HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Propos de table, livre V

Chapitre 3

  Chapitre 3

[5,3] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Γ Τίς αἰτία δι´ ἣν πίτυς ἱερὰ Ποσειδῶνος ἐνομίσθη καὶ Διονύσου· καὶ ὅτι τὸ πρῶτον ἐστεφάνουν τῇ πίτυι τοὺς Ἴσθμια νικῶντας, ἔπειτα σελίνῳ, νυνὶ δὲ πάλιν τῇ πίτυι. πίτυς ἐζητεῖτο καθ´ ὃν λόγον ἐν Ἰσθμίοις στέμμα γέγονε· καὶ γὰρ ἦν τὸ δεῖπνον ἐν Κορίνθῳ, Ἰσθμίων ἀγομένων ἑστιῶντος ἡμᾶς Λουκανίου τοῦ ἀρχιερέως. Πραξιτέλης μὲν οὖν περιηγητὴς τὸ μυθῶδες ἐπῆγεν, ὡς λεγόμενον εὑρεθῆναι τὸ σῶμα τοῦ Μελικέρτου πίτυι προσβεβρασμένον ὑπὸ τῆς θαλάττης· καὶ γὰρ οὐ πρόσω Μεγάρων εἶναι τόπον, ὃςΚαλῆς δρόμοςἐπονομάζεται, δι´ οὗ φάναι Μεγαρεῖς τὴν Ἰνὼ τὸ παιδίον ἔχουσαν δραμεῖν ἐπὶ τὴν θάλατταν. κοινῶς δ´ ὑπὸ πολλῶν λεγομένου ὡς ἴδιόν ἐστι στέμμα Ποσειδῶνος πίτυς, Λουκανίου δὲ προστιθέντος ὅτι καὶ τῷ Διονύσῳ καθωσιωμένον τὸ φυτὸν οὐκ ἀπὸ τρόπου ταῖς περὶ τὸν Μελικέρτην συνῳκείωται τιμαῖς, αὐτὸ τοῦτο ζήτησιν παρεῖχεν, ᾧτινι λόγῳ Ποσειδῶνι καὶ Διονύσῳ τὴν πίτυν οἱ παλαιοὶ καθωσίωσαν. ἐδόκει δ´ ἡμῖν μηδὲν εἶναι παράλογον· ἀμφότεροι γὰρ οἱ θεοὶ τῆς ὑγρᾶς καὶ γονίμου κύριοι δοκοῦσιν ἀρχῆς εἶναι· καὶ Ποσειδῶνί γε Φυταλμίῳ Διονύσῳ δὲ Δενδρίτῃ πάντες ὡς ἔπος εἰπεῖν Ἕλληνες θύουσιν. οὐ μὴν ἀλλὰ κατ´ ἰδίαν τῷ Ποσειδῶνι φαίη τις ἂν τὴν πίτυν προσήκειν, | οὐχ ὡς Ἀπολλόδωρος οἴεται παράλιον φυτὸν οὖσαν οὐδ´ ὅτι φιλήνεμός ἐστιν ὥσπερ θάλασσα (καὶ γὰρ τοῦτό τινες λέγουσιν), ἀλλὰ διὰ τὰς ναυπηγίας μάλιστα. καὶ γὰρ αὐτὴ καὶ τὰ ἀδελφὰ δένδρα, πεῦκαι καὶ στρόβιλοι, τῶν τε ξύλων παρέχει τὰ πλοϊμώτατα πίττης τε καὶ ῥητίνης ἀλοιφήν, ἧς ἄνευ τῶν συμπαγέντων ὄφελος οὐδὲν ἐν τῇ θαλάττῃ. τῷ δὲ Διονύσῳ τὴν πίτυν ἀνιέρωσαν ὡς ἐφηδύνουσαν τὸν οἶνον· τὰ γὰρ πιτυώδη χωρία λέγουσιν ἡδύοινον τὴν ἄμπελον φέρειν. καὶ τὴν θερμότητα τῆς γῆς Θεόφραστος αἰτιᾶται· καθόλου γὰρ ἐν ἀργιλώδεσι τόποις φύεσθαι τὴν πίτυν, εἶναι δὲ τὴν ἄργιλον θερμήν, διὸ καὶ συνεκπέττειν τὸν οἶνον, ὥσπερ καὶ τὸ ὕδωρ ἐλαφρότατον καὶ ἥδιστον ἄργιλος ἀναδίδωσιν, ἔτι δὲ καὶ καταμιγνυμένη πρὸς σῖτον ἐπίμετρον ποιεῖ δαψιλές, ἁδρύνουσα καὶ διογκοῦσα τῇ θερμότητι τὸν πυρόν. οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τῆς πίτυος αὐτῆς εἰκὸς ἀπολαύειν τὴν ἄμπελον, ἐχούσης ἐπιτηδειότητα πολλὴν πρὸς σωτηρίαν οἴνου καὶ διαμονήν· τῇ τε γὰρ πίττῃ πάντες ἐξαλείφουσι τὰ ἀγγεῖα, καὶ τῆς ῥητίνης ὑπομιγνύουσι πολλοὶ τῷ οἴνῳ καθάπερ Εὐβοεῖς τῶν Ἑλλαδικῶν καὶ τῶν Ἰταλικῶν οἱ περὶ τὸν Πάδον οἰκοῦντες, ἐκ δὲ τῆς περὶ Βίενναν Γαλατίας πισσίτης οἶνος κατακομίζεται, διαφερόντως τιμώμενος ὑπὸ Ῥωμαίων. οὐ γὰρ μόνον εὐωδίαν τινὰ τὰ τοιαῦτα προσδίδωσιν, ἀλλὰ καὶ τὸν οἶνον {ἐμποιεῖ} παρίστησι ταχέως ἐξαιροῦντα τῇ θερμότητι τοῦ οἴνου τὸ νεαρὸν καὶ ὑδατῶδες. Ὡς δὲ ταῦτ´ ἐρρήθη, τῶν ῥητόρων μάλιστα δοκῶν ἀναγνώσμασιν ἐντυγχάνειν ἐλευθερίοις πρὸς θεῶνεἶπεν, ’οὐ γὰρ ἐχθὲς πίτυς ἐνταῦθα καὶ πρῴην στέμμα γέγονε τῶν Ἰσθμίων, πρότερον δὲ τοῖς σελίνοις ἐστέφοντο; καὶ τοῦτ´ ἔστι μὲν ἐν τῇ κωμῳδίᾳ φιλαργύρου τινὸς ἀκοῦσαι λέγοντοςτὰ δ´ Ἴσθμι´ ἀποδοίμην ἂν ἡδέως ὅσου τῶν σελίνων στέφανός ἐστιν ὤνιος.’ ἱστορεῖ δὲ καὶ Τίμαιος συγγραφεύς, ὅτι Κορινθίοις, ὁπηνίκα μαχούμενοι πρὸς Καρχηδονίους ἐβάδιζον ὑπὲρ τῆς Σικελίας, ἐνέβαλόν τινες ὄνοι σέλινα κομίζοντες· οἰωνισαμένων δὲ τῶν πολλῶν τὸ σύμβολον ὡς οὐ χρηστόν, ὅτι δοκεῖ τὸ σέλινον ἐπικήδειον εἶναι καὶ τοὺς ἐπισφαλῶς νοσοῦντας δεῖσθαι τοῦ σελίνου φαμέν, ἄλλως θ´ Τιμολέων ἐθάρρυνεν αὐτοὺς καὶ ἀνεμίμνησκε τῶν Ἰσθμοῖ σελίνων, οἷς ἀναστέφουσι Κορίνθιοι τοὺς νικῶντας. ἔτι τοίνυν Ἀντιγόνου ναυαρχὶς ἀναφύσασα περὶ πρύμναν αὐτομάτως σέλινον Ἰσθμία ἐπωνομάσθη. καὶ τοῦτο δὴ τὸ σκολιὸν ἐπίγραμμα δῆλον κεραμέα νομίζει διαβεβυσμένην σελίνῳ· σύγκειται δ´ οὕτωχθὼν παλὰς γῆ πυρὶ κατῃθαλωμένη κεύθει κελαινὸν αἷμα Διονύσου θοοῦ, ἔχουσα κλῶνας Ἰσθμικοὺς ἀνὰ στόμα.’ ταῦτ´εἶπενοὐκ ἀνεγνώκαθ´ ὑμεῖς οἱ τὴν πίτυν ὡς οὐκ ἐπείσακτον οὐδὲ νέον ἀλλὰ πάτριον καὶ παλαιὸν δὴ στέμμα τῶν Ἰσθμίων σεμνύνοντες;‘ Ἐκίνησεν οὖν τοὺς νέους ὡς ἂν πολυμαθὴς ἀνὴρ καὶ πολυγράμματος. μέντοι Λουκάνιος εἰς ἐμὲ βλέψας ἅμα καὶ μειδιῶν Πόσειδονἔφητοῦ πλήθους τῶν γραμμάτων· ἕτεροι δ´ ἡμῶν τῆς ἀμαθίας ὡς ἔοικε καὶ τῆς ἀνηκοΐας ἀπέλαυον ἀναπείθοντες τοὐναντίον, ὡς μὲν πίτυς ἦν στέμμα τῶν ἀγώνων πάτριον, ἐκ δὲ Νεμέας κατὰ ζῆλον τοῦ σελίνου ξένος ὢν ἐπεισῆλθε δι´ Ἡρακλέα καὶ κρατήσας ἠμαύρωσεν ἐκεῖνον ὡς ἱερὸν ἐπιτήδειον· εἶτα μέντοι χρόνῳ πάλιν ἀνακτησαμένη τὸ πάτριον γέρας πίτυς ἀνθεῖ τῇ τιμῇ. | ἐγὼ γοῦν ἀνεπειθόμην καὶ προσεῖχον, ὥστε καὶ τῶν μαρτυρίων ἐκμαθεῖν πολλὰ καὶ μνημονεύειν, Εὐφορίωνα μὲν οὕτω πως περὶ Μελικέρτου λέγοντακλαίοντες δέ τε κοῦρον ἐπ´ αἰλίσι πιτύεσσι κάτθεσαν, ὁκκότε δὴ στεφάνωμ´ ἄθλοις φορέονται. [5,3] QUESTION III. Quelle est la cause pour laquelle le pin fut regardé comme consacré à Neptune et à Bacchus. — Primitivement on décernait une couronne de pin aux vainqueurs des jeux Isthmiques; dans la suite ce fut une couronne d'ache ; et aujourd'hui on est revenu à la couronne de pin. PERSONNAGES DU DIALOGUE : PLUTARQUE - LUCANUS - PRAXITÈLE - ELEUTHÉRIUS. 1. On cherchait pour quelle raison le pin est devenu une couronne aux jeux Isthmiques. C'était à Corinthe, pendant la célébration de ces jeux, et à un souper où nous étions reçus par Lucanius le grand pontife. Praxitèle, le guide des étrangers allégua une tradition mythologique : à savoir, que l'on avait trouvé le corps de Mélicerte jeté contre un pin par les flots de la mer; qu'en effet non loin de Mégare est un lieu appelé encore "Course de la Belle", et que ce fut la route par où, au rapport des Mégariens, Ino tenant sa progéniture courut se précipiter dans la mer. Mais l'opinion communément adoptée par la plupart, c'est que le pin est la couronne spéciale de Neptune. Lucanius ajouta, que cet arbre étant aussi consacré à Bacchus, ce n'est pas sans motif qu'on l'associe aux honneurs de Mélicerte. Ce rapprochement même donna lieu de rechercher pour quelle raison le pin fut anciennement consacré à Neptune et à Bacchus. Pour moi, il me semblait qu'il n'y avait là rien d'étrange : attendu que l'un et l'autre de ces dieux passent pour présider au principe de l'humidité, lequel est le principe génital. Au moins l'universalité des Grecs, pour ainsi dire, sacrifie à Neptune « nourricier des plantes », et à Bacchus "protecteur des arbres". Toutefois il y aurait lieu de prétendre qu'à Neptune appartient en propre le pin. Non pas, comme le pense Apollodore, parce que c'est un arbre qui croît sur le bord de la mer, ni parce que, comme la mer, il aime à être battu par les vents : car c'est là ce que disent quelques-uns; mais la principale raison, c'est qu'il sert à la construction des vaisseaux. En effet le pin et les arbres de la même famille, à savoir le sapin et le mélèze, fournissent les bois les plus propres à la navigation. Ils donnent en outre la poix et la résine, qui servent à goudronner les navires, et sans lesquelles les pièces de bois les mieux assemblées ne seraient d'aucune utilité sur mer. « Quant à Bacchus, continuai-je, on lui a consacré le pin, comme étant un arbre qui rend le vin agréable. On dit, en effet, que dans les endroits où le pin abonde la vigne produit un vin remarquable par sa douceur. Théophraste attribue ce résultat à la chaleur de la terre. Car en général le pin croît dans les terres argileuses; et l'argile, qui est naturellement chaude, contribue à cuire le vin, comme elle rend aussi l'eau plus légère et plus agréable à boire. Ajoutez encore, que si à une quantité mesurée de froment on mêle de cette même argile, elle en augmente considérablement le volume, parce qu'elle le dilate et le gonfle de sa chaleur. Du reste, on comprend que par lui-même le pin fasse fructifier la vigne : attendu qu'il a plusieurs propriétés capables de bonifier le vin et de le conserver. Généralement on enduit de poix les vaisseaux où on le renferme; et il y en a qui mettent de la résine dans le vin même : comme les Eubéens en Grèce, et en Italie ceux qui habitent aux environs du Pô. Qui plus est, de la Gaule Viennoise il s'exporte un vin empoissé, qu'estiment fort les Romains. Ces ingrédients ne lui donnent pas seulement un certain parfum : ils le rendent agréable à boire, parce que grâce à leur chaleur, ils le dépouillent promptement de ce qu'il a de nouveau et d'aqueux. 2. Quand ces choses eurent été dites, celui des orateurs présents qui paraissait le plus familiarisé avec les lectures et les études libérales prit à son tour la parole : Grands dieux! s'écria-t-il, n'est-ce pas d'hier, n'est-ce pas tout récemment, que le pin est devenu ici une couronne des jeux isthmiques? Et primitivement, n'était-ce pas l'ache qui servait de couronne? Cela peut se reconnaître, en entendant les paroles que prononce un avare dans certaine comédie : "Des jeux Isthmiques, de grand coeur, J'abandonnerais, moi, la couronne suprême Pour le prix qu'au marché l'on en vend l'ache même". L'historien Timée rapporte, en outre, que comme les Corinthiens marchaient contre les Carthaginois pour leur disputer la Sicile les armes à la main, ils rencontrèrent des gens qui portaient de l'ache. Le plus grand nombre y vit un présage qui n'avait rien de rassurant, attendu que l'ache passe pour une plante funéraire; et quand des personnes sont dangereusement malades, nous disons : « Il ne leur faut plus que de l'ache. » Mais Timoléon rassura les siens, en leur rappelant l'ache des jeux Isthmiques, avec laquelle les Corinthiens couronnent les vainqueurs. Un autre fait encore. Comme sur la galère amirale du roi Antigone, de l'ache avait poussé d'elle-même à l'entour de la poupe, cette galère fut surnommée l'Isthmienne. Enfin, il y a une épigramme énigmatique, qui désigne un vase d'argile bouché avec de l'ache. La voici : "Cette argile en ses flancs calcinés par le feu Recèle le sang noir de Bacchus, puissant dieu; Et d'isthmiques rameaux en couvrent l'orifice". Certes, ajouta notre orateur, il faut être resté étranger à la lecture de cette épigramme, pour prétendre que le pin n'est pas d'institution récente et pour soutenir que c'est une couronne nationale, une couronne appropriée aux jeux Isthmiques depuis les temps anciens. Cette opinion ébranla nos jeunes Grecs, comme émanant d'un homme qui avait beaucoup d'instruction et dont les lectures étaient prodigieuses. 3. Lucanius alors jeta les yeux sur moi, et il s'écria en souriant : "Voilà-t-il une assez grande quantité de littérature!" Toutefois les autres trouvèrent apparemment à tirer profit de nous, malgré notre peu de savoir et malgré notre insuffisance en matière de traditions. Ils tinrent à persuader les assistants, que l'opinion contraire était la vraie : à savoir, que le pin avait été anciennement la couronne nationale dans ces sortes de combats; qu'à la suite des jeux Néméens s'était introduite, à titre de rivale, la couronne d'ache, étrangère jusque-là et admise à cause d'Hercule; qu'elle avait prévalu; qu'elle avait éclipsé l'autre, en paraissant mieux appropriée à des cérémonies saintes : mais que plus tard le pin avait recouvré son antique crédit, et que maintenant il florissait et était en honneur. Je ne demandais pas mieux que d'être persuadé. Je portai sur ce point mon attention, si bien que j'ai recueilli à cet égard de nombreux témoignages, et plusieurs en sont restés dans ma mémoire. Ainsi, Euphorion, parlant de Mélicerte, dit : "- - - Les yeux baignés de pleurs, Ils placèrent l'enfant sur un lit de branchage, De branchage de pin. Depuis lors, d'âge en âge, De pin on couronnait les vainqueurs dans nos jeux. Ce ne fut que plus tard, lorsqu'un trépas affreux, O Méné, moissonna ton fils, tendre victime, Sur les bords de l'Asope immolé par le crime, Que d'ache l'on ceignit le front des triomphants". Callimaque jette sur la question une clarté plus vive encore. Voici les paroles qu'il met dans la bouche d'Hercule, concernant l'ache : "A Neptune Égéen lorsque les fils d'Alètes Voudront offrir un jour de plus brillantes fêtes, Sur les jeux Néméens déversant le mépris, Ils érigeront l'ache en symbole des prix, Et tiendront à frapper d'une moqueuse atteinte Le pin, qui couronnait les vainqueurs dans Corinthe". De plus, enfin, je crois me souvenir d'avoir eu entre les mains un ouvrage de Proclès, où, écrivant sur les combats Isthmiques, il raconte que la couronne primitivement décernée dans les jeux était faite de branches de pin, mais que plus tard, lorsque ces combats furent devenus une institution sainte, on y transféra la couronne d'ache, empruntée à la célébration des jeux Néméens. Ce Proclès était un de ceux qui fréquentaient l'école de l'Académie, du temps de Xénocrate.


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Dernière mise à jour : 24/11/2005