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[29] Τίς ὁ παρ´ Ἐπιδαμνίοις πωλήτης;
Ἐπιδάμνιοι γειτνιῶντες Ἰλλυριοῖς ᾐσθάνοντο τοὺς ἐπιμιγνυμένους αὐτοῖς
πολίτας γιγνομένους πονηροὺς καὶ φοβούμενοι νεωτερισμὸν ᾑροῦντο πρὸς τὰ
τοιαῦτα συμβόλαια καὶ τὰς ἀμείψεις καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἕνα τῶν
δεδοκιμασμένων παρ´ αὐτοῖς, ὃς ἐπιφοιτῶν τοῖς βαρβάροις παρεῖχεν ἀγορὰν
καὶ διάθεσιν πᾶσι τοῖς πολίταις « πωλήτης » προσαγορευόμενος.
| [29] Quel est celui qu'on appelle le polète à Épidamne?
Les habitants d'Épidamne, qui s'étaient aperçus que leurs citoyens,
en commerçant avec les Illyriens, leurs voisins, se laissaient
insensiblement corrompre, craignirent qu'il n'en résultât des nouveautés
dangereuses dans le gouvernement. Pour l'éviter, ils choisirent chaque
année un homme d'une probité reconnue, qui se rendait chez ces Barbares et
faisait, au nom de ses concitoyens, tous les marchés nécessaires. On
l'appelait le polète, ou le commerçant.
| [30] Τίς ἡ περὶ Θρᾴκην Ἀραοῦ ἀκτή;
Ἄνδριοι καὶ Χαλκιδεῖς πλεύσαντες εἰς Θρᾴκην οἰκήσεως ἕνεκα Σάνην μὲν
πόλιν ἐκ προδοσίας κοινῇ παρέλαβον, τὴν δ´ Ἄκανθον ἐκλελοιπέναι τοὺς
βαρβάρους πυνθανόμενοι δύο κατασκόπους ἔπεμψαν. Ὡς δὲ τῇ πόλει προσιόντες
παντάπασι πεφευγότας ᾐσθάνοντο τοὺς πολεμίους, ὁ μὲν Χαλκιδικὸς
προεξέδραμεν ὡς καταληψόμενος τοῖς Χαλκιδεῦσι τὴν πόλιν, ὁ δ´ Ἄνδριος οὐ
συνεξανύτων ἠκόντισε τὸ δόρυ, καὶ ταῖς πύλαις ἐμπαρέντος μετὰ βολῆς
Ἀνδρίων ἔφη παισὶν αἰχμῇ προκατειλῆφθαι τὴν πόλιν. Ἐκ τούτου διαφορᾶς
γενομένης, ἄνευ πολέμου συνέβησαν Ἐρυθραίοις καὶ Σαμίοις καὶ Παρίοις
χρήσασθαι περὶ πάντων δικασταῖς. Ἐπεὶ δ´ οἱ μὲν Ἐρυθραῖοι καὶ οἱ Σάμιοι
τὴν ψῆφον Ἀνδρίοις ἤνεγκαν, οἱ δὲ Πάριοι Χαλκιδεῦσιν, ἀρὰς ἔθεντο περὶ τὸν
τόπον τοῦτον οἱ Ἄνδριοι κατ´ αὐτῶν μήτε δοῦναι γυναῖκα Παρίοις μήτε λαβεῖν
παρ´ αὐτῶν· καὶ διὰ τοῦτο προσηγόρευσαν « ἀκτὴν Ἀραίνου », πρότερον
ὀνομαζομένην Δράκοντος.
| [30] Qu'est-ce qu'on appelle en Thrace le rivage d'Arénus ?
Ceux d'Andros et de Chalcis passèrent dans la Thrace
à dessein de s'y établir, et s'emparèrent par trahison de la ville de
Sanes, qu'ils possédèrent en commun. Bientôt, sur la nouvelle qu'ils
eurent que les Barbares avaient abandonné la ville d'Acanthe, ils y
envoyèrent deux des leurs qui, s'étant approchés des portes, reconnurent
que les ennemis n'y étaient plus. Celui de Chalcis devança son compagnon,
afin de prendre le premier possession de la ville au nom de ses
concitoyens. L'Andrien, qui ne pouvait pas le suivre, lance avec force un
trait qu'il enfonce dans la porte, et prétend avoir par là acquis le
premier la ville pour ceux de son pays. Il s'éleva une dispute entre les
deux peuples ; mais pour empêcher qu'elle ne dégénérât en guerre ouverte,
ils convinrent de prendre pour arbitres ceux d'Érythrée, de Samos et de
Paros.
Les deux premières villes décidèrent en faveur des Andriens et la
troisième pour ceux de Chalcis. Alors les Andriens prononcèrent sur le
lieu même les plus fortes imprécations contre les Pariens, et s'engagèrent
à ne jamais prendre de femmes chez eux et à ne point leur en donner. De là
ce rivage, qui portait autrefois le nom du Dragon, prit celui d'Arénus, ou
d'Imprécation.
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