[80] Διὰ τί τοὺς θριαμβεύσαντας ἑστιῶντες ἐν δημοσίῳ παρῃτοῦντο τοὺς
ὑπάτους καὶ πέμποντες παρεκάλουν μὴ ἐλθεῖν ἐπὶ τὸ δεῖπνον;
Ἦ καὶ τόπον ἔδει τῷ θριαμβεύσαντι κλισίας τὸν ἐντιμότατον ἀποδίδοσθαι καὶ
προπομπὴν μετὰ τὸ δεῖπνον· ταῦτα δ´ οὐκ ἔξεστιν ἑτέρῳ γίνεσθαι τῶν ὑπάτων
παρόντων, ἀλλ´ ἐκείνοις;
81. Διὰ τί περιπόρφυρον ὁ δήμαρχος οὐ φορεῖ τῶν ἄλλων ἀρχόντων φορούντων;
Ἦ τὸ παράπαν οὐδ´ ἐστὶν ἄρχων; Οὐδὲ γὰρ ῥαβδούχους ἔχουσι οὐδ´ ἐπὶ δίφρου
καθήμενοι χρηματίζουσιν, οὐδ´ ἔτους ἀρχῇ καθάπερ οἱ λοιποὶ πάντες ἄρχοντες
εἰσίασιν, οὐδὲ παύονται δικτάτωρος αἱρεθέντος ἀλλὰ πᾶσαν ἀρχὴν ἐκείνου
μετατιθέντος εἰς ἑαυτὸν αὐτοὶ μόνοι διαμένουσιν, ὥσπερ οὐκ ὄντες ἄρχοντες
ἀλλ´ ἑτέραν τινὰ τάξιν ἔχοντες. Ὡς δὲ τῶν ῥητόρων ἔνιοι τὴν παραγραφὴν οὐ
βούλονται δίκην εἶναι, τοὐναντίον τῇ δίκῃ δρῶσαν, (ἡ μὲν γὰρ εἰσάγει καὶ
ποιεῖ κρίσιν, ἡ δ´ ἀναιρεῖ καὶ λύει), τὸν αὐτὸν τρόπον οἴονται τὴν
δημαρχίαν κώλυσιν ἀρχῆς μᾶλλον εἶναι καὶ πρὸς ἀρχὴν ἀντίταξιν ἢ ἀρχήν. Τὸ
γὰρ ἐνστῆναι πρὸς δύναμιν ἄρχοντος καὶ τὴν ἄγαν ἐξουσίαν ἀφελεῖν ἐξουσία
καὶ δύναμίς ἐστιν αὐτῆς. Ἢ ταῦτα μὲν ἄν τις εἴποι καὶ τὰ τοιαῦτα χρώμενος
εὑρεσιλογίᾳ; Τῆς δὲ δημαρχίας τὴν γένεσιν ἐκ τοῦ δήμου λαμβανούσης τὸ
δημοτικὸν ἰσχυρόν ἐστι, καὶ μέγα τὸ μὴ μεῖζον φρονεῖν τῶν λοιπῶν ἀλλ´
ὁμοιοῦσθαι καὶ σχήματι καὶ στολῇ καὶ διαίτῃ τοῖς ἐπιτυγχάνουσι τῶν
πολιτῶν. Ὁ γὰρ ὄγκος ὑπάτῳ προσήκει καὶ στρατηγῷ, τὸν δὲ δήμαρχον, ὡς
Γάιος Κουρίων ἔλεγε, καταπατεῖσθαι δεῖ καὶ μὴ σεμνὸν εἶναι τῇ ὄψει μηδὲ
δυσπρόσοδον μηδὲ τοῖς πολλοῖς χαλεπόν, ἀλλ´ ὑπὲρ τῶν ἄλλων ... Τοῖς δὲ
πολλοῖς εὐμεταχείριστον. Ὅθεν οὐδ´ οἰκίας αὐτοῦ κλείεσθαι νενόμισται
θύραν, ἀλλὰ καὶ νύκτωρ ἀνέῳγε καὶ μεθ´ ἡμέραν ὥσπερ λιμὴν καὶ καταφυγὴ
τοῖς δεομένοις. Ὅσῳ δὲ μᾶλλον ἐκταπεινοῦται τῷ σώματι, τοσούτῳ μᾶλλον
αὔξεται τῇ δυνάμει. Κοινὸν γὰρ αὐτὸν ἀξιοῦσι τῇ χρείᾳ καὶ πᾶσιν ἐφικτὸν
ὥσπερ βωμὸν εἶναι. Τῇ δὲ τιμῇ ποιοῦσιν ἱερὸν καὶ ἅγιον καὶ ἄσυλον· ὅπου
κἂν βαδίζων ἐν δημοσίῳ ... πᾶσι νόμος ἐστὶ καθαίρεσθαι καὶ ἁγνίζεσθαι τὸ
σῶμα καθάπερ μεμιασμένον.
82. Διὰ τί τῶν στρατηγῶν αἱ ῥάβδοι συνδεδεμέναι προσηρτημένων τῶν
πελέκεων φέρονται;
Πότερον ὅτι σύμβολόν ἐστι τοῦ μὴ δεῖν πρόχειρον εἶναι καὶ λελυμένην τὴν
ὀργὴν τοῦ ἄρχοντος; Ἢ διατριβὴν καὶ μέλλησιν ἐμποιοῦν τῇ ὀργῇ τὸ λύειν
ἀτρέμα τὰς ῥάβδους πολλάκις ἐποίησε μεταγνῶναι περὶ τῆς κολάσεως; Ἐπεὶ δὲ
τῆς κακίας τὸ μὲν ἰάσιμόν ἐστι τὸ δ´ ἀνήκεστον, αἱ μὲν ῥάβδοι νουθετοῦσι
τὸ μεταθέσθαι δυνάμενον, οἱ δὲ πελέκεις ἀποκόπτουσι τὸ ἀνουθέτητον.
83. Διὰ τί τοὺς καλουμένους Βλετωνησίους βαρβάρους ὄντας ἄνθρωπον
τεθυκέναι θεοῖς πυθόμενοι μετεπέμψαντο τοὺς ἄρχοντας αὐτῶν ὡς κολάσοντες,
ἐπεὶ δὲ νόμῳ τινὶ τοῦτ´ ἐφαίνοντο πεποιηκότες, ἐκείνους μὲν ἀπέλυσαν,
ἐκώλυσαν δὲ πρὸς τὸ λοιπόν· αὐτοὶ δ´ οὐ πολλοῖς ἔτεσιν ἔμπροσθεν δύο μὲν
ἄνδρας δύο δὲ γυναῖκας ἐν τῇ βοῶν ἀγορᾷ λεγομένῃ, τοὺς μὲν Ἕλληνας, τοὺς
δὲ Γαλάτας, ζῶντας κατώρυξαν; Φαίνεται γὰρ ἄτοπον ταῦτα μὲν ποιεῖν αὐτούς,
ἐπιτιμᾶν δὲ βαρβάροις ὡς οὐχ ὅσια ποιοῦσι.
Πότερον τὸ μὲν θεοῖς θύειν ἀνθρώπους ἀνόσιον ἡγοῦντο, τὸ δὲ δαίμοσιν
ἀναγκαῖον; Ἢ τοὺς μὲν ἔθει καὶ νόμῳ τοῦτο πράττοντας ἁμαρτάνειν ἐνόμιζον,
αὐτοὶ δὲ προσταχθέντες ἐκ τῶν Σιβυλλείων ἔπραξαν; Λέγεται γὰρ Ἐλβίαν τινὰ
παρθένον ὀχουμένην ἐφ´ ἵππου βληθῆναι κεραυνῷ, καὶ γυμνὸν μὲν εὑρεθῆναι
κείμενον τὸν ἵππον, γυμνὴν δ´ αὐτὴν ὡς ἐπίτηδες ἀνηγμένου τοῦ χιτῶνος ἀπὸ
τῶν ἀπορρήτων, ὑποδημάτων δὲ καὶ δακτυλίων καὶ κεκρυφάλου διερριμμένων
χωρὶς ἄλλων ἀλλαχόθι, τοῦ δὲ στόματος ἔξω προβεβληκότος τὴν γλῶσσαν.
Ἀποφηναμένων δὲ τῶν μάντεων δεινὴν μὲν αἰσχύνην ταῖς ἱεραῖς παρθένοις
εἶναι καὶ γενήσεσθαι περιβόητον, ἅψεσθαι δέ τινα καὶ ἱππέων ὕβριν, ἐμήνυσε
Βάρρου τινὸς ἱππικοῦ θεράπων τρεῖς παρθένους τῶν ἑστιάδων, Αἰμιλίαν καὶ
Λικινίαν καὶ Μαρκίαν, ὑπὸ ταὐτὸ διεφθαρμένας καὶ συνούσας πολὺν χρόνον
ἀνδράσιν, ὧν εἷς ἦν Βετούτιος Βάρρος τοῦ μηνυτοῦ δεσπότης. Ἐκεῖναι μὲν οὖν
ἐκολάσθησαν ἐξελεγχθεῖσαι, τῆς δὲ πράξεως δεινῆς φανείσης ἔδοξεν ἀνερέσθαι
τὰ Σιβύλλεια τοὺς ἱερεῖς. Εὑρεθῆναι δέ φασι χρησμοὺς ταῦτά τε προδηλοῦντας
ὡς ἐπὶ κακῷ γενησόμενα καὶ προστάττοντας ἀλλοκότοις τισὶ δαίμοσι καὶ
ξένοις ἀποτροπῆς ἕνεκα τοῦ ἐπιόντος προέσθαι δύο μὲν Ἕλληνας, δύο δὲ
Γαλάτας ζῶντας αὐτόθι κατορυγέντας.
84. Διὰ τί τὴν τῆς ἡμέρας ἀρχὴν ἐκ μέσης νυκτὸς λαμβάνουσι;
Πότερον ὅτι ἡ πολιτεία στρατιωτικὴν ἐν ἀρχῇ σύνταξιν εἶχε, τὰ δὲ πολλὰ
νύκτωρ ἐν ταῖς στρατείαις προλαμβάνεται τῶν χρησίμων; Ἢ πράξεως μὲν ἀρχὴν
ἐποιοῦντο τὴν ἀνατολήν, παρασκευῆς δὲ τὴν νύκτα; Δεῖ γὰρ παρασκευασαμένους
πράττειν, ἀλλὰ μὴ παρασκευάζεσθαι πράττοντας, ὡς Μύσων πρὸς Χίλωνα τὸν
σοφὸν εἶπεν ἐν χειμῶνι θρίνακα τεκταινόμενος. Ἢ < | [80] Pourquoi, dans le repas public qu'on donnait aux triomphateurs,
faisait-on dire aux consuls de ne pas s'y trouver?
Était-ce pour laisser au triomphateur la première place, avec tous les
honneurs du repas, et afin qu'il fût reconduit chez lui avec pompe;
honneurs qu'il n'était permis de rendre à aucun autre citoyen, lorsque les
consuls étaient présents ?
81. Pourquoi les tribuns du peuple ne portent-ils pas la robe de pourpre,
comme les autres magistrats ?
Est-ce parce qu'ils ne sont pas réellement magistrats? En effet, ils n'ont
point de licteurs ; ils ne rendent pas la justice, assis sur un tribunal ;
ils n'entrent point en charge au commencement de l'année, comme les autres
magistrats; n'abdiquent point le tribunat quand on crée un dictateur; et
quoique l'autorité de toutes les autres magistratures soit transportée à
ce magistrat extraordinaire, les tribuns du peuple restent toujours en
place, parce qu'ils ne sont pas de vrais magistrats, mais des personnages
d'un ordre tout différent. Quelques rhéteurs enseignent que l'exception
n'est pas une action véritable, qu'elle est même opposée à celle-ci, puisque l'action
est le fondement de la cause, et que l'exception la détruit. De même, on regarde le
tribunat moins comme une magistrature que comme un frein pour les autres,
auxquelles, par conséquent, il est opposé, puisque ses fonctions sont de
résister à la puissance des magistrats et d'en prévenir l'abus.
Mais, sans s'arrêter à ces causes, peut-être imaginaires, ne pourrait-on
pas dire, en remontant à l'origine du tribunat, qu'il sert à montrer le
pouvoir et la force du peuple qui l'a établi, en ce que les tribuns ne
peuvent pas s'élever au-dessus des autres citoyens, et n'ont rien dans
leur habillement, ni dans leur manière de vivre, qui les distingue du
commun? Un air de faste peut convenir au consul et au préteur ; mais le
tribun du peuple, disait Curion, doit s'abaisser devant tout le monde,
avoir un air modeste et un abord facile ; braver, pour les intérêts du
peuple, la haine de la noblesse, et s'occuper uniquement de plaire à la
multitude. Aussi sa maison n'est-elle fermée ni nuit ni jour. C'est comme
un port et un asile toujours ouvert à ceux qui ont besoin de son secours ;
mais, en même temps, plus il s'abaisse dans sa personne, plus il augmente
son pouvoir. Il est l'homme du public, et comme un autel de refuge
accessible à tout le monde. Sa personne est sacrée et inviolable, et quand
il paraît en public, chacun est obligé de se purifier, comme s'il était souillé.
82. Pourquoi porte-t-on devant les magistrats des haches entourées de
faisceaux de verges ?
Veut-on montrer aux magistrats, d'une manière symbolique, que leur colère
doit être retenue et comme liée? Or, en déliant les faisceaux l'un après
l'autre, on donne à l'emportement le temps de se calmer; souvent même ce
retard a fait changer la sentence de condamnation. Comme il y a des fautes
susceptibles de remède, et
des vices incorrigibles, les verges sont destinées à punir les coupables
qui donnent l'espoir du retour, et la hache à retrancher de la société les
criminels dont on n'attend aucune correction.
83. Pourquoi les Romains, instruits que les Bletonésiens avaient immolé
une victime humaine, mandèrent-ils les magistrats de ce peuple barbare,
pour les en punir, et qu'ils les renvoyèrent absous, après qu'ils eurent
appris d'eux qu'une loi de leur pays leur permettait ces sortes de
sacrifices? Pourquoi leur défendirent-ils d'offrir à l'avenir de telles
victimes, tandis qu'eux-mêmes, peu d'années auparavant, avaient enterré,
tout vivants, dans le marché aux bœufs, deux hommes et deux femmes, les
uns grecs et les autres gaulois? N'était-ce pas une grande inconséquence
que de faire eux-mêmes ce qu'ils jugeaient criminel dans des Barbares?
Regardaient-ils comme impie de sacrifier des hommes aux dieux, et comme
nécessaire d'en immoler aux génies ? Croyaient-ils coupables ceux qui
faisaient ces sacrifices, d'après leurs lois et leurs usages, et ont-ils
cru devoir eux-mêmes le faire, lorsque leurs livres sibyllins le leur ont
ordonné? On raconte à ce sujet qu'une jeune fille nommée Elbia, qui
voyageait à cheval, fut frappée de la foudre. On trouva le cheval étendu
mort, sans son harnais, et Elbia la moitié du corps découvert, comme à
dessein, tandis que ses souliers, ses anneaux et son voile étaient épars
de côté et d'autre, et sa langue hors de sa bouche. Les devins déclarèrent
que ce prodige annonçait sur les vierges sacrées un grand opprobre qui
serait découvert, et que partageraient des chevaliers romains. Peu de
temps après, l'esclave d'un chevalier étranger dénonça trois vestales,
nommées Émilie, Licinie et Martia, qui s'étaient laissé corrompre, et qui
vivaient depuis longtemps dans un commerce criminel avec leurs séducteurs,
du nombre desquels était Hutétius, maître de l'esclave dénonciateur.
Elles furent convaincues et punies du dernier supplice.
Mais le cas ayant paru atroce, les prêtres eurent. ordre de
consulter les livres sibyllins. Ils y trouvèrent des oracles qui
prédisaient ces crimes, avec les malheurs qui en seraient la suite, à
moins que, pour les prévenir, on ne sacrifiât à des génies deux Grecs et
deux Gaulois, qu'on enterrerait tout vivants dans le lieu même.
84. Pourquoi fixent-ils le commencement du jour à minuit ?
Est-ce parce que, dans l'origine, la constitution était toute militaire,
et qu'à l'armée c'est pendant la nuit qu'on prend les conseils les plus
utiles? Disposent-ils la nuit ce qu'ils projettent de faire, pour être en
état de l'exécuter à la pointe du jouir? car il faut se préparer avant que
d'agir, et ne pas attendre, pour le faire, le moment de l'action, comme
Myson le dit à Chilon, l'un des sept sages, qui s'étonnait qu'il préparât
un manche de charrue pendant l'hiver? Est-ce que l'heure de midi, étant pour bien des
gens le terme des affaires sérieuses, ils ont voulu prendre, pour les
commencer, le milieu de la nuit? On sait qu'un magistrat romain ne fait
jamais ni traité ni trêve après midi. Est-ce parce qu'on ne peut fixer le
commencement et la fin du jour au lever et au coucher du soleil ? Car en
prenant, comme font plusieurs, pour le commencement du jour, le premier
instant où le soleil se lève, et pour celui de la nuit le moment où il se
plonge sous l'horizon, nous n'aurons jamais de véritable équinoxe, et la
nuit que nous croirons la plus égale au jour sera plus courte de toute la
grandeur du soleil. Ce que les mathématiciens disent pour lever
cet inconvénient, que la séparation du jour et de la nuit se fait au moment
où le centre du soleil touche l'horizon, est contraire à l'évidence. Alors il faudrait dire
que le jour est fini, et qu'on est dans la nuit, tandis que le soleil nous
éclairerait encore, et répandrait sur la terre une lumière abondante. Puis
donc que le lever et le coucher du soleil, pour les raisons déjà
rapportées, ne peuvent pas déterminer avec précision le commencement et la
fin du jour, il reste d'en fixer le commencement à l'instant où le soleil
occupe le milieu du ciel, ou bien à l'instant opposé. Mais le second point
est préférable, parce que de midi à son coucher, il s'éloigne de nous, au
lieu qu'il s'en rapproche de minuit à son lever.
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