[12] Τέλος δὲ καὶ τούτου τοῦ λόγου λαβόντος
ἠξίουν ἐγὼ καὶ περὶ οἴκου ᾗ χρηστέον εἰπεῖν
τοὺς ἄνδρας ἡμῖν· "βασιλείας μὲν γὰρ καὶ πόλεις
ὀλίγοι κυβερνῶσιν, ἑστίας δὲ πᾶσιν ἡμῖν καὶ οἴκου μέτεστι."
Γελάσας οὖν ὁ Αἴσωπος, "οὔκ, εἴγε τῶν πάντων,"
ἔφη, "καὶ Ἀνάχαρσιν ἀριθμεῖς· τούτῳ γὰρ
οἶκος οὐκ ἔστιν, ἀλλὰ καὶ σεμνύνεται τῷ ἄοικος
εἶναι, χρῆσθαι δ´ ἁμάξῃ, καθάπερ τὸν ἥλιον ἐν
ἅρματι λέγουσι περιπολεῖν, ἄλλοτ´ ἄλλην ἐπινεμόμενον
τοῦ οὐρανοῦ χώραν."
Καὶ ὁ Ἀνάχαρσις, "διὰ τοῦτό τοι," εἶπεν, "ἢ
μόνος ἢ μάλιστα τῶν θεῶν ἐλεύθερός ἐστι καὶ
αὐτόνομος, καὶ κρατεῖ πάντων, κρατεῖται δ´ ὑπ´
οὐδενός, ἀλλὰ βασιλεύει καὶ ἡνιοχεῖ. πλὴν σέ γε
τὸ ἅρμα λέληθεν αὐτοῦ, ὡς ὑπερφυὲς κάλλει καὶ
μεγέθει θαυμάσιόν ἐστιν· οὐ γὰρ ἂν παίζων ἐπὶ
γέλωτι παρέβαλες ἐκεῖνο τοῖς ἡμετέροις. οἶκον δέ
μοι δοκεῖς, ὦ Αἴσωπε, ταυτὶ τὰ πήλινα καὶ ξύλινα
καὶ κεραμεᾶ στεγάσματα νομίζειν, ὥσπερ εἰ κοχλίαν
ἡγοῖο τὸ κέλυφος, ἀλλὰ μὴ τὸ ζῷον. εἰκότως
οὖν σοι γέλωτα παρέσχεν ὁ Σόλων, ὅτι τοῦ
Κροίσου τὴν οἰκίαν κεκοσμημένην πολυτελῶς θεασάμενος
οὐκ εὐθὺς ἀπεφήνατο τὸν κεκτημένον
εὐδαιμόνως οἰκεῖν καὶ μακαρίως, ἅτε δὴ τῶν ἐν
αὐτῷ μᾶλλον ἀγαθῶν ἢ τῶν παρ´ αὐτῷ βουλόμενος
γενέσθαι θεατής· σὺ δ´ ἔοικας οὐδὲ τῆς
σεαυτοῦ μνημονεύειν ἀλώπεκος. ἐκείνη μὲν γὰρ
εἰς ἀγῶνα ποικιλίας καταστᾶσα πρὸς τὴν πάρδαλιν
ἠξίου τὰ ἐντὸς αὐτῆς καταμαθεῖν τὸν δικαστήν,
ποικιλωτέρα γὰρ ἐκεῖθεν φανεῖσθαι· σὺ δὲ τὰ
τεκτόνων καὶ λιθοξόων ἔργα περινοστεῖς, οἶκον
ἡγούμενος, οὐ τὰ ἐντὸς ἑκάστου καὶ οἰκεῖα, παῖδας
καὶ γάμον καὶ φίλους καὶ θεράποντας, οἷς κἂν ἐν
μυρμηκιᾷ τις ἢ νεοττιᾷ νοῦν ἔχουσι καὶ σωφρονοῦσι
κοινωνῇ τῶν ὑπαρχόντων, χρηστὸν οἶκον
οἰκεῖ καὶ μακάριον. ἐγὼ μὲν οὖν," ἔφη, "ταῦτα
καὶ πρὸς Αἴσωπον ἀποκρίνομαι καὶ Διοκλεῖ συμβάλλομαι·
τῶν δ´ ἄλλων ἕκαστος ἀποφαίνεσθαι
δίκαιός ἐστι τὴν ἑαυτοῦ γνώμην."
Τοῦτον οὖν ἄριστον ὁ Σόλων εἶπεν αὑτῷ δοκεῖν
οἶκον, ὅπου τὰ χρήματα μήτε κτωμένοις ἀδικία
μήτε φυλάττουσιν ἀπιστία μήτε δαπανῶσι μετάνοια
πρόσεστιν.
Ὁ δὲ Βίας ἐν ᾧ τοιοῦτός ἐστιν ὁ δεσπότης δι´
αὑτὸν οἷος ἔξω διὰ τὸν νόμον.
Ὁ δὲ Θαλῆς ἐν ᾧ πλείστην ἄγειν τῷ δεσπότῃ
σχολὴν ἔξεστιν.
Ὁ δὲ Κλεόβουλος εἰ πλείονας ἔχοι τῶν φοβουμένων
αὐτὸν τοὺς φιλοῦντας ὁ δεσπότης.
Ὁ δὲ Πιττακὸς εἶπεν ὡς ἄριστος οἶκός ἐστιν ὁ
τῶν περιττῶν μηδενὸς δεόμενος καὶ τῶν ἀναγκαίων
μηδενὸς ἐνδεόμενος.
Ὁ δὲ Χίλων ἔφη δεῖν μάλιστα βασιλευομένῃ
πόλει προσεοικέναι τὸν οἶκον. εἶτα προσεπεῖπεν
ὅτι καὶ Λυκοῦργος πρὸς τὸν κελεύοντα δημοκρατίαν
ἐν τῇ πόλει καταστῆσαι, "πρῶτος," ἔφη,
"ποίησον ἐν τῇ οἰκίᾳ σου δημοκρατίαν."
| [12] Quand ce texte de conversation eut été lui-même
épuisé, je proposai que ces sages nous parlassent aussi sur
la manière dont une maison doit être réglée : «Car»,
ajoutai-je, «peu d'hommes gouvernent des royaumes et des
villes, et nous avons tous notre part d'un foyer et d'une maison.»
— «Non pas,» dit alors Esope en riant, «si dans
le mot «tous» vous comptez Anacharsis : car il n'a pas de
maison; même il se fait gloire de n'en posséder point, et de
se servir d'un chariot, comme on dit que le Soleil circule
dans un char sur lequel il parcourt tantôt une contrée du ciel
et tantôt une autre. »—«C'est pour cela aussi,» repartitAnacharsis,
«que le Soleil est le seul libre, ou du moins le plus
libre de tous les dieux; qu'il n'est assujetti qu'à sa propre
loi; que, maître de tous, il n'est maîtrisé par aucun; qu'il
règne, et qu'il dirige son attelage. Tu ne sais pas combien la
beauté de cet attelage est surnaturelle, et sa grandeur, admirable ;
autrement, tu ne te serais pas avisé, même en plaisantant,
de le comparer avec les nôtres. De plus il me
semble, Esope, que tu fais consister une maison dans cet
assemblage de boue, de bois et de briques qui la composent,
comme si tu pensais que le limaçon soit la coquille et non
pas l'animal lui-même. Aussi était-il tout naturel que Solon
te prêtât à rire, lorsqu'ayant vu le riche et somptueux palais
de Crésus, il se garda bien de proclamer sur-le-champ
heureux et fortuné le propriétaire qui l'habitait, attendu,
disait-il, qu'il voulait connaître les biens que Crésus possédait
au dedans, plutôt que ceux qui lui étaient extérieurs.
Tu sembles ne pas te souvenir non plus de ton renard. Le
renard ayant voulu rivaliser pour la variété de sa personne
avec la panthère, demandait que le juge prît connaissance
de son état intérieur, à lui renard, et il disait que l'on découvrirait
de cette manière qu'il y avait en lui plus de variété.
Tu examines, croyant que c'est là ce qui représente la
maison, l'ouvrage des charpentiers, des tailleurs de pierres,
et tu ne considères pas ce qui constitue l'intérieur et la
famille de chacun, à savoir les enfants, le mari et la femme,
les amis, les serviteurs. Or ce sont tous ces êtres, lorsqu'ils
apportent à la communauté leur part de bon sens et de
sagesse, qui, dût-il s'agir d'une fourmilière ou d'un nid
d'oiseau, rendent une maison bonne et heureuse. Voilà,
continua Anacharsis, ce que j'ai à répondre à Esope, et en
même temps je paye ma contribution à Dioclès. Aux autres
maintenant, et c'est justice, d'émettre chacun leur avis.»
Ainsi fut-il fait. Solon déclara que, selon lui, «la meilleure
maison est celle où le bien qui s'y trouve est possédé sans
injustice, conservé sans défiance, dépensé sans repentir.»
Bias : «celle où, à l'intérieur, le maître est, par respect
pour lui-même, ce qu'il est au dehors par respect pour la
loi.» Thalès : «celle où le maître peut avoir un très grand
loisir.» Cléobule : «celle dont le maître compte plus de
gens qui l'aiment que de gens qui le craignent»: Pittacus
dit : «La meilleure maison est celle qui n'éprouve pas le
besoin du superflu, et à laquelle il ne manque rien du nécessaire.»
Enfin Chilon déclara, "qu'une maison doit ressembler
le plus possible à une ville gouvernée par un roi.»
Puis il ajouta que Lycurgue, sur le conseil que lui donnait
quelqu'un de constituer la démocratie à Lacédémone, avait répondu :
«Réalise d'abord cette démocratie dans ta propre famille.»
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