HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies d'Agis et de Cléomène

Chapitre 34

  Chapitre 34

[34] 13. Πάντων δ' αὐτὸς ἐγίγνετο διδάσκαλος, εὐτελῆ καὶ ἀφελῆ καὶ φορτικὸν οὐδὲν οὐδ' ὑπὲρ τοὺς πολλοὺς ἔχοντα τὸν ἑαυτοῦ βίον ὥσπερ παράδειγμα σωφροσύνης ἐν μέσῳ θέμενος· καὶ πρὸς τὰς Ἑλληνικὰς πράξεις ῥοπήν (2) τινα παρέσχεν αὐτῷ. τοῖς μὲν γὰρ ἄλλοις ἐντυγχάνοντες οἱ ἄνθρωποι βασιλεῦσιν οὐχ οὕτω κατεπλήττοντο τοὺς πλούτους καὶ τὰς πολυτελείας, ὡς ἐβδελύττοντο τὴν ὑπεροψίαν αὐτῶν καὶ τὸν ὄγκον, ἐπαχθῶς καὶ τραχέως (3) προσφερομένων τοῖς ἐντυγχάνουσι· πρὸς δὲ Κλεομένη βαδίζοντες, ὄντα τε δὴ βασιλέα καὶ καλούμενον, εἶθ' ὁρῶντες οὐ πορφύρας τινὰς οὐδὲ χλαίνας περὶ αὐτὸν οὐδὲ κλινιδίων καὶ φορείων κατασκευάς, οὐδ' ὑπ' ἀγγέλων ὄχλου καὶ θυρωρῶν διὰ γραμματέων χρηματίζοντα χαλεπῶς καὶ μόλις, ἀλλ' αὐτὸν ἐν ἱματίῳ τῷ τυχόντι πρὸς τὰς δεξιώσεις ἀπαντῶντα καὶ διαλεγόμενον καὶ σχολάζοντα τοῖς χρῄζουσιν ἱλαρῶς καὶ φιλανθρώπως, ἐκηλοῦντο καὶ κατεδημαγωγοῦντο καὶ μόνον ἀφ' Ἡρακλέους ἐκεῖνον (4) ἔφασαν γεγονέναι. τῶν δὲ δείπνων αὐτοῦ τὸ μὲν καθημερινὸν ἦν ἐν τρικλίνῳ σφόδρα συνεσταλμένον καὶ Λακωνικόν· εἰ δὲ πρέσβεις ξένους δέχοιτο, δύο μὲν ἄλλαι προσπαρεβάλλοντο κλῖναι, μικρῷ δὲ μᾶλλον οἱ ὑπηρέται τὴν τράπεζαν ἐπελάμπρυνον, οὐ καρυκείαις τισὶν οὐδὲ πέμμασιν, ἀλλ' ὥστ' ἀφθονωτέρας εἶναι τὰς (5) παραθέσεις καὶ φιλανθρωπότερον τὸν οἶνον. καὶ γὰρ ἐπετίμησέ τινι τῶν φίλων, ἀκούσας ὅτι ξένους ἑστιῶν ζωμὸν αὐτοῖς μέλανα καὶ μάζαν ὥσπερ ἔθος ἦν ἐν τοῖς φιδιτίοις παρέθηκεν· οὐ γὰρ ἔφη δεῖν ἐν τούτοις οὐδὲ (6) πρὸς τοὺς ξένους λίαν ἀκριβῶς λακωνίζειν. ἀπαρθείσης δὲ τῆς τραπέζης, εἰσεκομίζετο τρίπους κρατῆρα χαλκοῦν ἔχων οἴνου μεστὸν καὶ φιάλας ἀργυρᾶς δικοτύλους δύο καὶ ποτήρια τῶν ἀργυρῶν ὀλίγα παντάπασιν, ἐξ ὧν ἔπινεν βουλόμενος, ἄκοντι δ' οὐδεὶς ποτήριον προσ(7)έφερεν. ἀκρόαμα δ' οὔτ' ἦν οὔτ' ἐπεζητεῖτο· <δι>επαιδαγώγει γὰρ αὐτὸς ὁμιλίᾳ τὸν πότον, τὰ μὲν ἐρωτῶν, τὰ δὲ διηγούμενος, οὔτε τὴν σπουδὴν ἀηδῆ τῶν λόγων τήν (8) τε παιδιὰν ἐπίχαριν καὶ ἀσόλοικον ἐχόντων. ἃς μὲν γὰρ οἱ λοιποὶ τῶν βασιλέων ἐπὶ τοὺς ἀνθρώπους θήρας ἐποιοῦντο, χρήμασι καὶ δωρεαῖς δελεάζοντες αὐτοὺς καὶ (9) διαφθείροντες, ἀτέχνους καὶ ἀδίκους ἐνόμιζεν εἶναι· τὸ δ' ὁμιλίᾳ καὶ λόγῳ χάριν ἔχοντι καὶ πίστιν οἰκειοῦσθαι καὶ προσάγεσθαι τοὺς ἐντυγχάνοντας ἐφαίνετο κάλλιστον αὐτῷ καὶ βασιλικώτατον, ὡς οὐδενὶ φίλου διαφέροντα μισθωτὸν τῷ τὸν μὲν ἤθει καὶ λόγῳ, τὸν δ' ὑπὸ χρημάτων ἁλίσκεσθαι. [34] XXXVI. Cléomène était lui-même l'instituteur et le maître de tous ses concitoyens; sa vie simple et frugale, qui n'avait rien de recherché, rien qui le distinguât des moindres particuliers, était comme un exemple public de tempérance, qui lui acquit beaucoup de crédit et de considération dans toute la Grèce : car les Grecs, que leurs affaires appelaient à la cour des autres rois, étaient moins frappés de leurs richesses et de leur faste qu'ils n'étaient révoltés de leur fierté, de leur orgueil, et de la dureté avec laquelle ils traitaient ceux qui venaient leur parler. Mais quand ils allaient à la cour de Cléomène, qui n'avait pas moins qu'eux et le titre et la dignité de roi, ils ne voyaient chez lui ni robes de pourpre, ni meubles recherchés, ni lits magnifiques, ni voitures superbes; ils n'étaient pas arrêtés par une foule d'officiers et de licteurs; ils ne recevaient pas, et souvent avec la plus grande difficulté, par des bulletins, les réponses du prince : ils trouvaient Cléomène vêtu d'une robe toute simple, qui venait au-devant d'eux, les saluait avec bonté, les écoutait, leur parlait aussi longtemps qu'ils le désiraient, et toujours d'un ton plein de douceur et d'humanité. Ces manières populaires les charmaient, et leur inspiraient la plus vive affection pour lui; ils disaient que Cléomène seul était un véritable descendant d'Hercule. XXXVII. Sa table n'était ordinairement que de trois lits, et sa frugalité le rendait véritablement spartiate. Lorsqu'il y recevait des ambassadeurs ou des étrangers, il faisait ajouter deux lits; et alors elle était un peu mieux servie par ses officiers, non en pâtisseries ni en ragoûts recherchés, mais seulement d'une plus grande quantité de viande et de meilleur vin. Il reprit un jour un de ses amis pour n'avoir servi à des étrangers que du brouet noir et du gâteau, comme dans les repas publics. « Quand on traite des étrangers. lui dit-il, ou dans d'autres occasions semblables, il ne faut pas observer rigoureusement la discipline de Sparte. Lorsqu'on avait desservi, il faisait apporter une table à trois pieds, sur laquelle étaient un cratère d'airain rempli de vin, deux coupes d'argent qui tenaient chacune deux cotyles, et des tasses aussi d'argent, en très petit nombre, pour ceux qui voulaient boire, car on n'y forçait personne. Il n'y avait point de musique à sa table, et on n'en désirait pas; Cléomène assaisonnait ses repas des charmes de la conversation, soit par les questions qu'il proposait à ses convives, soit par les récits agréables qu'il faisait lui-même. Dans ses discours, la gravité était tempérée par l'agrément; et son badinage, toujours plein de grâces, n'était jamais souillé par des plaisanteries indécentes. Ces piéges que la plupart des rois tendent aux hommes, dans les riches présents qu'ils leur font pour les amorcer et les attirer dans leurs filets, lui paraissaient des moyens injustes et grossiers; mais il ne connaissait rien de plus beau, de plus digne d'un roi, que de les gagner par la douceur et les grâces de la conversation : il pensait avec raison que la plus grande différence qu'il y ait entre un ami et un mercenaire, c'est que l'appât de celuici c'est l'intérêt, tandis que l'honnêteté des moeurs et la sagesse des discours sont un attrait pour celui-là.


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Dernière mise à jour : 20/09/2007