[47] 26. Ὀλίγῳ δ' ὕστερον αὖθις εἰς Τεγέαν ἀκούσας
προϊέναι τὸν Ἀντίγονον, ὡς ἐκεῖθεν εἰς τὴν Λακωνικὴν
ἐμβαλοῦντα, ταχὺ τοὺς στρατιώτας ἀναλαβὼν καὶ καθ' ἑτέρας
ὁδοὺς παραλλάξας, ἅμ' ἡμέρᾳ πρὸς τῇ πόλει τῶν Ἀργείων
ἀνεφάνη, πορθῶν τὸ πεδίον καὶ τὸν σῖτον οὐ κείρων, ὥσπερ οἱ
λοιποί, δρεπάναις καὶ μαχαίραις, ἀλλὰ κόπτων ξύλοις
μεγάλοις εἰς σχῆμα ῥομφαίας ἀπειργασμένοις, <οἷς> ὡς ἐπὶ
παιδιᾷ χρωμένους ἐν τῷ πορεύεσθαι σὺν μηδενὶ πόνῳ πάντα
συγκατατρῖψαι καὶ διαφθεῖραι (2) τὸν καρπόν. ὡς μέντοι κατὰ
τὴν Κυλλάραβιν γενόμενοι τὸ γυμνάσιον ἐπεχείρουν
προσφέρειν πῦρ, ἐκώλυσεν, ὡς καὶ τῶν περὶ Μεγάλην πόλιν ὑπ'
ὀργῆς μᾶλλον ἢ καλῶς (3) αὐτῷ πεπραγμένων. τοῦ δ'
Ἀντιγόνου πρῶτον μὲν εὐθὺς εἰς Ἄργος ἀναχωρήσαντος,
ἔπειτα τὰ ὄρη καὶ τὰς ὑπερβολὰς πάσας φυλακαῖς
καταλαβόντος, ἀμελεῖν καὶ καταφρονεῖν προσποιούμενος
ἔπεμψε κήρυκας, τὰς κλεῖς ἀξιῶν τοῦ Ἡραίου λαβεῖν, ὅπως
ἀπαλλάττοιτο τῇ θεῷ (4) θύσας. οὕτω δὲ παίξας καὶ
κατειρωνευσάμενος καὶ τῇ θεῷ θύσας ὑπὸ τὸν νεὼν
κεκλεισμένον, ἀπήγαγεν εἰς (5) Φλιοῦντα τὸν στρατόν. ἐκεῖθεν
δὲ τοὺς φρουροῦντας τὸν Ὀλύγυρτον ἐξελάσας, κατέβη παρὰ
τὸν Ὀρχομενόν, οὐ μόνον τοῖς πολίταις φρόνημα καὶ θάρσος
ἐμπεποιηκώς, ἀλλὰ καὶ τοῖς πολεμίοις ἀνὴρ ἡγεμονικὸς δοκῶν
εἶναι καὶ (6) πραγμάτων μεγάλων ἄξιος. τὸ γὰρ ἐκ μιᾶς πόλεως
ὁρμώμενον ὁμοῦ τῇ Μακεδόνων δυνάμει καὶ Πελοποννησίοις
ἅπασι καὶ χορηγίᾳ βασιλικῇ πολεμεῖν, (καὶ) μὴ μόνον ἄθικτον
διαφυλάττοντα τὴν Λακωνικήν, ἀλλὰ καὶ χώραν κακῶς
ποιοῦντα τὴν ἐκείνων καὶ πόλεις αἱροῦντα τηλικαύτας, οὐ τῆς
τυχούσης ἐδόκει δεινότητος εἶναι καὶ μεγαλοφροσύνης.
| [47] LV. Peu de jours après,
sur l'avis qu'il reçut qu'Antigonus s'avançait vers Tégée pour se jeter ensuite
dans la Laconie, il rassemble promptement ses troupes, et, prenant un autre chemin,
qui déroba sa marche aux ennemis, il parut, dès le point du jour, aux portes d'Argos,
et fit le dégât dans toute la campagne, non en sciant le blé avec des faucilles ou des
épées, comme on fait ordinairement, mais en l'abattant avec de longues perches en
forme d'épées recourbées ; en sorte que ses soldats, en paraissant jouer dans leur
marche, détruisaient sans peine tous les blés. Lorsqu'ils furent près du gymnase
appelé Cyllarabis, ils voulurent y mettre le feu; mais Cléomène les en empêcha, en
leur disant que ce qu'il avait fait à Mégalopolis avait été la suite de son emportement,
et n'était pas une action louable. Antigonus, après être d'abord retourné à Argos, alla
ensuite occuper les hauteurs et les défilés, qu'il garnit de troupes. Cléomène, feignant
de n'en tenir aucun compte et de le mépriser, lui envoya demander par des hérauts
les clefs du temple de Junon, parce que, disait-il, il voulait, avant de s'en retourner,
faire un sacrifice à la déesse. Après s'être ainsi moqué d'Antigonus, et avoir sacrifié à
Junon au bas du temple qu'il trouva fermé, il mena son armée à Phliunte. De là, il
alla chasser la garnison d'Ologonte, et passa le long d'Orchomène. Tant de succès
relevèrent la confiance et le courage de ses concitoyens et donnèrent aux ennemis
eux-mêmes la plus haute idée de son talent pour commander, et de sa capacité pour
conduire les plus grandes affaires. Avoir soutenu avec les forces d'une seule ville une
guerre assez longue contre la puissance des Macédoniens et contre tous les peuples
du Péloponèse, aidés de toutes les richesses d'un roi, sans que jamais la Laconie eût
été exposée à la moindre insulte, tandis qu'il ravageait les terres des ennemis et leur
enlevait les villes les plus considérables, ce n'était pas l'ouvrage d'une habileté et
d'une magnanimité communes.
|