[5,8] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Η
Διὰ τί τὴν μηλέαν ’ἀγλαόκαρπον‘ ὁ ποιητὴς εἶπεν, Ἐμπεδοκλῆς
δ´ ’ὑπέρφλοια‘ τὰ μῆλα.
Ἑστιωμένων ἡμῶν ποτ´ ἐν Χαιρωνείᾳ καὶ παρατεθείσης
παντοδαπῆς ὀπώρας, ἐπῆλθέ τινι τῶν κατακειμένων
ἀναφθέγξασθαι τὸν στίχον ἐκεῖνον
’συκέαι τε γλυκεραὶ καὶ μηλέαι ἀγλαόκαρποι‘
καὶ ’ἐλαῖαι τηλεθόωσαι‘. ζήτησις οὖν ἦν, διὰ τί τὰς
μηλέας ὁ ποιητὴς ’ἀγλαοκάρπους‘ ἐξαιρέτως προσεῖπεν.
καὶ Τρύφων μὲν ὁ ἰατρὸς ἔλεγε κατὰ τὴν πρὸς τὸ δένδρον
εἰρῆσθαι σύγκρισιν, ὅτι μικρὸν ὂν κομιδῇ καὶ τὴν
ὄψιν εὐτελὲς καλὸν καὶ μέγαν ἐκφέρει τὸν καρπόν. ἄλλος
δέ τις ἔφη τὸ καλὸν ἐκ πάντων συντεθὲν μόνῳ τούτῳ τῶν
ἀκροδρύων ὁρᾶν ὑπάρχον· καὶ γὰρ τὴν ψαῦσιν ἔχει καθάριον,
ὥστε μὴ μολύνειν ἀλλ´ εὐωδίας ἀναπιμπλάναι τὸν
ἁπτόμενον, καὶ τὴν γεῦσιν ἡδεῖαν, ὀσφραίνεσθαί τε καὶ
ἰδεῖν ἐπιτερπέστατόν ἐστι· διὸ καὶ πάσας ὁμοῦ τι τὰς
αἰσθήσεις προσαγόμενον εἰκότως ἐπαινεῖσθαι.
Ταῦτα μὲν οὖν ἔφαμεν ἡμεῖς μετρίως λέγεσθαι· τοῦ
δ´ Ἐμπεδοκλέους εἰρηκότος
’οὕνεκεν ὀψίγονοί τε σίδαι καὶ ὑπέρφλοια μῆλα,‘
τὸ μὲν τῶν σιδῶν ἐπίθετον νοεῖν ὅτι τοῦ φθινοπώρου
λήγοντος ἤδη καὶ τῶν καυμάτων μαραινομένων ἐκπέττουσι
τὸν καρπόν· ἀσθενῆ γὰρ αὐτῶν τὴν ὑγρότητα καὶ
γλίσχραν οὖσαν οὐκ ἐᾷ λαβεῖν σύστασιν ὁ ἥλιος, ἂν μὴ
μεταβάλλειν ὁ ἀὴρ ἐπὶ τὸ ψυχρότερον ἄρχηται· διὸ καὶ
μόνον τοῦτό φησιν Θεόφραστος τὸ δένδρον ἐν τῇ σκιᾷ
βέλτιον ἐκπέττειν τὸν καρπὸν καὶ τάχιον. τὰ δὲ μῆλα καθ´
ἥντινα διάνοιαν ὁ σοφὸς ’ὑπέρφλοια‘ προσειρήκοι, διαπορεῖν,
καὶ μάλιστα τοῦ ἀνδρὸς οὐ καλλιγραφίας ἕνεκα
τοῖς εὐπροσωποτάτοις τῶν ἐπιθέτων, ὥσπερ ἀνθηροῖς
χρώμασι, τὰ πράγματα γανοῦν εἰωθότος, ἀλλ´ ἕκαστον
οὐσίας τινὸς ἢ δυνάμεως δήλωμα ποιοῦντος, οἷον ’ἀμφι–
βρότην χθόνα‘ τὸ τῇ ψυχῇ περικείμενον σῶμα, καὶ
’νεφεληγερέτην‘ τὸν ἀέρα καὶ ’πολυαίματον‘ τὸ ἧπαρ.
Εἰπόντος οὖν ἐμοῦ ταῦτα, γραμματικοί τινες
ἔφασαν ’ὑπέρφλοια‘ λελέχθαι τὰ μῆλα διὰ τὴν ἀκμήν·
τὸ γὰρ ἄγαν ἀκμάζειν καὶ τεθηλέναι ’φλύειν‘ ὑπὸ τῶν
ποιητῶν λέγεσθαι. καὶ τὸν Ἀντίμαχον
οὕτω πως ’φλείουσαν ὀπώραις‘ εἰρηκέναι τὴν
τῶν Καδμείων πόλιν· ὁμοίως τὸν Ἄρατον ἐπὶ τοῦ Σειρίου
λέγοντα
’καὶ τὰ μὲν ἔρρωσεν, τῶν δὲ φλόον ὤλεσε πάντα‘
τὴν χλωρότητα καὶ τὸ ἄνθος τῶν καρπῶν ’φλόον‘ προσαγορεύειν·
εἶναι δὲ καὶ τῶν Ἑλλήνων τινάς, οἳ Φλείῳ
Διονύσῳ θύουσιν. ἐπεὶ τοίνυν μάλιστα τῶν καρπῶν ἡ
χλωρότης καὶ τὸ τεθηλέναι τῷ μήλῳ παραμένει, ’ὑπέρ–
φλοιον‘ αὐτὸ τὸν φιλόσοφον προσαγορεῦσαι. | Λαμπρίας
δ´ ὁ πάππος ἡμῶν ἔφη τὴν ’ὑπὲρ‘ φωνὴν οὐ μόνον τὸ
ἄγαν καὶ τὸ σφοδρὸν δηλοῦν, ἀλλὰ καὶ τὸ ἔξωθεν καὶ τὸ
ἄνωθεν· οὕτω γὰρ ’ὑπέρθυρον‘ καὶ ’ὑπερῷον‘ καλεῖν
ἡμᾶς, τὸν δὲ ποιητὴν καὶ ’κρέ´ ὑπέρτερα‘
τὰ ἔξω τοῦ ἱερείου, ὥσπερ ’ἔγκατα‘ τὰ
ἐντός. ’ὅρα τοίνυν‘ ἔφη ’μὴ πρὸς τοῦτο μᾶλλον ὁ Ἐμπεδοκλῆς
πεποίηκε τὸ ἐπίθετον, ὅτι, τῶν ἄλλων καρπῶν τὸ
ἔξωθεν ὑπὸ τοῦ φλοιοῦ περιεχομένων καὶ τὰ καλούμενα
λεπύχανα καὶ κελύφη καὶ ὑμένας καὶ λοβοὺς ἐπιπολῆς
ἐχόντων, ὁ τοῦ μήλου φλοιὸς ἐντός ἐστι κολλώδης χιτὼν
καὶ λιπαρός, ᾧ προσίσχεται τὸ σπέρμα· τὸ δ´ ἐδώδιμον,
ἔξωθεν αὐτῷ περικείμενον, εἰκότως ‘ὑπέρφλοιον’ ὠνόμασται.‘
| [5,8] QUESTION VIII.
Pourquoi Homère donne au pommier l'épithète d'aglaocarpon, et Em-
pédocle, aux pommes, celle d'hgperphlées.
PERSONNAGES DU DIALOGUE.
PLUTARQUE - TRYPIION - DES GRAMMAIRIENS - LAMPRIAS L'AÏEUL.
1. Comme nous soupions un jour en un grand banquet
à Chéronée et qu'il avait été servi des fruits de toute sorte,
il vint à l'esprit d'un des convives de citer à haute voix ces vers :
"Ici le doux figuier, le pommier au beau fruit,
L'olivier verdoyant...."
On voulut chercher, à cette occasion, pourquoi le poète
appelle spécialement le pommier "aglaocarpos", "arbre au
beau fruit". Tryphon le médecin prétendait que cela était dit
par comparaison avec l'arbre lui-même, qui, étant de petite
taille et de chétive apparence, produit un fruit remarquable
par sa beauté et sa grosseur. Un autre se mit à dire, que
la réunion complète de toutes les beautés ne se rencontre
que dans le pommier. La surface de son fruit est, au toucher,
d'une netteté charmante et ne salit pas; il emplit d'une
bonne odeur la main qui le touche; il a un goût agréable;
il réjouit à la fois l'odorat et la vue : de sorte que le charme
avec lequel il attire tous les sens justifie bien les éloges
qu'on lui donne.
2. A cela nous dîmes que c'était assez bien discouru.
« Mais laissez-moi, ajoutai-je, vous citer un vers d'Empédocle :
"La grenade tardive et la pomme hyperphlée".
Je comprends bien l'épithète de "hyperphlée", "tardive",
attendu que c'est au déclin de l'automne, et quand les chaleurs
sont déjà passées, que mûrit la grenade. Comme l'humidité
qu'elle contient est faible et en petite quantité, le
soleil ne permet pas que cette humidité prenne de consistance
avant que la température de l'air ait commencé à se
refroidir. C'est pourquoi Théophraste dit, que le grenadier
est le seul arbre qui nourrisse mieux et plus promptement
son fruit à l'ombre. Mais quelle est la pensée du sage poète,
quand il donne aux pommes l'épithète d'hyperphlée? Je ne
me l'explique pas : d'autant plus qu'Empédocle pour obtenir
des effets de style n'a pas l'habitude de multiplier les épithètes
les plus recherchées et d'en couvrir son style comme
de fleurs éblouissantes. Toutes les qualifications qu'il emploie
ont simplement pour but de faire connaître la nature
ou la propriété des choses. Ainsi il appelle "terre circummortelle"
le corps, dans lequel est placée l'âme; il donne à
l'air l'épithète de "assembleur de nuages", au foie celle
de "plein de sang".
3. Quand j'eus ainsi parlé, quelques grammairiens dirent
que les pommes sont appelées hyperphlées, à cause de
leur vigueur : parce que les poètes se servent du verbe
phlééin pour exprimer l'action de pousser avec vigueur et
de fleurir. Antimaque, dirent-ils, emploie ce verbe quand
il parle de la vigueur avec laquelle les fruits se développent
dans la ville des Cadméens. Pareillement Aratus, quand il
signale l'étoile caniculaire comme
"Ravissant tour à tour ou donnant le phloos",
appelle de ce dernier nom la verdure et la fraîcheur des
fruits. Il y a même certains Grecs qui sacrifient à Bacchus
Phléen. Ainsi, puisque de tous les fruits la pomme conserve le
mieux sa fraîcheur et son éclat, le poète a raison
de lui donner l'épithète d'hyperphlee. Mais Lamprias,
notre aïeul, dit que la particule hyper désignait non seulement
la supériorité et la force, mais encore la situation
d'une chose qui est au dehors ou au-dessus d'une autre :
comme quand nous appelons hyperthyre, hyperéon, un haut
de porte, une chambre supérieure; comme quand le poète
appelle hypertères les chairs extérieures de la victime, tandis
qu'il appelle encata ce qui est au dedans, à savoir les entrailles.
« Examinez donc, ajouta-t-il, si Empédocle n'a
pas plutôt voulu, par cet adjectif, faire entendre que les
autres fruits, contenus dans leur écorce (phloion), ont par-dessus
eux ce qu'on appelle des gousses, des coques, des
membranes, ou des tuniques. L'écorce de la pomme, au contraire,
est par le dedans une enveloppe grasse et glutineuse
où est contenue le germe; et ce qu'il y a de bon à manger
est au dehors et tout à l'entour. Par conséquent il y a lieu
de donner à ce fruit l'épithète d'hyperphlée.
|