[38] 17. Ἐλθόντων δὲ <τῶν> Ἀχαιῶν εἰς Ἄργος αὖθις ἐπὶ τὸν
σύλλογον, καὶ τοῦ Κλεομένους ἐκ Τεγέας καταβεβηκότος, ἐλπὶς
ἦν πολλὴ τῶν ἀνθρώπων ἔσεσθαι τὴν διάλυσιν. ὁ δ' Ἄρατος,
ἤδη διωμολογημένων αὐτῷ πρὸς τὸν Ἀντίγονον τῶν μεγίστων,
φοβούμενος τὸν Κλεομένη μὴ πάντα διαπράξηται
καθομιλήσας τὸ πλῆθος ἢ καὶ βιασάμενος, ἠξίου λαβόντα
τριακοσίους ὁμήρους μόνον εἰσιέναι πρὸς αὐτούς, ἢ κατὰ
γυμνάσιον ἔξωθεν τὸ Κυλλαράβιον προσελθόντα μετὰ τῆς
δυνάμεως δια(3)λέγεσθαι. ταῦτ' ἀκούσας ὁ Κλεομένης ἄδικα
πάσχειν ἔφασκε· δεῖν γὰρ εὐθὺς αὐτῷ τότε προειπεῖν, οὐ νῦν,
ἥκοντος ἐπὶ τὰς θύρας τὰς ἐκείνων, ἀπιστεῖν καὶ
ἀπ(4)ελαύνειν. γράψας δὲ περὶ τούτων ἐπιστολὴν πρὸς τοὺς
Ἀχαιούς, ἧς ἦν τὸ πλεῖστον Ἀράτου κατηγορία, πολλὰ δὲ καὶ
τοῦ Ἀράτου λοιδορήσαντος αὐτὸν πρὸς τὸ πλῆθος, ἀνέζευξε διὰ
ταχέων καὶ κήρυκα πόλεμον προεροῦντα τοῖς Ἀχαιοῖς ἔπεμψεν,
οὐκ εἰς Ἄργος, ἀλλ' εἰς Αἴγιον, ὥς φησιν Ἄρτος, ὅπως φθάσῃ
τὴν (5) παρασκευὴν αὐτῶν. ἐγεγόνει δὲ κίνημα τῶν Ἀχαιῶν, καὶ
πρὸς ἀπόστασιν ὥρμησαν αἱ πόλεις, τῶν μὲν δήμων νομήν τε
χώρας καὶ χρεῶν ἀποκοπὰς ἐλπισάντων, τῶν δὲ πρώτων
πολλαχοῦ βαρυνομένων τὸν Ἄρατον, ἐνίων δὲ καὶ δι' ὀργῆς
ἐχόντων ὡς ἐπάγοντα τῇ Πελοποννήσῳ Μακεδόνας. διὸ
τούτοις ἐπαρθεὶς ὁ Κλεομένης εἰς Ἀχαΐαν ἐνέβαλε· καὶ πρῶτον
μὲν εἷλε Πελλήνην ἐξαπίνης ἐπιπεσὼν καὶ τοὺς φρουροῦντας
ἐξέβαλε (μετὰ) τῶν Ἀχαιῶν· μετὰ δὲ ταῦτα Φενεὸν
προσηγάγετο καὶ Πεντέλειον. (7) ἐπεὶ δὲ φοβηθέντες οἱ Ἀχαιοὶ
προδοσίαν τινὰ πραττομένην ἐν Κορίνθῳ καὶ Σικυῶνι τοὺς
ἱππεῖς καὶ τοὺς ξένους ἀπέστειλαν ἐξ Ἄργους ἐκεῖ
παραφυλάξοντας, αὐτοὶ δὲ τὰ Νέμεια καταβάντες εἰς Ἄργος
ἦγον, ἐλπίσας, ὅπερ ἦν, ὁ Κλεομένης ὄχλου πανηγυρικοῦ καὶ
θεατῶν τὴν πόλιν γέμουσαν ἀπροσδοκήτως ἐπελθὼν μᾶλλον
ταράξειν, νυκτὸς ἦγε πρὸς τὰ τείχη τὸ στράτευμα, (8) καὶ τὸν
περὶ τὴν Ἀσπίδα τόπον καταλαβὼν ὑπὲρ τοῦ θεάτρου χαλεπὸν
ὄντα καὶ δυσπρόσοδον, οὕτως τοὺς ἀνθρώπους ἐξέπληξεν,
ὥστε μηδένα τραπέσθαι πρὸς ἀλκήν, ἀλλὰ καὶ φρουρὰν λαβεῖν
καὶ δοῦναι τῶν πολιτῶν ὁμήρους εἴκοσι καὶ γενέσθαι
συμμάχους Λακεδαιμονίων, ἔχοντος ἐκείνου τὴν ἡγεμονίαν.
| [38] XLII. Les Achéens s'étant de nouveau rendus à Argos, où toute la ligue
achéenne devait se rassembler, et Cléomène y étant venu de Tégée, on conçut les plus
grandes espérances de la paix. Mais Aratus, qui était déjà d'accord avec Antigonus
des principaux articles de leur traité, et qui craignait que Cléomène, ou par
persuasion ou par force, n'entraînât le peuple à renverser tout ce qu'il avait fait, lui fit
proposer d'entrer seul dans Argos, après avoir reçu trois cents otages pour sa sûreté;
ou, s'il l'aimait mieux, de s'approcher, avec son armée, du gymnase appelé
Cyllabarium, où l'on traiterait avec lui. Cléomène se récria contre l'injustice de cette
proposition ; c'était, disait-il, avant l'assemblée, et non lorsqu'il était aux portes de la
ville, qu'on devait lui montrer cette défiance, et rompre la négociation. Il écrivit aux
Achéens une lettre qui ne contenait guère que des accusations contre Aratus. Celui-ci,
de son côté, n'épargna pas Cléomène dans le discours qu'il fit au peuple, et l'accabla
d'injures. XLIII. Cléomène décampa promptement, et envoya en même temps un
héraut aux Achéens, non à Argos, mais à Égium, comme l'écrit Aratus, déclarer la
guerre aux Achéens, dans le dessein de les surprendre avant qu'ils eussent fait leurs
préparatifs. Cette déclaration de guerre excita de grands troubles parmi les Achéens :
plusieurs villes songèrent à se séparer de la ligue; le peuple, parce qu'il espérait le
partage des terres et l'abolition des dettes; les principaux citoyens, parce qu'ils
supportaient avec peine la domination d'Aratus, et que quelques-uns étaient
indignés qu'il eût appelé les Macédoniens dans le Péloponèse. Cléomène, dont ces
divisions augmentèrent la confiance, entra en armes dans l'Achaïe, prit d'emblée la
ville de Pallène, d'où il chassa la garnison des Achéens, et s'empara ensuite de
Phénée et de Pentélie. Les Achéens, craignant une trahison qui se tramait à Corinthe
et à Sicyone, envoyèrent d'Argos un corps de cavalerie et d'infanterie étrangère, pour
garder ces deux villes; et ils se rendirent eux-mêmes à Argos, pour y célébrer les jeux
néméens. Cléomène espérant, avec raison, que s'il attaquait brusquement et sans être
attendu une ville remplie d'un peuple nombreux qui n'était occupé que de spectacles,
il y jetterait le plus grand effroi, s'approcha la nuit d'Argos avec son armée, et se
saisit d'un quartier nommé Aspis, qui dominait sur le théâtre. La prise de ce poste,
fort d'assiette et d'un accès difficile, frappa tous les habitants d'un telle terreur,
qu'aucun d'eux ne songea même à ce défendre : ils reçurent garnison, donnèrent à
Cléomène vingt otages, et promirent d'être des alliés fidèles des Lacédémoniens, et
de marcher sous les ordres de leur roi.
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