HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies d'Agis et de Cléomène

Chapitre 17

  Chapitre 17

[17] μὲν οὖν Κλεόμβροτος οὐδὲν εἶχεν εἰπεῖν, ἀλλ' (2) ἠπορημένος ἐκάθητο καὶ σιωπῶν· δὲ Χιλωνίς, τοῦ Λεωνίδου θυγάτηρ, πρότερον μὲν ἀδικουμένῳ τῷ πατρὶ συνηδικεῖτο, καὶ τοῦ Κλεομβρότου τὴν βασιλείαν παραλαβόντος ἀποστᾶσα τὴν τοῦ πατρὸς συμφορὰν ἐθεράπευε, καὶ παρόντι μὲν συνικέτευε, φεύγοντος δὲ πενθοῦσα καὶ (3) χαλεπῶς ἔχουσα πρὸς τὸν Κλεόμβροτον διετέλει· τότε δ' αὖ πάλιν ταῖς τύχαις συμμεταβαλοῦσα μετὰ τοῦ ἀνδρὸς ἱκέτις ὤφθη καθεζομένη, περιβεβληκυῖα τὰς χεῖρας ἐκείνῳ καὶ τῶν παιδίων τὸ μὲν ἔνθεν, τὸ δ' ἔνθεν (4) ὑφ' αὑτὴν ἔχουσα. θαυμαζόντων δὲ πάντων καὶ δακρυόντων ἐπὶ τῇ χρηστότητι καὶ φιλοστοργίᾳ τῆς γυναικός, ἁψαμένη (5) τῶν πέπλων καὶ τῆς κόμης ἀτημελῶς ἐχόντων, "τοῦτο" εἶπεν " πάτερ ἐμοὶ τὸ σχῆμα καὶ τὴν ὄψιν οὐχ Κλεομβρότου περιτέθεικεν ἔλεος, ἀλλ' ἀπὸ τῶν σῶν κακῶν καὶ τῆς σῆς φυγῆς μεμένηκέ μοι σύντροφον καὶ σύνοικον (6) τὸ πένθος. πότερον οὖν δεῖ με σοῦ βασιλεύοντος ἐν Σπάρτῃ καὶ νικῶντος ἐγκαταβιῶναι ταύταις ταῖς συμφοραῖς, λαβεῖν ἐσθῆτα λαμπρὰν καὶ βασιλικήν, ἐπιδοῦσαν (7) ὑπὸ σοῦ τὸν παρθένιον ἄνδρα φονευόμενον; ὃς εἰ μὴ παραιτεῖταί σε μηδὲ πείθει τέκνων καὶ γυναικὸς δάκρυσι, χαλεπωτέραν σὺ βούλει δίκην ὑφέξει τῆς κακοβουλίας, (8) ἐπιδὼν ἐμὲ τὴν φιλτάτην αὐτῷ προαποθανοῦσαν. τίνι γὰρ ἐμὲ δεῖ ζῆν παρρησίᾳ πρὸς ἄλλας γυναῖκας, μήτε παρ' ἀνδρὸς δεομένῃ μήτε παρὰ πατρὸς ἔλεός ἐστιν; ἀλλὰ καὶ γυνὴ καὶ θυγάτηρ συνατυχεῖν καὶ συνατιμάζεσθαι (9) τοῖς ἐμαυτῆς ἐγενόμην. τούτῳ μὲν οὖν εἰ καί τις ἦν λόγος εὐπρεπής, ἐγὼ τοῦτον ἀφειλόμην, τότε σοὶ συνεξετασθεῖσα (10) καὶ καταμαρτυρήσασα τῶν ὑπὸ τούτου γενομένων· σὺ δ' αὐτῷ τὸ ἀδίκημα ποιεῖς εὐαπολόγητον, οὕτω μέγα καὶ περιμάχητον ἀποφαίνων τὸ βασιλεύειν, ὥστε δι' αὐτὸ καὶ γαμβροὺς φονεύειν καὶ τέκνων ἀμελεῖν εἶναι δίκαιον." [17] XVII. Cléombrote, qui n'avait rien à répondre pour sa justification, se tenait assis en silence, et dans une grande perplexité. Chélonis, sa femme, fille de Léonidas, avait auparavant partagé le sort injuste que son père éprouvait; et, se séparant de Cléombrote lorsqu'il usurpait le trône, elle avait consolé Léonidas dans son infortune, et s'était rendue suppliante avec lui; elle l'avait même suivi dans son exil, toujours affligée, et conservant toujours du ressentiment contre Cléombrote : changeant alors avec la fortune, elle alla s'asseoir auprès de son mari dans la posture d'une suppliante, le tenant étroitement serré dans ses bras, et ayant à ses pieds ses deux enfants, l'un à sa gauche et l'autre à sa droite. Tous les spectateurs admiraient la vertu et la tendresse de cette femme; ils ne purent retenir leurs larmes, lorsque, montrant à Léonidas ses habits de deuil et ses cheveux épars : "Mon père, lui dit-elle, ce n'est point ma pitié pour Cléombrote qui m'a fait prendre ces vêtements lugubres et ce maintien si triste : c'est toujours le même deuil que je pris dans vos malheurs et dans votre exil, et que je n'ai cessé depuis de porter et d'entretenir en moi. Faut-il que, lorsque vainqueur de vos ennemis, vous régnez paisiblement à Sparte, je sois réduite à vieillir dans l'infortune? Où puis-je prendre des vêtements magnifiques et convenables à mon rang, quand je vois l'époux que vous me donnâtes dans ma jeunesse prêt à périr par vos mains? S'il ne peut vous toucher, s'il ne peut vous fléchir par les larmes de sa femme et de ses enfants, il sera puni des mauvais conseils qu'il a suivis plus cruellement que vous ne le voudriez vous-même, puisqu'il verra mourir avant lui une épouse qu'il chérit avec tant de tendresse. Comment oserais-je paraître devant les autres femmes de Sparte, après que mes prières n'auront pu ni toucher mon mari sur le sort de mon père, ni intéresser mon père en faveur de mon mari ; et que, comme femme ou comme fille, je n'aurai éprouvé de ma famille que l'infortune et le mépris? Les motifs spécieux d'excuse que mon mari eût pu avoir, je les lui ai ravis en me joignant à vous; et ma conduite a déposé contre la sienne. Mais vous, aujourd'hui, vous faites son apologie, en déclarant que la royauté est un bien si grand et si désirable, que, pour se l'assurer, on peut avec justice faire périr ses gendres et compter pour rien ses enfants. »


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Dernière mise à jour : 20/09/2007