[5,2] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Β
Ὅτι παλαιὸν ἦν ἀγώνισμα τὸ τῆς ποιητικῆς.
Ἐν Πυθίοις ἐγίνοντο λόγοι περὶ τῶν ἐπιθέτων ἀγωνισμάτων,
ὡς ἀναιρετέα. παραδεξάμενοι γὰρ ἐπὶ τρισὶ τοῖς
καθεστῶσιν ἐξ ἀρχῆς, αὐλητῇ Πυθικῷ καὶ κιθαριστῇ καὶ
κιθαρῳδῷ, τὸν τραγῳδόν, ὥσπερ πύλης ἀνοιχθείσης οὐκ
ἀντέσχον ἀθρόοις συνεπιτιθεμένοις καὶ συνεισιοῦσι παντοδαποῖς
ἀκροάμασιν· ὑφ´ ὧν ποικιλίαν μὲν ἔσχεν οὐκ ἀηδῆ
καὶ πανηγυρισμὸν ὁ ἀγών, τὸ δ´ αὐστηρὸν καὶ μουσικὸν
οὐ διεφύλαξεν, ἀλλὰ καὶ πράγματα τοῖς κρίνουσιν παρέσχεν
καὶ πολλὰς ὡς εἰκὸς ἡττωμένων πολλῶν ἀπεχθείας.
οὐχ ἥκιστα δὲ τὸ τῶν λογογράφων καὶ ποιητῶν ἔθνος
ᾤοντο δεῖν ἀποσκευάσασθαι τοῦ ἀγῶνος, οὐχ ὑπὸ μισολογίας,
ἀλλὰ πολὺ πάντων τῶν ἀγωνιστῶν γνωριμωτάτους
ὄντας ἐδυσωποῦντο τούτους καὶ ἤχθοντο, πάντας ἡγούμενοι
χαρίεντας, οὐ πάντων δὲ νικᾶν δυναμένων. ἡμεῖς
οὖν ἐν τῷ συνεδρίῳ παρεμυθούμεθα τοὺς τὰ καθεστῶτα
κινεῖν βουλομένους καὶ τῷ ἀγῶνι καθάπερ ὀργάνῳ
πολυχορδίαν καὶ πολυφωνίαν ἐπικαλοῦντας. καὶ παρὰ τὸ
δεῖπνον, ἐστιῶντος ἡμᾶς Πετραίου τοῦ ἀγωνοθέτου,
πάλιν ὁμοίων λόγων προσπεσόντων, ἠμύνομεν τῇ μουσικῇ·
τήν τε ποιητικὴν ἀπεφαίνομεν οὐκ ὄψιμον οὐδὲ
νεαρὰν ἐπὶ τοὺς ἱεροὺς ἀγῶνας ἀφιγμένην, ἀλλὰ πρόπαλαι
στεφάνων ἐπινικίων τυγχάνουσαν. ἐνίοις μὲν οὖν
ἐπίδοξος ἤμην ἕωλα παραθήσειν πράγματα, τὰς Οἰολύκου
τοῦ Θετταλοῦ ταφὰς | καὶ τὰς Ἀμφιδάμαντος τοῦ
Χαλκιδέως ἐν αἷς Ὅμηρον καὶ Ἡσίοδον ἱστοροῦσιν ἔπεσι
διαγωνίσασθαι. καταβαλὼν δὲ ταῦτα τῷ διατεθρυλῆσθαι
πάνθ´ ὑπὸ τῶν γραμματικῶν, καὶ τοὺς ἐπὶ ταῖς Πατρόκλου
ταφαῖς ἀναγινωσκομένους ὑπό τινων οὐχ ’ἥμονας‘
ἀλλὰ ’ῥήμονας‘, ὡς δὴ καὶ λόγων ἆθλα τοῦ Ἀχιλλέως
προθέντος, ἀφείς, εἶπον ὅτι καὶ Πελίαν θάπτων
Ἄκαστος ὁ υἱὸς ἀγῶνα ποιήματος παράσχοι καὶ Σίβυλλα
νικήσειεν. ἐπιφυομένων δὲ πολλῶν καὶ τὸν βεβαιωτὴν ὡς
ἀπίστου καὶ παραλόγου τῆς ἱστορίας ἀπαιτούντων,
ἐπιτυχῶς ἀναμνησθεὶς ἀπέφαινον Ἀκέσανδρον ἐν τῷ
περὶ Λιβύης ταῦθ´ ἱστοροῦντα. ’καὶ
τοῦτο μέν‘ ἔφην ’τὸ ἀνάγνωσμα τῶν οὐκ ἐν μέσῳ ἐστίν·
τοῖς δὲ Πολέμωνος τοῦ Ἀθηναίου περὶ τῶν ἐν Δελφοῖς
θησαυρῶν οἶμαι {ὅτι} πολλοῖς ὑμῶν ἐντυγχάνειν ἐπιμελές
ἐστι καὶ χρή, πολυμαθοῦς καὶ οὐ νυστάζοντος ἐν τοῖς
Ἑλληνικοῖς πράγμασιν ἀνδρός· ἐκεῖ τοίνυν εὑρήσετε γεγραμμένον,
ὡς ἐν τῷ Σικυωνίων θησαυρῷ
χρυσοῦν ἀνέκειτο βιβλίον Ἀριστομάχης ἀνάθημα
τῆς Ἐρυθραίας ἐπικῷ - - - ποιήματι δὶς Ἴσθμια νενικηκυίας.
οὐ μὴν οὐδὲ τὴν Ὀλυμπίαν‘ ἔφην ’ἄξιόν ἐστιν
ὥσπερ εἱμαρμένην ἀμετάστατον καὶ ἀμετάθετον ἐν τοῖς
ἀθλήμασιν ἐκπεπλῆχθαι. τὰ μὲν γὰρ Πύθια τῶν μουσικῶν
ἔσχε τρεῖς ἢ τέτταρας ἐπεισοδίους ἀγῶνας, ὁ δὲ
γυμνικὸς ἀπ´ ἀρχῆς ὡς ἐπὶ τὸ πλεῖστον οὕτως κατέστη,
τοῖς δ´ Ὀλυμπίοις πάντα προσθήκη πλὴν τοῦ δρόμου
γέγονεν· πολλὰ δὲ καὶ θέντες ἔπειτ´ ἀνεῖλον, ὥσπερ τὸν
τῆς κάλπης ἀγῶνα καὶ τὸν τῆς ἀπήνης· ἀνῃρέθη δὲ καὶ
παισὶ πεντάθλοις στέφανος τεθείς· καὶ ὅλως πολλὰ περὶ
τὴν πανήγυριν νενεωτέρισται. δέδια δ´ εἰπεῖν ὅτι πάλαι
καὶ μονομαχίας ἀγὼν περὶ Πῖσαν ἤγετο μέχρι φόνου καὶ
σφαγῆς τῶν ἡττωμένων καὶ ὑποπιπτόντων, μή με πάλιν
ἀπαιτῆτε τῆς ἱστορίας βεβαιωτὴν κἂν διαφύγῃ τὴν μνήμην
ἐν οἴνῳ τὸ ὄνομα καταγέλαστος γένωμαι.‘
| [5,2] QUESTION II.
Que c'était anciennement un concours, que l'épreuve de la poésie.
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
PLUTARQUE - PÉTRÉUS - AUTRES ASSISTANTS.
1. Aux jeux Pythiques il fut question de supprimer les
combats d'introduction plus récente, Trois de ces combats
avaient été organisés dès le principe : la flûte pythique,
le jeu de la lyre, et le chant avec accompagnement de lyre.
On s'avisa d'admettre la tragédie, et ce fut dès lors comme
une porte ouverte. On ne résista plus aux auditions de toute
espèce, qui se pressèrent en foule.et s'introduisirent ensemble.
Il en résulta bien une variété qui ne manquait pas
d'agrément et qui amenait plus d'affluence aux jeux; mais la
sévérité, l'ensemble harmonieux, n'y furent plus maintenus.
De là naquirent des difficultés pour ceux qui prononçaient
les jugements; et, comme il n'est que trop naturel, ils encoururent
bien des fois l'inimitié d'une foule de concurrents
qui avaient le dessous. Ce fut dès lors surtout la gent
qui disputait les prix d'éloquence et de poésie que les juges
pensèrent utile de déposséder du droit de concourir. Non
par haine pour les lettres; mais comme de tous ceux qui
entraient en lice c'étaient les plus notables, ils rendaient
honteux et affligés les juges. Ceux-ci, bien que les regardant
comme des hommes de mérite, ne pouvaient cependant les
proclamer tous vainqueurs.
Nous crûmes devoir, dans la réunion du conseil, dissuader
ceux qui voulaient toucher aux usages établis, et qui dans les
jeux, comme s'il se fût agi d'un instrument de musique,
blâmaient la multiplicité des cordes et des intonations.
Pendant le souper que le président des jeux, Pétréus, nous
avait offert, le même sujet de conversation fut de nouveau
mis en avant. Nous primes alors la défense des nourrissons
des Muses ; et nous démontrâmes que la poésie n'était
venue ni plus tard, ni tout récemment, prendre place
dans les jeux sacrés : qu'au contraire dans les temps les plus
anciens elle y avait obtenu des couronnes et des victoires.
Quelques-uns présumèrent que j'allais leur servir pour
arguments des exemples surannés : à savoir, les funérailles
du Thessalien Eolycus, et celles d'Amphidamas de Chalcis,
à l'occasion desquelles l'histoire dit qu'Hésiode et Homère
disputèrent le prix de la poésie. Mais je passai par-dessus
toutes ces traditions, comme étant contes rebattus par les
grammairiens. Je laissai également de côté ce que quelques-uns
avancent à propos des honneurs funèbres de Patrocle,
là où ils lisent dans Homère non pas « archers » (hémonas),
mais « harangueurs », (rhémonas) : comme si Achille eût
proposé aussi des prix d'éloquence ! Je tins à leur dire
qu'Acastus, rendant les honneurs funèbres à Pélias son
père, proposa un combat de poésie, et qu'une Sibylle y fut
victorieuse. Sur ce, des réclamations nombreuses s'élevèrent,
et l'on me demanda un garant de cette histoire, attendu
qu'elle paraissait incroyable et étrange. Heureusement servi
par ma mémoire, je déclarai qu'Acésandre avait cité ce fait
dans son ouvrage sur l'Afrique.
« Ce livre, ajoutai-je, n'est pas entre les mains de tout le
monde ; mais il y en a un autre, écrit par Polémon l'Athénien
sur les trésors renfermés à Delphes, et je suppose que
plusieurs d'entre vous ont été curieux de le lire. Il en vaut
la peine : car l'auteur y déploie une grande érudition, et
se livre aux recherches les plus actives sur ce qui regarde
la Grèce. Eh bien, vous y trouverez écrit, que dans la chambre
du trésor des Sicyoniens était déposé un livre d'or, consacré
comme offrande par Aristomachè la poétesse Erythréenne,
après qu'elle eut remporté le prix aux jeux
Isthmiques. Du reste, continuai-je, il ne faut pas croire que
dans ses jeux et ses combats la fête d'Olympie ait été frappée,
comme le Destin, d'immobilité et de fixité. Pour ce
qui est des jeux Pythiques, on a vu s'y ajouter trois ou
quatre prix consacrés aux travaux des Muses. Les combats
gymniques ont été, dès le commencement, constitués en
grande partie tels qu'ils sont de nos jours. Dans ceux
d'Olympie, tous ne sont qu'une addition, hormis la course.
Plusieurs au rebours, après avoir été établis, ont été supprimés
comme la calpé et l'apènè. On a retranché aussi la couronne
qui avait été instituée pour les enfants vainqueurs au
Pentathle. Bref, on a fait de nombreuses innovations en ce
qui regarde l'ordonnance de cette fête. Ajouterai-je qu'anciennement
à Pise, il se faisait même des combats singuliers
qui allaient jusqu'à la mort, et où les vaincus étaient
égorgés après avoir eu le dessous? Je ne l'ose : de peur que vous n'exigiez
encore un garant de cette tradition, et que, si le vin me faisait oublier
le nom de mon auteur, je ne devinsse un objet de risée.
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