HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Questions romaines

Paragraphes 60-64

  Paragraphes 60-64

[60] Διὰ τί, δυεῖν βωμῶν Ἡρακλέους ὄντων, οὐ μεταλαμβάνουσι γυναῖκες οὐδὲ γεύονται τῶν ἐπὶ τοῦ μείζονος θυομένων; Πότερον ὅτι τῶν ἱερῶν αἱ περὶ τὴν Καρμένταν ὑστέρησαν, ὑστέρησε δὲ καὶ τὸ Πιναρίων γένος; Ὅθεν εἰργόμενοι τῆς θοίνης ἑστιωμένων τῶν ἄλλων Πινάριοι προσηγορεύθησαν· διὰ τὰ μυθολογούμενα περὶ τοῦ χιτῶνος καὶ τῆς Δηιανείρας; 61. Διὰ τί τὸν θεὸν ἐκεῖνον, μάλιστα τὴν Ῥώμην σῴζειν προσήκει καὶ φυλάττειν, εἴτ´ ἐστὶν ἄρρην εἴτε θήλεια, καὶ λέγειν ἀπείρηται καὶ ζητεῖν καὶ ὀνομάζειν· ταύτην δὲ τὴν ἀπόρρησιν ἐξάπτουσι δεισιδαιμονίας, ἱστοροῦντες Οὐαλέριον Σωρανὸν ἀπολέσθαι κακῶς διὰ τὸ ἐξειπεῖν; Πότερον, ὡς τῶν Ῥωμαϊκῶν τινες ἱστορήκασιν, ἐκκλήσεις εἰσὶ καὶ γοητεῖαι θεῶν, αἷς νομίζοντες καὶ αὐτοὶ θεούς τινας ἐκκεκλῆσθαι παρὰ τῶν πολεμίων καὶ μετῳκηκέναι πρὸς αὑτοὺς | ἐφοβοῦντο τὸ αὐτὸ παθεῖν ὑφ´ ἑτέρων; Ὥσπερ οὖν Τύριοι δεσμοὺς ἀγάλμασι λέγονται περιβαλεῖν, ἕτεροι δ´ αἰτεῖν ἐγγυητὰς ἐπὶ λουτρὸν καθαρμόν τινα προπέμποντες, οὕτως ᾤοντο Ῥωμαῖοι τὸ ἄρρητον καὶ τὸ ἄγνωστον ἀσφαλεστάτην εἶναι θεοῦ καὶ βεβαιοτάτην φρουράν· καθάπερ Ὁμήρῳ πεποίηται τὸ « γαῖα δ´ ἐστὶ ξυνὴ πάντων », ὅπως οἱ ἄνθρωποι τοὺς θεοὺς πάντας σέβωνται καὶ τιμῶσι τὴν γῆν κοινῶς ἔχοντας, οὕτως ἀπεκρύψαντο τὸν κύριον τῆς σωτηρίας οἱ παλαιοὶ Ῥωμαῖοι, βουλόμενοι μὴ μόνον τοῦτον ἀλλὰ πάντας ὑπὸ τῶν πολιτῶν τοὺς θεοὺς τιμᾶσθαι; 62. Διὰ τί τῶν λεγομένων Φιτιαλέων, Ἑλληνιστὶ δ´ οἷον εἰρηνοποιῶν καὶ σπονδοφόρων, καλούμενος »πάτερ πατρᾶτος« ἐνομίζετο μέγιστος (ἔστι δ´ οὗτος, πατὴρ ζῇ καὶ παῖδες εἰσίν· ἔχει δὲ καὶ νῦν προνομίαν τινὰ καὶ πίστιν· οἱ γὰρ στρατηγοὶ τὰ δι´ εὐμορφίαν καὶ ὥραν ἐπιμελοῦς δεόμενα καὶ σώφρονος φυλακῆς σώματα τούτοις παρακατατίθενταιΠότερον ὅτι τὸ αἰδεῖσθαι τοὺς παῖδας αὐτοῖς καὶ τὸ φοβεῖσθαι τοὺς πατέρας πρόσεστιν; τοὔνομα τὴν αἰτίαν ὑπαγορεύει; Βούλεται: γὰρ εἶναι τὸ « πατρᾶτον » οἱονεὶ συμπεπερασμένον καὶ πεπερατωμένον, ὡς τελειοτέρου τῶν ἄλλων ὄντος συμβέβηκε πατέρα κεκτημένῳ πατρὶ γενέσθαι. δεῖ τὸν ὅρκων καὶ εἰρήνης προιστάμενον « ἅμα πρόσω καὶ ὀπίσω » καθ´ Ὅμηρον ὁρᾶν; εἴη δ´ ἂν μάλιστα τοιοῦτος, παῖς ἔστιν ὑπὲρ οὗ βουλεύεται, καὶ πατὴρ μεθ´ οὗ βουλεύεται. 63. Διὰ τί τῷ καλουμένῳ «ῥῆγι σακρώρουμ » (οὗτος δ´ ἐστὶ βασιλεὺς ἱερῶν) ἀπείρηται καὶ ἄρχειν καὶ δημηγορεῖν; τὸ παλαιὸν οἱ βασιλεῖς τὰ πλεῖστα καὶ μέγιστα τῶν ἱερῶν ἔδρων καὶ τὰς θυσίας ἔθυον αὐτοὶ μετὰ τῶν ἱερέων, ἐπεὶ δ´ οὐκ ἐμετρίαζον ἀλλ´ ἦσαν ὑπερήφανοι καὶ βαρεῖς, τῶν μὲν Ἑλλήνων οἱ πλεῖστοι τὴν ἐξουσίαν αὐτῶν περιελόμενοι μόνον τὸ θύειν τοῖς θεοῖς ἀπέλιπον, Ῥωμαῖοι δὲ παντάπασι τοὺς βασιλεῖς ἐκβαλόντες ἄλλον ἐπὶ τὰς θυσίας ἔταξαν, οὔτ´ ἄρχειν ἐάσαντες οὔτε δημαγωγεῖν, ὅπως μόνον ἐν τοῖς ἱεροῖς βασιλεύεσθαι δοκῶσι καὶ βασιλείαν διὰ τοὺς θεοὺς ὑπομένειν; Ἔστι γοῦν τις ἐν ἀγορᾷ θυσία πρὸς τῷ λεγομένῳ Κομιτίῳ πάτριος, ἣν θύσας βασιλεὺς κατὰ τάχος ἄπεισι φεύγων ἐξ ἀγορᾶς. 64. Διὰ τί τὴν τράπεζαν οὐκ εἴων ἀναιρεῖσθαι κενήν, ἀλλὰ πάντως τινὸς ἐπόντος; Πότερον αἰνιττόμενοι τὸ δεῖν ἀεί τι τοῦ παρόντος εἰς τὸ μέλλον ὑπολιπεῖν καὶ τῆς αὔριον ἐν τῇ σήμερον μνημονεύειν, νομίζοντες ἀστεῖον εἶναι τὸ συστέλλειν καὶ ἀνέχειν τὴν ὄρεξιν ἔτι παρούσης τῆς ἀπολαύσεως; Ἧττον γὰρ ἐπιθυμοῦσι τῶν ἀπόντων ἐθισθέντες ἀπέχεσθαι τῶν παρόντων. καὶ πρὸς οἰκέτας φιλάνθρωπον τὸ ἔθος; Οὐ γὰρ οὕτω λαμβάνοντες ὡς μεταλαμβάνοντες ἀγαπῶσι, κοινωνεῖν τρόπον τινὰ τραπέζης ἡγούμενοι τοῖς δεσπόταις. τῶν ἱερῶν οὐδέποτε δεῖν κενὸν οὐθὲν περιορᾶν, ἱερὸν δ´ τράπεζα; [60] Pourquoi les femmes n'ont-elles pas la liberté de rien prendre ni de rien goûter des victimes qu'on immole sur le plus grand des deux autels d'Hercule? Est-ce parce que Carmenta ne vint qu'après que le sacrifice fut fini ? Il en fut de même pour la famille des Pinariens, et c'est de là qu'elle a tiré son nom. Pendant que les autres mangent, ils sont simples spectateurs. Est-ce à cause de la robe empoisonnée que Déjanire donna, dit-on, à Hercule ? 61. Pourquoi est-il défendu de dire et de demander si la divinité tutélaire de Rome est un dieu ou une déesse, et qu'on ne peut pas prononcer son nom? Ils donnent à cette défense une cause superstitieuse. Ils prétendent que Valérius Soranus périt malheureusement pour avoir dit ce nom. Quelques uns de leurs historiens lui donnent une autre origine. Ils disent que les Romains, qui, à la faveur de quelques charmes magiques, avaient attiré dans leur ville les dieux des nations ennemies, craignirent qu'en nommant leur divinité tutélaire, on ne fît de même à son égard. Les Tyriens enchaînent leurs idoles; d'autres peuples, quand ils envoient les leurs pour quelques cérémonies religieuses, exigent des otages de leur retour. Les Romains ont cru que rien ne leur assurerait davantage la conservation de leur divinité tutélaire, que d'en cacher à tout le monde la connaissance et le nom. Homère a dit : "Les dieux ont en commun l'empire de la terre". Il voulait que les hommes, qui habitent la terre en commun, honorassent également tous les dieux. De même les anciens Romains ont caché le nom de leur dieu tutélaire, afin que leurs citoyens rendissent à tous les autres dieux le culte qui leur est dû. 62. Pourquoi, parmi les féciaux, celui qu'ils appellent "pater patratus" tient-il le premier rang? (On donne ce nom à celui qui a des enfants et dont le père vit encore ; il a même de nos jours d'assez beaux privilèges, et c'est à lui que les préteurs confient les personnes qui, par leur jeunesse et leur beauté, ont besoin d'être gardées avec beaucoup de vigilance.) Sa prééminence vient-elle de ce qu'il a tout à la fois de la réserve à l'égard de ses enfants, et de la crainte pour son père, ou son nom seul en donne-t-il la solution ? "Patratus" signifie parfait, accompli, et celui-là passait pour le plus parfait, qui avait des enfants du vivant de son père. C'est peut-être que celui qui préside aux serments et aux traités de paix doit, selon Homère, voir devant et derrière lui, et c'est ce que peut faire mieux qu'un autre celui qui a des enfants pour qui il délibère, et un père avec qui il peut délibérer. 63. Pourquoi le roi des sacrifices ne peut-il exercer aucune magistrature ni haranguer le peuple ? Les rois, qui anciennement faisaient eux-mêmes les sacrifices les plus importants et assistaient les prêtres pour l'immolation des victimes, ayant usé tyranniquement de leur puissance, la plupart des peuples de la Grèce leur ôtèrent toute autorité, et ne leur laissèrent que le droit de sacrifier aux dieux. Mais les Romains, qui chassèrent leurs rois sans retour, élurent pour les sacrifices un roi à qui ils ne permirent d'exercer aucune magistrature ni de haranguer le peuple, afin de ne paraître obéir à un roi que dans les cérémonies de la religion et, pour ainsi dire, en faveur des dieux. Aussi, lorsque ce roi a fait, avant les comices, un sacrifice d'usage établi par les anciens Romains, il s'enfuit précipitamment de la place publique. 64. Pourquoi, quand ils quittent la table, veulent-ils qu'on y laisse quelque chose ? Est-ce pour faire entendre qu'on doit garder sur ses revenus quelque chose pour l'avenir, et que chaque jour il faut penser au lendemain ? Est-ce par un principe de sagesse qui leur fait réprimer leur appétit, lors même qu'ils ont de quoi le satisfaire? L'habitude de s'abstenir de ce qu'on a, fait qu'on désire moins ce qu'on n'a pas. Est-ce par humanité envers leurs esclaves, qui sont plus flattés de participer en quelque sorte à la table de leurs maîtres que de recevoir d'ailleurs leur nourriture ? Est-ce qu'un lieu sacré ne doit jamais rester vide? Et la table est sacrée.


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Dernière mise à jour : 22/11/2007