[25] 4. Ἐκ τούτου Κλεομένη πρῶτον οἱ ἔφοροι πέμπουσι
καταληψόμενον τὸ περὶ τὴν Βέλβιναν Ἀθήναιον· ἐμβολὴ δὲ τῆς
Λακωνικῆς τὸ χωρίον ἐστί, καὶ τότε πρὸς (2) τοὺς
Μεγαλοπολίτας ἦν ἐπίδικον. καταλαβόντος δὲ τοῦτο καὶ
τειχίσαντος τοῦ Κλεομένους, ὁ Ἄρατος οὐθὲν ἐγκαλέσας, ἀλλὰ
νυκτὸς ἐκστρατεύσας ἐπεχείρησε Τεγεάταις καὶ (3)
Ὀρχομενίοις. τῶν δὲ προδοτῶν ἀποδειλιασάντων, ὁ μὲν Ἄρατος
ἀνεχώρησε λεληθέναι νομίζων, ὁ δὲ Κλεομένης εἰρωνείᾳ
χρώμενος ἔγραψε πρὸς αὐτόν, ὡς δὴ παρὰ φίλου (4)
πυνθανόμενος, ποῦ τῆς νυκτὸς ἐξέλθοι. τοῦ δ' ἀντιγράψαντος
ὡς ἐκεῖνον Βέλβιναν μέλλειν τειχίζειν ἀκούσας καταβαίη τοῦτο
κωλύσων, πάλιν ὁ Κλεομένης ἐπιστείλας τοῦτο μὲν οὕτως ἔχειν
ἔφη πεπεῖσθαι· "τοὺς δὲ φανοὺς καὶ τὰς κλίμακας" εἶπεν "εἰ μή
τί σοι διαφέρει, γράψον ἡμῖν (5) ἐπὶ τί σοι παρηκολούθουν." τοῦ
δ' Ἀράτου πρὸς τὸ σκῶμμα γελάσαντος καὶ πυνθανομένου,
ποῖός τις ὁ νεανίσκος εἴη, Δαμοκράτης ὁ Λακεδαιμόνιος φυγάς
"εἴ τι πράττεις" ἔφη "πρὸς Λακεδαιμονίους, ὥρα σοι ταχύνειν (6)
πρὸ τοῦ κέντρα φῦσαι τοῦτον τὸν νεοσσόν." ἐκ τούτου
Κλεομένει μεθ' ἱππέων ὀλίγων καὶ πεζῶν τριακοσίων ἐν
Ἀρκαδίᾳ στρατοπεδευομένῳ προσέταξαν ἀναχωρεῖν οἱ (7)
ἔφοροι, φοβούμενοι τὸν πόλεμον. ἐπεὶ δ' ἀναχωρήσαντος αὐτοῦ
Καφύας ἔλαβεν ὁ Ἄρατος, αὖθις ἐξέπεμπον τὸν (8) Κλεομένη.
λαβόντος δ' αὐτοῦ Μεθύδριον καὶ τὴν Ἀργολικὴν
καταδραμόντος, ἐξεστράτευσαν οἱ Ἀχαιοὶ δισμυρίοις πεζοῖς καὶ
χιλίοις ἱππεῦσιν Ἀριστομάχου στρατηγοῦντος. (9)
ἀπαντήσαντος δὲ περὶ Παλλάντιον Κλεομένους καὶ
βουλομένου μάχεσθαι, φοβηθεὶς τὴν τόλμαν ὁ Ἄρατος οὐκ
εἴασε διακινδυνεῦσαι τὸν στρατηγόν, ἀλλ' ἀπῆλθε,
λοιδορούμενος μὲν ὑπὸ τῶν Ἀχαιῶν, χλευαζόμενος δὲ καὶ
καταφρονούμενος ὑπὸ τῶν Λακεδαιμονίων, οὐδὲ
πεντακισχιλίων τὸ πλῆθος ὄντων. μέγας οὖν τῷ φρονήματι
γεγονὼς ὁ Κλεομένης ἐθρασύνετο πρὸς τοὺς πολίτας, καὶ τῶν
παλαιῶν τινος αὐτοὺς ἀνεμίμνῃσκε βασιλέως εἰπόντος ὅτι
μάτην Λακεδαιμόνιοι πυνθάνονται περὶ τῶν πολεμίων, οὐ
πόσοι εἰσίν, ἀλλὰ ποῦ εἰσιν.
| [25] Les éphores envoyèrent ce prince se saisir du temple de Minerve, qui est
près de Belbine. Ce temple est une entrée de la Laconie, et il faisait alors le sujet
d'une contestation entre les Spartiates et les Mégalopolitains. Cléomène s'en rendit
maître, et le fortifia. Aratus, sans en porter aucune plainte, décampa dans la nuit,
pour aller attaquer les Tégéates et les Orchoméniens ; mais les traîtres qui devaient
lui livrer ces deux villes ayant été retenus par la crainte, Aratus se retira, persuadé
qu'il avait dérobé sa marche aux ennemis. Mais Cléomène lui écrivit le lendemain
avec l'air de l'amitié, et lui demanda, d'un ton d'ironie, où il avait mené ses troupes
la nuit dernière. Aratus lui répondit qu'ayant su qu'il allait fortifier Belbine, il avait
voulu s'y opposer. « Je ne doute pas, lui écrivit de nouveau Cléomène, de la vérité de
ce que vous me dites ; mais si ma question n'est pas indiscrète, faites-moi le plaisir de
me dire pourquoi cette quantité de flambeaux et d'échelles dont vous étiez suivi. »
Aratus, n'ayant pu s'empêcher de rire de cette plaisanterie, demanda ce que c'était
que ce jeune homme. « Si vous voulez entreprendre quelque chose contre les
Lacédémoniens, lui répondit Démocrates le Spartiate, qui était banni de son pays, je
vous conseille de vous hâter, avant que les ergots ne soient venus à ce jeune coq. »
XXVII. Peu de temps après, Cléomène étant campé dans l'Arcadie avec un corps peu
nombreux de cavalerie et trois cents hommes de pied, les éphores, qui craignaient la
guerre, lui envoyèrent l'ordre de se retirer. Il se fut à peine éloigné, qu'Aratus s'étant
rendu maître de Caphyes, les éphores firent aussitôt porter un ordre contraire à
Cléomène qui s'empara de Méthydrium, et courut toute l'Argolide. Les Achéens,
qui s'étaient mis en marche avec vingt mille hommes de pied et mille chevaux,
commandés par Aristomachus, rencontrèrent, près de Pallantium, Cléomène, qui
leur présenta la bataille. Mais Aratus, effrayé de son audace, ne permit pas au
général de risquer le combat, et il se retira, accablé de reproches par les Achéens,
méprisé, bafoué même par les Lacédémoniens, qui n'étaient pas en tout cinq mille
hommes. Cléomène, dont cette retraite releva le courage, en prit plus de confiance et
de hardiesse auprès de ses concitoyens. Il leur rappela ce mot d'un de leurs anciens
rois, qui disait que les Lacédémoniens ne demandaient pas en quel nombre étaient
leurs ennemis, mais seulement où ils étaient.
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