[75] Διὰ τί λύχνον οὐκ ἐσβέννυσαν, ἀλλ´ αὐτὸν ὑφ´ ἑαυτοῦ περιεώρων
μαραινόμενον;
Πότερον ὡς συγγενὲς καὶ ἀδελφικὸν σεβόμενοι τοῦ ἀσβέστου καὶ ἀθανάτου
πυρός, ἢ καὶ τοῦτο συμβόλαιόν ἐστι τοῦ μὴ δεῖν τὸ ἔμψυχον, ἂν μὴ βλάπτῃ,
διαφθείρειν μηδ´ ἀναιρεῖν, ὡς ζῴῳ τοῦ πυρὸς ἐοικότος; Καὶ γὰρ τροφῆς
δεῖται καὶ αὐτοκίνητόν ἐστιν καὶ σβεννύμενον φωνὴν ἀφίησιν ὥσπερ
φονευόμενον. Ἢ διδάσκει τὸ ἔθος ἡμᾶς, ὅτι δεῖ μήτε πῦρ μήθ´ ὕδωρ μήτ´ ἄλλο
τι τῶν ἀναγκαίων αὐτοὺς ἄδην ἔχοντας διαφθείρειν, ἀλλ´ ἐᾶν χρῆσθαι τοὺς
δεομένους καὶ ἀπολείπειν ἑτέροις, ὅταν αὐτοὶ μηκέτι χρείαν ἔχωμεν;
76. Διὰ τί τὰς ἐν τοῖς ὑποδήμασι σεληνίδας οἱ διαφέρειν δοκοῦντες εὐγενείᾳ
φοροῦσιν;
Πότερον, ὡς Κάστωρ φησί, σύμβολόν ἐστι τοῦτο τῆς λεγομένης οἰκήσεως ἐπὶ
τῆς σελήνης καὶ ὅτι μετὰ τὴν τελευτὴν αὖθις αἱ ψυχαὶ τὴν σελήνην ὑπὸ πόδας
ἕξουσιν, ἢ τοῖς παλαιοτάτοις τοῦθ´ ὑπῆρχεν ἐξαίρετον; Οὗτοι δ´ ἦσαν
Ἀρκάδες τῶν ἀπ´ Εὐάνδρου Προσελήνων λεγομένων. Ἤ, καθάπερ ἄλλα πολλά, καὶ
τοῦτο τοὺς ἐπαιρομένους καὶ μέγα φρονοῦντας ὑπομιμνήσκει τῆς ἐπ´ ἀμφότερον
: τῶν ἀνθρωπίνων μεταβολῆς παράδειγμα ποιουμένους τὴν σελήνην, ὡς
« Ἐξ ἀδήλου πρῶτον ἔρχεται νέα
πρόσωπα καλλύνουσα καὶ πληρουμένη,
χὤταν περ αὑτῆς εὐγενεστάτη φανῇ,
πάλιν διαρρεῖ κἀπὶ μηδὲν ἔρχεται; »
Ἢ πειθαρχίας ἦν μάθημα βασιλευομένους μὴ δυσχεραίνειν, ἀλλ´ ὥσπερ ἡ
σελήνη προσέχειν ἐθέλει τῷ κρείττονι καὶ δευτερεύειν
« Ἀεὶ παπταίνουσα πρὸς αὐγὰς ἠελίοιο »
κατὰ τὸν Παρμενίδην οὕτω τὴν δευτέραν τάξιν ἀγαπᾶν χρωμένους τῷ ἡγεμόνι
καὶ τῆς ἀπ´ ἐκείνου δυνάμεως καὶ τιμῆς ἀπολαύοντας;
77. Διὰ τί τὸν μὲν ἐνιαυτὸν τοῦ Διὸς νομίζουσι, τοὺς δὲ μῆνας τῆς Ἥρας;
Ἦ ὅτι τῶν μὲν ἀοράτων θεῶν καὶ νοητῶν βασιλεύουσι Ζεὺς καὶ Ἥρα, τῶν δ´
ὁρατῶν ἥλιος καὶ σελήνη; Ποιεῖ δ´ ὁ μὲν ἥλιος τὸν ἐνιαυτόν, ἡ δὲ σελήνη
τοὺς μῆνας. Δεῖ δὲ μὴ νομίζειν ἁπλῶς εἰκόνας ἐκείνων τούτους, ἀλλ´ αὐτὸν
ἐν ὕλῃ Δία τὸν ἥλιον, καὶ αὐτὴν τὴν Ἥραν ἐν ὕλῃ τὴν σελήνην. Διὸ καὶ
Ἰουνῶνεμ ὀνομάζουσι τὴν Ἥραν, τὸ νέον ἢ τὸ νεώτερον ἐμφαίνοντος τοῦ
ὀνόματος, ἀπὸ τῆς σελήνης· καὶ Λουκῖναν Ἥραν καλοῦσιν οἷον φαεινὴν ἢ
φωτίζουσαν· καὶ νομίζουσιν ἐν ταῖς λοχείαις καὶ ὠδῖσι βοηθεῖν, : ὥσπερ καὶ
τὴν σελήνην, « διὰ κυάνεον πόλον ἄστρων διά τ´ ὠκυτόκοιο σελάνας· »
εὐτοκεῖν γὰρ ἐν ταῖς πανσελήνοις μάλιστα δοκοῦσι.
78. Διὰ τί τῶν οἰωνῶν ὁ καλούμενος ἀριστερὸς αἴσιος;
Πότερον οὐκ ἔστι τοῦτ´ ἀληθές, ἀλλὰ παρακρούεται πολλοὺς ἡ διάλεκτος (τὸ
γὰρ ἀριστερόν « σίνι στρον » ὀνομάζουσι, τὸ δ´ ἀφεῖναι « σίνερε » καὶ «
σίνε » λέγουσιν, ὅταν ἀφεῖναι παρακαλῶσι. Τὸν οὖν ἀφιέντα τὴν πρᾶξιν
οἰωνὸν σινιστέριον ὄντα σίνιστρον οὐκ ὀρθῶς ὑπολαμβάνουσιν οἱ πολλοὶ καὶ
ὀνομάζουσιν)· ἢ καθάπερ : Διονύσιός φησιν, Ἀσκανίῳ τῷ Αἰνείου
παραταττομένῳ πρὸς Μεζέντιον ἀστραπῆς ἐν ἀριστερᾷ νικηφόρου γενομένης
οἰωνισαμένῳ καὶ πρὸς τὸ λοιπὸν οὕτω παραφυλάττουσιν; Ἤ, ὡς ἄλλοι τινές,
Αἰνείᾳ τούτου συμπεσόντος; Καὶ γὰρ Θηβαῖοι τῷ ἀριστερῷ κέρατι τρεψάμενοι
τοὺς πολεμίους καὶ κρατήσαντες ἐν Λεύκτροις διετέλεσαν ἐν πάσαις ταῖς
μάχαις τῷ ἀριστερῷ τὴν ἡγεμονίαν ἀποδιδόντες. Ἢ μᾶλλον, ὡς Ἰόβας φησί,
τοῖς πρὸς τὰς ἀνατολὰς ἀποβλέπουσιν ἐν ἀριστερᾷ γίνεται τὸ βόρειον, ὃ δὴ
τοῦ κόσμου δεξιὸν ἔνιοι τίθενται καὶ καθυπέρτερον; Ὅρα δὲ μὴ φύσει τοῖς
εὐωνύμοις ἀσθενεστέροις οὖσιν οἱ παριστάμενοι οἰωνῶν οἷον ἀναρρωννύουσι
καὶ ὑπερείδουσι τὸ ἐλλιπὲς τῆς δυνάμεως ἐπανισοῦντες. Ἢ τὰ ἐπίγεια καὶ
θνητὰ τοῖς οὐρανίοις καὶ θείοις ἀντικεῖσθαι νομίζοντες ᾤοντο τὰ πρὸς ἡμᾶς
ἀριστερὰ τοὺς θεοὺς ἀπὸ τῶν δεξιῶν προπέμπειν;
79. Διὰ τί τοῦ θριαμβεύσαντος εἶτ´ ἀποθανόντος καὶ καέντος ἐξῆν ὀστέον
λαβόντας εἰς τὴν πόλιν εἰσφέρειν καὶ κατατίθεσθαι, ὡς Πύρρων ὁ Λιπαραῖος
ἱστόρηκεν;
Ἦ τιμῆς ἕνεκα τοῦ τεθνηκότος; Καὶ γὰρ ἄλλοις ἀριστεῦσι καὶ στρατηγοῖς
ἔδωκαν οὐκ αὐτοὺς : μόνον ἀλλὰ καὶ τοὺς ἀπ´ αὐτῶν ἐνθάπτεσθαι τῇ ἀγορᾷ,
καθάπερ Οὐαλερίῳ καὶ Φαβρικίῳ· καί φασι τούτων ἀπογόνοις ἀποθανοῦσι | καὶ
κομισθεῖσιν εἰς ἀγορὰν ὑφίεσθαι δᾷδα καιομένην, εἶτ´ εὐθὺς αἴρεσθαι,
χρωμένων ἀνεπιφθόνως τῇ τιμῇ καὶ τὸ ἐξεῖναι μόνον ἐκβεβαιουμένων.
| [75] Pourquoi ne soufflaient-ils jamais leurs lampes, et qu'ils les
laissaient s'éteindre d'elles-mêmes?
Regardaient-ils avec respect ce feu particulier comme une portion du feu
éternel, qui ne s'éteint jamais? Était-ce un avertissement symbolique qui
marquait qu'il ne faut détruire aucun être qui ait vie, à moins qu'il ne
soit nuisible? Or la flamme est semblable à un être animé, en ce qu'elle a
besoin d'aliment, qu'elle se meut d'elle-même, et que lorsqu'on la
souille, elle jette une sorte de cri, comme si on la faisait périr d'une mort violente.
Cet usage nous apprend-il qu'il ne faut détruire ni le feu, ni l'eau, ni aucune des
autres choses nécessaires, en quelque abondance que nous les ayons, mais
que nous devons les laisser pour l'usage de ceux à qui elles manquent,
quand nous n'en avons plus besoin ?
76. Pourquoi les citoyens d'une naissance distinguée portent-ils sur leurs
souliers de petites lunes?
Est-ce, comme le dit Castor, pour marquer le séjour qu'on prétend que nous
faisons au-dessus de la lune, et qu'après la mort, les âmes auront encore
la lune sous leurs pieds? Est-ce une marque distinctive des anciennes
familles qui descendent des Arcadiens venus avec Évandre, et qu'on disait
être nés avant la lune ? Est-ce, comme bien d'autres usages de cette
nature, pour avertir les hommes enflés de leur puissance que la fortune
est sujette à changer? Vicissitude désignée par la lune,
"Qui, faible dans sa nouveauté,
S'accroît en peu de jours, et sa face arrondie
Brille de tous ses feux ; mais bientôt affaiblie,
En aussi peu de jours elle perd sa clarté".
Est-ce une leçon d'obéissance qu'on a voulu leur donner en leur insinuant
que, comme la lune se tient dans la dépendance du soleil,
"Qu'elle a toujours les yeux fixés sur ses rayons",
comme dit Parménide, ils doivent de même se contenter
de la seconde place, obéir aux magistrats et recevoir d'eux la portion de
pouvoir qu'ils jugent à propos de leur communiquer!
77. Pourquoi ont-ils consacré l'année à Jupiter, et les mois à Junon?
Entre les dieux invisibles qui ne sont présents qu'à l'intelligence,
Jupiter et Junon tiennent le premier rang ; entre les dieux visibles,
c'est le soleil et la lune. Le cours du soleil règle l'année, et celui de
la lune les mois. Il ne faut pas croire que ces deux astres ne soient que
les images des deux divinités. Jupiter est en substance le soleil, et
Junon est en substance la lune. Ainsi le nom de Junon, qui est dérivé de
jeunesse, marque le renouvellement de la lune. On lui donne aussi le nom
de Lucine, c'est-à-dire brillante ; et l'on croit qu'elle vient secourir
les femmes dans leur enfantement, aussi bien que la lune. De là ces invocations :
"J'en atteste le ciel, peuplé d'astres brillants,
Et la lune, qui rend l'enfantement facile".
On croit que les femmes accouchent plus facilement au temps de la pleine lune.
78. Pourquoi les oiseaux qui volent à la gauche donnent-ils des augures
favorables?
Cette opinion n'est-elle qu'une erreur, dont bien des gens ont été les
dupes? ou sinistre, terme par lequel ils désignent la gauche,
vient-il du mot "sinere", permettre, pour signifier qu'on peut entreprendre
l'action pour laquelle on consulte, et le vulgaire appelle-t-il
improprement sinistre, au lieu de "sinistère", l'oiseau qui permet d'agir
par l'augure qu'il donne? Est-ce, comme le raconte Denys d'Halicarnasse,
qu'au moment où Ascagne, fils d'Énée, allait combattre contre Mézence, un
éclair qui parut à sa gauche lui présagea la victoire, et depuis on
interpréta favorablement tous les signes qui se montrèrent à gauche?
D'autres veulent que ce présage soit arrivé à Énée. Les Thébains, à la
bataille de Leuctres, ayant commencé par la gauche à mettre en fuite les
ennemis, laissèrent depuis à la gauche l'honneur de l'attaque. Est-ce,
d'après l'historien Juba, que ceux qui prennent les augures, étant tournés
vers l'orient, ils ont à leur gauche le nord, que l'on regarde comme la
partie droite du monde, et qui est aussi la plus élevée ? Serait-ce
que le côté gauche est naturellement le plus faible, et que les augures
ont voulu le fortifier, et réparer, par une sorte d'égalité, ce qu'il a de
défectueux? Ou enfin, comme les choses terrestres sont opposées à celles
du ciel, ont-ils cru que les dieux nous envoyaient de leur droite ce qui
vient à notre gauche?
79. Pourquoi était-il permis d'ensevelir dans la ville
les ossements de ceux qui avaient obtenu les honneurs du triomphe, et dont
les corps avaient été brûlés? C'est du moins ce que dit Pyrrhon le Liparien.
Était-ce par honneur pour ceux qui avaient triomphé ? Car les Romains
avaient accordé ce privilège non seulement aux généraux qui s'étaient
distingués par leurs exploits, mais encore à leur postérité. Valérius et
Fabricius eurent entre autres cet honneur; mais on dit que leurs
descendants, pour éviter l'envie, sans perdre cependant ce droit
honorable, convinrent que lorsque le corps serait arrivé à la place
publique, on mettrait le feu au bûcher, et qu'on l'éteindrait aussitôt.
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