[51] 30. Ὁ δ' Ἀντίγονος ἐξ ἐφόδου παραλαβὼν τὴν πόλιν
καὶ χρησάμενος τοῖς Λακεδαιμονίοις φιλανθρώπως, καὶ τὸ
ἀξίωμα τῆς Σπάρτης οὐ προπηλακίσας οὐδ' ἐνυβρίσας, ἀλλὰ
καὶ νόμους καὶ πολιτείαν ἀποδοὺς καὶ τοῖς θεοῖς θύσας,
ἀνεχώρησεν ἡμέρᾳ τρίτῃ, πυθόμενος ἐν Μακεδονίᾳ πολὺν
πόλεμον εἶναι καὶ πορθεῖσθαι τὴν χώραν ὑπὸ τῶν
βαρβάρων. ἤδη δὲ καὶ τὸ νόσημα κατεῖχεν αὐτόν, εἰς φθίσιν
ἐκβεβηκὸς ἰσχυρὰν καὶ (3) κατάρρουν σύντονον. οὐ μὴν
ἀπεῖπεν, ἀλλ' ἀντήρκεσε πρὸς τοὺς οἰκείους ἀγῶνας, ὅσον ἐπὶ
νίκῃ μεγίστῃ καὶ φόνῳ πλείστῳ τῶν βαρβάρων εὐκλεέστερον
ἀποθανεῖν, ὡς μὲν εἰκός ἐστι καὶ λέγουσιν οἱ περὶ Φύλαρχον,
αὐτῇ τῇ περὶ τὸν ἀγῶνα κραυγῇ τὸ σῶμα προσαναρρήξας· ἐν
δὲ ταῖς σχολαῖς ἦν ἀκούειν, ὅτι βοῶν μετὰ τὴν νίκην ὑπὸ χαρᾶς
"ὦ καλῆς ἡμέρας" πλῆθος αἵματος ἀνήγαγε καὶ πυρέξας
συντόνως ἐτελεύτησε. ταῦτα μὲν τὰ περὶ Ἀντίγονον.
| [51] LX. Antigonus s'étant rendu, en arrivant, maître de Sparte, en traita les
habitants avec humanité : loin d'outrager et d'avilir la dignité de la ville, il lui
conserva ses lois et son gouvernement, fit des sacrifices aux dieux, et en partit le
troisième jour : il avait appris que la Macédoine éprouvait tous les maux de la guerre,
et que les Barbares mettaient le pays à feu et à sang. D'ailleurs il était déjà attaqué
d'une maladie grave, qui se termina par une phthisie générale et une entière
dissolution du sang. Cependant il ne se laissa pas dominer par la violence du mal, il
conserva assez de force pour livrer dans son royaume de nouveaux combats, et
mourir glorieusement au sein de la victoire, après avoir défait et taillé en pièces les
Barbares. Phylarque ajoute, avec assez de vraisemblance, que, dans la chaleur du
combat, il fit de si grands efforts de voix, que ses poumons crevèrent. On disait aussi
dans les écoles qu'après sa victoire, en criant avec force, dans les transports de sa
joie : « O la belle journée ! » il lui prit une hémorragie, suivie d'une fièvre violente qui
l'emporta. Voilà ce que j'avais à dire d'Antigonus.
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