[49] 28. Καὶ θαυμαστὸν μὲν ἐν τῷ κινδύνῳ παρασχὼν
ἑαυτὸν στρατηγόν, ἐκθύμοις δὲ χρησάμενος τοῖς πολίταις, οὐ
μὴν οὐδὲ τῶν ξένων μεμπτῶς ἀγωνισαμένων, τῷ τρόπῳ τῆς
ὁπλίσεως καὶ τῷ βάρει τῆς ὁπλιτικῆς φάλαγ(2)γος ἐξεθλίβη.
Φύλαρχος δὲ καὶ προδοσίαν γενέσθαι φησὶ τὴν μάλιστα τῷ
Κλεομένει τὰ (3) πράγματα διεργασαμένην. τοῦ γὰρ Ἀντιγόνου
τοὺς Ἰλλυριοὺς καὶ τοὺς Ἀκαρνᾶνας ἐκπεριελθεῖν κρύφα
κελεύσαντος καὶ κυκλώσασθαι θάτερον κέρας, ἐφ' οὗ
τεταγμένος ἦν Εὐκλείδας ὁ τοῦ Κλεομένους ἀδελφός, εἶτα τὴν
ἄλλην ἐπὶ μάχῃ δύναμιν ἐκτάττοντος, ἀπὸ σκοπῆς θεωρῶν ὁ
Κλεομένης, ὡς οὐδαμοῦ τὰ ὅπλα τῶν Ἰλλυριῶν καὶ τῶν
Ἀκαρνάνων κατεῖδεν, ἐφοβήθη μὴ πρός τι (4) τοιοῦτον αὐτοῖς ὁ
Ἀντίγονος κέχρηται. καλέσας δὲ Δαμοτέλη τὸν ἐπὶ τῆς
κρυπτείας τεταγμένον, ὁρᾶν ἐκέλευσε καὶ ζητεῖν, ὅπως ἔχει τὰ
κατὰ νώτου καὶ κύκλῳ τῆς (5) παρατάξεως. τοῦ δὲ Δαμοτέλους
-- ἦν γὰρ ὡς λέγεται χρήμασι πρότερον ὑπ' Ἀντιγόνου
διεφθαρμένος -- ἀμελεῖν ἐκείνων εἰπόντος ὡς καλῶς ἐχόντων,
τοῖς δὲ συνάπτουσιν ἐξ ἐναντίας προσέχειν καὶ τούτους
ἀμύνεσθαι, πιστεύσας ἐπὶ τὸν Ἀντίγονον ἐχώρει, καὶ τῇ ῥύμῃ
τῶν περὶ αὐτὸν Σπαρτιατῶν ὠσάμενος τὴν φάλαγγα τῶν
Μακεδόνων ἐπὶ πέντε που σταδίους ὑποχωρούντων,
ἐκβιαζόμενος καὶ (6) κρατῶν ἠκολούθησεν. εἶτα τῶν περὶ τὸν
Εὐκλείδαν ἀπὸ θατέρου κυκλωθέντων, ἐπιστὰς καὶ κατιδὼν
τὸν κίνδυνον "οἴχῃ μοι φίλτατ' ἀδελφέ" εἶπεν, "οἴχῃ, γενναῖος
ὢν καὶ (7) παισὶ ζηλωτὸς Σπαρτιατῶν καὶ γυναιξὶν ἀοίδιμος."
οὕτω δὲ τῶν περὶ τὸν Εὐκλείδαν ἀναιρεθέντων, καὶ τῶν ἐκεῖθεν
ὡς ἐκράτουν ἐπιφερομένων, ταραττομένους ὁρῶν τοὺς
στρατιώτας καὶ μένειν οὐκέτι τολμῶντας, ἔσῳζεν ἑαυτόν. (8)
ἀποθανεῖν δὲ καὶ τῶν ξένων <τοὺς> πολλοὺς λέγουσι καὶ
<τοὺς> Λακεδαιμονίους ἅπαντας πλὴν διακοσίων,
ἑξακισχιλίους ὄντας.
| [49] Ce n'est pas que, dans une situation si périlleuse, il n'eût montré une capacité
admirable; ses Spartiates y firent paraître le plus grand courage, et il n'eut rien à
reprocher aux troupes étrangères qu'il avait à sa solde : sa défaite ne vint que de la
supériorité de l'armure ennemie et du poids de la phalange macédonienne. LVIII. Il
est vrai que, suivant Phylarque, la trahison fut la principale cause du désastre de
Cléomène. Antigonus avait donné l'ordre aux Illyriens et aux Acarnaniens qui
servaient dans son armée d'étendre secrètement leurs bataillons, pour envelopper
une des ailes de Cléomène, que commandait son frère Euclidas, pendant que
lui-même rangerait le reste de ses troupes en bataille. Cléomène, qui de la hauteur où il
était placé observait tout avec soin, ne voyant nulle part les armes des Illyriens et des
Acarnaniens, craignit qu'Antigonus ne les fit servir à quelque stratagème. Il fit donc
appeler Damotélès, qui était chargé de veiller aux embûches que l'ennemi pourrait
dresser, et lui donna l'ordre de tout examiner, et de voir, en faisant le tour de l'armée,
en quel état étaient ses derrières. Damotélès, déjà corrompu, dit-on, par l'argent
d'Antigonus, lui répondit qu'il fût tranquille sur les derrières de l'armée, que tout y
allait bien, et qu'il ne songeât qu'à pousser vigoureusement ceux qu'il avait devant
lui. Cléomène, d'après cette assurance, marcha contre Antigonus, et, secondé par
l'ardeur impétueuse de ses Spartiates, il repoussa la phalange macédonienne jusqu'à
la distance de cinq stades, en la pressant toujours avec la plus grande vigueur. Mais
tout à coup il aperçut à l'autre aile son frère Euclidas enveloppé par les troupes qu'on
avait mises en embuscade; et voyant le danger où était cette aile, il s'écria : « Tu es
perdu, ô mon frère, tu es perdu! mais tu meurs au moins en homme de coeur : ta
mort sera le plus bel exemple à proposer à nos jeunes Spartiates, et le plus, digne
sujet des chants de nos femmes. » Euclidas et l'aile qu'il commandait furent
taillés en pièces; et ceux qui les avaient défaits revinrent sur Cléomème, qui, voyant
ses soldats effrayés et hors d'état de faire aucune résistance, se sauva par la fuite. Il
périt, en cette occasion, la plus grande partie des troupes étrangères; et de six mille
Lacédémoniens, il n'en échappa que deux cents.
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