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[11] Τίνες οἱ ἀποσφενδόνητοι;
Κέρκυραν τὴν νῆσον Ἐρετριεῖς κατῴκουν· Χαρικράτους δὲ πλεύσαντος ἐκ
Κορίνθου μετὰ δυνάμεως καὶ τῷ πολέμῳ κρατοῦντος ἐμβάντες εἰς τὰς ναῦς οἱ
Ἐρετριεῖς ἀπέπλευσαν οἴκαδε. Προαισθόμενοι δ´ οἱ πολῖται τῆς χώρας εἶργον
αὐτοὺς καὶ ἀποβαίνειν ἐκώλυον σφενδονῶντες. Μὴ δυνάμενοι δὲ μήτε πεῖσαι
μήτε βιάσασθαι πολλοὺς καὶ ἀπαραιτήτους ὄντας ἐπὶ Θρᾴκης ἔπλευσαν καὶ
κατασχόντες χωρίον, ἐν ᾧ πρότερον οἰκῆσαι Μέθωνα τὸν Ὀρφέως πρόγονον
ἱστοροῦσι, τὴν μὲν πόλιν ὠνόμασαν Μεθώνην, ὑπὸ δὲ τῶν προσοίκων «
ἀποσφενδόνητοι » προσωνομάσθησαν.
| [11] Quels sont ceux qu'on nomme Aposphendonètes ?
Les Erétriens habitaient l'île de Corcyre. Charicrate étant venu de
Corinthe pour les attaquer et les ayant vaincus, ils s'embarquèrent, et
firent voile vers leur ancienne patrie. Leurs concitoyens, avertis de leur
arrivée, les chargèrent à coups de fronde , et les empêchèrent de
débarquer. Comme ils ne purent ni gagner ces hommes intraitables par la
persuasion, ni les repousser par la force, parce qu'ils avaient la
supériorité du nombre, ils se retirèrent dans la Thrace. Là ils se
rendirent maîtres d'un canton qu'avait autrefois habité Méthon, un des
descendants d'Orphée, et y bâtirent une ville qu'ils appelèrent Méthone.
Les peuples voisins leur donnèrent le nom d'Aposphendonètes, ou
repoussés à coups de fronde.
| [12] Τίς ἡ παρὰ Δελφοῖς Χάριλα;
Τρεῖς ἄγουσι Δελφοὶ ἐνναετηρίδας κατὰ τὸ ἑξῆς, ὧν τὴν μὲν Σεπτήριον
καλοῦσι, τὴν δ´ Ἡρωίδα, τὴν δὲ Χάριλαν. Τὸ μὲν οὖν Σεπτήριον ἔοικε μίμημα
τῆς πρὸς τὸν Πύθωνα τοῦ θεοῦ μάχης εἶναι καὶ τῆς μετὰ τὴν μάχην ἐπὶ τὰ
Τέμπη φυγῆς καὶ ἐκδιώξεως. Οἱ μὲν γὰρ φυγεῖν ἐπὶ τῷ φόνῳ φασὶ χρῄζοντα
καθαρσίων, οἱ δὲ τῷ Πύθωνι τετρωμένῳ καὶ φεύγοντι κατὰ τὴν ὁδόν, ἣν νῦν
ἱερὰν καλοῦμεν, ἐπακολουθεῖν καὶ μικρὸν ἀπολειφθῆναι τῆς τελευτῆς·
κατέλαβε γὰρ αὐτὸν ἐκ τοῦ τραύματος ἄρτι τεθνηκότα καὶ κεκηδευμένον ὑπὸ
τοῦ παιδός, ᾧ ὄνομα ἦν Αἴξ, ὡς λέγουσι. Τὸ μὲν οὖν Σεπτήριον τούτων ἢ
τοιούτων τινῶν ἀπομίμησίς ἐστιν ἑτέρων. Τῆς δ´ Ἡρωίδος τὰ πλεῖστα μυστικὸν
ἔχει λόγον, ὃν ἴσασιν αἱ Θυιάδες, ἐκ δὲ τῶν δρωμένων φανερῶς Σεμέλης ἄν
τις ἀναγωγὴν εἰκάσειε. Περὶ δὲ τῆς Χαρίλας τοιαῦτά τινα μυθολογοῦσι. Λιμὸς
ἐξ αὐχμοῦ τοὺς Δελφοὺς κατέσχε, καὶ πρὸς τὰς θύρας τοῦ βασιλέως ἐλθόντες
μετὰ τέκνων καὶ γυναικῶν ἱκέτευον. Ὁ δὲ τῶν ἀλφίτων καὶ τῶν χεδρόπων
μετεδίδου τοῖς γνωριμωτέροις αὐτῶν· οὐ γὰρ ἦν ἱκανὰ πᾶσιν. Ἐλθούσης δὲ
παιδὸς ἔτι μικρᾶς ὀρφανῆς γονέων καὶ προσλιπαρούσης ἐρράπισεν αὐτὴν
ὑποδήματι καὶ τῷ προσώπῳ τὸ ὑπόδημα προσέρριψεν· ἡ δέ, πενιχρά τις οὖσα
καὶ ἔρημος οὐκ ἀγεννὴς δὲ τὸ ἦθος, ἐκποδὼν γενομένη καὶ λύσασα τὴν ζώνην
ἀνήρτησεν ἑαυτήν. Ἐπιτείνοντος δὲ τοῦ λιμοῦ καὶ νοσημάτων προσγενομένων
ἀνεῖλεν ἡ Πυθία τῷ βασιλεῖ Χάριλαν ἱλάσκεσθαι παρθένον αὐτοθάνατον. Μόλις
οὖν ἀνευρόντες, ὅτι τοὔνομα τοῦτ´ ἦν τῇ ῥαπισθείσῃ παιδί, μεμιγμένην τινὰ
καθαρμῷ θυσίαν ἀπετέλεσαν, ἣν ἐπιτελοῦσιν ἔτι καὶ νῦν δι´ ἐννέα ἐτῶν.
Προκάθηται μὲν γὰρ ὁ βασιλεὺς τῶν ἀλφίτων καὶ τῶν χεδρόπων ἐπιδιδοὺς πᾶσι
καὶ ξένοις καὶ πολίταις, κομίζεται δὲ τῆς Χαρίλας παιδικὸν εἴδωλον· ὅταν
οὖν πάντες λάβωσιν, ὁ μὲν βασιλεὺς ῥαπίζει τῷ ὑποδήματι τὸ εἴδωλον, ἡ δὲ
τῶν Θυιάδων ἀρχηγὸς ἀραμένη κομίζει πρός τινα τόπον φαραγγώδη, κἀκεῖ
σχοινίον περιάψαντες τῷ τραχήλῳ τοῦ εἰδώλου κατορύττουσιν, ὅπου τὴν
Χάριλαν ἀπαγξαμένην ἔθαψαν.
| [12] Qu'est-ce que les Delphiens entendent par Charila?
On célèbre successivement à Delphes, tous les neuf ans, trois grandes
solennités : le Septerium, l'Héroïde, et la Charila. La première paraît
être une imitation du combat d'Apollon contre le serpent Pithon, et de la
fuite de ce dieu après sa victoire, ou de la poursuite qu'il fit de cet
animal. Car les uns disent qu'après l'avoir tué il s'enfuit à Tempé, pour
y faire les expiations dont il avait besoin ; d'autres prétendent que le
serpent blessé s'enfuit par le chemin qu'on appelle aujourd'hui la Voie
Sacrée; que le dieu s'étant mis à sa poursuite, l'atteignit au moment
qu'il venait d'expirer de ses blessures et d'être enterré par son
fils, qui se nommait Aix, ou la Chèvre. Le Septerium est donc une
représentation de ce combat ou de quelque autre événement de ce genre.
La plupart des cérémonies de l'Héroïde ont une cause fabuleuse connue des
thyades. On peut conjecturer, par ce qui s'y fait, qu'on y retrace le
retour de Sémélé à la vie.
Par rapport à Charila, voici la fable qu'on raconte : La sécheresse avait
causé à Delphes une grande famine. Les habitants vinrent en foule au
palais du roi avec leurs femmes et leurs enfants, pour lui demander des
vivres. Il fit distribuer de la farine et des légumes à ceux qui lui
étaient le plus connus, parce qu'il n'avait pas de quoi suffire aux
besoins de tous. Une jeune orpheline se présenta, et demanda du pain avec
instance. Le roi, d'impatience, lui jeta son soulier au visage. Cette
fille, qui, dans sa pauvreté, avait des sentiments élevés, se retire
aussitôt, détache sa ceinture et s'étrangle. Comme la famine augmentait
toujours, et qu'il survenait même des maladies épidémiques, le roi
consulta l'oracle, qui lui répondit qu'il fallait apaiser les mânes de
Charila, qui s'était elle-même donné la mort. On découvrit avec bien de la
peine que c'était cette jeune fille que le prince avait maltraitée. Alors
on institua un sacrifice d'expiation qui se célèbre encore aujourd'hui,
tous les neuf ans. Le roi y préside et distribue de la farine et des légumes
à tous ceux qui se présentent, citoyens ou étrangers; on y voit une figure
qui représente Charila; et, lorsque la distribution est finie, le roi frappe cette
figure de son soulier. Alors la principale des thyades la prend, la porte dans
un précipice où Charila avait été ensevelie, et y enterre son simulacre après
lui avoir attaché une corde au cou.
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