[6,1] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Α
Τίς ἡ αἰτία, δι´ ἣν οἱ νηστεύοντες διψῶσι μᾶλλον ἢ πεινῶσιν
Ἕκτον οὖν τοῦτό σοι πέμπω τῶν Συμποσιακῶν, ἐν ᾧ πρῶτόν
ἐστι τὸ περὶ τοῦ διψῆν μᾶλλον ἢ πεινῆν τοὺς νηστεύοντας.
Ἄλογον γὰρ ἐφαίνετο διψῆν μᾶλλον ἢ πεινῆν τοὺς ἐκνηστεύσαντας·
ἡ γὰρ ἔνδεια τῆς ξηρᾶς τροφῆς ἀναπλήρωσιν
οἰκείαν ἐδόκει καὶ κατὰ φύσιν ἐπιζητεῖν. ἔλεγον οὖν
ἐγὼ τοῖς παροῦσιν, ὅτι τῶν ἐν ἡμῖν ἢ μόνον ἢ μάλιστα
δεῖται τροφῆς τὸ θερμόν· ὥσπερ ἀμέλει βλέπομεν ἔξω
μήτ´ ἀέρα μήθ´ ὕδωρ μήτε γῆν ἐφιέμενα τοῦ τρέφεσθαι
μηδ´ ἀναλίσκοντα τὸ πλησιάζον, ἀλλὰ μόνον τὸ πῦρ. ᾗ καὶ
τὰ νέα βρωτικώτερα τῶν πρεσβυτέρων ὑπὸ θερμότητος·
καὶ τοὐναντίον οἱ γέροντες ῥᾷστα νηστείαν φέρουσιν,
ἀμβλὺ γὰρ ἐν αὐτοῖς καὶ μικρὸν ἤδη τὸ θερμόν ἐστιν.
ὥσπερ ἐν τοῖς ἀναίμοις τῶν ζῴων, ἃ δὴ καὶ τροφῆς
ἥκιστα προσδεῖται δι´ ἔνδειαν θερμότητος· | αὐτόν θ´
ἕκαστον αὑτοῦ γυμνάσια καὶ κραυγαὶ καὶ ὅσα τῷ κινεῖν
αὔξει τὸ θερμὸν ἥδιον φαγεῖν ποιεῖ καὶ προθυμότερον.
τροφὴ δὲ τῷ θερμῷ, καθάπερ νομίζω, ὃ πρῶτον κατὰ
φύσιν μάλιστα, τὸ ὑγρόν ἐστιν, ὡς αἵ τε φλόγες αὐξανόμεναι
τῷ ἐλαίῳ δηλοῦσιν καὶ τὸ πάντων ξηρότατον εἶναι
τέφραν· ἐκκέκαυται γὰρ τὸ νοτερόν, τὸ δὲ γεῶδες ἔρημον
ἰκμάδος λέλειπται· καὶ ὁμοίως διίστησι καὶ διαιρεῖ τὰ
σώματα τὸ πῦρ τῷ ἐξαιρεῖν τὴν κολλῶσαν ὑγρότητα καὶ
συνδέουσαν. ὅταν οὖν νηστεύσωμεν, ἐκ τῶν ὑπολειμμάτων
τῆς ἐν τῷ σώματι τροφῆς ἀποσπᾶται βίᾳ τὸ ὑγρὸν ὑπὸ
τοῦ θερμοῦ τὸ πρῶτον, εἶτ´ ἐπ´ αὐτὴν βαδίζει τὴν σύμφυτον
λιβάδα τῆς σαρκὸς ἡ πύρωσις διώκουσα τὸ νοτερόν·
γενομένης οὖν ὥσπερ ἐν πηλῷ ξηρότητος, ποτοῦ μᾶλλον
τὸ σῶμα δεῖσθαι πέφυκεν, ἄχρι οὗ πιόντων ἀναρρωσθὲν
καὶ ἰσχῦσαν τὸ θερμὸν ἐμβριθοῦς τροφῆς ὄρεξιν ἐργάσηται.
| [6,1] QUESTION I :
Pour quelle raison ceux qui jeûnent ont plus soif que faim.
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
PLUTARQUE - AUTRES ASSISTANTS.
1. Je vous envoie donc ce sixième recueil de mes Symposiaques.
La première question en est celle-ci : "Pourquoi
ceux qui jeûnent ont plus soif que faim". Il semblait qu'il
y eût inconséquence à ce qu'à la suite d'un long jeûne on
eût soif plutôt que faim : car le défaut de nourriture solide
paraît aussi solliciter naturellement une réfection analogue
par le moyen d'une alimentation pareille. Je commençai
donc à parler ainsi aux assistants : « De tout ce qui est au
dedans de nous, c'est la chaleur naturelle qui seule, ou
plus que le reste, a besoin de nourriture : de même que,
certainement, nous ne voyons au dehors ni l'air, ni l'eau,
ni la terre, manifester la moindre appétition pour être
nourris et consumer ce qui les approche. Le feu est le seul
qui présente ce caractère. C'est aussi pourquoi les jeunes
mangent plus que ne font les vieux, en raison de leur chaleur ;
et, au contraire, les vieux soutiennent très facilement
l'abstinence, parce que la chaleur est en eux déjà languissante
et débile. Ils sont comme les animaux privés de sang qui, par leur
manque d'ardeur, éprouvent très peu le besoin de nourriture.
« L'exercice, les cris, et toutes les évolutions qui, par le
mouvement, augmentent en chacun de nous la chaleur, nous
font manger avec plus de plaisir et d'avidité. Or la nourriture
première, la nourriture la plus naturellement appropriée à la chaleur,
c'est, à mon avis, l'humide : ainsi que le montrent et les flammes
qui s'augmentent par l'huile qu'on y jette, et la cendre, la plus sèche
de toutes les matières. L'humidité en a été consumée entièrement par
le feu : la substance terreuse y est restée seule, dépouillée de tout
liquide. Semblablement aussi, le feu sépare et divise les
corps, en supprimant l'humidité qui maintenait la cohésion
de leurs molécules. C'est pourquoi, quand nous avons jeûné,
la chaleur naturelle attire premièrement avec force tout l'humide
que contient le résidu de la nourriture entrée dans
notre corps. Ensuite cette ardeur, toujours avide d'humidité,
s'attaque au liquide même qui tient à la substance de
nos chairs. Il se déclare alors, comme dans de la terre cuite,
une sécheresse qui provoque un besoin plus impérieux de
boisson. C'est quand nous avons bu, que la chaleur de notre
corps, ranimée et rétablie dans toute sa force, détermine en
nous de l'appétit pour une nourriture solide.
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