[5,4] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Δ
Περὶ τοῦ ’ζωρότερον δὲ κέραιε‘.
Γελοῖος ἐδόκει τισὶ τῶν συνδειπνούντων ὁ Ἀχιλλεὺς
ἀκρατότερον ἐγχεῖν τὸν Πάτροκλον κελεύων, εἶτ´ αἰτίαν
τοιαύτην ἐπιλέγων
’οἱ γὰρ φίλτατοι ἄνδρες ἐμῷ ὑπέασι μελάθρῳ.‘
Νικήρατος μὲν οὖν ὁ ἑταῖρος ἡμῶν ὁ Μακεδὼν ἄντικρυς
ἀπισχυρίζετο μὴ ἄκρατον ἀλλὰ θερμὸν εἰρῆσθαι τὸ
’ζωρὸν‘ ἀπὸ τοῦ ζωτικοῦ καὶ τῆς ζέσεως, ὃ δὴ καὶ λόγον
ἔχειν, ἀνδρῶν ἑταίρων παρόντων νέον ἐξ ὑπαρχῆς κεράννυσθαι
κρατῆρα· καὶ γὰρ ἡμᾶς, ὅταν τοῖς θεοῖς ἀποσπένδειν
μέλλωμεν, νεοκρᾶτα ποιεῖν. Σωσικλῆς δ´ ὁ ποιητὴς
τοῦ Ἐμπεδοκλέους ἐπιμνησθεὶς εἰρηκότος ἐν τῇ καθόλου
μεταβολῇ γίνεσθαι ’ζωρά τε τὰ πρὶν ἄκρητα‘
μᾶλλον ἔφη τὸ εὔκρατον ἢ τὸ ἄκρατον ὑπὸ τοῦ ἀνδρὸς
ζωρὸν λέγεσθαι καὶ μηδέν γε κωλύειν ἐπικελεύεσθαι τῷ
Πατρόκλῳ τὸν Ἀχιλλέα παρασκευάζειν εὔκρατον εἰς
πόσιν τὸν οἶνον· εἰ δ´ ἀντὶ τοῦ ζωροῦ ’ζωρότερον‘ εἶπεν,
ὥσπερ ’δεξιτερὸν‘ ἀντὶ τοῦ δεξιοῦ καί ’θηλύτερον‘ ἀντὶ
τοῦ θήλεος, οὐκ ἄτοπον εἶναι· χρῆσθαι γὰρ ἐπιεικῶς ἀντὶ
τῶν ἁπλῶν τοῖς συγκριτικοῖς. Ἀντίπατρος δ´ ὁ ἑταῖρος
ἔφη τοὺς μὲν ἐνιαυτοὺς ἀρχαϊκῶς ’ὥρους‘ λέγεσθαι,
τὸ δὲ ζα μέγαθος εἰωθέναι σημαίνειν· ὅθεν τὸν πολυετῆ
καὶ παλαιὸν οἶνον ὑπὸ τοῦ Ἀχιλλέως ζωρὸν ὠνομάσθαι.
Ἐγὼ δ´ ἀνεμίμνησκον αὐτούς, ὅτι τῷ ’ζωρότερον‘
τὸ θερμὸν ἔνιοι σημαίνεσθαι λέγουσι τῷ δὲ θερμοτέρῳ
τὸ τάχιον· ὥσπερ ἡμεῖς ἐγκελευόμεθα πολλάκις τοῖς διακονοῦσι
θερμότερον ἅπτεσθαι τῆς διακονίας. ἀλλὰ μειρακιώδη
τὴν φιλοτιμίαν αὐτῶν ἀπέφαινον, δεδιότων ὁμολογεῖν
ἀκρατότερον εἰρῆσθαι τὸ ζωρότερον, ὡς ἐν ἀτόπῳ
τινὶ τοῦ Ἀχιλλέως ἐσομένου· καθάπερ ὁ Ἀμφιπολίτης
Ζωίλος ὑπελάμβανεν, ἀγνοῶν ὅτι πρῶτον μὲν ὁ Ἀχιλλεὺς
τὸν Φοίνικα καὶ τὸν Ὀδυσσέα πρεσβυτέρους ὄντας εἰδὼς
οὐχ ὑδαρεῖ χαίροντας ἀλλ´ ἀκρατοτέρῳ, καθάπερ οἱ
ἄλλοι γέροντες, ἐπιτεῖναι κελεύει τὴν κρᾶσιν. ἔπειτα
Χείρωνος ὢν μαθητὴς καὶ τῆς περὶ τὸ σῶμα διαίτης οὐκ
ἄπειρος ἐλογίζετο δήπουθεν, ὅτι τοῖς ἀργοῦσι καὶ σχολάζουσι
παρὰ τὸ εἰωθὸς σώμασιν ἀνειμένη καὶ μαλακωτέρα
κρᾶσις ἁρμόζει· | καὶ γὰρ τοῖς ἵπποις ἐμβάλλει
μετὰ τῶν ἄλλων χορτασμάτων τὸ σέλινον οὐκ
ἀλόγως, ἀλλ´ ὅτι βλάπτονται μὲν οἱ σχολάζοντες ἀσυνήθως
ἵπποι τοὺς πόδας, ἔστι δὲ τούτου μάλιστ´ ἴαμα τὸ
σέλινον· ἄλλοις γοῦν οὐκ ἂν εὕροις παραβαλλόμενον ἵπποις
ἐν Ἰλιάδι σέλινον ἤ τινα τοιοῦτον χιλόν· ἀλλ´ ἰατρὸς ὢν ὁ
Ἀχιλλεὺς τῶν θ´ ἵππων πρὸς τὸν καιρὸν οἰκείως ἐπεμελεῖτο
καὶ τῷ σώματι τὴν ἐλαφροτάτην δίαιταν, ὡς ὑγιεινοτάτην
ἐν τῷ σχολάζειν, παρεσκεύαζεν· ἄνδρας δ´ ἐν μάχῃ καὶ
ἀγῶνι δι´ ἡμέρας γεγενημένους οὐχ ὁμοίως ἀξιῶν διαιτᾶν
τοῖς ἀργοῦσιν ἐπιτεῖναι τὴν κρᾶσιν ἐκέλευσε. καὶ μὴν
οὐδὲ φύσει φαίνεται φίλοινος ἀλλ´ ἀπηνὴς ὁ Ἀχιλλεύς·
’οὐ γάρ τι γλυκύθυμος ἀνὴρ ἦν οὐδ´ ἀγανόφρων,
ἀλλὰ μάλ´ ἐμμεμαώς·‘
καί που παρρησιαζόμενος ὑπὲρ αὑτοῦ ’πολλάς‘ φησίν
’ἀύπνους νύκτας ἰαῦσαι·‘ βραχὺς δ´ ὕπνος οὐκ
ἐξαρκεῖ τοῖς χρωμένοις ἀκράτῳ. λοιδορούμενος δὲ τῷ
Ἀγαμέμνονι πρῶτον αὐτὸν ’οἰνοβαρῆ‘ προσείρηκεν,
ὡς μάλιστα τῶν νοσημάτων τὴν οἰνοφλυγίαν προβαλλόμενος.
διὰ ταῦτα δὴ πάντα λόγον εἶχεν αὐτὸν ἐννοῆσαι,
τῶν ἀνδρῶν ἐπιφανέντων, μή ποθ´ ἡ συνήθης κρᾶσις
αὐτῷ τοῦ οἴνου πρὸς ἐκείνους ἀνειμένη καὶ ἀνάρμοστός ἐστιν.
| [5,4] QUESTION IV.
Sur ces mots d'Homère : "Verse du plus pur".
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
NICÉRATUS — SOSICLES — ANTIPATER — PLUTARQUE.
1. Quelques-uns de ceux avec qui je dînais un jour trouvaient
ridicule qu'Achille eût ordonné à Patrocle de verser
du zôrotéron, c'est-à-dire du "vin plus pur", et qu'il eût
motivé ainsi cet ordre :
"Car jamais sous mon toit amis plus chers ne vinrent".
Un de mes compagnons, Nicératus le Macédonien, soutenait
résolûment que le mot employé par Homère ne signifiait
pas « du vin plus pur », mais « du vin chaud » : de
zôron, « chaleur, ébullition », et qu'il allait de soi, que
voyant survenir quelques-uns de ses meilleurs amis, le jeune
héros fit de rechef verser de nouveau vin. Nous aussi, quand
nous voulons faire des libations aux dieux, n'avons-nous
pas soin de renouveler le vin de la coupe? Le poète Sosiclès
se rappela un passage d'Empédocle, où il est dit que
dans la révolution de l'univers,
"Tout ce qui jusqu'alors s'était conservé pur
Fut mélangé".
Il en conclut que rien ne s'opposait à ce qu'Achille eût ordonné
à Patrocle de préparer, avec de bonnes conditions de
mélange, le vin qu'on allait boire. Si au lieu de « vin pur »,
continua Sosiclès, Homère dit "vin plus pur," comme on
dit "plus adroit, plus féminin", au lieu de dire « adroit,
féminin », ce changement n'a rien d'étrange, attendu qu'il
se sert assez souvent du comparatif au lieu du positif. Notre
ami Antipater disait que l'année anciennement s'appelait
"horos," et que "Za", en composition, a coutume de signifier
"accroissement;" que pour cette raison le vin qui est vieux
de plusieurs années est appelé par Achille Zôroteros.
Quant à moi, je leur rappelai que le mot Zôroteron, selon
quelques-uns, signifie « chaud », et que "plus chaud" veut
dire "plus prompt." Ainsi nous recommandons souvent
à ceux qui nous servent, de faire leur service "avec plus de
chaleur". Je leur fis voir que d'ailleurs c'était de leur part
une crainte puérile de n'oser avouer que Zôroteron signifiât
"plus pur", comme si t'eût été faire commettre à
Achille une inconvenance. « Cette dernière opinion, continuai-je,
est celle de l'Amphipolitain Zoïle. Mais il ne prend
pas garde à deux choses. D'abord le héros sait que Phénix
et Ulysse, tous deux assez âgés, aiment, comme les autres
vieillards, beaucoup moins l'eau rougie que le vin pur : et
voilà pourquoi il ordonne de peu tremper le mélange.
En second lieu, comme il est élève de Chiron, et familiarisé
par l'expérience avec le régime qui convient aux corps, il a
réfléchi sans doute, que ce sont les gens tombés dans une
inaction et un loisir inaccoutumé qui s'accommodent mieux
d'une température relâchée et plus adoucie. Car, même
aux chevaux , parmi les autres fourrages il fait donner
de l'ache, et il a raison, parce que les chevaux qui demeurent
oisifs se gâtent les pieds, et que c'est à quoi l'ache
remédie souverainement. Aussi, à d'autres coursiers ne
verrez-vous pas dans l'Iliade donner de l'ache ou quelque
nourriture semblable. Mais comme Achille était médecin, il
s'entendait parfaitement à soigner les chevaux dans l'occasion,
et aussi, pour son propre corps, il suivait le régime le
plus léger, parce que c'est le plus salutaire en temps d'inaction.
Toutefois, ayant à recevoir des guerriers qui vivaient
journellement au milieu des combats et des luttes, il ne croyait
pas qu'ils dussent être traités comme des gens oisifs, et il
ordonnait de leur servir "du vin plus pur".
« En outre, on voit qu'Achille n'a pas naturellement de
passion pour le vin, mais qu'il est d'un caractère emporté
Dans un endroit où, en toute franchise, le héros parle
avantageusement de lui-même, il dit :
"J'ai passé bien des nuits sans goûter le sommeil."
Or un sommeil de courte durée ne suffit pas à ceux qui
font usage de vin pur. Quand il injurie Agamemnon , la
première épithète qu'il lui donne est celle de "chargé de
vin" : lui lançant le reproche d'ivrognerie comme le plus
odieux. D'après toutes ces considérations, il était raisonnable
qu'à l'apparition de tels personnages il pensât à donner
ordre qu'on ne lui servît pas du vin comme on avait l'habitude
de le mélanger à son usage. Ç'aurait été une boisson
trop trempée, et qui n'aurait pas été appropriée à de tels hôtes.»
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