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[39] Διὰ τί τοὺς εἰς τὸ Λύκαιον εἰσελθόντας ἑκουσίως καταλεύουσιν οἱ
Ἀρκάδες· ἂν δ´ ὑπ´ ἀγνοίας, εἰς Ἐλευθερὰς ἀποστέλλουσι;
Πότερον ὡς ἐλευθερουμένων αὐτῶν διὰ τὴν ἀπόλυσιν ἔσχεν ὁ λόγος πίστιν, καὶ
τοιοῦτόν ἐστι τό « εἰς Ἐλευθεράς », οἷον τό
« Εἰς Ἀμελοῦς χώραν » καὶ τό
« Ἥξεις εἰς Ἀρέσαντος ἕδος »;
ἢ κατὰ τὸν μῦθον ἐπεὶ μόνοι τῶν Λυκάονος παίδων Ἐλευθὴρ καὶ Λεβεάδος οὐ
μετέσχον τοῦ περὶ τὸν Δία μιάσματος ἀλλ´ εἰς Βοιωτίαν ἔφυγον, καὶ
Λεβαδεῦσιν ἔστιν ἰσοπολιτεία πρὸς Ἀρκάδας; εἰς Ἐλευθερὰς οὖν ἀποπέμπουσι
τοὺς ἐν τῷ ἀβάτῳ τοῦ Διὸς ἀκουσίως γενομένους. Ἢ ὡς Ἀρχίτιμος ἐν τοῖς
Ἀρκαδικοῖς, ἐμβάντας τινὰς κατ´ ἄγνοιαν ὑπ´ Ἀρκάδων παραδοθῆναι Φλιασίοις,
ὑπὸ δὲ Φλιασίων Μεγαρεῦσιν, ἐκ δὲ Μεγαρέων εἰς Θήβας κομιζομένους περὶ τὰς
Ἐλευθερὰς ὕδατι καὶ βρονταῖς καὶ διοσημίαις ἄλλαις κατασχεθῆναι· ἀφ´ οὗ δὴ
καὶ τὸν τόπον Ἐλευθερὰς ἔνιοί φασι προσαγορεύεσθαι. Τὸ μέντοι σκιὰν μὴ
πίπτειν ἀπὸ τοῦ ἐμβάντος εἰς τὸ Λύκαιον λέγεται μὲν οὐκ ἀληθῶς, ἔσχηκε δὲ
πίστιν ἰσχυράν. Πότερον τοῦ ἀέρος εἰς νέφη τρεπομένου καὶ σκυθρωπάζοντος
ἐπὶ τοῖς εἰσιοῦσιν; ἢ ὅτι θανατοῦται μὲν ὁ ἐμβάς, τῶν δ´ ἀποθανόντων οἱ
Πυθαγορικοὶ λέγουσι τὰς ψυχὰς μὴ ποιεῖν σκιὰν μηδὲ σκαρδαμύττειν; ἢ σκιὰν
μὲν ὁ ἥλιος ποιεῖ, τὸν δ´ ἥλιον ἀφαιρεῖται τοῦ ἐμβάντος ὁ νόμος, καὶ τοῦτ´
αἰνιττόμενοι λέγουσι; καὶ γὰρ ἔλαφος ὁ ἐμβὰς καλεῖται. Διὸ καὶ Κανθαρίωνα
τὸν Ἀρκάδα πρὸς Ἠλείους αὐτομολήσαντα πολεμοῦντας Ἀρκάσι καὶ διαβάντα μετὰ
λείας τὸ ἄβατον, καταλυθέντος δὲ τοῦ πολέμου καὶ φυγόντα εἰς Σπάρτην,
ἐξέδοσαν οἱ Λακεδαιμόνιοι τοῖς Ἀρκάσι, τοῦ θεοῦ κελεύσαντος ἀποδιδόναι τὸν
ἔλαφον.
| [39] Pourquoi ceux qui entrent de dessein formé dans le Lycée, en
Arcadie, sont-ils lapidés, et ceux qui le font par mégarde, transportés à
Éleuthère?
Par rapport à ces derniers, est-ce parce qu'ils sont par là même
affranchis, et que cette formule : Allez à Éleuthère, est semblable à celle-ci :
"Allez au pays d'Amelus.
Vous irez au séjour d'Aresante"?
Faut-il croire ce que la fable rapporte, qu'entre les enfants de Lycaon,
Éleuther et Lébade furent les seuls qui n'eurent point de part au crime de
leur père envers Jupiter? Ils s'enfuirent en Béotie, et de là est
venu le droit de bourgeoisie, commun aux Lébades et aux Arcadiens.
Ils relèguent donc à Éleuthère c'eux qui, par mégarde,
entrent dans ce lieu consacré à Jupiter, d'où personne ne doit approcher.
Architimus, dans ses Arcadiennes, raconte que des gens qui y étaient
entrés sans le vouloir furent livrés par les Arcadiens aux Phliasiens,
et par ceux-ci aux Mégariens, qui les envoyèrent à Thèbes. Mais
comme ils passaient à Éleuthère, ils y furent arrêtés par des pluies
abondantes, des tonnerres et d'autres signes célestes. C'est même de là,
ajoute-t-il, que la ville prit le nom d'Éleuthère.
On prétend que ceux qui entrent dans le Lycée ne font point d'ombre ; mais
cette opinion est fausse, quelque crédit qu'elle ait trouvé dans les
esprits. En effet, ce phénomène pourrait-il venir de ce que l'air se
condenserait et prendrait, pour ainsi dire, un air sévère contre ceux qui
entrent dans ce bois sacré ? Serait-ce parce qu'on fait mourir ceux qui y
sont entrés, et que, selon Pythagore, les âmes des morts ne font point
d'ombre et n'ont pas de mouvement dans les yeux? ou parce que l'ombre est
produite par le soleil, et qu'on prive de la vue de cet astre celui qui a
osé pénétrer dans cet asile? C'est peut-être là ce qu'ils ont voulu
désigner énigmatiquement ; car on appelle cerf celui qui y est entré.
Aussi l'Arcadien Cantharion, qui, après avoir passé comme transfuge dans
le camp des Éléens, alors en guerre avec ceux d'Arcadie, avait traversé le
Lycée chargé de butin, fut-il, après la guerre, livré aux Arcadiens par
les Spartiates, chez qui il s'était retiré, parce que l'oracle leur
ordonna de rendre le cerf.
| [40] Τίς Εὔνοστος ἥρως ἐν Τανάγρᾳ καὶ διὰ τίνα αἰτίαν τὸ ἄλσος αὐτοῦ
γυναιξὶν ἀνέμβατόν ἐστιν;
Ἐλιέως τοῦ Κηφισοῦ καὶ Σκιάδος Εὔνοστος ἦν υἱός, ᾧ φασιν ὑπὸ νύμφης
Εὐνόστας ἐκτραφέντι τοῦτο γενέσθαι τοὔνομα. Καλὸς δ´ ὢν καὶ δίκαιος οὐχ
ἧττον ἦν σώφρων καὶ αὐστηρός· ἐρασθῆναι δ´ αὐτοῦ λέγουσιν Ὄχναν, μίαν τῶν
Κολωνοῦ θυγατέρων, ἀνεψιὰν οὖσαν. Ἐπεὶ δὲ πειρῶσαν ὁ Εὔνοστος ἀπετρέψατο
καὶ λοιδορήσας ἀπῆλθεν εἰς τοὺς ἀδελφοὺς κατηγορήσων, ἔφθασεν ἡ παρθένος
τοῦτο πράξασα κατ´ ἐκείνου καὶ παρώξυνε τοὺς ἀδελφοὺς Ἔχεμον καὶ Λέοντα
καὶ Βουκόλον ἀποκτεῖναι τὸν Εὔνοστον, ὡς πρὸς βίαν αὐτῇ συγγεγενημένον.
Ἐκεῖνοι μὲν οὖν ἐνεδρεύσαντες ἀπέκτειναν τὸν νεανίσκον. Ὁ δ´ Ἐλιεὺς
ἐκείνους ἔδησεν· ἡ δ´ Ὄχνη μεταμελομένη καὶ γέμουσα ταραχῆς, ἅμα μὲν αὑτὴν
ἀπαλλάξαι θέλουσα τῆς διὰ τὸν ἔρωτα λύπης, ἅμα δ´ οἰκτείρουσα τοὺς
ἀδελφοὺς ἐξήγγειλε πρὸς τὸν Ἐλιέα πᾶσαν τὴν ἀλήθειαν, ἐκεῖνος δὲ Κολωνῷ.
Κολωνοῦ δὲ δικάσαντος οἱ μὲν ἀδελφοὶ τῆς Ὄχνης ἔφυγον, αὐτὴ δὲ
κατεκρήμνισεν ἑαυτήν, ὡς Μυρτὶς ἡ Ἀνθηδονία ποιήτρια μελῶν ἱστόρηκε. Τοῦ
δ´ Εὐνόστου τὸ ἡρῷον καὶ τὸ ἄλσος οὕτως ἀνέμβατον ἐτηρεῖτο καὶ
ἀπροσπέλαστον γυναιξίν, ὥστε πολλάκις σεισμῶν ἢ αὐχμῶν ἢ διοσημιῶν ἄλλων
γενομένων ἀναζητεῖν καὶ πολυπραγμονεῖν ἐπιμελῶς τοὺς Ταναγραίους, μὴ
λέληθε γυνὴ τῷ τόπῳ πλησιάσασα, καὶ λέγειν ἐνίους, ὧν ὁ Κλείδαμος ἦν, ἀνὴρ
ἐπιφανής, ἀπηντηκέναι αὐτοῖς τὸν Εὔνοστον ἐπὶ θάλατταν βαδίζοντα
λουσόμενον, ὡς γυναικὸς ἐμβεβηκυίας εἰς τὸ τέμενος. Ἀναφέρει δὲ καὶ
Διοκλῆς ἐν τῷ περὶ ἡρῴων συντάγματι δόγμα Ταναγραίων, περὶ ὧν ὁ Κλείδαμος
ἀπήγγειλεν.
| [40] Qu'est-ce que le héros Eunostus à Tanagre? et pourquoi les femmes ne
peuvent-elles pas entrer dans le bois qui lui est consacré ?
Eunostus eut pour père Élieus, fils de Céphisus et de Sciade. La nymphe
Eunosta, qui l'avait nourri, lui donna son nom. La pureté et même
l'austérité de ses mœurs égalaient sa justice et son intégrité. Ochna, sa
cousine, une des filles de Colonus, devint amoureuse de lui et le pressa
de consentir à ses désirs. Eunostus rejeta sa proposition avec horreur, et
alla trouver les frères d'Ochna pour s'en plaindre ; mais elle l'avait
prévenu, en l'accusant lui-même, auprès d'eux, de lui avoir fait violence.
Elle les irrita tellement contre lui, qu'ils le tuèrent dans une
embuscade. Ils étaient trois, et se nommaient Ochnus, Léon et Bucolus.
Elieus fit jeter dans les fers les meurtriers de son fils. Bientôt Ochna,
touchée de repentir et livrée aux plus cruels remords, soit pour se
délivrer des peines que lui causait un malheureux amour, soit par
compassion pour ses frères, alla tout découvrir à Élieus, qui lui-même en
instruisit le père d'Ochna. Colonus condamna ses trois fils à l'exil, et
Ochna se précipita volontairement du haut d'un rocher. C'est ainsi que le
rapporte Myrtis, citoyenne d'Anthédon, connue par ses poésies. Les
Tanagriens étaient si attentifs à écarter les femmes du temple et du bois
sacré d'Eunostus, que, lorsqu'il arrivait des tremblements de terre, des
sécheresses ou d'autres accidents de cette nature assez ordinaires, ils
recherchaient avec le plus grand soin si quelque femme ne s'en était pas
secrètement approchée. Quelques auteurs même, du nombre desquels est
Clidamus, écrivain d'une grande autorité, disent avoir rencontré Eunostus
qui allait se laver dans la mer, parce que femme était entrée dans son
bois sacré. Dioclès, dans son Commentaire sur les temples des
demi-dieux, rapporte un décret des Tanagriens relatif à la déclaration
qu'en avait faite Clidamus.
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