[1009] ἀλλὰ τὴν δύναμιν καὶ τὴν ἀναλογίαν (1009a) ἐξετάζειν.
Τὸ γὰρ τῇ θέσει πρῶτον
ἱδρῦσθαι τὸ λογιστικὸν ἐν τῷ σώματι τοῦ ἀνθρώπου κατὰ συμβεβηκός ἐστι· τὴν
δὲ πρώτην ἔχει καὶ κυριωτάτην δύναμιν ὡς μέση πρὸς ὑπάτην μὲν τὸ
ἐπιθυμητικόν, νήτην δὲ τὸ θυμοειδές, τῷ χαλᾶν καὶ ἐπιτείνειν καὶ ὅλως
συνῳδὰ καὶ σύμφωνα ποιεῖν ἑκατέρου τὴν ὑπερβολὴν ἀφαιρῶν καὶ πάλιν οὐκ ἐῶν
ἀνίεσθαι παντάπασιν οὐδὲ καταδαρθάνειν· τὸ γὰρ μέτριον καὶ σύμμετρον
ὁρίζεται μεσότητι. Μᾶλλον δὲ τοῦτο τέλος ἐστὶ τῆς τοῦ λόγου δυνάμεως,
μεσότητας ἐν τοῖς πάθεσι ποιεῖν, ἃς ἱερὰς καλοῦσι καὶ ὁσίας, ἐχούσας
(1009b) τὴν τῶν ἄκρων πρὸς τὸν λόγον καὶ πρὸς ἄλληλα διὰ τοῦ λόγου
σύγκρασιν. Οὐ γὰρ ἡ συνωρὶς μέσον ἔχει τῶν ὑποζυγίων τὸ κρεῖττον, οὐδὲ τὴν
ἡνιοχείαν ἀκρότητα θετέον ἀλλὰ μεσότητα τῆς ἐν ὀξύτητι καὶ βραδύτητι τῶν
ἵππων ἀμετρίας, ὥσπερ ἡ τοῦ λόγου δύναμις ἀντιλαμβανομένη κινουμένων
ἀλόγως τῶν παθῶν καὶ συναρμόττουσα περὶ αὑτὴν εἰς τὸ μέτριον ἐλλείψεως καὶ
ὑπερβολῆς μεσότητα καθίστησι.
ΖΗΤΗΜΑ Θʹ.
Διὰ τί Πλάτων εἶπε τὸν λόγον ἐξ ὀνομάτων καὶ ῥημάτων κεράννυσθαι;
Δοκεῖ γὰρ πάντα πλὴν δυεῖν τούτων τὰ μέρη τοῦ λόγου μηθὲν .... Ὅμηρον
(1009c) δὲ καὶ νεανιευσάμενον εἰς ἕνα στίχον ἐμβαλεῖν ἅπαντα τοῦτον
«Αὐτὸς ἰὼν κλισίηνδε, τὸ σὸν γέρας· ὄφρ´ εὖ εἰδῇς.»
Καὶ γὰρ ἀντωνυμία καὶ μετοχὴ καὶ ὄνομα καὶ ῥῆμα καὶ πρόθεσις καὶ ἄρθρον
καὶ σύνδεσμος καὶ ἐπίρρημα ἔνεστι· τὸ γὰρ «δε» μόριον νῦν ἀντὶ τῆς «εἰς»
προθέσεως τέτακται· τὸ γὰρ «κλισίηνδε» τοιοῦτόν ἐστιν οἷον τὸ «
Ἀθήναζε». Τί δὴ ῥητέον ὑπὲρ τοῦ Πλάτωνος;
Ἦ ὅτι πρῶτον λόγον οἱ παλαιοὶ τὴν τότε καλουμένην πρότασιν νῦν δ´ ἀξίωμα
προσηγόρευον, ὃ πρῶτον λέγοντες ἀληθεύουσιν ἢ ψεύδονται; Τοῦτο δ´ ἐξ
ὀνόματος καὶ ῥήματος συνέστηκεν, ὧν τὸ μὲν πτῶσιν οἱ διαλεκτικοὶ (1009d)
τὸ δὲ κατηγόρημα καλοῦσιν. Ἀκούσαντες γὰρ ὅτι «Σωκράτης φιλοσοφεῖ» καὶ
πάλιν ὅτι «Σωκράτης πέτεται», τὸν μὲν ἀληθῆ λόγον εἶναι τὸν δὲ ψευδῆ
φήσομεν, οὐδενὸς ἄλλου προσδεηθέντες. Καὶ γὰρ εἰκὸς ἀνθρώπους ἐν χρείᾳ
λόγου τὸ πρῶτον καὶ φωνῆς ἐνάρθρου γενέσθαι τάς τε πράξεις καὶ τοὺς
πράττοντας αὐτὰς καὶ τὰ πάθη καὶ τοὺς πάσχοντας ἀλλήλοις διασαφεῖν καὶ
ἀποσημαίνειν βουλομένους. Ἐπεὶ τοίνυν τῷ μὲν ῥήματι τὰ πράγματα καὶ τὰ
πάθη, τῷ δ´ ὀνόματι τοὺς πράττοντας αὐτὰ καὶ πάσχοντας ἀποχρώντως
δηλοῦμεν, ὡς αὐτὸς εἴρηκε, ταῦτα σημαίνειν ἔδοξε· τὰ δ´ ἄλλα φαίη τις ἂν
οὐ σημαίνειν· (1009e) οἷον οἱ στεναγμοὶ καὶ ὀλολυγμοὶ τῶν ὑποκριτῶν, καὶ
νὴ Δία πολλάκις ἐπιμειδίασις καὶ ἀποσιώπησις ἐμφαντικώτερον ποιεῖ τὸν
λόγον, οὐ μὴν ἀναγκαίαν ἔχει πρὸς τὸ σημαίνειν ὡς τὸ ῥῆμα καὶ τοὔνομα
δύναμιν ἀλλ´ ἐπίθετόν τινα ποικίλλουσαν τὸν λόγον· ὥσπερ τὰ στοιχεῖα
ποικίλλουσιν οἱ τὰ πνεύματα καὶ τὰς δασύτητας αὐτῶν ἐκτάσεις τε καὶ
συστολὰς ἐνίων αὐτὰ καθ´ αὑτὰ στοιχεῖα τιθέμενοι, πάθη μᾶλλον ὄντα καὶ
συμβεβηκότα καὶ διαφορὰς στοιχείων, ὡς ἐδήλωσαν οἱ παλαιοὶ διὰ τῶν
ἑκκαίδεκα φράζοντες ἀποχρώντως καὶ γράφοντες.
(1009f) Ἔπειτα σκόπει μὴ παρακούωμεν τοῦ Πλάτωνος, ἐκ τούτων κεράννυσθαι
τὸν λόγον οὐ διὰ τούτων εἰρηκότος· εἶθ´ ὥσπερ ὁ τὸν λέγοντα τὸ φάρμακον ἐκ
κηροῦ μεμῖχθαι καὶ χαλβάνης συκοφαντῶν, ἐπεὶ τὸ πῦρ παρέλιπε καὶ τὸ
ἀγγεῖον ὧν χωρὶς οὐκ ἐνῆν μεμῖχθαι, καὶ ἡμεῖς ὁμοίως ἐγκαλῶμεν ὅτι
συνδέσμους καὶ προθέσεις καὶ τὰ τοιαῦτα παρῆκεν· οὐ γὰρ ἐκ τούτων ὁ λόγος
ἀλλ´, εἴπερ ἄρα, διὰ τούτων καὶ οὐκ ἄνευ τούτων κεράννυσθαι πέφυκεν.
| [1009] mais par leur puissance et par la proportion qu'elles ont entre elles. (1009a)
En effet, que la raison occupe dans le corps humain la
première place, c'est une chose accidentelle ; mais elle a la première et la principale
puissance, et elle est à l'égard de la partie concupiscible dans le, rapport de la mèse à
l'hypate, et avec la partie irascible dans la proportion de la nète. Elle tend et relâche
tour à tour leurs ressorts, elle établit entre elles l'accord et l'harmonie, en retranchant
l'excès de l'un et de l'autre, et en empêchant aussi qu'elles ne s'appesantissent et ne
tombent dans l'engourdissement ; car c'est dans un juste milieu que consistent la
modération et la symétrie. Ou plutôt c'est une imperfection que de mettre dans les
passions ces milieux de la faculté raisonnable qui sont appelés les substances
sacrées (1009b) qui lient les extrêmes avec la raison, et sont liées entre elles par le
moyen même de la raison ; car dans l'attelage de Platon, le meilleur des deux chevaux
n'est pas placé au milieu, et le cocher ne conduit pas le char de la place la plus élevée
; mais le milieu est plutôt dans l'inégalité de la vitesse et de la lenteur des deux
chevaux. De même la force de la raison, quand elle résiste aux passions qui se
laissent emporter à des mouvements immodérés et qu'elle les range, pour ainsi dire,
autour d'elle-même dans une juste proportion, y établit entre elles cette modération
qui tient le milieu entre le défaut et l'excès.
QUESTION IX.
Pourquoi Platon a-t-il dit que le discours est composé de noms et de verbes ?
Il semble par là compter pour rien toutes les autres parties du discours
(1009c) qu'Homère, par une recherche assez puérile, renferma dans un seul vers, où l'on
trouve un pronom, un participe, un nom, un verbe, une préposition, un article, une
conjonction et un adverbe. Car la particule g-de est là pour la préposition g-eis; (dans) ; en
sorte que ce mot g-klisiehnde (dans la tente) est dit dans le même sens qu' g-athehnaze (à
Athènes).
Que dirons-nous donc pour la défense de Platon? Est-ce que les anciens
appelaient discours ce qu'on a depuis nommé énoncé d'une proposition, ou axiome,
lequel, sitôt qu'il est proféré, exprime toujours le vrai ou le faux ? Il est composé d'un
nom et d'un verbe, dont le premier est appelé par les dialecticiens, le sujet, et l'autre,
l'attribut. Lorsqu'on nous dit : Socrate enseigne, ou bien : Socrate se tourne, nous
disons tout de suite, sans avoir besoin d'autre chose, que l'un est vrai, et que l'autre
est faux. Il est vraisemblable que les hommes, dès l'origine, eurent besoin de la voix et
d'un langage articulé pour se communiquer et s'expliquer mutuellement leurs actions,
pour désigner ceux qui les avaient faites, pour exprimer leurs passions et les
personnes qui en étaient l'objet. Puis donc, comme l'a dit Platon lui-même, que le verbe
exprime clairement les actions et les affections humaines,
et que le nom désigne les personnes qui font les unes et
qui éprouvent les autres, il paraît que ces deux parties d'oraison sont les seules qui
désignent ces choses. Pour les autres parties, on pourrait dire qu'elles ne les
expriment pas. Par exemple, les gémissements et les lamentations des acteurs,
souvent même leur sourire et leur réticence, donnent plus d'emphase au discours ;
mais ils ne sont pas l'expression nécessaire des choses, comme le nom et le verbe ;
ils n'ont qu'une signification accessoire qui met de la variété dans le langage, comme
on diversifie les sons des lettres en y ajoutant des esprits et des accents, en les faisant
longues ou brèves; ce qui ne constitue point de nouvelles lettres, mais des accidents,
des affections et des variétés de celles qui existent déjà; c'est ce qu'on voit
évidemment chez les anciens, à qui seize lettres ont suffi pour parler et pour écrire.
(1009f) Prenons garde d'ailleurs au vrai sens des paroles de Platon ; il ne dit pas que le
discours est formé par les noms et les verbes, mais qu'il est formé de noms et de
verbes. Ne faisons pas comme celui qui blâmerait quelqu'un de ce qu'en parlant d'une
drogue composée de cire et de galbanum, il aurait oublié le feu et le vase où elle a été
faite; n'allons pas de même reprocher à Platon d'avoir omis les conjonctions, les
prépositions et les autres termes de cette espèce ; car le discours n'est pas composé
de ces sortes de parties, mais il l'est par leur moyen, et il ne peut exister sans elles.
|