[11] Μνησίφιλος δ´ ὁ Ἀθηναῖος, ἑταῖρος ὢν καὶ
ζηλωτὴς Σόλωνος, "ἐγώ τοι," εἶπεν, "ὦ Περίανδρε,
τὸν λόγον ἀξιῶ καθάπερ τὸν οἶνον μὴ πλουτίνδην
μηδ´ ἀριστίνδην ἀλλ´ ἐξ ἴσου πᾶσιν ὥσπερ
ἐν δημοκρατίᾳ νέμεσθαι καὶ κοινὸν εἶναι· τῶν δ´
ἄρτι περὶ ἀρχῆς καὶ βασιλείας εἰρημένων οὐδὲν
ἡμῖν τοῖς δημοτικοῖς μέτεστιν. ὅθεν οἰόμεθα δεῖν
πάλιν ἕκαστον ὑμῶν περὶ πολιτείας ἰσονόμου γνώμην
τινὰ συμβαλέσθαι, ἀρξαμένους αὖθις ἀπὸ Σόλωνος."
Ἐδόκει δὴ ταῦτα ποιεῖν. καὶ πρῶτος ὁ Σόλων
"ἀλλ´ ἀκήκοας μέν," εἶπεν, "ὦ Μνησίφιλε, μετὰ
πάντων Ἀθηναίων ἣν ἔχω γνώμην περὶ πολιτείας·
εἰ δὲ βούλει καὶ νῦν ἀκούειν, δοκεῖ μοι πόλις
ἄριστα πράττειν καὶ μάλιστα σῴζειν δημοκρατίαν,
ἐν ᾗ τὸν ἀδικήσαντα τοῦ ἀδικηθέντος οὐδὲν ἧττον
οἱ μὴ ἀδικηθέντες προβάλλονται καὶ κολάζουσι."
Δεύτερος δ´ ὁ Βίας ἔφησε κρατίστην εἶναι
δημοκρατίαν ἐν ᾗ πάντες ὡς τύραννον φοβοῦνται
τὸν νόμον.
Ἐπὶ τούτῳ Θαλῆς τὴν μήτε πλουσίους ἄγαν
μήτε πένητας ἔχουσαν πολίτας.
Μετὰ δὲ τοῦτον ὁ Ἀνάχαρσις ἐν ᾗ τῶν ἄλλων
ἴσων νομιζομένων ἀρετῇ τὸ βέλτιον ὁρίζεται, καὶ
κακίᾳ τὸ χεῖρον.
Πέμπτος δ´ ὁ Κλεόβουλος ἔφη μάλιστα σωφρονεῖν
δῆμον ὅπου τὸν ψόγον μᾶλλον οἱ πολιτευόμενοι
δεδοίκασιν ἢ τὸν νόμον.
Ἕκτος δ´ ὁ Πιττακός, ὅπου τοῖς πονηροῖς οὐκ
ἔξεστιν ἄρχειν καὶ τοῖς ἀγαθοῖς οὐκ ἔξεστι μὴ ἄρχειν.
Μεταστραφεὶς δ´ ὁ Χίλων ἀπεφήνατο τὴν
μάλιστα νόμων ἥκιστα δὲ ῥητόρων ἀκούουσαν
πολιτείαν ἀρίστην εἶναι.
Τελευταῖος δὲ πάλιν ὁ Περίανδρος ἐπικρίνων
ἔφη δοκεῖν αὐτῷ πάντας ἐπαινεῖν δημοκρατίαν τὴν
ὁμοιοτάτην ἀριστοκρατίᾳ.
| [11] Mnésiphile l'Athénien, familier et sectateur de Solon,
prit alors la parole : «O Périandre,» dit-il, «je voudrais
qu'il en fût des sujets ici traités comme il en est du vin :
qu'ils ne fussent pas répartis en raison de l'opulence et de
la noblesse, mais qu'ils se trouvassent être communs à tous,
comme il se fait dans une démocratie. De ce qui s'est formulé
jusqu'à présent sur le souverain pouvoir, sur la royauté,
rien n'a rapport à nous autres qui vivons dans des républiques.
D'où nous concluons, qu'il faut maintenant que
chacun de vous prenne encore la parole pour énoncer une
opinion quelconque sur les gouvernements où la loi est égale
pour tous, en commençant cette fois encore par Solon.»
On crut devoir accéder à ce désir; et Solon, le premier :
«Mnésiphile,» dit-il, «vous avez entendu, avec tous les
Athéniens, quelle opinion je professe en matière de gouvernement.
Mais puisque vous voulez m'entendre encore ici, je
déclare que la cité qui, selon moi, doit être la plus heureuse
et conserver le mieux sa démocratie, est celle où les injustices
commises sont poursuivies et châtiées aussi sévèrement
par ceux qui n'en ont pas souffert que par ceux qu'elles
ont atteints.» Bias, le second, dit «que la meilleure
démocratie est celle où tous craignent la loi comme on craindrait
un tyran.» Après lui Thalès : «que c'est celle qui
n'a ni des citoyens trop riches, ni des citoyens trop pauvres.»
Puis Anacharsis : «celle où tout étant d'abord établi sur le
pied d'égalité, c'est la vertu qui détermine le meilleur rang,
et le vice, le dernier.» Cléobule, le cinquième, dit : «que le
peuple le plus sage est celui chez lequel les citoyens redoutent
le blâme plus que la loi.» Pittacus, le sixième : «celui
où les méchants ne peuvent obtenir aucune magistrature,
et où les gens de bien n'ont pas le droit de s'en exempter.»
Chilon après lui «Le meilleur gouvernement,» dit-il, «est
celui où l'on écoute le plus les lois, le moins les orateurs.»
Enfin Périandre, ouvrant son avis le dernier, dit : «qu'il
lui paraissait que tous avaient, en fait de démocratie, loué
celle qui ressemblait le mieux à une aristocratie.»
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