HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies d'Agis et de Cléomène

Chapitre 31

  Chapitre 31

[31] 10. δ' οὖν Κλεομένης ἡμέρας γενομένης προέγραψεν ὀγδοήκοντα τῶν πολιτῶν, οὓς ἔδει μεταστῆναι, καὶ τοὺς δίφρους ἀνεῖλε τῶν ἐφόρων πλὴν ἑνός, ἐν (2) καθήμενος ἔμελλεν αὐτὸς χρηματίζειν. ἐκκλησίαν δὲ ποιήσας ἀπελογεῖτο περὶ τῶν πεπραγμένων. ἔφη γὰρ ὑπὸ τοῦ Λυκούργου τοῖς βασιλεῦσι συμμειχθῆναι τοὺς γέροντας, καὶ πολὺν χρόνον οὕτω διοικεῖσθαι τὴν πόλιν, (3) οὐδὲν ἑτέρας ἀρχῆς δεομένην· ὕστερον δὲ τοῦ πρὸς Μεσσηνίους πολέμου μακροῦ γενομένου, τοὺς βασιλεῖς διὰ τὰς στρατείας ἀσχόλους ὄντας αὐτοὺς πρὸς τὸ κρίνειν αἱρεῖσθαί τινας ἐκ τῶν φίλων καὶ ἀπολείπειν τοῖς (4) πολίταις ἀνθ' ἑαυτῶν, ἐφόρους προσαγορευθέντας· καὶ διατελεῖν γε τούτους τὸ πρῶτον ὑπηρέτας τῶν βασιλέων ὄντας, εἶτα κατὰ μικρὸν εἰς ἑαυτοὺς τὴν ἐξουσίαν ἐπιστρέφοντας, (καὶ) οὕτως λαθεῖν ἴδιον ἀρχεῖον κατασκευασαμένους. σημεῖον δὲ τούτου τὸ μέχρι νῦν μεταπεμπομένων τὸν βασιλέα τῶν ἐφόρων τὸ πρῶτον ἀντιλέγειν καὶ τὸ δεύτερον, τὸ δὲ τρίτον καλούντων ἀναστάντα βαδίζειν πρὸς αὐτούς· καὶ τὸν πρῶτον ἐπισφοδρύναντα τὴν ἀρχὴν καὶ ἀνατεινάμενον Ἀστερωπὸν ἡλικίαις ὕστερον πολλαῖς (6) ἔφορον γενέσθαι. μετριάζοντας μὲν οὖν αὐτούς, ἔφη, κρεῖττον ἦν ὑπομένειν, ἐξουσίᾳ δ' ἐπιθέτῳ τὴν πάτριον καταλύοντας ἀρχήν, ὥστε τῶν βασιλέων τοὺς μὲν ἐξελαύνειν, τοὺς δ' ἀποκτιννύειν ἀκρίτους, ἀπειλεῖν δὲ τοῖς ποθοῦσιν αὖθις ἐπιδεῖν τὴν καλλίστην καὶ θειοτάτην ἐν Σπάρτῃ κατάστασιν, οὐκ ἀνεκτόν. εἰ μὲν οὖν δυνατὸν ἦν ἄνευ σφαγῆς ἀπαλλάξαι τὰς ἐπεισάκτους τῆς Λακεδαίμονος κῆρας, τρυφὰς καὶ πολυτελείας καὶ χρέα καὶ δανεισμοὺς καὶ τὰ πρεσβύτερα τούτων κακά, πενίαν καὶ πλοῦτον, εὐτυχέστατον ἂν ἡγεῖσθαι πάντων βασιλέων ἑαυτόν, ὥσπερ (8) ἰατρὸν ἀνωδύνως ἰασάμενον τὴν πατρίδα· νῦν δὲ τῆς ἀνάγκης ἔχειν συγγνώμονα τὸν Λυκοῦργον, ὃς οὔτε βασιλεὺς ὢν οὔτ' ἄρχων, ἰδιώτης δέ, βασιλεύειν ἐπιχειρῶν ἐν τοῖς ὅπλοις προῆλθεν εἰς ἀγοράν, ὥστε δείσαντα τὸν (9) βασιλέα Χάριλλον ἐπὶ βωμὸν καταφυγεῖν. ἀλλ' ἐκεῖνον μὲν ὄντα χρηστὸν καὶ φιλόπατριν ταχὺ τῷ Λυκούργῳ τῶν πραττομένων μετασχεῖν καὶ τὴν μεταβολὴν δέξασθαι τῆς πολιτείας, ἔργῳ δὲ μαρτυρῆσαι τὸν Λυκοῦργον, ὅτι πολιτείαν μεταβαλεῖν ἄνευ βίας καὶ φόβου χαλεπόν ἐστιν· (10) οἷς αὑτὸν ἔφη μετριώτατα κεχρῆσθαι, τοὺς ἐνισταμένους (11) τῇ σωτηρίᾳ τῆς Λακεδαίμονος ἐκποδὼν ποιησάμενον. τοῖς δ' ἄλλοις ἔφη πᾶσι τήν τε γῆν ἅπασαν εἰς μέσον τιθέναι, καὶ χρεῶν τοὺς ὀφείλοντας ἀπαλλάττειν, καὶ τῶν ξένων κρίσιν ποιεῖν καὶ δοκιμασίαν, ὅπως οἱ κράτιστοι γενόμενοι Σπαρτιᾶται σῴζωσι τὴν πόλιν τοῖς ὅπλοις, καὶ παυσώμεθα τὴν Λακωνικὴν Αἰτωλῶν καὶ Ἰλλυριῶν λείαν οὖσαν ἐρημίᾳ τῶν ἀμυνόντων ἐφορῶντες. [31] XXXIII. Le lendemain, Cléomène proscrivit quatre-vingts citoyens, qu'il obligea de sortir de la ville. Il fit enlever les siéges des éphores, et n'en laissa qu'un seul, où il devait s'asseoir lui-même pour donner ses audiences; et ayant convoqué l'assemblée du peuple, il y rendit compte des motifs de sa conduite. « Lycurgue, leur dit-il, avait uni dans le gouvernement les sénateurs avec les rois, et pendant longtemps Sparte conserva cette constitution, sans avoir besoin d'aucune autre magistrature. Dans la suite, la guerre contre les Messéniens ayant, par sa durée, empêché les rois, occupés à de fréquentes expéditions, de rendre la justice aux citoyens, ils choisirent, pour les remplacer dans cette fonction importante, quelques-uns de leurs amis qu'ils nommérent éphores, et qui ne furent d'abord que les ministres des rois. Mais insensiblement ces magistrats attirèrent à eux toute l'autorité, et s'attribuèrent une juridiction indépendante. Il existe encore aujourd'hui une preuve de cette usurpation : c'est que le roi, quand il est mandé par les éphores, peut désobéir une et deux fois; ce n'est qu'à la troisième sommation qu'il est obligé de se rendre auprès d'eux. En effet, Astéropus, qui le premier étendit la puissance de cette magistrature et lui donna tant d'éclat, ne fut éphore que plusieurs siècles après leur établissement. S'ils avaient usé modérément de leur autorité, il eût mieux valu sans doute les en laisser jouir. Mais qu'en abusant d'un pouvoir usurpé, ils aient détruit notre ancienne constitution; qu'ils aient chassé ou fait périr les rois, et menacé de leur vengeance ceux qui désiraient de revoir dans Sparte la forme de gouvernement la plus belle et la plus divine; voilà ce qui n'était plus supportable. S'il eût été possible d'exterminer, sans effusion de sang, ces pestes depuis longtemps introduites dans Lacédémone, le luxe, l'amour de la dépense, les dettes, les usures, et des fléaux plus anciens encore, les richesses et la pauvreté, je me serais cru le plus heureux des rois d'avoir pu, coinme un sage médecin, guérir sans douleur les maux de ma patrie. Mais la nécessité où je me suis vu réduit de recourir à des remèdes violents a son excuse dans Lycurgue lui-même, qui n'étant ni roi ni magistrat, mais un simple particulier qui voulait agir en roi, se rendit en armes sur la place publique, et causa une telle frayeur à Charilaüs, que ce roi se réfugia au pied d'un autel. Mais ce prince, naturellement doux et attaché à sa patrie, partagea bientôt les sentiments de Lycurgue, et adopta les changements qu'il proposait dans le gouvernement. La conduite de Lycurgue atteste donc qu'il est bien difficile de changer une constitution sans employer la violence et la crainte. J'ai usé de ces moyens avec autant de modération qu'il m'a été possible. Je me suis contenté de bannir ceux qui s'opposaient au salut de la patrie; j'ai proposé aux autres de mettre en commun toutes les terres, de décharger les débiteurs du poids des créances, de faire le discernement et le choix des étrangers, afin que les plus honnêtes d'entre eux, devenus Spartiates, défendent la ville par les armes, et empêchent que la Latonie, faute de défenseurs, ne soit la proie des Étoliens et des peuples de l'Illyrie. »


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Dernière mise à jour : 20/09/2007