince, qu'il donna sur-le-champ l'ordre d'enfermer Cléomène 
dans une maison spacieuse, où sa pension lui serait toujours payée, mais d'où on lui 
ôterait tout moyen de s'échapper. 
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