[40] Διὰ τί τῷ ἱερεῖ τοῦ Διὸς οὐκ ἔξεστιν ἐν ὑπαίθρῳ ἀλείφεσθαι;
Πότερον ὅτι καὶ παῖδας γυμνοῦσθαι πατρὸς ὁρῶντος καὶ πενθεροῦ γαμβρὸν οὐχ
ὅσιον ἦν οὐδὲ καλόν, οὐδὲ συνελούοντο τὸ παλαιὸν ἀλλήλοις; Πατὴρ δ´ ὁ Ζεὺς
καὶ τὸ ἐν ὑπαίθρῳ μάλιστά πως εἶναι δοκεῖ τοῦ Διὸς ἐνώπιον· ἤ, καθάπερ ἐν
ναῷ καὶ ἱερῷ γυμνοῦν ἑαυτὸν ἀθέμιτόν ἐστιν, οὕτω τὸν ὕπαιθρον ἀέρα καὶ τὸν
ὑπουράνιον, ὄντα καὶ θεῶν καὶ δαιμόνων μεστόν, ἐξευλαβοῦντο; Διὸ καὶ τὰ
πολλὰ τῶν ἀναγκαίων ὑπὸ στέγῃ δρῶμεν ἐπικρυπτόμενοι καὶ ἐπικαλυπτόμενοι
ταῖς οἰκίαις πρὸς τὸ θεῖον. Ἢ τὰ μὲν μόνῳ τῷ ἱερεῖ, τὰ δὲ πᾶσιν ὑπὸ τοῦ
νόμου προστέτακται διὰ τοῦ ἱερέως; Διὸ καὶ παρ´ ἡμῖν τὸ μὲν στεφανηφορεῖν
καὶ κομᾶν καὶ μὴ σιδηροφορεῖν μηδὲ τοῖς Φωκέων ὅροις ἐμβαίνειν ἴδια
λειτουργήματα τοῦ ἄρχοντός ἐστι, τὸ δ´ ὀπώρας μὴ γεύεσθαι πρὸ ἰσημερίας
μετοπωρινῆς μηδ´ ἄμπελον τέμνειν πρὸ ἰσημερίας ἐαρινῆς ὁμοῦ τι πᾶσι
δηλοῦται διὰ τοῦ ἄρχοντος· ἑκατέρου γὰρ ὁ καιρὸς ἐκεῖνός ἐστι. Τὸν αὐτὸν
οὖν τρόπον ὡς ἔοικε καὶ τοῦ παρὰ Ῥωμαίοις ἱερέως ἴδιόν ἐστι τὸ μήθ´ ἵππῳ
χρῆσθαι μήτε πλείονας νύκτας ἀποδημεῖν τριῶν μήτ´ ἀποτίθεσθαι τὸν πῖλον,
ἀφ´ οὗ καί « φλᾶμεν » κέκληται, πολλὰ δ´ ἄλλα δηλοῦται πᾶσι διὰ τοῦ
ἱερέως· ὧν ἕν ἐστι καὶ τὸ ἐν ὑπαίθρῳ μὴ ἀλείφεσθαι. Τὸ γὰρ ξηραλοιφεῖν
ὑφεωρῶντο Ῥωμαῖοι σφόδρα, καὶ τοῖς Ἕλλησιν οἴονται μηδὲν οὕτως αἴτιον
δουλείας γεγονέναι καὶ μαλακίας, ὡς τὰ γυμνάσια καὶ τὰς παλαίστρας, πολὺν
ἄλυν καὶ σχολὴν ἐντεκούσας ταῖς πόλεσι καὶ κακοσχολίαν καὶ τὸ παιδεραστεῖν
καὶ τὸ διαφθείρειν τὰ σώματα τῶν νέων ὕπνοις καὶ περιπάτοις καὶ κινήσεσιν
εὐρύθμοις καὶ διαίταις ἀκριβέσιν, ὑφ´ ὧν ἔλαθον ἐκρυέντες τῶν ὅπλων καὶ
ἀγαπήσαντες ἀνθ´ ὁπλιτῶν καὶ ἱππέων ἀγαθῶν εὐτράπελοι καὶ παλαιστρῖται καὶ
καλοὶ λέγεσθαι. Ταῦτα γοῦν ἔργον ἐστὶν ἀποφυγεῖν εἰς ὕπαιθρον
ἀποδυομένους· οἱ δὲ κατ´ οἰκίαν ἀλειφόμενοι καὶ θεραπεύοντες ἑαυτοὺς οὐδὲν
ἁμαρτάνουσι.
41. Διὰ τί τὸ παλαιὸν νόμισμα πῆ μὲν εἶχεν Ἰανοῦ διπρόσωπον εἰκόνα, πῆ δὲ
πλοίου πρύμναν ἢ πρῷραν ἐγκεχαραγμένην;
Πότερον ὡς οἱ πολλοὶ λέγουσιν ἐπὶ τιμῇ τοῦ Κρόνου πλοίῳ διαπεράσαντος εἰς
Ἰταλίαν, ἢ τοῦτο μὲν ἔστιν ἐπὶ πολλῶν λέγειν (καὶ γὰρ Ἰανὸς καὶ Εὔανδρος
καὶ Αἰνείας ἐκ θαλάττης προσεκομίσθησαν), ἐκεῖνο δ´ ἄν τις μᾶλλον
εἰκάσειεν, ὅτι τὰ μὲν καλὰ ταῖς πόλεσίν ἐστι τὰ δ´ ἀναγκαῖα, καὶ μέγιστον
τῶν μὲν καλῶν ἡ εὐνομία τῶν δ´ ἀναγκαίων ἡ εὐπορία; Ἐπεὶ τοίνυν εὐνομίαν
μὲν Ἰανὸς κατέστησεν αὐτοῖς ἐξημερώσας τὸν βίον, ἀφθονίαν δὲ παρέχει τῶν
ἀναγκαίων ὁ ποταμὸς πλώιμος ὢν καὶ τὰ μὲν ἐκ θαλάττης τὰ δ´ ἀπὸ τῆς χώρας
κατακομίζων, σύμβολον ἔσχε τὸ νόμισμα τοῦ μὲν νομοθέτου τὸ δίμορφον ὡς
εἴρηται διὰ τὴν μεταβολήν, τοῦ δὲ ποταμοῦ τὸ πορθμεῖον. Ἑτέρῳ δ´ ἐχρήσαντο
νομίσματι βοῦν ἔχοντι καὶ πρόβατον καὶ ὗν παράσημον, εὐποροῦντες ἀπὸ τῶν
θρεμμάτων μάλιστα καὶ τὴν περιουσίαν ἀπὸ τούτων ἔχοντες· διὸ καὶ τῶν
ὀνομάτων πολλὰ τοῖς παλαιοῖς Συίλ|λιοι καὶ Βουβολκοὶ καὶ Πόρκιοι ἦσαν, ὡς
Φενεστέλλας εἴρηκεν.
42. Διὰ τί τῷ τοῦ Κρόνου ναῷ χρῶνται ταμείῳ τῶν δημοσίων χρημάτων, ἅμα δὲ
καὶ φυλακτηρίῳ τῶν συμβολαίων;
Πότερον ὅτι δόξα κατεῖχε καὶ λόγος οὐκ εἶναι πλεονεξίαν ἐν ἀνθρώποις οὐδ´
ἀδικίαν Κρόνου βασιλεύοντος, ἀλλὰ πίστιν καὶ δικαιοσύνην; Ἢ ὅτι καρπῶν
εὑρετὴς καὶ γεωργίας ἡγεμὼν ὁ θεός; Ἡ γὰρ ἅρπη τοῦτο σημαίνει καὶ οὐχ ὡς
γέγραφεν Ἀντίμαχος Ἡσιόδῳ πειθόμενος
« Λέχρις δὲ δρεπάνῳ τέμνων ἀπὸ μήδεα πατρὸς
Οὐρανοῦ Ἀκμονίδεω λάσιος Κρόνος ἀντιτέτυκτο· »
καρπῶν δ´ ἀφθονία καὶ διάθεσις γένεσίς ἐστι νομίσματος· διὸ τὸν αἴτιον
καὶ φύλακα ποιοῦνται τῆς εὐδαιμονίας. Μαρτυρεῖ δὲ τούτῳ τὸ τὰς ἀγομένας
δι´ ἐννέα ἡμερῶν ἐπ´ ἀγορὰν συνόδους, νουνδίνας δὲ καλουμένας, ἱερὰς τοῦ
Κρόνου νομίζεσθαι· πράσεως γὰρ καὶ ὠνῆς περιουσία καρπῶν ἀρχὴν παρέσχεν. Ἢ
ταῦτα μέν ἐστι παλαιά, πρῶτος δὲ ταμεῖον ἀπέδειξε τὸ Κρόνιον τῶν βασιλέων
καταλυθέντων Οὐαλέριος Ποπλικόλας πειθόμενος εὐερκῆ καὶ καταφανῆ καὶ
δυσεπιβούλευτον εἶναι τὸν τόπον;
43. Διὰ τί δ´ οἱ πρεσβεύοντες εἰς Ῥώμην ὁποθενοῦν ἐπὶ τὸν τοῦ Κρόνου ναὸν
βαδίζοντες ἀπογράφονται πρὸς τοὺς ἐπάρχους τοῦ ταμείου;
Πότερον ὡς ξένου τοῦ Κρόνου γενομένου καὶ διὰ τοῦτο τοῖς ξένοις χαίροντος;
Ἢ καὶ τοῦτο λύεται τῇ ἱστορίᾳ; Τὸ γὰρ παλαιὸν ὡς ἔοικεν οἱ ταμίαι ξένια
τοῖς πρεσβεύουσιν ἔπεμπον (ἐκαλεῖτο δὲ « λαύτια » τὰ πεμπόμενα) καὶ
νοσούντων ἐπεμέλοντο καὶ τελευτήσαντας ἔθαπτον ἐκ δημοσίου, νῦν δ´ ὑπὸ
πλήθους τῶν ἀφικνουμένων πρέσβεων ἐκλέλειπται τὸ τῆς δαπάνης μένει δ´ ἔτι
τὸ τοῖς ἐπάρχοις τοῦ ταμείου προεντυγχάνειν διὰ τῆς ἀπογραφῆς.
44. Διὰ τί τῷ ἱερεῖ τοῦ Διὸς οὐκ ἔξεστιν ὀμόσαι;
Πότερον ὅτι βάσανός τις ἐλευθέρων ὁ ὅρκος ἐστί, δεῖ δ´ ἀβασάνιστον εἶναι
καὶ τὸ σῶμα | [40] Pourquoi est-il défendu au prêtre de Jupiter de se frotter d'huile en
plein air ?
Est-ce par la même raison qu'ils regardent comme une indécence qu'un fils
paraisse nu devant son père, et un gendre devant son beau-père, et
qu'autrefois même ils ne prenaient pas le bain ensemble ? Or Jupiter est
le père des hommes, et ce qui se fait en plein air est surtout exposé à
ses regards. Est-ce que, comme il est défendu d'ôter ses habits dans un
temple, ils ont le même respect pour l'air, qu'ils croient rempli de dieux
et de génies ?
C'est pour cela que nous faisons bien des choses, même nécessaires, dans
le secret de nos maisons et comme hors de la présence des dieux.
D'ailleurs, n'y a-t-il pas des actions que le prêtre seul peut faire, et
d'autres que la loi commande à tous par l'organe du prêtre? Ainsi, dans la
Béotie, le droit de porter une couronne et des armes, de laisser croître
ses cheveux, et la défense d'entrer dans les terres des Phocéens,
sont des choses particulières au seul magistrat ; mais de ne manger des
pommes qu'après l'équinoxe d'automne, de ne pas tailler la vigne avant
celui du printemps, ce sont des pratiques que le magistrat commande à tous
les citoyens, afin que chacune se fasse dans sa saison. De même, chez les
Romains, le prêtre de Jupiter est le seul qui ne puisse ni aller à cheval,
ni passer plus de trois nuits hors de Rome, ni quitter un seul instant son
bonnet, marque de sa dignité et d'où lui vient le nom de flamine.
Mais il est plusieurs lois que le prêtre intime à tous les citoyens, et de ce nombre
est la défense de se frotter d'huile en plein air.
En général, les Romains désapprouvent fort la pratique de s'oindre le
corps d'huile publiquement, et ils sont persuadés que rien n'a tant
contribué à amollir les Grecs et à les faire tomber dans l'esclavage, que
leurs gymnases. C'étaient pour les villes des occasions de paresse,
d'oisiveté, d'amusements pernicieux. De là naissaient les vices les plus
infâmes. Ces sommeils, ces promenades, ces mouvements réglés et compassés,
ce régime si exact et si mesuré, tout cela énervait les corps des jeunes
gens. C'est ce qui a fait perdre insensiblement aux Grecs le goût des
armes, et au mérite de soldats pesamment armés et de bons cavaliers ils
ont préféré celui d'athlètes agiles, de lutteurs adroits, d'hommes de
bonne mine. Or il est difficile de ne pas donner dans tous ces écueils dès
qu'une fois on ne craint pas de paraître nu en public; au lieu qu'on les
évite en se frottant d'huile et en donnant à son corps tous les autres
soins nécessaires dans l'intérieur de sa maison.
41. Pourquoi l'ancienne monnaie des Romains portait-elle d'un côté
l'empreinte d'un Janus à deux visages, et de l'autre celle de la poupe ou
de la proue d'un vaisseau ?
Était-ce, suivant l'opinion la plus commune, pour honorer Saturne, qui
vint par mer en Italie? Il est vrai que cela lui fut commun avec bien
d'autres héros, tels que Janus, Evandre et Énée. Ainsi je l'attribuerais à
une autre cause, qui me paraît bien plus vraisemblable. Rien ne
contribue tant aux bonnes mœurs des villes qu'une sage législation, et
rien ne lui est plus nécessaire que l'abondance. Rome devait à Janus les
lois qui avaient adouci les mœurs de ses habitants, et à la navigation de
son fleuve les richesses de la terre et de la mer. Elle avait donc mis sur
sa monnaie, d'un côté l'empreinte de son législateur, qu'on représentait à
deux visages, comme on l'a déjà dit, à cause de l'heureuse révolution
qu'il avait opérée ; et de l'autre la navigation du Tibre. Ils eurent
aussi une autre monnaie sur laquelle étaient empreints un bœuf, une brebis
et un porc, pour signifier que les troupeaux faisaient leurs principales
richesses. Aussi la plupart des anciens Romains, au rapport de Fénestella,
tiraient-ils leur nom de quelque animal, tels que Suillius, Bubulcus et Porcius.
42. Pourquoi ont-ils choisi le temple de Saturne pour en faire le dépôt du
trésor public et des archives?
Ont-ils suivi en cela l'opinion généralement établie, que sous le règne de
Saturne, les hommes exempts d'avarice et de fraude pratiquaient en tout la
justice et la bonne foi? Est-ce parce que ce dieu préside à la culture des
terres et des fruits ? car c'est là ce que sa faux désigne et non ce qu'a
dit Antimachus, d'après Hésiode :
"On voit auprès de lui Saturne, fils du Ciel,
Qui, la faux à la main, a mutilé son père".
L'abondance des fruits et la vente qui en a été la suite ont donné
naissance à la monnaie, et c'est pour cela qu'on l'a mise sous la garde de
Saturne, qui en est regardé comme l'auteur. Ce qui confirme cette opinion,
c'est que les marchés qui se tiennent tous les neuf jours sur la place publique
sont consacrés à Saturne, parce que l'abondance des fruits en a
nécessairement amené les achats et les ventes. Peut-être est-ce remonter
trop loin, et il est, je crois, plus probable que Valérius Publicola,
après l'expulsion des rois, fit le premier du temple de Saturne le dépôt
du trésor public, parce qu'il était bien fortifié, exposé à la vue de tout
le monde et à l'abri des insultes.
43. Pourquoi les ambassadeurs qui viennent de toutes parts à Rome vont-ils
se faire inscrire au temple de Saturne, sur le registre des questeurs?
Cela vient-il de ce que Saturne aimait les étrangers, parce qu'il l'avait
été lui-même en Italie? Ou plutôt n'en faut-il pas chercher la solution
dans l'histoire? Il paraît qu'anciennement les questeurs envoyaient des
présents aux ambassadeurs ; qu'ils avaient soin d'eux lorsqu'ils tombaient
malades, et que, s'ils venaient à mourir, ils les faisaient enterrer aux
dépens du trésor public. Aujourd'hui la multitude des ambassadeurs qui se
rendent à Rome a fait supprimer cette dépense, mais on a conservé l'usage
de les faire inscrire sur le registre des questeurs.
44. Pourquoi n'est-il pas permis au prêtre de Jupiter de faire aucun serment?
Est-ce que le serment est une espèce de question pour les gens libres, et
que l'âme d'un prêtre ne doit être, non plus que son corps, assujettie à
aucune torture? A-t-on cru qu'il serait inconséquent de ne pas s'en
rapporter, pour de petites choses, à la parole d'un homme à qui l'on
confie les choses les plus sacrées et les plus importantes? Est-ce parce
que tout serment finit par des imprécations contre ceux qui se
parjureraient? Or l'imprécation est toujours de mauvais augure, et les
lois défendent aux prêtres d'en prononcer contre personne. Aussi
approuva-t-on la prêtresse d'Athènes qui ne voulut point maudire Alcibiade,
quoique le peuple le lui ordonnât, et qui répondit qu'elle était faite pour prononcer
des vœux et non des malédictions. Est-ce enfin de peur que le peuple
ne soit exposé aux suites d'un parjure si un homme qui en serait coupable
prononçait des vœux et offrait des sacrifices pour la république?
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