[24] 3. Ἐπεὶ δὲ τελευτήσαντος τοῦ Λεωνίδου τὴν βασιλείαν
παρέλαβε καὶ τοὺς πολίτας τότε δὴ παντάπασιν ἐκλελυμένους
ἑώρα, τῶν μὲν πλουσίων καθ' ἡδονὰς ἰδίας καὶ πλεονεξίας
παρορώντων τὰ κοινά, τῶν δὲ πολλῶν διὰ τὸ πράττειν κακῶς
περὶ τὰ οἰκεῖα καὶ πρὸς τὸν πόλεμον ἀπροθύμων καὶ πρὸς τὴν
ἀγωγὴν ἀφιλοτίμων γεγονότων, αὐτοῦ δ' ὄνομα βασιλεύοντος
ἦν μόνον, ἡ δ' (2) ἀρχὴ πᾶσα τῶν ἐφόρων, εὐθὺς μὲν εἰς νοῦν
ἔθετο τὰ παρόντα μεθιστάναι καὶ κινεῖν, ὄντος δ' αὐτῷ φίλου
Ξενάρους, ἐραστοῦ γεγονότος -- τοῦτο δ' ἐμπνεῖσθαι
Λακεδαιμόνιοι καλοῦσιν -- , ἀπεπειρᾶτο τούτου,
διαπυνθανόμενος τὸν Ἆγιν ὁποῖος γένοιτο βασιλεὺς καὶ τίνι (3)
τρόπῳ καὶ μετὰ τίνων ἐπὶ ταύτην ἔλθοι τὴν ὁδόν. ὁ δὲ Ξενάρης
τὸ μὲν πρῶτον οὐκ ἀηδῶς ἐμέμνητο τῶν πραγμάτων ἐκείνων,
ὡς ἐπράχθη καθ' ἕκαστα μυθολογῶν (4) καὶ διηγούμενος· ὡς δ'
ἦν καταφανὴς (αὐτῷ) ὁ Κλεομένης ἐμπαθέστερον προσέχων
καὶ κινούμενος ὑπερφυῶς πρὸς τὴν καινοτομίαν τοῦ Ἄγιδος καὶ
ταὐτὰ πολλάκις ἀκούειν βουλόμενος, ἐπέπληξεν αὐτῷ πρὸς
ὀργὴν ὁ Ξενάρης ὡς οὐχ ὑγιαίνοντι, καὶ τέλος ἀπέστη τοῦ
διαλέγεσθαι καὶ φοιτᾶν πρὸς αὐτόν· οὐδενὶ μέντοι τὴν αἰτίαν
ἔφρασε τῆς διαφορᾶς, ἀλλ' αὐτὸν ἔφη γινώσκειν ἐκεῖνον. (5)
οὕτω δὲ τοῦ Ξενάρους ἀντικρούσαντος, ὁ Κλεομένης καὶ τοὺς
ἄλλους ὁμοίως ἔχειν ἡγούμενος, αὐτὸς ἐν ἑαυτῷ (6) συνετίθει
τὴν πρᾶξιν. οἰόμενος δ' ἂν ἐν πολέμῳ μᾶλλον ἢ κατ' εἰρήνην
μεταστῆσαι τὰ παρόντα, συνέκρουσε πρὸς τοὺς Ἀχαιοὺς τὴν
πόλιν, αὐτοὺς διδόντας ἐγκλημάτων (7) προφάσεις. ὁ γὰρ
Ἄρατος ἰσχύων μέγιστον ἐν τοῖς Ἀχαιοῖς ἐβούλετο μὲν ἐξ ἀρχῆς
εἰς μίαν σύνταξιν ἀγαγεῖν Πελοποννησίους, καὶ τοῦτο τῶν
πολλῶν στρατηγιῶν αὐτῷ καὶ τῆς μακρᾶς πολιτείας ἦν τέλος,
ἡγουμένῳ μόνως ἂν οὕτως (8) ἀνεπιχειρήτους ἔσεσθαι τοῖς
ἐκτὸς πολεμίοις. ἐπεὶ δὲ τῶν ἄλλων σχεδὸν ἁπάντων αὐτῷ
προσγεγονότων ἀπελείποντο Λακεδαιμόνιοι καὶ Ἠλεῖοι καὶ
ὅσοι Λακεδαιμονίοις Ἀρκάδων προσεῖχον, ἅμα τῷ τὸν
Λεωνίδαν ἀποθανεῖν παρηνώχλει τοῖς Ἀρκάσι καὶ περιέκοπτεν
αὐτῶν μάλιστα τοὺς τοῖς Ἀχαιοῖς ὁμοροῦντας, ἀποπειρώμενος
τῶν Λακεδαιμονίων καὶ τοῦ Κλεομένους ὡς νέου καὶ ἀπείρου
καταφρονῶν.
| [24] XXV. Cléomène, en succédant à son père qui venait de mourir,
vit tous les Spartiates plongés dans la corruption; les riches,
esclaves de l'avarice et de la volupté, sacrifiaient à leurs passions l'intérêt public; le
peuple, pressé par la misère, se portait mollement à la guerre, et avait perdu jusqu'à
l'ambition de bien élever ses enfants. Le roi lui-même n'en avait que le vain titre; et
tout le pouvoir était entre les mains des éphores. Aussi, à peine fut-il sur le trône,
qu'il eut la pensée de changer le gouvernement. Il avait un ami, nommé Xénarès, de
qui il avait été tendrement aimé; les Lacédémoniens donnent à cette amitié le nom
d'inspiration divine. Il lui demanda, pour le sonder, comment Agis s'était
conduit sur le trône; de quels moyens et de quelles personnes il s'était servi dans la
route qu'il avait suivie. Xénarès prit d'abord plaisir à se rappeler tout ce qui s'était
passé à cette occasion, et à le lui raconter en détail : mais quand il vit Cléomène se
passionner et s'enflammer pour les changements qu'Agis avait voulu faire, et lui en
demander souvent le récit, alors il le reprit tout en colère, et traita ses projets de folie;
et comme il ne put l'en détourner, il se sépara de lui, et ne voulut plus ni le voir, ni
lui parler. Cependant il ne fit connaître à personne le sujet de leur rupture, et se
contenta de dire que le roi le savait bien. Cléomène, rebuté par Xénarès, et persuadé
que tous les Spartiates étaient dans les mêmes dispositions, résolut d'exécuter seul
son projet; et croyant que la guerre lui serait plus favorable que la paix pour opérer
un changement dans l'État, il engagea la ville à rompre avec les Achéens, qui lui
avaient donné des prétextes de se plaindre. XXVI. Aratus, qui avait sur ce peuple la
plus grande autorité, avait voulu, dès le commencement de son administration,
former une ligue commune de tous les peuples du Péloponèse. C'était l'unique but de
ses fréquentes expéditions, et de toute sa conduite politique pendant la paix : il
regardait cette ligue comme le seul moyen de n'avoir rien à craindre des ennemis du
dehors. Déjà les autres peuples s'étaient unis aux Achéens; il ne restait plus que les
Lacédémoniens, les Éléens, et la portion de l'Arcadie qui était attachée à
Lacédémone. Aratus donc, aussitôt après la mort de Léonidas, attaqua les Arcadiens,
et fit surtout le dégât dans les terres de ceux qui confinaient aux Achéens, voulant
tâter par là les Lacédémoniens, et méprisant d'ailleurs la jeunesse et l'inexpérience de
leur roi.
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